Philippe Bormans, CEO du club, est impatient
de voir son équipe en Europa League.
C’ est le grand soir
pour l’Union. À
Berlin, l’équipe de
Karel Geraerts
lance officiellement sa campa-
gne européenne. Pour le plus
grand bonheur des suppor-
ters et de la direction unio-
niste. “Il n’y a pas de nervosité
car les matchs contre les Ran-
gers nous ont aidés à compren-
dre ce qu’est l’organisation d’un
match européen, explique Phi-
lippe Bormans, le CEO du
club. Sportivement, nous som-
mes prêts pour commencer cette
grande aventure.”
À quelques heures du coup
d’envoi de l’Europa League,
Philippe Bormans a abordé
plusieurs sujets chauds
autour de son club.
L’EUROPA LEAGUE
Il y a trois ans, pensiez-vous
qu’une participation européenne
était possible ?
“Nous en rêvions mais nous
n’imaginions pas que cela allait
arriver si rapidement. Parfois,
j’ai le sentiment qu’on ne sait
pas en profiter assez vu l’en-
chaînement des matchs. Nous
prendrons le temps en novem-
bre de regarder dans le rétrovi-
seur tout ce qu’il s’est passé.”
La déception était grande après
l’élimination face aux Rangers ?
“Avant la manche aller, per-
sonne ne donnait la moindre
chance de qualification à
l’Union. Au match retour, nous
savions que cela allait être
difficile malgré le 2-0 en notre
faveur car cela reste une équipe
plus forte que la nôtre. Il y avait
la déception d’être passé si
proche de la qualification mais,
d’un autre côté, il y avait beau-
coup de fierté.”
Quel doit être l’objectif principal
de l’Union en Europa League ?
“Nous voulons survivre et
atteindre le top 2 de notre
groupe. Il faut toujours viser le
plus haut possible, on ne va pas
débuter la compétition en
disant qu’on va terminer à la
dernière place… Nous avons
peut-être le plus petit budget et
le moins d’expérience mais cela
ne veut pas dire que nous
n’avons aucune chance. Dans
une compétition comme cel-
le-là, il peut y avoir des blessu-
res, des suspensions ou des
décisions arbitrales en notre
défaveur. Toutes ces petites
choses peuvent tout changer
donc regardons match par
match. Et on sait que cela va
être chaud dès ce jeudi à Berlin
(sourire).”
Avez-vous été déçu de ne pas
tomber sur un gros morceau
comme Manchester United ou
Arsenal ?
“Non, tout le monde au club
était content après le tirage.
L’Union Berlin, qui est dans le
groupe de tête en Bundesliga,
n’est pas n’importe quelle
équipe en Allemagne. Braga est
aussi un bon club et Malmö a
beaucoup d’expérience. D’un
côté nous sommes tombés sur
des équipes respectées en
Europe et de l’autre ce ne sont
pas des clubs hors catégories.
Sportivement, nous aurons une
chance contre les trois équipes.”
Que répondez-vous à ceux qui
affirment que cette participation
européenne ne sera qu’un “one
shot” pour l’Union ?
“S’ils se basent sur les bud-
gets, ils ont raison (sourire).
C’est à nous de montrer que
nous sommes capables de faire
de belles choses avec moins de
moyens que les autres. Le
football, ce n’est pas toujours
de la logique. Sinon, le Club
Bruges serait toujours cham-
pion et nous lutterions pour le
maintien au lieu d’être en
Europe. Vu notre budget, nous
n’avons pas la prétention de
dire que nous devons être
européens chaque saison mais
nous essayerons de finir le plus
haut possible. Avec du travail et
parfois un peu de chance, tout
est possible.”
LE MERCATO
Quelle note sur dix donneriez-
vous au mercato de l’Union ?
“Je ne vais pas donner de
note mais je dirais que nous
avons travaillé de manière
efficace. Le mercato a finale-
ment été plutôt calme. Il y a eu
des départs mais cela fait
partie du football et le princi-
pal est que toutes les parties s’y
retrouvent. C’est ce qu’il s’est
passé dans ce mercato et ce
sera encore le cas dans les
prochains.”
Il a été compliqué que toutes les
parties se retrouvent dans le
deal autour de Casper Nielsen ?
“Pour moi, non. Ce n’était
pas un deal comme les autres
car le montant était assez
important pour un club comme
le nôtre. Au final, tout le monde
était content et je suis heureux
de la manière avec laquelle
Casper s’est comporté durant
cette période. Ce n’est pas
toujours facile car un joueur
peut parfois avoir déjà la tête
ailleurs alors qu’il faut respec-
ter tout un processus lors d’un
transfert. Tout s’est finalement
passé comme cela devait se
passer.”
