Avant d’arriver à La Gantoise et à l’Union SG, Gift Orban et Victor
Boniface ont connu un parcours similaire. “Tout le monde serait
surpris si des équipes ne tentent rien cet été”, avoue leur agent.
R ien qu’imaginer le
duo qu’ils forme-
raient donne l’eau à
la bouche. Sur papier, en
tout cas. Qui sait, un jour
peut-être en équipe natio-
nale ? Même s’il sera très
difficile de déloger Victor
Osimhen… Quoi qu’il en
soit, ce dimanche, Gift Or-
ban et Victor Boniface se re-
trouveront l’un en face de
l’autre quand l’Union SG et
La Gantoise s’affronteront.
Les deux Nigérians sont
sans aucun doute deux des
plus grandes attractions de
notre championnat.
Au pays, comme la plu-
part des jeunes, ils ont ef-
fectué leurs formations
dans des académies privées
: le Bison FC pour Orban, le
Real Sapphire pour Bo-
niface. “Je les ai scou-
tés au Nigéria, com-
mence Atta Aneke,
l’homme qui les a
découverts et
amenés en Nor-
vège. J’ai un ré-
seau de recru-
teurs au Nigéria,
en Côte d’Ivoire
(d’où est sorti
David Datro Fo-
fana, qui avait
des stats “Haa-
landesques” à
Molde, avant
de partir pour
Chelsea cet hi-
ver) et au
Ghana. Deux fois
par an, j’organise un
tournoi de détection lors
duquel mes scouts sélec-
tionnent des joueurs qu’ils
veulent que nous obser-
vions.”
. Le “magnétisme” de
l’un, l’impact de
l’autre
Orban, dont la mère
est togolaise et le père
nigérian, en a justement
profité pour se faire remar-
quer. “Sa qualité de finisseur
naturelle sautait aux yeux,
continue son agent. Il avait
toujours faim de buts et il se
trouvait toujours au bon en-
droit, au bon moment. C’était
presque magnétique, un ins-
tinct…”
L’histoire est différente
pour Boniface. La faute à
une convocation interna-
tionale : il ne pouvait pas
venir au tournoi parce qu’il
avait été sélectionné en
équipe nationale U20.
“Donc, nous avons été à son
entraînement et l’avons
trouvé là-bas, explique
Aneke. De son côté, Vic-
tor est très complet et il
se met davantage au
service du collectif. Il
ne marque peut-être
pas autant mais son
impact… Il travaille
dur et a une telle pré-
sence athlétique. Les qua-
lités de chacun étaient évi-
dentes mais tu ne peux
jamais être sûr
qu’ils vont être capables de
répliquer leurs performances
sur un autre continent, lors
d’un test par – 10° C.”
Pourtant, les deux ont
réussi avec brio. Orban à
Stabaek, Boniface à Bodo/
Glimt. “Tout le monde le sait
en Europe : si tu peux t’adap-
ter en Norvège, alors tu peux
t’adapter partout, détaille
leur représentant. Je ne dis
rien de mal à propos de la
Norvège évidemment (rires).
Mais vu le climat, l’éthique de
travail… Disons qu’il faut sa-
voir être indépendant, être
prêt à vivre seul dans un ap-
partement. L’Eliteserien (la
D1 norvégienne) est une pre-
mière étape idéale et tu es
sûr d’y avoir des opportunités
de jeu immédiatement.”
. Tout le monde
chante le nom de Gift
Dans le cas de Boniface,
le séjour en Scandinavie a
été long de trois ans. Il s’est
illustré en inscrivant 23
buts et en délivrant huit
passes décisives (en 66 ap-
paritions). Des performan-
ces qui ne sont logique-
ment pas passées inaper-
çues. Pisté par des clubs
néerlandais notamment,
il a finalement pris la
direction du Parc Du-
den. “C’était une dé-
cision sage, confie
Aneke. Il avait des
propositions plus
alléchantes fi-
nancièrement
en Eredivisie. Mais nous
avons cru dans le projet que
l’Union SG nous a présenté.”
