affaire qui roule, même
sans les millions de Bloom
L’Union a publié, pour la première fois depuis
la prise en mains anglaise, un bilan dans le
vert. Et ce, même si le milliardaire Tony Bloom
est devenu actionnaire minoritaire.
C
e mercredi soir, lors
du traditionnel dî-
ner entre directions
d’avant-match, celles de
l’Union et de Toulouse
auront probablement dis-
cuté de la décision de
l’UEFA d’enquêter sur leurs
liens avec leurs clubs
“amis”, l’AC Milan pour les
Français (groupe RedBird),
et Brighton&Hove, pour les
Bruxellois. Depuis 2009, le
club anglais est aux mains
de sa vedette locale, Tony
Bloom. Cet ancien joueur
de poker, qui a surtout fait
fortune avec la société de
conseils de jeux d’argent
basée sur l’analyse de don-
nées, StarLizard, était le
principal bailleur de fonds
de l’Union Saint-Gilloise de-
puis que le club est passé
sous pavillon british, en
président mais l’action-
naire majoritaire, c’était
bien Tony Bloom.
Mais voilà, pour la pre-
mière fois cette saison, les
deux clubs du milliardaire
étaient qualifiés pour l’Eu-
rope, raison pour laquelle
l’instance de contrôle fi-
nancier des clubs de l’UEFA
(CFCB) a plongé son nez
dans les comptes et struc-
tures managériales des
deux sociétés, se deman-
dant si les liens qu’elles en-
tretenaient via Tony Bloom
n’entraient pas en conflit
avec l’article 5 du règle-
ment, axé sur la “multipro-
priété” et “l’intégrité de la
concurrence”.
Le message de la direc-
tion unioniste avait plutôt
été rassurant jusque-là et la
décision tombée le 7 juillet
confirmait effectivement
l’autorisation pour les
deux clubs de disputer
l’Europa League. Au même
titre que Toulouse et l’AC
Milan, d’ailleurs, ainsi que
le troisième cas épineux,
Aston Villa et Vitoria
(groupe V Sports). Une in-
terdiction aurait été une
surprise dans la mesure où
l’UEFA n’a jamais exclu une
équipe d’une de ses compé-
titions pour cette raison
mais le feu vert avait été
donné par l’instance “à la
suite de changements signifi-
catifs de la part des clubs et
de leurs investisseurs”, expli-
quait-elle.
. Muzio prend la main
“Ces changements ont res-
treint de façon significative
l’influence des investisseurs
et le pouvoir décisionnel sur
plus d’un club, assurant la
conformité avec le règlement
de multipropriété”, détaillait
l’UEFA, sans préciser qui
exactement était concerné
par quels changements.
Mais le communiqué pu-
blié par l’Union dans la fou-
lée permettait de compren-
dre que c’était en réalité
une petite révolution qui
s’était déroulée en coulis-
ses, les semaines précéden-
tes, puisque le club avait
changé de mains. Alex Mu-
zio, ami de Tony Bloom et
par ailleurs très apprécié à
Saint-Gilles depuis son arri-
vée comme président, est
devenu le 15 juin le princi-
pal actionnaire de la so-
ciété anglaise propriétaire
de l’Union, Langford Hol-
dings Limited, dont il dé-
tient désormais plus de
75 % des parts, alors qu’il
était à moins de 25 % aupa-
ravant. “Je suis désormais
l’actionnaire majoritaire de
l’Union et j’augmente mon
investissement dans le club
tandis que la participation
de Tony dans le club tombe à
une participation minori-
taire”, expliquait Alex Mu-
zio dans le communiqué
du club, ce même 7 juillet.
Contacté par nos soins,
l’Anglais de 39 ans en dit
plus, pour la première fois,
sur la façon dont il a vécu
ce changement de rôle et
l’impact que cela aura sur
l’avenir du matricule 10.
“Il n’y avait pas de con-
nexion entre Brighton et
l’Union ; sauf Tony qui avait
un lien avec les deux clubs.
Les conseils que nous avions
pris nous disaient qu’il n’y
aurait pas de problème si les
deux clubs se qualifiaient
pour l’Europe, sur base du
fait que même si j’avais une
minorité des parts, j’avais
une majorité des droits de
vote dans Langford (NdlR :
par un système de pondé-
ration des voix) et, donc, à
l’Union. Mais les règlements
de l’UEFA sont à l’interpréta-
tion de l’UEFA et elle a estimé
qu’il y avait un problème, et
c’est son droit.”
“Bien qu’il soit évident que
ma richesse est significative-
ment moins grande que celle
de Tony, je crois que ce chan-
gement n’aura qu’un impact
minimal sur le futur de
l’Union, pour deux raisons,
poursuit Alex Muzio.
D’abord parce que nos dé-
penses sont actuellement
couvertes par nos rentrées ;
particulièrement grâce à la
manière dont nous avons
structuré les revenus de nos
transferts entrants. Par exem-
ple, les rentrées liées à Boni-
face seront, en moyenne, de
6,5 millions € pour les deux
prochaines années. Ensuite,
parce que si le club avait be-
soin à n’importe quel mo-
ment d’une autre injection de
capital pour des raisons opé-
rationnelles, cela resterait
possible.”
