VINCENT JOSÉPHY
C’est Simon Adingra qui a fait sauter le verrou sérésien dès la 17e minute.Belga/Kurt Desplenter
Après un premier acte rondement mené face à une formation liégoise d’ores et déjà démobilisée mais courageuse à défaut de mieux, le club bruxellois s’est fait peur inutilement. Avec ces trois nouveaux points, l’essentiel est acquis. next
Trois jours après avoir réussi l’exploit d’aller accrocher le Bayer Leverkusen sur sa pelouse dans le cadre de son match aller de quart de finale de l’Europa League (1-1), l’Union Saint-Gilloise s’est extirpée sans réel problème de ce qui ressemblait furieusement au match-piège par excellence. Et de fait, après avoir rejoint les vestiaires avec un avantage amplement mérité de deux buts, conséquence d’un premier acte à sens unique, l’équipe bruxelloise s’est occasionnée quelques frayeurs inutiles après le repos, quand elle fut privée de l’équilibre et du leadership de son capitaine, Teddy Teuma, ménagé alors que tout le monde – Karel Geraerts y compris, même s’il s’en est défendu – pensait que le match était définitivement plié. « C’était un choix qui avait été décidé avant le match », expliqua son coach. « Lazare et lui ont des styles différents mais énormément de qualités. Il faut pouvoir ‘manager’ les envies des joueurs et leur temps de jeu alors que le programme va encore être très chargé pendant un mois et demi. Peut-être que son absence a pesé sur l’équilibre de notre équipe, que je n’ai pas reconnue après le repos, mais elle n’explique pas tout non plus. L’équipe était bien en place, elle avait faim mais on n’a plus retrouvé cette envie après le 2-1 de Seraing. Dans une saison, on connaît parfois des périodes creuses. Les 45 dernières minutes de la rencontre en font assurément partie mais on se contentera de ces trois nouveaux points. »
En bon gestionnaire de son effectif, le T1 unioniste avait logiquement choisi de ménager de nombreux joueurs cadres (Kandouss, Van De Heyden, Lazare, Nieuwkoop, Lynen, Lapoussin et Boniface) pour donner un peu de temps de jeu et/ou de rythme de match à des garçons moins utilisés « mais néanmoins importants pour la cohésion de groupe » comme Sykes, Machida, Puertas, El Azzouzi ou François. S’il garda bien à ses côtés certaines cartouches qui auraient pu être sorties en renfort-caisse en cas de mauvais départ afin de s’éviter un camouflet inattendu, le coach unioniste constata que ses troupes n’étaient pas le moins du monde rassasiées d’entrée de jeu face, il est vrai, à un adversaire démobilisé, privé au coup d’envoi de ses trois meilleurs joueurs de la saison (Mansoni, Lepoint, Poaty) et simplement trop faible pour une Union conquérante.
Après moins de deux minutes, François pensa avoir déjà montré la voie mais son but fut annulé en raison d’un hors-jeu préalable. Ce n’était que partie remise puisque, sous l’impulsion notamment d’un Teuma impliqué, d’un Vertessen hyperactif à défaut d’être hyperprécis et d’un Adingra bien décidé à saisir sa chance sur le flanc gauche, l’Union trouva – réellement, cette fois – la faille à la 17 e minute, quand Adingra mit un terme à une action pour le moins confuse au cœur de la défense sérésienne (1-0). Un gros quart d’heure plus tard, Teuma profita des largesses de l’axe central liégeois pour tenter une frappe sèche que Dietsch ne put que repousser dans les pieds de Vertessen (2-0). Le match, pensait-on, était plié et Geraerts en profita pour laisser souffler son capitaine au retour des vestiaires. Jusque-là inoffensif comme un agneau pascal prêt à être dévoré, Seraing réduisit le score quasiment dans l’indifférence générale, sur sa première occasion, signée Marius (2-1). Après dix minutes de flottement, Sykes pensa à son tour avoir inscrit son petit but de remplaçant-décisif mais un hors-jeu préalable de Lazare le priva d’expérimenter ce bonheur rare pour un défenseur. Même si Seraing ne se montra plus trop dangereux non plus, il aurait pu égaliser sur une action à nouveau menée par Marius, le trésor parfois trop incons(is)tant de l’attaque des Métallos, alors que le chronomètre égrenait ses cinq minutes de temps additionnel. C’eût été aussi beau et inutile pour des visiteurs déjà condamnés que cruel et indélébile pour des Unionistes qui, avec ces trois nouveaux points acquis plus difficilement que prévu, restent plus que jamais engagés dans la course au titre alors que se profilent déjà la visite de Leverkusen jeudi puis un dernier déplacement de phase classique à Courtrai, dimanche.
« Nous avons fait l’essentiel : gagner »
D.R
Amani derrière Cachbach.Belga
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Bien des ingrédients étaient réunis pour faire de cette rencontre un match piège pour l’Union. Et malgré une première période satisfaisante, un doute subsistait. « Nous n’avons pas profité des opportunités que nous nous sommes créés », regrettait Oussama El Azzouzi, très actif dans l’entrejeu local. « Mais compte tenu du contexte, une semaine de Coupe d’Europe et une rencontre face au descendant, il était essentiel de prendre les trois points. Il s’agissait là de la mission ultime. De ce point de vue, nous pouvons nous montrer satisfaits. Nous avons récolté ce que nous voulions. »
« manque d’humilité »
L’Union, fringante sur la scène européenne, conquérante dans ses travaux domestiques, s’attendait-elle à une résistance aussi acharnée de la part d’une phalange, fixée sur son sort ? « C’est difficile à dire », répond Amani Lazare. « Je dois bien reconnaître que nous n’avons pas offert une deuxième période de qualité. En fait, nous nous sommes mis nous-mêmes en difficulté. »
Au point de frémir en fin de parcours, lorsque Seraing, méritant, s’est mis à croire en un exploit aussi beau qu’inutile.
« Dès le coup de sifflet final, le coach nous a dit que nous avions manqué d’humilité », poursuit l’ancien milieu de terrain de l’AS Eupen. « Je ne sais pas, mais s’il le dit, c’est que cela doit être vrai. » Paraphrasant son équipier El Azzouzi, Amani remarquait : « Pour nous, il était impératif d’empocher les trois points. Voilà ce que nous retiendrons en priorité. »