VINCENT JOSÉPHY
Lapoussin avait ouvert la marque.PhotoNews
Le FC Bruges et l’Union Saint-Gilloise se sont neutralisés ce vendredi soir au terme d’une rencontre intense et pleine de spectacle. Le partage entre les deux formations pourrait bien faire les affaires de Genk, qui joue dimanche face à l’Antwerp. next
Le football peut être bizarre, parfois. Prendre des tournures inattendues, offrir des scénarii exceptionnels. S’imaginer, ne fut-ce qu’un instant, que l’Union puisse débarquer un jour au stade Jan Breydel avec l’étiquette de favorite floquée en lettres capitales sur son beau maillot jaune et bleu, avec un avantage – un gouffre… – de 14 unités sur les triples champions en titre brugeois était déjà en soi une anomalie à laquelle personne n’aurait osé penser en début de saison. Et encore moins il y a 18 mois, quand le club bruxellois commençait seulement à redécouvrir la D1. Alors oui, comment ne pas savourer ce vent de fraîcheur que cette équipe continue à apporter à notre compétition ? Au bout du compte, l’Union a accroché en Venise du Nord un partage satisfaisant au terme d’un match haletant. Pour peu, certains supporters en viendraient presque à le trouver insuffisant, oubliant peut-être un peu vite que Bruges, même quand il n’est pas au sommet de sa forme, reste Bruges : une équipe costaude, expérimentée, que l’Union n’a jamais réussi à battre en six tentatives depuis son retour en D1A (3 défaites, 3 partages). « À tête reposée, on peut affirmer que ce résultat est logique », expliquait après coup Karel Geraerts. « Mon équipe a certes subi une grosse pression en début de match et a encaissé un but un peu bizarre mais elle a parfaitement tenu le choc en démontrant son calme et son expérience, en se créant beaucoup d’occasions… tout comme Bruges. Ce point est un excellent point qui va nous permettre d’envisager la suite de la saison avec sérénité. »
Lazare au sommet de son art
En attendant, cette Union, joueuse et séduisante, a subi le jeu dès le premier coup de sifflet de M. Boterberg, suite à l’entame de match tonitruante d’une formation brugeoise qui a laissé entrevoir des signes de redressement, certes timides, à cinq jours d’accueillir Benfica pour son 8 e de finale de Ligue des champions qui sonne, lui aussi, comme une anomalie notoire. C’est bien simple : sans la main ferme de Moris sur un tir foudroyant de Lang, et sans l’aide de son poteau, l’Union aurait pu être menée au score après moins de trois minutes de jeu. Mais avec l’expérience et la confiance qui l’habitent désormais, elle laissa passer l’orage pour retrouver à la fois son calme, son jeu technique et cette percussion qui démontrent jour après jour, semaine après semaine, que ce n’est pas par hasard qu’elle vient d’enchaîner un 21 e match sans défaite sur le sol belge, championnat et Coupe de Belgique confondus.
Portée de main de maître par un Lazare des grands soirs, l’équipe bruxelloise retrouva tout son allant au fur et à mesure que les minutes s’égrenaient. Suite à un centre au second poteau du Néerlandais, Lapoussin s’éleva plus haut que tout le monde pour démontrer qu’il peut lui aussi se montrer décisif. Merveille du genre, sa tête décroisée porta son équipe au commandement dans ce stade qui ne lui réussit guère, en général (0-1).
Mais la force des grandes équipes, c’est qu’elles ne meurent jamais vraiment, paraît-il. Si l’Union est en passe d’en devenir une, le Club, de son côté, l’est toujours sur la base de son passé, récent ou un peu moins, mais aussi de son effectif actuel et de ses ambitions futures. Alors qu’on pensait l’Union capable de lui mettre un nouveau gros coup au moral avec un deuxième but, Mata adressa un centre parfait pour la tête de l’inévitable Vanaken, qui ne se fit pas prier pour égaliser avec sang-froid (1-1).
Ce match, engagé mais correct, enjoué et direct, devint complètement débridé après le repos, les deux équipes ayant visiblement à cœur de ne pas, ou plus, dilapider d’unités en chemin. Rits (48 e ), Lang (70 e ) et Vanaken (90 e +3), côté brugeois, mais aussi Lazare (53 e ), Burgess (73 e ) et Nilsson (79 e ), côté unioniste, manquèrent de peu la cible, offrant finalement à ce superbe match de foot le seul vainqueur qu’il méritait : le spectacle !
LYNEN
« On est déçu… mais pas trop non plus »
V.M.
Senne Lynen.Belga
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Les sentiments étaient mitigés à l’issue de la rencontre dans les rangs unionistes. Des Saint-Gillois qui savaient qu’il y avait probablement mieux à aller chercher, mais qui étaient également conscients qu’ils auraient pu tout perdre. « On est déçu, mais pas trop non plus », déclarait le médian Senne Lynen. « Dans quelques mois, on se dira peut-être qu’on est allé chercher un bon point. Mais il ne faut pas non plus oublier qu’on jouait contre Bruges. »
Des « Blauw en Zwart » que les Unionistes ne parviennent donc toujours pas à vaincre depuis leur retour au plus haut niveau du football belge la saison dernière (aucune victoire en six matches). « Mais il faut respecter cette équipe. Il y a quelques mois, on se disait encore « wouah » lorsqu’elle jouait en Ligue des champions. En tout cas, on progresse de match en match face à Bruges. »
Le point noir : ce sont les cartes jaunes de Lazare et Van der Heyden qui seront tous deux suspendus contre le Standard. « Mais je ne me fais pas de problèmes pour les remplacer. On a un noyau assez large », souriait encore Lynen, ravi d’avoir pu affronter pour la toute première fois de sa carrière son club formateur dans son stade Jan Breydel.