Mais, a priori, pas de la
part de Tony Bloom. Même
si, d’après nos informa-
tions, le jugement de
l’UEFA n’interdit pas au
milliardaire de Brighton de
réintégrer de façon plus
importante le capital de
l’Union si un des deux
clubs n’était plus européen
dans le futur, ce ne serait
pas l’idée, selon Alex Mu-
zio : “Tony a conservé un inté-
rêt minoritaire dans l’Union
via Langford mais il n’y a pas
de projet de le voir revenir en
tant qu’actionnaire majori-
taire.”
. 2022-23 : des revenus
qui ont doublé et un boni
Le premier point souli-
gné par le nouvel homme
fort de l’Union rend évi-
demment la diminution
d’influence de Tony Bloom
moins stressante. Après
avoir concédé des pertes
durant des années, au
point que la perte cumulée
atteignait il y a un peu plus
d’un an 36 millions
d’euros, la RUSG a réalisé
pour la première fois un
exercice financier positif,
en 2022-23, peut-on lire
dans les comptes annuels
publiés début novembre.
Grâce, surtout, aux primes
versées par l’UEFA pour son
parcours jusqu’en quart de
finale d’Europa League –
environ 12 millions € bruts
– et à des transferts sor-
tants records, avec les ven-
tes de Casper Nielsen,
Dante Vanzeir et Deniz Un-
dav. Si la masse salariale a
logiquement augmenté de
six millions, passant à
21,7 millions €, les revenus
ont explosé, eux, doublant
de volume pour atteindre
41,3 millions €. Les nouvel-
les exigences de la Pro Lea-
gue en termes de ratio
masse salariale/revenus et
de fonds propres sont par
ailleurs bien remplies.
“Nous sommes satisfaits de
la saison 2022-23, poursuit
le président. La façon dont
nos comptes sont organisés,
avec des profits sur les trans-
ferts qui sont immédiate-
ment comptabilisés et des dé-
penses transferts étalées sur
la longueur des contrats des
joueurs nous permettront
d’avoir un nouveau bénéfice
dans les comptes 2023-24.”
Les départs rémunéra-
teurs de Boniface, Teuma,
El Azzouzi, Lynen,
Nieuwkoop, Kandouss et
Van Der Heyden n’y seront
pas étrangers. Bien transfé-
rer reste clé, pour l’Union.
Car il ne faut pas oublier
que Langford avait dû in-
jecter 26 millions € de
hausses de capital en-
tre 2020 et 2022-23 pour
maintenir le bateau à flot,
comme beaucoup d’autres
clubs de Pro League. Mais le
navire Marien navigue seul
et plutôt bien, maintenant.
L’Union
qualifiée si…
Pour terminer à une des 2
premières places
et rester en Europa
League, l’Union doit :
◾ réaliser un 6/6 à
Toulouse et contre
Liverpool ;
◾ ou gagner à Tou-
louse, puis faire nul
contre Liverpool si
Toulouse partage à
Linz. L’Union pourrait
même perdre contre
Liverpool si Toulouse
perd à Linz à condition
que Linz perde à Liver-
pool ce jeudi d’abord ;
◾ ou partager à Tou-
louse puis battre Liver-
pool lors de la 6e
jour-
née, pendant que
Toulouse perd à Linz, à
condition de dépasser
le TFC à la différence
de buts (-4 contre -2 à
Toulouse pour le mo-
ment) et à condition
que Linz ne gagne pas
à Liverpool ce jeudi.
L’Union sera éliminée
à coup sûr
de l’Europa League si…
◾ Elle perd contre
Toulouse.
Si l’Union gagne et que
Linz perd à Liverpool
ce jeudi, elle est assu-
rée de terminer au pire
à la troisième place.
Ressortir
la tenue
de soirée
I
l faut espérer qu’ils
aient retrouvé la for-
mule, dans un tiroir, au
fond d’une poche ou au
dos d’un carnet de notes.
Car les Unionistes en
auront besoin dans un Sta-
dium toulousain de 32 000
places qu’on annonce rem-
pli à ras bord de suppor-
ters violets qui ont pris
plaisir à rugir le jeudi, con-
tre Linz (1-0) et Liverpool
(3-2) ; à l’opposé des soirées
miaulement de Ligue 1, où
leurs chouchous occupent
une triste quinzième
place. L’Union Saint-
Gilloise avait habitué ses
aficionados à revenir des
voyages européens avec,
au pire, un match nul dans
la soute et, même, souvent,
une victoire, lors de sa
campagne 2022-23
d’Europa League qui ne
l’avait pas vu perdre une
fois en cinq voyages. Alors
les deux défaites en autant
de déplacements, dont la
claque 3-0 subie à Linz il y
a trois semaines, font dé-
sordre pour une équipe
qui avait rendu l’excep-
tionnel normal.
