L’ailier néerlandais salue le début de saison
réussi de l’Union saint-gilloise,
estime que son équipe peut jouer le titre et
affiche de l’ambition en Coupe d’Europe.
C’ est un des piliers
de l’Union saint-
gilloise, depuis un
an et demi. Arrivé
gratuitement en provenance
de Feyenoord, Bart
Nieuwkoop (26 ans) s’est rapi-
dement imposé dans l’équipe
de Felice Mazzù puis dans
celle de Karel Geraerts grâce à
des performances d’une régu-
larité rarement prise en dé-
faut. L’ailier droit néerlandais
s’est prêté avec nous au jeu
des vrai/faux à la veille de ce
dernier match de la phase de
groupes de Ligue Europa.
. 1. Ce sixième match de
poule de Ligue Europa
contre Berlin est presque
un amical pour l’Union.
“FAUX”
“Je ne suis pas d’accord, c’est
un match important. On a connu
de grandes soirées en Europe
pour le moment et on veut conti-
nuer de la sorte avec des victoi-
res. Dans ce type de compétition,
il faut jouer pour la gagne. C’est
important de montrer ce que
vous pouvez réaliser à un niveau
collectif et individuel. On n’aban-
donnera rien à Berlin. Au plus de
points on aura, au mieux ce
sera. D’un autre côté, c’est aussi
une bonne chose de savoir qu’on
n’est pas obligés de prendre les
trois points même si c’est ce
qu’on visera.”
. 2. Tirer un tout gros nom
en huitième de finale
d’Europa League serait une
meilleure chose. “FAUX”
“En huitième, il n’y a plus que
de gros matchs et on s’en réjouit.
Bien sûr que ce serait incroyable
d’affronter une équipe comme le
Barça ou la Juventus, mais d’un
autre côté les autres sont des
grands clubs aussi. Je ne pense
pas qu’on soit meilleur contre les
gros morceaux ; j’espère que
non. Notre motivation est la
même, quel que soit l’adversaire,
on l’a montré en championnat.”
. 3. Contrairement à ce
que dit l’adage, l’année de
la confirmation n’est pas
plus compliquée que la
précédente pour vous.
“VRAI”
“Je sais que les gens pensaient
qu’on allait avoir plus de mal.
Mais on est en train de montrer
qu’on est capables de poursuivre
sur le même rythme et de la
même façon que l’année passée.
On y parvient grâce à notre con-
centration, notre mentalité,
grâce au fait qu’on ne se projette
pas deux matchs plus loin. On
fait en sorte de se concentrer sur
le match qui arrive et de tout
donner pour le gagner, même si
on est mené au score. On l’a
montré plusieurs fois.”
. 4. Comme la saison
passée, l’Union peut se
battre pour le titre. “VRAI”
(Il hésite) “Disons vrai, parce
que, en ce moment, on est au
même niveau que Bruges, qui est
troisième. On réalise un beau
boulot, mais il faut continuer. Ça
me surprend un peu, pour être
honnête, vu qu’on a perdu deux
joueurs importants, qu’on a un
nouvel entraîneur, qu’il y a eu
des transferts. Souvent il faut du
temps pour assimiler tout ça,
mais au final, c’est plutôt pas
mal d’avoir démarré si bien.”
. 5. L’Union devrait
assumer le fait qu’elle vise
les playoffs 1. “FAUX”
“On ne doit pas affirmer cet
objectif. C’est une grosse saison
pour nous, avec beaucoup de
matchs. On sait qu’on jouera en-
core l’Europe après la pause hi-
vernale, donc il faudra être très
forts pour gérer tout ça. En ce
moment, je n’ai pas envie de dire
qu’on veut terminer dans le top
4… même si c’est un objectif que
l’on a envie d’atteindre.”
. 6. Votre équipe est à son
summum et ne progressera
plus. “FAUX”
“Il reste de la place pour pro-
gresser. Je n’ai pas l’impression
que notre période est terminée.
