Anthony Moris et Jean Butez font partie des
meilleurs gardiens de la Jupiler Pro League.
L
a rencontre Union –
Antwerp est un beau
duel à distance entre
deux gardiens arrivés au
même moment, en
juillet 2020, dans leur club.
D’un côté Anthony Moris
(33 ans), titulaire incontes-
table chez les Bruxellois
avec 129 matchs joués et 46
clean-sheets. De l’autre Jean
Butez (28 ans), lui aussi in-
touchable avec 136 rencon-
tres jouées et 52 clean-
sheets pour le club anver-
sois. Décryptage du duel
entre deux des meilleurs
gardiens de Pro League avec
l’ancien gardien Silvio
Proto et notre consultant
Alex Teklak.
. Domaine aérien
Butez a démontré ces der-
nières années qu’il était maî-
tre dans les airs. Si ce n’est
pas un point négatif du jeu
de Moris, ce dernier est un
cran derrière dans ce secteur.
“Butez est un gardien beau-
coup plus sûr dans les airs où il
dégage plus de confiance, ana-
lyse Silvio Proto. La taille n’a
pas d’influence (NdlR : Butez
mesure 1,89 m et Moris
mesure 1,86 m), c’est
la détente qui
change tout. Butez a
un style de jeu dans
l’action alors que
Moris est plutôt dans la réac-
tion.”
Pour Alex Teklak, le der-
nier rempart de l’Antwerp a
un côté plus affirmé dans sa
prise de balle. “Butez a un
petit peu plus d’assurance et
choisit mieux ses moments.
Même si ce n’est pas un point
faible pour Moris, il va parfois
s’exposer inutilement sur des
ballons difficiles. Il est aussi
moins exposé car il a quel-
ques géants comme Burgess
qui balayent le trafic aérien.”
. Jeu au pied
Pour beaucoup d’obser-
vateurs, Anthony Moris a le
meilleur jeu au pied de Pro
League. Nos deux consul-
tants sont d’accord avec
cette affirmation même si
Jean Butez n’est pas en reste
dans ce secteur. “Moris est
très réfléchi dans ses relances,
avance Proto. Il a cette qua-
lité qui permet d’apporter un
vrai plus à son équipe. Dans
le football moderne, c’est de-
venu essentiel d’avoir un gar-
dien fort au pied.”
Pour Alex Teklak, la
grande différence réside
dans le côté plus naturel
chez le gardien de
l’Union. “Moris a de
la souplesse dans son
geste alors que
Butez a un
geste plus forcé. C’est plus ins-
tinctif chez Moris qui met le
ballon où il veut avec une
grande aisance et une belle
gestuelle. On voit que Butez a
dû beaucoup plus travailler
ce geste. Et il va avoir plutôt
tendance à balancer en tri-
bune quand Moris va essayer
de gérer la situation en res-
sortant calmement au pied.”
. Réflexes sur la ligne
Anthony Moris l’a sou-
vent démontré depuis qu’il
porte le maillot de l’Union :
l’international luxembour-
geois est trop fort quand il
s’agit de sortir un ballon
chaud sur sa ligne. Lugano
en a d’ailleurs récemment
fait les frais à deux reprises.
“Il est plus réactif dans tous
les ballons déviés, avance
Proto. Les arrêts sur des têtes
sont sa grande qualité. Par
contre, Butez est meilleur
dans les réflexes en un contre
un car il arrive à mieux faire
la croix.”
”Moris a ce
côté plus spec-
taculaire, dé-
crypte Alex
Teklak. Il a une
aptitude à faire
le bon choix en
très peu de temps. Rappelez-
vous de l’arrêt à la 95e minute
à l’Antwerp en fin de saison :
Moris est devenu un spécia-
liste de ‘saves’ spectaculaires
à des moments détermi-
nants.”
. Leadership
Depuis le début de sai-
son, Anthony Moris a reçu
le brassard de capitaine.
Mais il n’a pas attendu
d’avoir ce tissu autour du
bras pour s’imposer
comme l’un des leaders du
club bruxellois. Au même
titre que Butez qui a pris
une grande envergure dans
le vestiaire anversois. “An-
thony arrive à bien se faire
comprendre et à se faire res-
pecter par ses défenseurs”,
avance Proto.
Jean Butez, de son côté, a
dû faire preuve d’un gros
caractère depuis son arri-
vée à Anvers entre les con-
currents mis sur son che-
min et son adaptation pas
évidente pour un franco-
phone dans un club fla-
mand. “Et il a aussi dû se
faire adopter par un public
exigeant, explique Teklak.
Son adaptation réussie mon-
tre une belle maturité et une
personnalité affirmée de sa
part.”
. Conclusion
Pour nos deux consul-
tants, l’écart entre Moris et
Butez est très faible. La dif-
férence se fait sur des dé-
tails dans certains secteurs
de jeu sans que l’un ne
prenne un véritable ascen-
dant sur l’autre. “Le plus
complet est pour moi
Moris, conclut Proto. Mais si
je devais en acheter un des
deux, je prendrais Butez car il
est plus jeune. Il a une plus
grosse marge de progression.
Même si Moris peut encore
apprendre : quand je suis
parti à l’Olympiacos à 35 ans
puis à la Lazio Rome un an
plus tard, j’apprenais encore.”
Alex Teklak, de son côté,
ne fait pas de choix et
prend les deux dans son
équipe. “Je fais jouer l’un en
Coupe et l’autre en champion-
nat, sourit-il. C’est difficile de
les départager car ils ont telle-
ment de qualités. Ce sont des
gardiens réguliers, sécuri-
sants et qui arrivent à garder
la tête froide. La plus belle
preuve de leur constance est
que les coachs se succèdent
dans leurs clubs et ils conti-
nuent à être numéro 1 sans
contestation.”