Orban, lui, aura fait un
passage éclair dans le froid,
juste à côté d’Oslo, à Sta-
baek. Et il n’est même pas
resté cinq mois en D2 avant
que les Buffalos ne dépo-
sent 3,3 millions € sur la ta-
ble pour ses services. “Je lui
ai dit que La Gantoise était
une parfaite étape, poursuit
son intermédiaire. En plus,
les chances de jouer y étaient
élevées. Tant lui que Victor se
sont parfaitement adaptés à
la Belgique. Ils ont beaucoup
d’amis dans leurs équipes
respectives. S’ils se connais-
sent ? Depuis qu’ils sont tous
les deux en Belgique, ils sont
en contact.”
Onze matchs et quatorze
buts plus tard, Orban doit
sans doute se dire qu’il
n’aurait pas pu choisir
meilleur endroit que la
Ghelamco Arena. “Ce qui est
marrant, c’est qu’il est arrivé
quand Paul Onuachu est
parti, dit Ayomide Ogunti-
mehin, rédacteur en chef
de SoccerNet NG. Quand
Onuachu a signé à
Southampton, je me suis dit :
‘Qui va représenter le Nigé-
ria chez vous ?’ Puis, Gift
s’est offert un doublé dès son
premier match (contre Wes-
terlo, le 11 février). Il m’a
rappelé Moses Simon. Même
pas deux mois plus tard, tout
le monde chante son nom
dans la rue ici.”
Mais il garde les pieds
sur terre. Au même titre
que Boniface, que l’AC Mi-
lan, Naples ou encore des
clubs de Premier League et
Ligue 1 sont venus observés
récemment. “Ils sont con-
centrés sur où ils sont main-
tenant et sur le prochain
match, insiste Aneke. Ils
sont tous les deux ambitieux.
Ils ont des rêves. Sur le che-
min vers les sommets, tu ne
peux jamais être satisfait. J’ai
appelé Gift après son qua-
druplé contre Zulte Ware-
gem. Je lui ai dit : ‘C’est in-
croyable’. Il m’a répondu :
‘Non pas du tout, j’en veux
encore plus’. Puis, le match
suivant, il en plante trois con-
tre Basaksehir (en Confer-
ence League). L’un comme
l’autre, ils ne s’emportent ja-
mais. Nous espérons qu’ils fe-
ront le prochain pas. Mais ils
sont concentrés sur le mo-
ment présent. Il faut perfor-
mer sinon les opportunités
ne viennent pas.”
Tant chez nous que dans
leur pays natal, la croyance
veut que ces opportunités
arriveront dès le prochain
mercato. “Ce sera un été agité
à La Gantoise comme à
l’Union, estime Ogunti-
mehin. Boniface préférerait
l’Espagne ou la France, mais
s’il y a des possibilités en An-
gleterre pourquoi pas, a-t-il ré-
vélé. En tout cas, si vous de-
mandez à quelqu’un ici (et
nous sommes dix-neuf mil-
lions rien qu’à Lagos) s’ils
connaissent Boniface ou Or-
ban, ils vous répondront que
ce sont les meilleurs joueurs
de moins de 23 ans que nous
avons.”
Son agent ne dément ab-
solument pas l’intérêt que
suscitent ses deux poulains
et s’attend à du mouve-
ment cet été. “Je mentirais si
je disais qu’il n’y avait pas
d’intérêt pour eux, avoue
Aneke. Quand tu as deux at-
taquants de ce calibre et que
tous les clubs du top euro-
péen cherchent des numé-
ros 9, ce serait bizarre
qu’il n’y en ait pas. Mais,
en ce moment, nous ne
sommes pas concentrés là-
dessus. Nous laissons les
clubs gérer cela. Il y a de l’in-
térêt mais pas d’offres con-
crètes. Mais tout le monde se-
rait surpris si des équipes ne
tentent rien cet été. Mais
nous ne parlons à personne
pour l’instant.”