Dans leur style respectif, Felice Mazzù et Vincent Kompany tenteront, une nouvelle fois, de faire pencher la balance de leur côté ce dimanche dans un derby qui promet d’être ouvert et spectaculaire.
FELICE MAZZÙ
VINCENT MILLER
Mazzù aime ces matches-là.
À peine remise de son déplacement à Bruges, revoilà -déjà- l’Union à pied d’œuvre. Les Saint-Gillois n’auront pas eu le loisir de se reposer à leur guise, à l’instar de Felice Mazzù, arrivé en conférence de presse ce vendredi en début d’après-midi sans avoir dormi de la nuit. Il a en effet confié avoir passé une nuit blanche tellement l’excitation et l’adrénaline avaient été fortes la veille au soir.Soixante-trois heures, seulement : c’est le laps de temps qui se sera écoulé entre le coup de sifflet final à Bruges jeudi soir et le coup d’envoi du derby bruxellois ce dimanche après-midi. Autant dire que l’aspect « récupération » sera très important du côté saint-gillois. « Mais je ne pense pas que ce sera le paramètre décisif », réagissait le T1. « Je crois plus à l’aspect mental qu’à tout autre paramètre. D’après moi, c’est cela qui va devoir prendre le dessus sur toute autre considération technique ou tactique. » Les Saint-Gillois vont devoir aller puiser des ressources au plus profond d’eux-mêmes. Car il y a de grandes chances que Felice Mazzù aligne exactement le même onze de base que celui couché sur le papier face à Bruges et Genk dimanche dernier. Deux rencontres lors desquelles il n’avait, en outre, réalisé à chaque fois qu’un seul changement.Le nul blanc de ce jeudi a permis à l’Union de conserver son avance de neuf points sur Bruges, et de grappiller une unité supplémentaire sur Anderlecht. En cas de victoire dimanche, les Jaune et Bleu compteraient quinze points d’avance sur les Mauves ! Pour autant, Felice Mazzù se refuse, encore et toujours, à afficher de trop grandes ambitions. « Je n’ai pas envie de parler de titre ou de Playoffs 1. On veut tout simplement à chaque fois être meilleur au match suivant. Et vu qu’on vient de faire un match nul, cela veut dire qu’on veut gagner. On ne doit pas se mettre la pression. »Le 25 juillet dernier, l’Union effectuait son grand retour au plus haut niveau du football belge sur la pelouse du Lotto Park. Ce jour-là, les Saint-Gillois avaient frappé le premier coup de semonce d’une longue série, terrassant le RSCA 1-3. « Je m’attends à un match différent », pointe Mazzù. « Mis à part l’accroc contre le Cercle cette semaine, Anderlecht restait jusqu’alors sur une série positive. »Le coach saint-gillois sait aussi à quoi s’attendre ce dimanche. « Anderlecht a un système peu évident pour l’adversaire. Il y a des mouvements perpétuels de Refaelov et de Raman. Il y a le haut niveau atteint par Zirkzee. Il y a les sorties offensives de Gomez. Et il y a également la qualité de leur gardien qui, pour moi, est l’un des trois meilleurs de Belgique avec Moris et Mignolet. Sans oublier Cullen qui n’était pas là contre le Cercle. »Le coach s’apprête à vivre son troisième affrontement face à Anderlecht depuis son arrivée à l’Union. « Un derby, cela doit représenter beaucoup dans un club, c’est une certitude. Mais il faut qu’il se déroule dans la sportivité. J’ai horreur -et je veux le crier haut et fort- que des derbys se déroulent dans l’agressivité et dans la haine. Mais je ne pense pas que cela se passera comme ça dimanche. La priorité sera dès lors de rendre tous les gens heureux autour de nous, et que le meilleur gagne. »
VINCENT KOMPANY
XAVIER THIRION
Kompany se méfie fortement de l’Union.
