Comment le mouve-
ment sportif peut
contribuer à la lutte
contre le réchauffe-
ment climatique ? Cette ques-
tion est d’actualité alors que
la Cop 26, conférence sur les
changements climatiques,
vient de se clôturer à Glasgow.
À l’échelle belge, plusieurs
actions sont menées comme
c’est le cas au sein de la Fédé-
ration belge de football où
une nouvelle stratégie a été
mise en place dès 2019. “Plu-
sieurs actions concrètes ont été
mises en place comme le tri plus
sélectif des déchets pendant les
matchs des Diables, explique
Hedeli Sassi, coordinateur des
projets sociaux à l’Union
belge. Le centre national de Tu-
bize a lui été construit de ma-
nière écologique et avec du ma-
tériel durable. L’idée est d’im-
planter des panneaux solaires,
une éolienne et de capter l’eau
de pluie via un grand réservoir
servant à arroser nos terrains.
Nous avons aussi des ruches
avec un jardin à fleurs créé spé-
cialement pour nos abeilles. No-
tre consommation de CO2 res-
tera élevée mais ces petites ac-
tions permettent de se diriger
dans la bonne voie.”
. Les Mauves
se veulent verts
Au Standard de Liège, les ré-
flexions écologiques ont dé-
buté depuis un certain temps.
“Depuis 2007, nous avons des
bassins de récupération d’eau
de pluie pour l’arrosage des ter-
rains du centre de formation,
décrypte Sacha Feytongs, sta-
dium manager et directeur
des infrastructures du club.
518 panneaux photovoltaïques
sont installés sur la toiture du
bloc tribunes et du bloc jeunes
au centre de formation. Dans le
cadre du projet de rénovation
du stade, des toitures végétales
verront le jour et 300 places de
parkings à vélo seront disponi-
bles. Nous avons aussi au centre
de formation une vingtaine de
poules qui se nourrissent des dé-
chets de nourriture et dont les
œufs sont utilisés par nos cuis-
tots. Cela paraît anodin mais les
clubs de Ligue 1 gagnent des
points dans leur dossier de li-
cence quand ils ont des poules.
En Belgique, il n’y a pas de point
écologie dans le dossier li-
cence…”
Pendant qu’à Charleroi une
partie du parc automobile ré-
servé aux joueurs et au staff
est électrique et qu’une ré-
flexion est en cours pour un
meilleur tri des déchets les
jours de match, Anderlecht se
considère comme le club de
football le plus vert de Belgi-
que. Audi, le sponsor voitures,
fournit 57 voitures hybrides
rechargeables aux joueurs et
au staff, permettant au RSCA
de faire un pas vers la mobi-
lité électrique.
À Neerpede, des panneaux
solaires ont été installés tout
comme sur le toit du Lotto
Park. Au total, Anderlecht gé-
nère au total plus d’un mil-
lion de kWh d’électricité verte
par an, ce qui permet de vivre
les matchs au Lotto Park de
manière neutre en énergie de-
puis janvier 2021.
L’Union saint-silloise a été
plus loin en engageant à
temps plein une personne
s’occupant de ces sujets liés
au développement durable.
Le club bruxellois est même
devenu la première équipe
belge à signer la charte du
groupe de travail “Sports for
climate action”, qui vise un
niveau zéro d’émissions net-
tes d’ici 2040, au même titre
que la Juventus, Liverpool ou
le PSG. “L’Union voulait s’enga-
ger en interne mais aussi vers
l’extérieur et l’adhésion à ce
groupe de travail nous en donne
l’opportunité, avance Raphaële
Moeremans, responsable du
développement durable à
l’Union. Beaucoup de fédéra-
tions et de clubs internationaux
signataires sont déjà bien avan-
cés dans la cause écologique.
Faire partie de ce groupe nous
permet de profiter de leur expé-
rience.”
D’autant que le travail est
colossal dans le milieu du
foot. “L’organisation de matchs
est liée à des déplacements, à de
l’éclairage ou à de la consom-
mation d’eau. C’est donc impor-
tant de réduire autant qu’on
peut notre empreinte environne-
mentale. La question de la mo-
bilité est par exemple impor-
tante pour nous. Nous essayons
de mettre en place différentes
choses pour favoriser une mobi-
lité avec un impact carbone
moindre comme la création
d’un parking à vélos sécurisé. À
court terme, une stratégie plus
globale va être mise en place et
concernera nos infrastructures,
la nourriture dans le club, les
équipements des joueurs, le fan
shop… L’objectif est que des ré-
ductions d’émission soient visi-
bles dans chaque département
du club.”
