Pierre-Yves Thienpont
Ils partagent le même nom (Vanzeir), la même passion (le football) et la même obsession (marquer). Dante (23 ans) et Luna (18) sont frère et soeur ; le premier évolue à l’Union, la seconde à Louvain, deux clubs qui occupent actuellement la tête de leur championnat, et tous deux restent sur une prestation cinq étoiles couronnée d’un triplé, à quelques heures d’intervalle. Nous les avons réunis à Lierre, au centre d’entraînement des Saint-Gillois. L’occasion de se replonger dans leurs souvenirs d’enfance, de parler de leur carrière respective et d’évoquer leur avenir. prev
Dante, c’est assez incroyable ce qui vous est arrivé voici une quinzaine de jours…Dante : C’était un week-end fantastique ! C’est quelque chose qui ne va pas arriver souvent, voire même peut-être plus jamais. Alors on a savouré.Luna, étiez-vous au stade Marien ?Luna : Non et je n’ai pas pu le suivre à la télévision non plus. Je recevais des notifications sur mon téléphone à chaque goal et je me disais : « Waouh ». À la fin du match, beaucoup de personne sont venues me dire que je devais également en marquer trois le lendemain comme mon frère.D. : Elle avait la pression (sourire). Mais c’est bien car elle a prouvé qu’elle pouvait justement gérer celle-ci.Replongeons-nous dans vos souvenirs d’enfance. Lorsque vous étiez jeune, jouiez-vous beaucoup ensemble ?D. : Cela nous arrivait, oui. Mais ce n’était pas toujours facile car j’allais à l’école à Genk et j’avais de longues journées. Mais on jouait de temps à autre dans le jardin.Comment cela se passait-il ?D. : J’ai une anecdote à ce sujet. C’est toujours moi qui commençais à frapper au but et elle qui se mettait au goal. On disait qu’après quelques minutes, on échangeait. Mais lorsque c’était à mon tour d’enfiler les gants, je prétextais que je devais aller aux toilettes, que j’avais mal au ventre. Et je ne revenais jamais (rires). Ce n’était pas très bien de ma part mais ce sont les genres de petites choses qui ont fait qu’elle est devenue plus forte mentalement.L. : J’ai effectivement appris à être plus forte. Et ce, au contact des garçons en général. Car, jusqu’à mes 16 ans, j’évoluais dans des équipes locales avec des garçons. Ce n’est qu’à cet âge-là que je suis arrivée à OHL. Et cela ne fait que depuis l’année dernière que je joue en Super League.D. : Pour cette raison, je pense vraiment que Luna est un exemple pour les jeunes filles qui veulent se mettre à jouer. Car elle a surmonté les difficultés. Lorsque les garçons atteignent leurs 11 ou 12 ans, ils commencent à être plus costauds et, malgré cela, elle a évolué avec eux jusqu’à ses 16 ans. C’est vraiment exceptionnel. Ce n’était pas toujours facile pour elle mais elle y est arrivée.Et vous Luna, quel regard portez-vous sur la carrière de Dante ?L. : Il a eu jusqu’à présent une carrière avec des hauts et des bas. Il a connu de bons moments comme cette troisième place lors du Mondial U17 au Chili en 2015. Ou encore cette bonne saison à Malines et désormais son excellente forme à l’Union. Mais il a aussi eu deux blessures graves. Cela n’a pas toujours été facile pour lui mais il est à chaque fois revenu plus fort. Et personnellement, ses expériences m’ont également rendues plus forte.D. : C’est pour cette raison que je ne me pose pas trop de questions et que j’y vais étape par étape. Car je sais qu’en football, tout peut aller très vite. Les choses peuvent changer du tout au tout en un instant.Sur le terrain, vous occupez tous les deux une position offensive. Est-ce un hasard ?D. : En fait, notre père, qui a joué en quatrième division, nous a toujours dit que c’était mieux de débuter comme attaquant et qu’il était toujours temps par la suite de redescendre sur le