Lorsqu’on évoque la défaite de mercredi face à un Cercle nettement supérieur, Vincent Kompany invoque des circonstances atténuantes. « Quand vous êtes réduits à dix après 25 minutes, ça change le match, insiste l’entraîneur anderlechtois. Juste avant l’exclusion de Hoedt, on rentrait précisément dans la rencontre. Le plan de jeu était bon. Puis, la blessure de Delcroix qui venait de rentrer, a encore davantage perturbé notre approche. » Kompany assure faire confiance à la force mentale de son groupe pour rebondir dès dimanche. « Je ne crains pas une baisse de régime de notre part en ce début d’année. Bien plus que d’autres clubs, nous avons appris à devoir faire face à des situations compliquées. Si nous gardons la même attitude que celle qui est la nôtre depuis fin novembre, nous allons revenir et poursuivre notre progression. »Pas question, pour Vincent Kompany, de tomber dans le piège d’une déclaration relative à une éventuelle course au titre pour ses Mauves qui doivent d’abord assurer le Top 4. « L’Union est actuellement le seul candidat au titre, coupe le T1 bruxellois. Pour être champion, il ne faut pas être vingt fois la meilleure équipe mais il faut savoir prendre ses moments. L’Union fait cela très bien. Les autres équipes, dont nous faisons partie, ont encore quelques mois pour essayer de refaire leur retard. Mais l’Union reste largement favorite. » Une victoire à l’Union relancerait-elle malgré tout le Sporting dans la lutte au sommet ? « Ce serait évidemment le scénario idéal pour un film mais nous ne devons penser à rien d’autre qu’aux Playoffs 1, dit l’intéressé. Si nous y accédons, alors tout deviendra possible. »Lors de leur défaite à l’aller, à l’occasion du premier match de la saison, les Anderlechtois alignaient une équipe en plein renouveau, avec douze nouveaux joueurs. « Face à une formation de l’Union pleine d’automatismes, c’était compliqué, se souvient Kompany. Nous sommes beaucoup plus avancés aujourd’hui. Mais l’Union a progressé également. Les Unionistes ont ce petit quelque chose en plus qui leur permet de faire basculer les matches en leur faveur. Un petit relâchement de leur part pourrait toujours faire entrer le doute dans leur vestiaire, mais l’Union cette saison, c’est pratiquement comme Leicester il y a quelques années sauf qu’en Angleterre, les playoffs n’existaient pas. » Vincent Kompany évoluait alors à City et ils étaient quatre ou cinq à lutter pour le titre. « Mais, trop longtemps, nous n’avons pas pris Leicester au sérieux, se souvient-il. Quand nous nous sommes rendu compte de notre erreur, il était trop tard. Croyez-moi, j’ai retenu la leçon. Personne ne sous-estime l’Union ! »« Chez les jeunes, notre vrai concurrent était le RWDM », rappelle Vincent Kompany. Mais en tant que Bruxellois pure souche, il a vraiment envie de retrouver Anderlecht, le RWDM et l’Union en D1. « Les trois réunis parmi l’élite, ce serait le rêve. J’adore les derbys, avec leur folklore, la fanfare et l’animosité qu’ils dégagent. Un derby, ce sont les voisins qui se chamaillent. C’est triste que nos supporters ne puissent pas assister à cette fête au parc Duden. »
RÉACTIONS
La question de la fraîcheur physique des Saint-Gillois est au centre de nombre de débats. Mais pour Loïc Lapoussin, il n’y a pas lieu de s’inquiéter : ses coéquipiers et lui seront prêts ce dimanche sur le coup de 13h30. « Certes il y a un peu de fatigue car on a enchaîné les matches. Mais on va faire les soins comme il le faut. Et puis, je suis déjà préparé à cela car le planning était annoncé depuis quelques semaines. Quand on est un compétiteur, on sait qu’au plus on évolue haut, au plus on est susceptible de jouer tous les trois jours. En outre, ce sont de bons matches à jouer donc on sera prêt mentalement et physiquement. »Son coéquipier Christian Burgess ne le dément pas. « En Angleterre, on est habitué à cela. Et le calendrier, là-bas, y est bien plus difficile. Il va falloir surtout être intelligent pour récupérer du mieux possible afin de livrer à nouveau une grosse performance. Et cette fois, ce sera avec nos fans ! »En effet, les abonnés de l’Union seront de retour au stade Marien, pour le plus grand plaisir du défenseur anglais. « Lors du Boxing Day (NDLR : le 26 décembre face à Gand), c’était vraiment dommage de ne pas avoir pu compter sur leur soutien. Mais ils faisaient toutefois du bruit dans le Parc Duden juste à côté, tout comme face à Genk dimanche dernier. »Bien que ni Lapoussin ni Burgess ne soient Belges, et encore moins Bruxellois, ce derby de la capitale représente tout de même beaucoup à leurs yeux. « Anderlecht, c’est une des équipes que je connaissais lorsque je suis arrivé en Belgique », réagit le premier cité. « C’est un club avec une grande histoire, comme nous. Ce sera un gros « clash » ce dimanche. »
ARBITRAGE
V.M.
