Les débuts tonitruants de l’Union en P02 (3-0 contre Malines, 1-4 à W./Beveren) mettent en pleine lumière le club de la Butte et son coach, qui nous a reçus au stade Marien.
Les secrets du buzz unioniste, le match contre le Standard, sa carrière : Marc Grosjean nous dit tout
playoffs 2 (groupe B) – union sg – standard (ce soir, 20h30, au stade roi baudouin)
Marc, vous revoilà « à la mode » alors qu’il y a 2 ans, vous étiez T2 d’Emilio Ferrera à Dender, en D3. Votre parcours a été mouvementé.
Sans doute parce que je n’ai jamais voulu avoir d’agent. J’ai été plusieurs fois proche de signer dans un bon club de D1 mais, au dernier moment, un agent plaçait quelqu’un d’autre. C’est un regret. Et depuis deux ans, je me suis décidé à prendre un agent…
Qui ça ?
Il préfère rester discret…
Vous avez conduit La Louvière et Mons en D1 !
Avec La Louvière (1998-2001), j’étais encore un jeune coach et je découvrais la D1. Avec Mons, on a fait une belle saison en D1, en 2002-2003 (9 e et Roussel meilleur buteur), puis ont commencé à se passer des choses ayant fini par mener le club où il est… J’ai ensuite travaillé essentiellement en D2, avec des expériences intéressantes, avant d’être appelé par mon ami Emilio Ferrera à le rejoindre à Al Shabab, en Arabie Saoudite, pour m’occuper des Espoirs. Une belle expérience, dans un autre monde. Et quand Michel
Preud’homme est revenu en Belgique, je suis devenu le T2 d’Emilio à Al Shabab, avant de le suivre à Dender. Je n’aurais pas accepté, avec un autre…
Vous voici donc à l’Union, depuis le printemps 2015. Et en D1… pour quelques semaines ! Mais vous y faites le buzz.
C’est le résultat de deux ans de travail pour tout un club, avec des dirigeants et un staff compétents, et un effectif stable. Cinq ou six joueurs étaient déjà là en D3 ! Et on continue avec nos principes de jeu, sans trop nous soucier de l’adversaire.
Vous gagnez parce que vous êtes plus motivés par les P02 que les « vraies » équipes de D1A, même si votre équipe ne pourrait même pas jouer la finale puisqu’elle n’a pas la licence européenne ?
Je ne peux pas imaginer que des coaches ou des joueurs ne soient pas motivés, même si Malines doit être déçu d’avoir raté les PO1. Mais
Beveren a joué le jeu contre nous, Saint-Trond fait de bons matches…
Quel est alors votre secret ?
Sans fanfaronner, je pense que, dans plusieurs paramètres, nous sommes actuellement meilleurs que nos adversaires, nos joueurs sont libérés, et conscients de la chance qu’on a. Au départ, on visait juste le maintien en D1B. Mais je ne suis pas surpris par le niveau de mes joueurs, et de notre collectif. Les « vrais » clubs de D1 ont de meilleurs éléments mais ça travaille peut-être mieux chez nous, pour tirer la quintessence du groupe. Si ça ne dure pas, ce qu’on a déjà fait, on ne nous l’enlèvera pas. Profitons de ce qui nous arrive ! C’est une belle histoire.
Cette Union-là est logiquement favorite face au fantôme du Standard, non ?
Vous voulez rire ? Le favori, c’est le Standard ! Ils vivent une saison compliquée mais ils ont un potentiel énorme.
Ils n’en font rien !
Peut-être, mais la qualité est là. Soyons ambitieux mais restons humbles…
Vous espérer quand même gagner…
Si on joue comme lors des deux premiers matches, on peut faire quelque chose. Si on perd en jouant bien, ça me va déjà ! En fait, l’Union a déjà gagné en étant là, en faisant parler d’elle, en attirant de plus en plus de fans, dont pas mal de jeunes. Le club revit. Sur le terrain, on fera de notre mieux, comme toujours.
La clé du match ?
Neutraliser Belfodil, un joueur hors-norme pour nous, même s’il y en a d’autres…
Le dernier Union-Standard, en 72-73, c’était 2-2…
Je signe ! De préférence en égalisant à la 85 e …
Les joueurs parlent de ce match ?
Les fans, surtout, qui attendent ça depuis plus de 40 ans !
Vos joueurs n’ont pas les mêmes salaires, les mêmes primes que ceux d’en face. Le budget du Standard est de 25 millions, le vôtre de 2…
2 millions, en tirant dessus avec des élastiques ! Ils ont des primes de D1B mais ne sont pas jaloux. Ils sont fiers.
Pour les motiver, il y a aussi les Unionettes, les superbes hôtesses vues à La Tribune et qui font elles aussi le buzz…
Elles ne viennent pas dans le vestiaire, rassurez-vous ! Mais ce n’est pas anodin : le président voulait sortir de la morosité, booster l’identité du club, lui donner une image de jeunesse et de charme. C’est sympa mais elles ne feront jamais oublier Madame Chapeau ! (NDLR : fan légendaire de l’Union dans la pièce « Bossemans et Coppenolle »).
Le plus dur sera peut-être de retourner en D1B !
Nous aurons vécu une belle parenthèse avant de retrouver cette D1B, pour laquelle la réforme a été salutaire. Ce n’est plus un mouroir mais une compétition réévaluée, d’un niveau en hausse, et médiatiquement mieux suivie. L’objectif, la saison prochaine, sera à nouveau le maintien, et peut-être les Playoffs 2 si ça rigole encore. La montée, on ne peut pas y croire avant 2019 ou 2020 car on jouera encore au Heysel la saison prochaine, ce qui nous handicape, tant financièrement que sportivement. On a hâte de retrouver notre stade Marien, une fois qu’il aura été rénové. Ce stade a une âme…
Vous risquez de perdre vos meilleurs joueurs, à commencer par Rajsel, dans le viseur, notamment, des Zèbres.
Il y a trois ans, il était sans club ! Peut-être a-t-il été mal aiguillé après sa formation au PSG. Je n’en sais rien mais il a un gros potentiel, il a bien progressé collectivement et a une hygiène de vie parfaite. On
sait que l’Union est devenue trop petite pour lui et Charleroi serait un bon point de chute. Mais ce n’est pas le seul… D’autres risquent également d’être sollicités mais je ne suis pas là pour faire leur pub ! S’il le faut, on reconstruira.
Et vous ? Pas de regrets d’avoir prolongé deux ans ?
Non. J’ai eu des touches en D1 mais il y a un moment où il faut décider. On devait lever l’option avant fin mars et le président m’a proposé 2 + 1 au lieu d’une seule saison. C’est une marque de confiance, le club se professionnalise, mes fonctions sont élargies jusqu’à la post formation, j’ai été revalorisé et on forme une bonne petite cellule avec Guy Brison et Jean-Marie Philips qui gèrent le club au quotidien.
Vous avez bien une clause de sortie… Oui, comme dans pratiquement tous les contrats. Mais je me sens bien ici. Pour l’activer, il faudrait vraiment une offre sportivement et financièrement incroyable. Mais nous en sommes loin…