P rès de 44 ans après le dernier Union – Standard, les deux formations se retrouvent ce vendredi soir avec comme terrain d’expression le Stade Roi Baudouin. Léonard Roufosse sera un spectateur attentif, lui qui a participé au dernier affrontement entre les deux clubs en championnat. Rencontre.
Les anciens évoquent l’affiche contre le Standard
Football – Playoffs 2 (Union Saint-Gilloise – Standard, ce vendredi à 20h30)
Dire que l’eau a coulé sous les ponts depuis le dernier duel entre Saint-Gillois et Liégeois en championnat
est un euphémisme. Quasiment un demi-siècle s’est écoulé entre les deux et le retour de cette affiche historique, qui va réunir tout de même les troisième et quatrième clubs les plus titrés en Belgique, va très certainement faire resurgir un élan nostalgique dans le chef de certains supporters et autres anciens joueurs. Ce sera sans conteste le cas de Léonard Roufosse (168 matches avec l’Union). Le Liégeois, ancien Standardman, a bâti la majeure partie de sa carrière sous le blason unioniste. Il a notamment participé à la dernière campagne saint-gilloise en Division 1. Il y a donc près de 44 ans ! « L’Union reste mon club de cœur avec le Standard. C’est grâce à l’Union que j’ai pu sortir de l’anonymat. J’y ai vécu six magnifiques années », confie-t-il, alors qu’il se replonge avec nostalgie dans les coupures de presse de l’époque. « J’ai toujours suivi l’Union depuis cette époque », poursuit-il. « Même lors des années où le club était retombé fort bas.
» C’est un club qui m’a marqué, un club sympathique et agréable. En fait, il y a quelque chose qui fait qu’on se sent bien à l’Union. Les gens sont accueillants et je prenais un verre avec quelques supporters après les matches avec plaisir !
Forcément, Léonard Roufosse ne peut pas évoquer l’Union sans penser aux supporters. « Même dans les moments difficiles, c’est un public qui sait encourager son équipe. Ce sont de vrais supporters et ça m’a marqué de constater que ça n’a pas changé. »
Avec un cœur forcément teinté de jaune et bleu, le Standard garde une place de choix et Léonard Roufosse particulièrement attentif à l’évolution du club principautaire. Et donc forcément à sa saison plus que mitigée…
« Un malaise au Standard »
« Quand je vois le Standard d’avant et celui d’aujourd’hui, ce n’est plus du tout la Cité ardente. Je ne vois plus
» cet esprit Standard. Il semble y avoir un malaise. Quand je vois les joueurs, certains semblent incapables de changer de rythme au cours d’un match. Ça manque parfois de vivacité pour inquiéter l’adversaire. À mon époque, il y avait des joueurs de caractères avec les Van Moer, Semmeling, Piot et Hauss. La moindre des choses est de mouiller son maillot. À l’époque, on n’aurait jamais joué aussi facilement qu’aujourd’hui contre le Standard.
Le contraste est saisissant avec l’Union qui a conservé son ADN au fil des années. « J’ai vu les matches de cette année et on retrouve la même volonté, le même engagement, la même cohésion. C’est exceptionnel de voir jouer l’Union comme ça. Ce n’est pas avec un effectif de super-vedettes, mais il y a une grande force de caractère au sein de l’équipe. Quand j’ai vu l’Union contre Beveren, je me suis demandé quelle équipe jouait en D1 et l’autre en D2. »
Si l’Union a connu des périodes plus délicates dans son histoire, pour Léonard Roufosse, cela ne change rien, « le plus grand club belge, ça reste l’Union. Leur série de 60 matches sans défaite est toujours un record d’actualité et cela signifie quelque chose, même s’il y a eu une évolution du foot depuis. »
Quoi qu’il en soit, les deux clubs restent dans son cœur et ce vendredi, tout comme le 28 avril prochain pour le match retour, Léonard Roufosse sera un spectateur attentif. « Si l’Union joue de la même façon, ils ont toute leur chance. Mais le Standard voudra et devra absolument relever la tête. »
Une carrière est faite d’imprévus. Ce n’est pas Léonard Roufosse qui dira le contraire. À 19 ans, il intégrait progressivement le noyau A du Standard et on pouvait légitimement penser qu’il allait faire carrière au sein du club liégeois.
« J’avais déjà connu de beaux moments au Standard », raconte-t-il. « J’avais été champions avec les minimes et les provinciaux. J’avais ensuite fêté ma première titularisation à 19 ans. C’était face à l’Antwerp que nous avions battu 6-1 ! Mais ensuite, j’ai été blessé par Jan Mulder, d’Anderlecht. J’ai
», regrette-t-il, alors qu’il avait débuté sa carrière comme ailier gauche avant de reculer au poste d’arrière gauche. été traîné sur plusieurs mètres sur le sol gelé et j’ai eu une blessure au dos qui a conditionné la suite de mon avenir au Standard
« J’ai pris un risque »
Le staff liégeois n’y croyait plus mais Léonard Roufosse n’a pas renoncé pour autant.
« Je me suis retapé et j’ai travaillé pour renforcer mon dos », explique-t-il. « C’est là que José Chennaux m’a contacté pour rejoindre l’Union et Felix Week, mon premier entraîneur m’a donné ma chance. J’ai ensuite poursuivi ma carrière à l’Union avec Guy Thys comme entraîneur. Je me souviens qu’au Standard, on m’avait dit dès mes 18 ans qu’il fallait choisir entre mes études et ma carrière sportive. À ce moment-là, j’avais refusé. »
Mais la proposition
de l’Union a changé la donne. « J’ai pris le risque de quitter mon emploi à la Ville de Liège pour tenter cette belle aventure. J’avais signé un contrat d’un an avec une option supplémentaire. C’était une sécurité pour le club. »
Finalement, Léonard Roufosse sera resté six années à l’Union avant de devoir quitter le club.
« C’était au moment de la relégation en Division 2. Le club avait des problèmes financiers et plusieurs joueurs sont partis. C’est pour cela que je suis allé deux saisons à Eupen. »
Après quoi, il a notamment passé ses diplômes d’entraîneur pour tenter quelques défis dans la région liégeoise. Où il a remporté quelques titres, à Amay ou à Seraing en s’occupant des jeunes notamment.
Avec six années passées à l’Union, Léonard Roufosse a eu l’occasion de se forger quelques bons souvenirs au Parc Duden. Il en pointe notamment deux. « Le premier était pour le 75 e anniversaire du club », se souvient-il. « Nous avions affronté l’équipe nationale suisse. » Pour le second, c’est sur le terrain, face au rival et voisin anderlechtois. « J’avais inscrit l’unique but de la partie sur la pelouse du Sporting. Je me rappelle que Jacques Teugels m’avait adressé le centre et j’ai remporté mon duel face à Jean Trappeniers (ndlr. gardien de but qui était également passé par l’Union). »