Undav.
Jeudi soir, à chaud, Deniz Undav s’était emporté devant les caméras de télévision après la rencontre face à Bruges, s’en prenant directement à l’arbitre de la rencontre, Monsieur Visser. « C’est difficile de jouer contre Bruges surtout quand ils ont l’arbitre dans leur camp », avait-il déclaré. « C’était un problème. Quoi qu’ils fassent comme faute, il n’y avait jamais carte jaune. De plus, avec lui, on ne pouvait pas parler. Je lui ai d’ailleurs dit : « Pourquoi est-ce que tu siffles toujours pour le Club ? » Car à chaque fois qu’ils faisaient une faute tactique, ils ne recevaient pas la jaune. Nous avons joué contre douze hommes aujourd’hui (NDLR : lire jeudi). »
UNION SG – ANDERLECHT
Daniel Spreutels fut le plaideur vedette du RSCA pendant plus de trente ans.Jean BensanaL’avocat Daniel Spreutels publie un ouvrage savoureux sur ses plus beaux procès au cours de 40 ans d’affaires pénales et sportives. L’ancien défenseur de la cause mauve, aujourd’hui administrateur de l’Union, sera à son affaire dimanche, lors du derby bruxellois. prevnext
A défaut d’avoir pu suivre les traces de ses idoles Robbie Rensenbrink et Juan Lozano sur la pelouse du parc Astrid, Daniel Spreutels fut le plaideur vedette du RSCA pendant plus de trente ans. Mais pas uniquement, loin de là ! Dans « Mes plus beaux procès », succulent ouvrage retraçant ses 40 ans d’affaires pénales et sportives, avec la belle complicité de Denis Goeman – magistrat et figure de l’émission « Face au juge »-, Maître Spreutels nous emmène dans le récit d’une vie. De mille et une vies, plus précisément, qui l’ont notamment vu côtoyer et/ou défendre Eddy Merckx, Geneviève Lhermitte, Patricia Lefranc, Marcel Habran, Bernard Tapie, Gilles De Bilde, Raymond Goethals, Michael Schumacher et bien sûr la famille Vanden Stock. Très loin de l’austérité des tribunaux, Daniel Spreutels révèle l’envers du décor, truffé d’anecdotes, de personnages truculents et de situations insolites. Avec, pour fil rouge, sa légendaire autodérision mais aussi et surtout l’humanité qui se dégage invariablement de tous les dossiers ayant jalonné son parcours. Un parcours qu’il poursuit, aujourd’hui, en tant qu’administrateur de l’Union Saint-Gilloise, la voisine de… « son » Sporting. A quelques heures d’un derby attendu bien au-delà de la capitale, le fils spirituel de Xavier Magnée ne pouvait rêver moment plus opportun pour publier la plus belle plaidoirie de sa carrière. Plongée dans l’univers inédit du barreau.Après avoir été le défenseur de la cause anderlechtoise durant trois décennies, vous voici administrateur de l’Union Saint-Gilloise depuis deux ans. Une trahison ?Absolument pas, dans la mesure où je serais resté à Anderlecht si Marc Coucke n’avait pas décidé de s’entourer de nouvelles personnes. Ce n’est pas comme si j’étais parti au Standard où la rivalité était beaucoup plus grande. Les supporters mauves, si j’en crois leur enthousiasme chaque fois que je les croise, ne m’en veulent pas. Je n’en veux pas davantage à Coucke. Ce que m’a déjà apporté l’Union depuis quelques mois est magique. Je viens de vivre, au parc Duden, un retour en D1 après 48 ans d’attente ainsi qu’un titre de champion d’automne.Place, dans quelques mois, à un nouveau titre de champion de Belgique avec l’Union après les dix-sept sacres célébrés en tant qu’avocat d’Anderlecht ?Je suis convaincu que sans le système des play-offs, l’Union aurait pu refaire le coup du Lierse, de Beveren ou de Leicester et rafler le titre à la surprise générale. Mais la division des points par deux rendra l’obtention du titre précaire. La pression qui pèsera sur l’équipe risque d’être très forte durant les PO1 car la différence entre la première et la quatrième place sera de l’ordre de 20 millions. Jusqu’ici, le club n’a pas ressenti cette pression puisque nous sommes passés de l’objectif du maintien à celui