. Le Wolfpack
vers la neutralité carbone
1 288 tonnes de CO2 soit
l’équivalent de 179 tours du
monde en voiture ou encore
539 vols aller-retour entre
Bruxelles et New-York : c’est ce
que l’équipe belge de cy-
clisme Deceuninck-Quick Step
a consommé sur l’année 2019.
Début 2020, elle a décidé de
s’engager vers la neutralité
carbone en compensant ses
émissions de dioxyde de car-
bone via deux projets : le pre-
mier est lié à l’approvisionne-
ment d’eau dans une région
d’Ouganda et le second au re-
boisement et à la conserva-
tion du mont Ventoux.
“Nous souhaitions compenser
nos émissions de CO2 mais aussi
changer les comportements de
nos équipes, coureurs, person-
nels et supporters, commentait
Patrick Lefevere, manager gé-
néral, sur le site internet de
son équipe. Depuis le lance-
ment de notre projet, nous
avons constaté un changement
des tendances dans le cyclisme
avec par exemple des règles re-
latives au traitement des dé-
chets pendant les courses. Ce
n’est que le début de ce que
nous espérons être un grand
mouvement dans le sport.”
Au sein du club de hockey
du Léopold, on veut aussi agir
à son échelle contre le ré-
chauffement climatique. Dès
2015 et en lien avec la Cop 21,
le projet Léo21 a été lancé par
Philippe Verdussen, président
du club. “Lancer un projet envi-
ronnemental et éco-dynamique
pour un club de sport qui
compte cinq hectares de terrain
à Bruxelles avait du sens, avan-
ce-t-il. Nous avons demandé
aux membres un supplément de
trois euros dans leur cotisation,
ce qui a permis de lancer plu-
sieurs petites actions comme la
mise en place de panneaux so-
laires, la plantation d’un grand
chêne au milieu de notre par-
king ou la plantation d’arbres à
Madagascar. Nous avons aussi
remplacé nos ampoules classi-
ques par des ampoules LED,
nous incitons nos membres à ve-
nir au club à vélo et nous sou-
haitons mieux organiser nos co-
voiturages pour se rendre à nos
matchs à l’extérieur.”
Et le club ucclois n’a pas
voulu s’arrêter là et vient de
lancer le projet Léo26 au mo-
ment où la Cop 26 s’est termi-
née. “Nous allons continuer à
taper sur le clou car il faut en-
core passer par l’éducation sur
ce sujet, lance Philippe Verdus-
sen. On parle partout du ré-
chauffement climatique mais
on se rend compte que les gens
sont moins réceptifs qu’on ne le
pense. Notre projet a réussi à fé-
dérer et le côté humoristique et
non moralisateur plaît à notre
public. Nos actions sont appré-
ciées aussi bien par nos mem-
bres que par les visiteurs
d’autres clubs. Malgré tout,
nous restons sur notre faim :
quand on voit parfois l’état de
saleté le long des terrains alors
que des poubelles sont instal-
lées pas loin… Lutter pour le cli-
mat dans le sport, c’est vraiment
un combat de tous les jours !”
De son côté, le COIB (Co-
mité olympique et interfédé-
ral belge) admet n’avoir pas
encore mis en place d’actions
concrètes pour amener sa
pierre à l’édifice de la lutte
pour le réchauffement clima-
tique.
“Nous n’avons pas d’initiati-
ves dans le pipeline actuelle-
ment mais des réflexions autour
de la réduction de l’empreinte
carbone sont faites, explique
Mathias Van Baelen, responsa-
ble presse du COIB. Parfois, il
est intéressant de suivre certai-
nes initiatives du CIO. Si quel-
que chose de concret se met en
place de ce côté, il y aura une
volonté de notre part d’être actif
dans le débat mais pour l’ins-
tant, c’est vrai qu’il n’y a rien de
concret.”
Petit à petit, le mouvement
sportif se bouge pour le cli-
mat. Différentes actions sont
mises en place par certains
clubs ou fédérations mais le
chemin vers l’objectif d’at-
teindre le niveau zéro d’émis-
sions nettes d’ici 2040 est en-
core long. Il reste du temps.
Mais désormais, le temps est
plus que compté…