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La Division 1 change la vie du quartier, des supporters
La Division 1 change la vie du quartier, des supporters

C’est à la mode ou hype de venir à
l’Union ? Grand bien leur fasse !
On est tolérants. On est attentifs
à ce que ça se passe bien. Mais on veut

que les gens qui arrivent aient notre fa-
çon de supporter. On ne voudrait pas

que l’image du club soit gâchée parce
que certains veulent foutre le bordel. »
Dans la famille Da Silva, on a l’ADN
jaune et bleu depuis quatre générations,
la cinquième arrive. C’est dire si la

mère, la grand-mère et l’arrière-grand-
mère de Sabrina lui ont transmis « les

codes, comme un héritage ». Du foot en

général, du club saint-gillois en particu-
lier. « On n’insulte pas les arbitres, on

respecte l’adversaire. Le foot, c’est un
spectacle ! », assène-t-elle, un large
sourire aux lèvres.
La montée en D1, et les victoires qui
s’enchaînent, changent la vie des
supporters. « Jusqu’il y a deux ans, on
vivotait, avec une cinquantaine de
membres », se souvient Daniel Mélard,
président des Fidèles, « le plus vieux
club de fans en activité. Aujourd’hui, on
est à 160, 170. » Même constat chez les
Union Bhoys. « 250 % en plus : on est à

380, avec énormément de jeunes », ex-
plique Kostas. « Et ça continue : à

chaque match, on a des gens qui veulent
se faire membres. » Un boulot énorme,
confesse-t-il, presque un temps plein, à
conjuguer avec un « vrai métier ».
« Chez les Bhoys, on s’occupe beaucoup
de l’animation, des chants. »
Transmettre les codes
Ces derniers jours, ils planchent sur des
flyers. Objectif : casser la mode du jet de
gobelet rempli de bière, qui a valu des
points de suture à sept ou huit (les
sources divergent) personnes contre

Charleroi. « Beaucoup de gens qui ar-
rivent maintenant chez nous ne

connaissent pas le foot, ne savent pas
comment se comporter dans un stade.

Quand on est néophyte, on n’est peut-
être pas au courant », pointe Kostas.

« Cela crée parfois des tensions avec
ceux qui connaissent les codes. En tant
que responsables d’un groupe, on doit

expliquer ça aux gens, parfois faire re-
descendre la pression, parce que l’en-
gouement actuel amène du monde qui a

un autre état d’esprit que le nôtre. »

D’où le flyer, qui sera distribué ce ven-
dredi. « On en profite pour expliquer

comment s’organise la vie en société
dans la tribune. » Même si les Union
Bhoys ont des relais pour la débrouille,
ces initiatives ont un coût. « On doit

aussi régulièrement acheter des nou-
veaux drapeaux, des tambours, des

peaux ou des baguettes pour les tam-
bours… On met un point d’honneur à

s’autofinancer, comme ça on garde
notre indépendance. Donc, on vend des

écharpes, des autocollants… » La collec-
tion complète s’étale sur les murs et

fenêtres de Chez Katy, QG unioniste
planté face au stade.
A trois jours du match contre OHL,
les bières se vident, les

conversations se rem-
plissent d’enthousiasme.

« Pour les matchs en dé-
placement, il y a beau-
coup plus à faire », pré-
cise Daniel Mélard. « On

doit gérer les bus, le

ticketing… » « Avec par-
fois des demandes de

supporters qui habitent
loin mais ont l’occasion
de venir en Belgique »,
glisse Didier Dutrieux,
secrétaire des Fidèles.
« Comme cette personne
qui vit en Allemagne et
voulait aller à Ostende.
Pour janvier, à Seraing, on a déjà une
demande de quelqu’un qui vit aux
Etats-Unis. Mais ça n’arrête pas, on a

tout le temps des WhatsApp, des Mes-
senger, des mails… » Lui, qui n’était pas

né la dernière fois que l’Union a été pre-
mière (1960), vit à Soignies. « Je viens

une heure trente à deux heures avant le
match, vu les problèmes pour se garer. »
C’est que 7.000 fans (un public qui a

doublé de volume), cela vous englue un

quartier résidentiel en moins d’une mi-
temps… Sauf que beaucoup d’Unio-
nistes, bruxellois, viennent en trans-
ports ou à vélo. « Nous recevons vrai-
ment très peu de plaintes des riverains

sur ce plan », souligne la bourgmestre
faisant fonction de Forest, Mariam El
Hamidine (Ecolo). Même son de cloche
autour du parc Duden, par la voix de
Benjamin François, membre du comité
de quartier Union, qui a sondé quelques

autres membres avant de nous ré-
pondre. « C’est clair qu’il y a des voi-
tures garées un peu partout quand il y a

match, mais il y a aussi

plein de vélos, pour les-
quels un parking a été

mis à disposition. »
Un quartier
qui évolue bien
La propreté semble, elle,
plus difficile à garantir.