Je pense profondément qu’il y a
plus à aller chercher, qu’on peut
continuer à se développer et que
si l’on y parvient individuelle-
ment, cela poussera l’équipe vers
le haut. Le club est allé transférer
de nouveaux joueurs qui se dé-
brouillent très bien et c’est quel-
que chose de très important,
d’un côté. De l’autre, on a de plus
en plus d’expérience, ce qui nous
permet de grandir. C’est une
belle combinaison.”
. 7. Au niveau personnel,
vous devriez tenter un club
plus huppé la saison
prochaine, car vous aurez
fait le tour en D1 belge.
“FAUX”
“Mmmmh, je ne suis pas d’ac-
cord avec l’idée que je n’aurai
plus rien à faire ici car j’aime ce
championnat, qui correspond à
ma façon de jouer. C’est une
belle ligue et il y a beaucoup à
apprendre ici. Comme joueur,
évidemment, vous réfléchissez à
la possibilité d’aller plus haut,
un jour. Parfois je me dis que
j’aurai 27 ans la saison pro-
chaine et je me demande ce qui
viendra pour moi, mais je ne
suis certainement pas en train
de me dire qu’il faut que je
trouve autre chose. Il me reste un
contrat jusqu’en 2024, donc il n’y
a pas de pression maintenant.”
. 8. Après Lang, Vormer ou
encore Janssen, le
sélectionneur néerlandais,
Van Gaal, devrait vous
tester en sélection. “FAUX”
(Il rigole) “Je ne sais pas. Il y a
déjà un groupe assez large et je
n’ai jamais été repris dans la
présélection, donc je suis loin de
ça et je n’y pense pas du tout.
Peut-être dans le futur si je m’en
tire vraiment bien.”
. 9. Un ancien grand
joueur (il a joué sous les
ordres de van Bronckhorst,
Makaay, Advocaat ou
encore Stam) fait un
meilleur coach qu’un autre.
“FAUX”
“Je ne suis pas d’accord. Il y a
des tas de grands joueurs qui
sont devenus de grands coachs,
mais des joueurs avec une car-
rière moyenne, voire pas de car-
rière du tout, ont réussi une belle
carrière de coach aussi. Van
Bronckhorst qui a fait une
grande carrière est un grand en-
traîneur qui a gagné beaucoup
de titres à Feyenoord, aussi
quand j’y étais, et qui réalise de
belles choses aux Rangers main-
tenant. Mais je dois dire que
j’avais aussi une très bonne rela-
tion avec Felice (Mazzù) qui
pour moi est un très bon coach.”
. 10. Les Oranje feront une
meilleure Coupe du monde
que les Diables rouges.
“VRAI”
“Oui, je pense. Pourquoi ?
D’abord parce que je suis Néer-
landais, donc je dois dire ça (il
rigole). Ensuite, parce qu’on a
une bonne équipe, qui évolue
dans un schéma qui lui convient.
Les joueurs arrivent avec pas
mal de confiance après plu-
sieurs années de beaux résul-
tats. Pour moi, on doit aller à la
Coupe du monde avec l’ambi-
tion d’y réaliser quelque chose.
C’est le sentiment avec lequel je
sors des derniers matchs des
Oranje : on aura des choses à
montrer. Je les supporterai, en
tout cas.
Ils ont quand même Ils ont quand même
3 bonnes 3 bonnes
raisons raisons
de gagner
Le match contre l’Union Berlin n’est pas
dépourvu d’intérêt, même si les Bruxellois
ne peuvent plus perdre leur première place.
À Den Dreef, les Unionis-
tes disputeront un
match dont l’enjeu ne sera
pas le classement puisqu’ils
sont déjà assurés de la pre-
mière place du groupe. Ce
qui ne veut pas dire qu’il n’y a
pas des choses concrètes à al-
ler chercher en cas de nou-
velle victoire.