”Vu la défaite à Linz, ce
match revêt encore plus
d’importance”, reconnaît le
CEO Philippe Bormans
avant de décoller pour
Toulouse. “On savait après
le tirage que la première
place serait quasiment im-
possible à aller chercher,
mais continuer après l’hiver
en Europe est important
pour nous. Attention, il ne
s’agit pas d’une obligation,
mais d’un objectif ; c’est im-
portant au niveau financier,
mais aussi sportif. On a vu
que l’Europe ouvre des por-
tes pour les joueurs ensuite.”
Et l’Europa League est tout
de même plus intéressante
que sa petite sœur, à ce ni-
veau. “On peut encore espé-
rer la deuxième place, donc
pour le moment, c’est l’ambi-
tion, à condition de réaliser
un beau résultat à Toulouse.
On sait aussi que terminer
quatrième reste encore pos-
sible (voir les cas de fi-
gure).”
On sortira peut-être les
fichiers Excel jeudi sur le
coup de 23 heures pour sa-
voir quel pourcentage de
chances il reste aux Jaune
et Bleu d’être sur le terrain
au soir du jeudi 15 février.
Mais ce qui est certain,
c’est qu’il n’y aura plus
aucune chance de Top 2 et,
donc, de barrages
d’Europa League, si
l’équipe de Blessin montre
le même visage qu’en
Autriche ou à Liverpool.
Maladroite, désordonnée,
spectatrice, elle avait étalé
tout ce qu’il ne faut pas
faire.
. Élever le niveau
et garder l’équilibre
Même si le TFC est un
club dans le doute, il fau-
dra élever le niveau,
comme les Unionistes le
faisaient si bien en Coupe
d’Europe la saison passée,
donc. Toulouse est une
équipe qui aime dominer,
prendre le ballon et se
créer des occasions, même
si elle oublie parfois que
l’important est de les met-
tre au fond. Cela n’est peut-
être pas pour déplaire à la
RUSG. “Aux joueurs à mon-
trer ce jeudi qu’on mérite de
continuer, que ce soit à la
deuxième ou la troisième
place”, poursuit le CEO. “On
enchaîne les matchs tous les
trois jours, mais la motiva-
tion reste la même.”
Mais l’application des
principes de jeu du T1, pas,
jusqu’ici. “On est dans l’obli-
gation de gagner ce match”,
reconnaît Alexander Bles-
sin. “On a eu des difficultés à
l’aller, mais j’aimerais que
mon équipe mette directe-
ment de l’intensité, ne rate
plus sa sortie des vestiaires,
comme cela a été le cas con-
tre Gand encore. On devra re-
trouver nos grandes forces :
mettre plus d’intensité que
dans le match aller où on
perdait parfois trop facile-
ment le ballon. Bien sûr on
voudra jouer de l’avant, trou-
ver les trous, mais il faut
aussi des moments de con-
trôle, trouver l’équilibre. Ce
match sera décisif, mais dure
90 minutes : on ne doit pas le
gagner dans les 10 premières
minutes.”
Sinon, la rencontre face
à Liverpool du 14 décem-
bre ne ressemblera pas à
l’apogée espéré par les fans
bruxellois, mais plutôt à
un match de la peur.
Casper Terho aurait pu
aussi signer au Téfécé
Avant Castro-Montes, l’Union avait
déjà doublé Toulouse pour un joueur…
C
et été, Alessio Castro-Montes aurait pu signer
à Toulouse. Le club français avait fait du cou-
loir droit sa priorité… avant de voir l’ex-Gan-
tois finalement signer à l’Union. “Il y avait beaucoup
d’intérêt de leur part mais je suis content d’avoir signé
à l’Union, expliqua Castro-Montes. C’était marrant de
jouer contre Toulouse même si je n’ai pas pensé pen-
dant le match aller que j’aurais pu porter leur maillot.”
Ce n’est pas la première fois que Toulouse se fait
doubler par le club bruxellois pour le transfert d’un
joueur. En 2022, les Violets avaient co-
ché un nom grâce à leur système de da-
tas : Casper Terho. Le Finlandais sort
alors d’une saison pleine avec le club
d’Helsinki ce qui avait poussé les diri-
geants toulousains à organiser un ap-
pel en visioconférence avec l’ailier
droit. Vu le bon feeling entre les deux
parties, la direction du Téfécé a même
pris la peine de se déplacer jusqu’en
Finlande où elle a rencontré Casper Te-
rho. Le club sentait que le joueur convenait et ce-
lui-ci était charmé par le projet des Français. Mais
un autre club était à l’affût et en discussions très
avancées avec Terho : l’Union, qui officialisera l’arri-
vée du joueur en septembre 2022. Le transfert s’est
finalement joué à très peu de choses entre les deux
clubs mais l’Union a une nouvelle fois gagné la ba-
taille, à la grande surprise de Toulouse qui pensait
avoir fait le plus dur dans ce dossier. Désormais, Te-
rho se bat pour grappiller du temps de jeu sur le
couloir droit, poste occupé majoritairement par…
Alessio Castro-Montes.