« Ce n’est ni grave ni dan-
gereux, mais c’est vrai que

certaines personnes s’en
plaignent », confirme
Benjamin François. « En
principe, la commune est
là tout de suite », assure
la bourgmestre. « Sauf
quand le match a lieu le
samedi soir, parce que les balayeurs de
rue ne travaillent pas le dimanche. Nous
avons demandé à l’Union de voir s’ils
pouvaient trouver une solution. » « Il y
a aussi des plaintes concernant le bruit,
pour ceux qui habitent vraiment tout

près du stade », ajoute Benjamin Fran-
çois. « Mais, d’une manière générale, les

établissements sont respectueux du
voisinage. »

Pour les cafés parsemés sur la chaus-
sée de Bruxelles, la course en tête fait

mousser les rentrées. Et, plus large-
ment, anime le quartier. Sylvain Le-
comte a ouvert, voici quatre ans, le Dek-
kera, bistrot du coin (à 700 mètres).

Son zinc n’est pas spécialement le lieu
où l’on s’enfile les pintes avant ou après
les matchs mais, depuis le début de la
saison, ça arrive et, surtout, ça cause
foot, parce que le patron aime ça, il s’est
d’ailleurs payé l’abonnement pour ne
rien rater à la télé. « Avant, quand
l’Union jouait à domicile, on le savait à
peine, on voyait juste deux tondus avec
une écharpe qui passaient ; maintenant,
on voit défiler plein de supporters. Et ça
se passe très bien, dans le quartier, qui
évolue très bien. » Pionnier au milieu
des habitations, il voit avec bonheur des
magasins et bars-restos le rejoindre…
« Je ne pense pas que l’Union modifie le
quartier, mais elle a la chance d’être
dans un quartier porteur. »
Chez Katy, les Fidèles et les Bhoys

s’attardent. Un mardi soir d’avant Code-
co, une bulle un rien hors du temps, ce

satané covid qui a volé la fête du titre,
l’an dernier. « On a pleuré… devant
notre télé », se souvient Daniel Mélard.
Une revanche à prendre, en 2022 ? Les
Fidèles en ont connu des victoires, mais
aussi des défaites. « Du coup, on garde

les pieds sur terre ! Profitons du mo-
ment présent », sourit Sabrina. Mais

c’est plus fort qu’elle. « On peut rêver,
on va rêver ! » Si elle rêve déjà ? « Je ne
veux pas le dire mais oui… » « On ira au
bout du monde ! », s’enflamme Daniel.
« Moi, j’ai déjà prévenu mon chef, au
boulot, que l’an prochain, une semaine
sur deux je serais deux ou trois jours en
congé. Ma femme aussi… »

Une consultation
citoyenne
sur le stade

L’Union doit-elle déména-
ger, pour s’offrir un stade

à la taille de ses ambi-
tions ? « On veut que

notre stade reste notre
stade, il ne faut pas
l’abandonner », clament,
en chœur, les Fidèles.
« Mais on n’a pas toujours
joué ici, la suite, ce sera
ailleurs », rappelle Didier
Dutrieux. « Quand même,

la maison, ce sera tou-
jours ici », ferme Sabrina.

Kostas, lui, hésite et ré-
sume : « Le cœur dit non,

la raison dit oui. On est
entrés dans la cour des
grands, on a passé une
étape, on ne peut plus
faire marche arrière. »
Quelques conditions,
quand même : « Le futur
stade ne doit pas être

trop loin. Et on doit don-
ner notre point de vue,

pour que ce soit un stade
moderne mais qui reste
convivial, pas comme
tous ces grands stades
froids. »
Pour l’heure, le dossier est
à l’étude. « Perspective, le
bureau de planification
de la Région bruxelloise,
examine les différentes
options », rappelle la

bourgmestre. « La déloca-
lisation ou le maintien sur

le site actuel (situé sur le
territoire de Forest). »
Pour rappel, le club a dans
ses cartons un stade
écologique, à construire à

une distance « raison-
nable » du parc Duden.

Dans le viseur : le Bempt,
dans le bas de Forest, près

de la chaussée de Neer-
stalle et de l’usine Audi.

Un départ potentiel qui
ne fait pas spécialement

bondir de joie les rive-
rains… « Je pense que si

l’Union déménageait, ce
ne serait pas soulagés
que les gens seraient,

mais déçus », pose Benja-
min François, du comité

de quartier Union. « C’est
quand même unique, un
stade de D1 dans un parc,
avec des nuisances très
réduites voire quasi
nulles pour le site. Dans le

quartier, on s’est mobili-
sés contre le trafic de

transit, il n’y a jamais rien
eu de tel contre l’Union.
Ce club fait partie de
l’âme du quartier on a
tous, ou presque, été voir
un match. »
« L’avis des habitants est
très important pour nous.

J’organiserai une consul-
tation citoyenne sur

l’avenir du stade », s’en-
gage Mariam El Hami-
dine, qui, au passage,

glisse qu’elle rêverait de
voir « Forest » intégré
dans le nom officiel du
club.

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