. Pour les caisses
L’Union est déjà assurée de
toucher un beau montant de
la part de l’UEFA pour sa belle
campagne. Une somme large-
ment inférieure à celui du
Club Bruges en Ligue des
champions, mais tout de
même déjà conséquente, sur-
tout pour un club au budget
de 20 millions € qui a essuyé
de grosses pertes lorsqu’il
était en D1B. L’UEFA lui ver-
sera une prime de participa-
tion de 3,63 millions € ; plus
2,73 millions € pour ses qua-
tre victoires et son partage ;
1,1 million € pour sa première
place de groupe et 1,2 mil-
lion € pour sa participation
aux huitièmes ainsi que
528 000 € pour le coefficient
sur dix ans du club et environ
1,2 million € de “market pool”,
soit un total un rien supé-
rieur aux 10 millions €. Une
nouvelle victoire ajouterait
encore 630 000 € à ce chiffre,
contre 210 000 € pour un par-
tage. “Il y a aussi une belle
prime de victoire à se partager
entre joueurs”, souriait Dante
Vanzeir.
. Pour le coefficient
La Belgique doit absolu-
ment compenser quelques
années médiocres avec une
saison de haut vol si elle sou-
haite retrouver le top 10 euro-
péen et voir son champion
être de nouveau directement
qualifié pour les poules de la
C1, ce qui ne sera pas le cas
cette année. Les beaux résul-
tats des Unionistes et des Bru-
geois surtout, permettent à
notre coefficient de remonter
la pente. Treizièmes à la fin de
la saison écoulée, nous occu-
pons pour le moment la hui-
tième place.
Plus égoïstement, l’Union
doit travailler pour son coeffi-
cient de club, qui permet de
répartir les équipes dans les
différents chapeaux lors des
tirages au sort. Grâce à ses
quatre victoires, son nul et
son bonus lié à la première
place, elle est montée dans la
hiérarchie continentale. À un
demi-point près, son total ac-
tuel (14 pts) lui aurait permis
d’être dans le chapeau 3 du ti-
rage de cette phase de poule
de Ligue Europa en septem-
bre. Un élément qui peut être
très important si elle rejoue
l’Europe l’année prochaine.
. Pour entrer
dans l’histoire
Un 16 sur 18 serait un bilan
formidable pour un retour
en Europe, 58 ans après. Ce se-
rait aussi la deuxième
meilleure performance d’un
club belge. Depuis l’instaura-
tion des phases de poules par
l’UEFA, seul Anderlecht, en
2011-2012, a réussi un parfait
18 sur 18. Derrière les Mauves
d’Ariel Jacobs – qui avaient
été éliminés par l’AZ dès les
16es – personne n’a jamais fait
de 16 sur 18.
Il s’agira aussi de garder la
dynamique positive et d’éti-
rer la belle série de 11 matchs
sans revers à 12. “Une défaite
contre Berlin ne serait pas une
bonne chose sur le plan men-
tal”, insiste Anthony Moris.
“La meilleure sensation, c’est la
victoire, donc on ira la chercher
à 200 %. On a vécu de belles soi-
rées européennes, on veut que
ça dure.”
Morten Thorsby, le Greta
Thunberg de l’Union Berlin
Les clichés sur les foot-
balleurs sont tenaces.
Ils gagneraient tous
beaucoup d’argent,
manqueraient d’intelligence
et seraient totalement décon-
nectés de la réalité. Plusieurs
d’entre eux arrivent toutefois
à tordre le cou à ces préjugés
par leurs discours ou leurs ac-
tions. Morten Thorsby, joueur
de l’Union Berlin, fait partie de
ceux-là. Le Norvégien de 26 ans
a récemment été nommé
“jeune athlète de l’année” à la
cérémonie de la BBC pour un
sport plus vert.
En 2014, le milieu passé par
Heerenveen ou encore la Sam-
pdoria se penche sur la problé-
matique des effets du change-
ment climatique et du ré-
chauffement de la planète.