A-t-il fallu avancer beaucoup
d’arguments pour retenir Teddy
Teuma ?
“Nous avons beaucoup parlé
avec Teddy qui sait qu’il est un
joueur important pour l’Union.
J’espère qu’il sent le grand
respect qu’on a envers lui,
même si parfois, les joueurs
regardent leurs propres intérêts
et c’est compréhensible. De
manière générale, nous avons
reçu pas mal d’offres pour nos
cadres mais l’objectif n’était
pas de vendre tous nos joueurs
au même moment. Les joueurs
ont pris de la valeur ces der-
niers mois mais nous avons
bien cadré la situation en
gardant tout le monde les pieds
sur terre.”
Quel regard portez-vous sur le
mercato entrant avec pas moins
de dix arrivées ?
“C’était nécessaire de faire
venir autant de joueurs car il y
a eu plusieurs départs et il
fallait des joueurs supplémen-
taires pour pouvoir survivre
lors de la période intense qui
arrive. Nous essayons toujours
de trouver de la qualité qui
passe sous les radars. L’Union
ne va jamais signer une star ou
une ancienne star. Nous vou-
lons des joueurs qualitatifs qui
ont faim et qui veulent faire
partie de notre projet.”
LE DÉBUT DE SAISON
Êtes-vous satisfait du début de
saison de l’Union en champion-
nat ?
“Tout se déroule comme cela
devait se dérouler : nous som-
mes dans le haut du classe-
ment et nous avons pris les
points là où on devait les
prendre. Nous sommes prêts
pour l’enchaînement des ren-
contres même si cela va être
dur car nos joueurs n’ont
jamais connu cela. Il faudra
être bons en semaine tout en
gagnant le week-end pour avoir
de belles perspectives la saison
prochaine. Physiquement, cet
enchaînement aura un réel
impact, nous serons tous con-
tents quand le mois de novem-
bre arrivera (sourire).”
Le top 4 est l’objectif du club ?
“Il est beaucoup trop tôt pour
affirmer cela. Cela dépendra de
tellement de détails ! Nous
ferons un premier bilan en
novembre, avant la Coupe du
monde. Mais on sait que jouer
l’Europe en semaine aura un
impact sur nos matchs en
championnat.”
Avez-vous peur de terminer en
dehors du top 8 et de voir le
soufflé retomber ?
“Non, pas du tout. Le plus
important est de continuer à
grandir. Nous regardons tou-
jours plus loin que le classe-
ment : nous voulons avoir un
jeu attractif et nous voulons
mériter de gagner nos matchs.
En continuant à progresser sur
le terrain mais aussi en coulis-
ses, le succès sportif suivra.
Mais nous ne sommes pas
obnubilés par le classement.”
“Encore tout à prouver en Europe”
Geraerts se veut réaliste
avant le premier match
de ses hommes.
L es joueurs de l’Union vont décou-
vrir l’Europa League dans un stade
plein, une ambiance qui s’annonce
chaude et un adversaire qui ne sera pas
facile à manier. Avec trois victoires et
deux matchs nuls, l’Union Berlin est tou-
jours invaincue en Bundesliga et conti-
nue sur sa lancée de sa superbe dernière
saison. “C’est un adversaire avec toutes les
qualités d’une équipe moderne, explique
Karel Geraerts, l’entraîneur de l’Union.
Ils sont forts physiquement et ont beaucoup
de volonté dans le jeu vers l’avant. C’est une
équipe assez complète. L’Union Berlin joue
le top dans le championnat allemand donc
le top européen. Il faut avoir beaucoup de
respect pour cette équipe qui jouera son
premier match européen dans son stade, ce
qui va lui donner de l’énergie en plus.”
Pour cette rencontre, l’entraîneur
bruxellois pourra se reposer sur l’expé-
rience vécue à Glasgow, il y a un mois.
Dans l’antre des Rangers, l’Union n’avait
jamais réussi à imposer son jeu et s’était
fait manger par un adversaire en feu.
“J’ai confiance en mon équipe. On a beau-
coup parlé et écrit autour de notre perfor-
mance contre les Rangers et ce n’était pas
aussi mauvais que ce qui a été dit. Mais
c’est vrai que nous avons fait des erreurs et
que nous n’avons pas assez produit balle
au pied. Il faudra créer plus de danger et
être meilleurs à la balle pour mieux résister
à la pression.”
. Rester réaliste
Petit Poucet de son groupe, l’Union
veut croire en ses chances… tout en
étant réaliste : même si l’équipe n’est pas
tombée sur un gros morceau comme
Manchester United, ses trois adversaires
seront coriaces. “Il ne faut pas oublier que
nous sommes issus du pot 4 donc il faut res-
ter réalistes, conclut Geraerts. Nous avons
une bonne équipe que tout le monde con-
naît en Belgique mais cela ne veut rien dire.