terrain. Car tu sais encore apprendre par après les gestes défensifs. Ce qui est moins le cas pour les gestes offensifs.L. : Et puis, personnellement, je n’avais pas le profil pour jouer en défense car je n’étais ni grande ni large. Je suis de plus une joueuse plus technique. Cette position offensive était donc beaucoup plus logique pour moiPour en revenir à vos clubs respectifs, cela se passe plutôt bien pour vous en ce moment…L. : Effectivement. L’année dernière, on a terminé à la deuxième position en Super League derrière Anderlecht. Espérons cette fois finir une place plus haute (sourire). Ce ne sera facile de terminer devant le RSCA. Mais pourquoi pas… En tout cas, la compétition s’annonce ardue avec d’autres solides équipes comme le Standard, Bruges ou Gand.D. : Personnellement, je n’ai certes pas marqué lors des trois premiers matches de la saison mais j’ai tout de même donné des assists. C’était comme des demi-buts (sourire). Mais je n’ai jamais douté à ce moment-là. Si tu commences à douter, alors c’est fini dans ta tête. Et puis, je dis toujours qu’un attaquant, c’est comme une bouteille de ketchup. Tu la secoues, cela ne sort pas dans un premier temps. Et puis tout sort en même temps. C’est la même chose avec les buts. Tu marques une fois et puis tu y arrives les yeux fermés (sourire).Dante, l’Union réalise un excellent début de saison. Jusqu’où peut-elle aller ?D. : Il est encore trop tôt que pour tirer des plans sur la comète. On est premier, certes, mais cela ne fait que six journées. Je ne vais pas dire maintenant qu’une accession au top 4 est possible. Pour être plus réaliste, je dirais qu’on doit tout faire pour arriver dans le top 8. Mais on ne se met pas de pression. On veut simplement avoir une année stable en D1A.Vous sonnez tous les deux à la porte de l’équipe nationale. Porter les couleurs de la Belgique, c’est un rêve ?L. : Je joue avec les équipes d’âge nationales mais j’ai récemment eu une sélection avec les Red Flames lors d’un amical contre le Luxembourg. J’ai donc déjà pu goûter à l’équipe nationale et j’espère bien évidemment être à nouveau sélectionné dans le futur. Et pouvoir alors disputer une rencontre officielle et non plus amicale. Mais pour cela, je dois continuer à bien prester et à bien travailler.D. : Personnellement, j’ai été surpris lorsque Roberto Martinez a évoqué mon nom pour une éventuelle prochaine sélection. Je ne m’y attendais pas. Mais c’est un beau cadeau, une récompense pour le travail que j’effectue chaque jour. Cela signifie que le sélectionneur s’intéresse à un club comme l’Union, qui vient de D1B.Connaissez-vous personnellement certains Diables ?D. : Je connais les jeunes comme Vanheusden, Lokonga ou Saelemaekers contre qui j’ai joué lorsque j’évoluais à Genk. Mais je ne connais pas les vraies stars comme Lukaku ou De Bruyne par exemple.Ce qui pourrait dès lors être le cas dans le futur…D. : Jouer avec Kevin De Bruyne, c’est un rêve pour un attaquant. Tu sais que c’est quelqu’un qui va te donner la balle les yeux fermés et que tu vas marquer plus de buts que d’habitude. Je n’ai encore jamais eu la possibilité d’évoluer avec un joueur pareil. J’aimerais pouvoir goûter à cela et prouver que je peux prester à ce niveau.Pour conclure, vous affrontez Genk ce dimanche soir. Quel sentiment vous anime avant de retrouver votre ancien club ?D. : C’est un club qui m’a beaucoup donné et où j’y ai été formé jusqu’à mes 20 ans. Genk est un club qui a compté dans ma carrière. Je voulais d’ailleurs être un joueur important pour ce club et véritablement y lancer ma carrière, ce que je ne suis pas parvenu à faire. C’est donc le moment de prouver mes qualités. Je veux prouver à Genk que j’ai les qualités pour jouer en Division 1.