Totalement bouleversé par ce
qu’il apprend, Thorsby se rend
coupable de réaliser une car-
rière de footballeur profes-
sionnel alors que de grands
problèmes environnementaux
sont en train de toucher la pla-
nète. “J’étais triste et déprimé,
expliquait-il au Guardian.
J’étais un joueur de football qui
s’était lancé dans un projet indi-
viduel alors que nous devions
faire face à une énorme crise. J’ai
voulu arrêter ma carrière pour
faire tout ce que je pouvais pour
le climat. Mais mon père m’a dit
que la meilleure chose que je
pouvais faire pour l’environne-
ment était d’être le meilleur foot-
balleur possible et ainsi avoir
l’écho le plus grand possible.”
Il y a deux ans, l’internatio-
nal norvégien a fondé “We
play Green Foundation”, une
organisation à but non-lucra-
tif qui a pour objectif de galva-
niser l’action climatique au
sein du monde du football.
“Les joueurs de football ont des
opportunités énormes d’influen-
cer les gens qui les entourent, ex-
plique celui que beaucoup ap-
pellent le “Greta Thunberg” du
football. Nous sommes des mo-
dèles et nous devons utiliser ce
pouvoir qui existe dans le monde
du football.”
Un fait que l’Unioniste
Christian Burgess a lui aussi
bien compris. L’Anglais de 31
ans se bouge à son échelle
pour différentes causes,
comme le climat ou encore la
crise des migrants. “Morten
Thorsby a commencé à me suivre
sur Instagram cet été et je l’ai
suivi en retour, avance Burgess.
J’ai lu ce qu’il fait et j’ai été fort
impressionné par son action
d’autant qu’il est assez jeune. J’ai
aussi lu qu’il était végan mais à
95 % seulement : ce n’est pas
aussi bon que moi qui le suis to-
talement (sourire). J’ai voulu lui
parler après le match aller con-
tre l’Union Berlin mais nous
avons pris du temps pour célé-
brer la victoire avec nos suppor-
ters. Ce jeudi, lors du match re-
tour, j’irai échanger quelques
mots avec lui.”
. Le numéro 2 sur le dos
Avec trois titularisations de-
puis le début de la saison, Mor-
ten Thorsby n’a pas encore ga-
gné ses galons de titulaire au
sein d’une équipe de l’Union
qui caracole en tête de la Bun-
desliga. Transféré cet été en Al-
lemagne, celui qui se déplace à
Berlin en voiture électrique ou
à vélo a posé un choix fort dès
son arrivée en choisissant le
numéro 2, comme cela avait
déjà été le cas à la Sampdoria.
“Cela fait référence à l’objectif
fixé lors des Accords de Paris de
contenir l’augmentation de la
température de la planète en
dessous de deux degrés, avance-
t-il. L’objectif suivant était 1,5 de-
gré mais je ne pouvais pas met-
tre ce chiffre sur mon maillot
(sourire). En équipe nationale,
j’essaye de persuader mon coé-
quipier norvégien Erling Haa-
land de porter le numéro 2 mais
c’est difficile pour un attaquant.
S’il le faisait, cela aurait un
énorme impact.”
Cet été, Morten Thorsby a
rencontré le Premier ministre
norvégien mais aussi des ca-
dres de l’UEFA pour leur faire
part de ses réflexions. Avec
une volonté principale : réus-
sir à avoir un impact sur le
mode de réflexion des déci-
sionnaires de ce monde. “Les
actions d’un footballeur peuvent
permettre de mettre la lumière
sur certaines causes, avance
Burgess. Quand j’ai regardé le
documentaire sur Morten Thor-
sby, je me suis dit que je devrais
en faire plus et parler plus sou-
vent de certains sujets avec mes
coéquipiers. Nous devons tous
essayer d’avoir un impact à no-
tre échelle.”
Et ainsi réussir à mettre fin
une bonne fois pour toute aux
clichés toujours bien présents
dans le monde du football
professionnel.