Nous avons encore tout à prouver au ni-
veau européen. Cela commence par ce
match de ce jeudi et nous verrons pour la
suite.”
Berlin respire
la confiance
Aucune défaite en six
matchs cette saison, un
succès prestigieux 2-1
contre Leipzig et même un
partage heureux 1-1 face
au Bayern samedi passé :
tout roule pour l’Union Ber-
lin, qui aborde cette phase
des groupes avec l’ambi-
tion d’un club de Bundes-
liga. “Nous l’avons montré
ces dernières années :
nous gérons très bien la
pression”, prévient Christo-
pher Trimmel, le capitaine
d’une équipe remontée en
D1 en 2019, seulement.
“Nous avons toujours ré-
pondu présent dans les
grands moments.” Et ce
match à domicile en sera
un, promet-on à Berlin,
d’autant que l’Union jouera
pour la première fois de
son histoire européenne
dans son stade du “Alte
Försterei”, annoncé plein
(22 000 places).
“Le club appartient aux fans,
partie intégrante de l’Union”
Les supporters berlinois
sont très attachés à leur équipe.
Pour certains suppor-
ters, le rendez-vous
avec leur club favori
n’a lieu que le week-
end, jour de match. Pour
d’autres, le lien est si fort
qu’ils vibrent pour leur
équipe sept jours sur sept.
C’est le cas des supporters
de l’Union Berlin qui, pour la
grande majorité, ont un lien
indescriptible avec l’équipe
qui affronte, ce jeudi, l’Union
saint-gilloise. “L’identité des
fans est définie par leur relation
avec le club et l’identité du club
est définie par sa relation avec
les fans, résume Jacob Sweet-
man, responsable des rela-
tions publiques au sein du
club berlinois. Le club appar-
tient aux fans qui font partie in-
tégrante de l’Union Berlin. Une
partie ne pourrait pas exister
sans l’autre et il y a un petit
temps que cela dure. Déjà avant
la chute du Mur de Berlin,
l’Union était une échappatoire
dans la vie de tous les jours des
Berlinois. C’est encore le cas
aujourd’hui.”
Et les supporters de l’Union
Berlin, incroyablement loyaux
d’après notre interlocuteur, le
rendent bien à leur club ac-
tuellement classé à la qua-
trième place de la Bundesliga.
En 2006, l’Union doit rénover
son stade pour retrouver le
monde professionnel. “Le club
n’avait pas assez d’argent pour
payer la rénovation du stade, ex-
plique Sweetman. La ville vou-
lait que l’Union aille dans un
autre stade situé dans une autre
partie de la ville. Pour trouver
une solution, le club a demandé
si certains fans étaient volontai-
res pour aider à cette rénova-
tion. Finalement, plus de
2 000 fans volontaires vont aider
à la rénovation pendant 40
mois… C’était incroyable, je n’ai
jamais entendu une histoire
aussi belle dans le football.”
. Support positif
Les fans de l’Union Berlin se
bougent pour leur club mais
pas seulement. Ils sont aussi
les premiers à aider pour l’une
ou l’autre cause, en donnant
par exemple leur sang. “Ils ont
une réelle envie d’aider les
autres. Par exemple, des actions
sont organisées chaque année
pour venir en aide aux sans-
abris durant l’hiver. Pendant la
crise des migrants, ils ont aussi
beaucoup agi. Je ne dirais pas
que les supporters sont politisés
comme c’est par exemple le cas
des fans de Sankt Pauli (NdlR :
clairement marqué à gauche).
Il n’y a pas de politique dans le
stade mais il y a une idée d’anti-
racisme, d’antisexisme et d’anti-
homophobie bien présente.”
Ce jeudi soir, les supporters
de l’Union saint-gilloise de-
vraient se retrouver dans la fa-
çon de supporter de leurs ad-
versaires. Comme au Stade
Marien, les fans de l’Union
Berlin prônent une attitude
positive, peu importe les cir-
constances du match. “Ils ne
sifflent jamais leur équipe et res-
tent jusqu’au bout du match
dans les tribunes, peu importe le
résultat, conclut Jacob Sweet-
man. Lors du retour de l’équipe
en Bundesliga en 2019, l’Union
avait perdu 0-4 face à Leipzig
pour son premier match. Tous les
supporters sont restés dans le
stade pour chanter pendant les
20 minutes qui ont suivi le coup
de sifflet final… L’ambiance sera
d’autant plus spéciale ce jeudi
soir qu’il s’agit du premier
match d’Europa League dans ce
stade. Je vous annonce une am-
biance très bruyante (sourire).”