Arrivé discrètement, Lazare Amani est devenu
indéboulonnable dans le onze de Mazzù.
Qui pouvait penser,
fin 2021, que Lazare
Amani prendrait
une telle dimension
dans l’équipe de Felice
Mazzù ? Depuis le premier
match officiel de l’année, le
médian ivoirien de 24 ans est
l’un des deux seuls joueurs de
champs unionistes, avec Bart
Nieuwkoop, à ne pas avoir
loupé une seule titularisation.
Entre Seraing – Union du
18 janvier et Union – Ander-
lecht de dimanche passé, La-
zare a enchaîné quatorze
matchs sur quatorze.
Quel changement de statut,
pour le joueur arrivé en prêt
de Charleroi l’été passé. “Il
était arrivé sur la pointe des
pieds, se souvient Anthony
Moris. C’est normal, il débar-
quait dans une équipe cham-
pionne, qui n’avait pas beau-
coup changé et se demandait
quelle était sa place là-dedans.
Au début, tout le monde était un
peu sceptique en voyant qu’il de-
vait remplacer Fixelles. Mais fi-
nalement, on se rend compte
que le club a visé juste, vu ses
capacités humaines et son intel-
ligence de jeu. On a directement
senti une bonne personne, qui
devient même un gars marrant
quand on le pousse un peu. Il a
aussi la tête bien sur les épaules.
Je le surnomme le ministre des
Finances parce qu’il pose tou-
jours des questions sur les mon-
tants retenus et taxés sur sa fi-
che de paie, ce qui est un signe
d’intérêt et d’intelligence, selon
moi.”
Lazare a aussi la vertu de la
patience à son arc. Car, avant
janvier, il n’avait reçu qu’une
seule titularisation en pre-
mière partie de saison, à Se-
raing… où il avait été exclu à
la 45e
minute. “Ce match a été
un tournant de sa saison, es-
time Moris. Car le groupe l’a
soutenu de façon incroyable
après cette exclusion. Plutôt que
d’estimer qu’il avait foiré et
qu’on ne voulait plus en enten-
dre parler, on lui a dit qu’il allait
recevoir à nouveau sa chance.
Ça lui a redonné de la confiance
et il nous le rend de la meilleure
des façons avec son travail dans
le milieu de terrain, où il est da-
vantage dans l’ombre de Nielsen
et Teuma, mais est très impor-
tant.”
. Il a couru 11,8 km
contre Anderlecht, avec
une pointe à 34,5 km/h
On connaissait sa qualité
technique depuis son arrivée
à Eupen, à 18 ans, en 2016,
mais Lazare impressionne
aussi beaucoup par son vo-
lume de courses. Contre An-
derlecht, sur les 101 minutes
de jeu effectif, le numéro 8 a
couru 11,76 km*, le deuxième
meilleur total des deux équi-
pes derrière l’inusable Nielsen
(12,3 km). En prime, il a effec-
tué vingt-huit sprints à plus
de 24 km/h et sa vitesse maxi-
male a été mesurée à 34,5 km/
h, une de ses grandes qualités.
À titre de comparaison, aucun
joueur n’a couru plus vite que
lui lors du dernier Euro.
Ces caractéristiques sédui-
sent un Mazzù qui, fidèle à ses
habitudes, ne touche pas à un
élément qui lui donne entière
satisfaction. Et tant pis si cela
pousse Mitoma ou Lapoussin
sur le banc. Car c’était la bles-
sure du Japonais, en janvier,
qui avait ouvert une porte,
dans laquelle s’est engouffré
Lazare. Même le retour en
forme du joueur prêté par Bri-
ghton n’a pas provoqué de
sortie du onze de base de
l’Ivoirien, qui garde la place
dans le triangle de l’entrejeu
dévolue à Lapoussin en pre-
mière partie de saison.
Le profil de l’ex-Eupenois a
d’ailleurs évolué, pour devenir
un médian moins attiré par le
but qu’avant. Dimanche passé,
il n’a pas touché un seul bal-
lon dans le rectangle adverse
et n’a pas armé un seul tir.
Mais il occupe de plus en plus
de place, à l’image de ces 53 ac-
tions auxquelles il a pris part,
le deuxième plus haut total
derrière Teuma (72). Surtout, il
est le joueur qui a disputé le
plus de duels (28) et celui qui a
subi le plus de fautes (5), signe
que sa mutation est bien réus-
sie. Et que les séances vidéo
prodiguées en début de saison
pour lui expliquer précisé-
ment ce qu’on attendait de lui
portent leurs fruits.
Tout cela permet de com-
prendre pourquoi l’Union a
levé en début de mois l’option
d’achat définitif qui figurait
dans son prêt, le faisant si-
gner pour trois ans et réali-
sant un nouveau coup en or
au passage. C’est une belle re-
vanche par rapport à Charle-
roi, qui l’avait acheté à Eupen
en janvier 2020 sans jamais
lui faire jouer la moindre mi-
nute. Belle joueuse, la direc-
tion du Sporting l’a félicité.
“On le sent épanoui, conclut
Moris. Il habite un appartement
en région bruxelloise où il vit
avec sa femme et ses enfants.
L’environnement de l’Union lui
convient.”
Et tant pis si Lazare doit se
lever à 6 h tous les matins
d’entraînement pour aller
prendre le train à la gare d’Uc-
cle, en direction du centre
unioniste de Lierre, via une
correspondance à Malines.
C’est avec le sentiment
d’avoir fait le bon choix pour
se relancer qu’il se lève.
Même s’il préfère probable-
ment les séances organisées
au stade, les avant-veilles de
match à domicile… auxquel-
les il se rend en trottinette
électrique.