du Top 8 et ensuite seulement du Top 4. Devoir enchaîner des matches au sommet avec un noyau beaucoup plus limité que les autres sera compliqué. Nous n’avons pas les moyens de Bruges même si j’estime que nous avons déjà réussi notre mercato de janvier avec le défenseur japonais Koki Machida, l’Espoir Polonais Kacper Kozlowski loué après avoir été acquis pour 11 millions par Brighton et récemment Puertas.Vous refusez de parler du titre mais, après une victoire contre Genk et un partage à Bruges, tous les rêves vous seront permis si vous négociez bien la réception d’Anderlecht dimanche et le déplacement à l’Antwerp la semaine suivante…Nous sommes en train de vivre un tournant dans notre saison. Felice Mazzu a raison de dire que nous saurons exactement quelles peuvent être nos ambitions au début du mois de février.Comment envisagez-vous le derby de dimanche face aux Mauves, attendu par toute la capitale ?Je suis confiant pour ce grand rendez-vous. Face à des Anderlechtois en pleine progression même s’ils ne joueront pas encore le titre cette saison, nous ne serons toutefois pas les favoris en dépit de nos douze points d’avance sur deux. Mais nous ferons tout pour creuser encore plus l’écart et maintenir les autres à distance. Avoir neuf longueurs d’avance sur Bruges et dix sur l’Antwerp à dix journées de la fin de la phase classique, avouez que c’est tout simplement magique.L’Union joue clairement le trouble-fête dans la course au Top 4…Nous apportons en tout cas un bain de jouvence au football belge et international. Toute la presse internationale célèbre l’Union avec notamment un grand article dans Le Monde, une page dans le Figaro, un reportage dans Marca et plusieurs papiers dans la presse anglaise compte tenu de nos liens étroits avec l’un des propriétaires de Brighton. C’est très beau, ce que nous réalisons, avec le 14 e ou 15 e budget de l’élite.L’apport anglais vous permet quand même d’avoir les reins solides…C’est effectivement un énorme avantage. Mais quand vous comparez notre masse salariale avec celle de Bruges ou de l’Antwerp, il n’y a pas photo. Notre secret, c’est notre fraîcheur et la façon, extraordinaire, dont Mazzu gère l’ensemble à tous les niveaux.L’Union parviendra-t-elle à s’inscrire dans la durée au sommet de la Pro League quand on sait que vos cadors sont déjà courtisés de toutes parts ?Certaines offres ne pourront évidemment pas se refuser l’été prochain. Mais, croyez-moi, l’Union sera tout sauf un feu de paille. Ce n’est pas un hasard si la construction d’un nouveau stade est envisagée et si notre équipe de recrutement travaille de manière très professionnelle sur base des datas, à l’image des plus grands clubs. Nous sommes redevenus l’équipe de la capitale. Anderlecht représente la Belgique mais Bruxelles, c’est l’Union.Votre cœur restera néanmoins toujours anderlechtois. Avez-vous eu peur pour l’avenir du RSCA, ces dernières années ?J’ai été étonné par les pertes et les dettes du club ces trois dernières années et attristé par les résultats très décevants. Au départ, ce fut très compliqué pour Vincent Kompany, auquel on a donné les pleins pouvoirs alors qu’il n’avait jamais entraîné. C’est un peu comme si on avait confié, du jour au lendemain, le plus grand cabinet du pays au plus brillant étudiant en droit fraîchement sorti des auditoires. Rien ne remplacera jamais l’expérience. Kompany a beau avoir été l’un des plus grands joueurs du monde, il a dû faire son apprentissage. Ces derniers mois, il a énormément progressé dans la gestion de son groupe et au niveau de sa communication. Après avoir sans doute commis l’erreur de négliger l’âme du club à son arrivée, Marc Coucke a pour sa part eu l’intelligence de faire un pas de côté et de s’entourer des bonnes personnes. Anderlecht est sur la bonne voie pour retrouver rapidement le statut qu’il aurait toujours dû garder.