Si c’était simplement le temps de l’Union ?
J’ aime les ambiances de
salle de presse. Surtout
quand un match se ter-
mine et que celui que tu
dois commenter n’est pas prêt de
commencer. C’était le cas dimanche
à Malines, sur le coup de 17 h 45. Une
atmosphère particulière où chaque
journaliste, qu’il soit néerlando-
phone ou francophone, interrompt
sa discussion du moment. Ce mo-
ment où tous les regards se
tournent vers l’écran de télé.
Ce moment où plus rien ne
compte. Ce moment où
l’Union obtient un penalty.
Le silence est total. Van-
zeir marque. Les re-
gards se croisent,
les pensées
s’échangent. Les
discussions re-
partent de plus
belle. “Et si
l’Union le faisait ?”
dit l’un. “Ze gaan kampioen worden”,
dit l’autre.
Vanzeir marque. Oui. Mais Vanzeir
marque à la 100e
. Sur penalty. Sur une
phase litigieuse.
Dans le sud du
pays, on évoque le
Felice Time puis-
sance 100. Dans le
nord, on a toujours
plutôt parlé de
Mazzù Time. Si
c’était simplement le temps de
l’Union ? Personne n’ose vraiment se
mouiller car je pense que personne
n’ose vraiment dire ce qu’il ressent
au fond de lui. Tout le monde aime-
rait voir ce club mythique aller cher-
cher le titre. Quand je dis tout le
monde, je pense aux passionnés du
jeu. Aux passionnés du foot vrai. Im-
prévisible. Le foot où l’imprévu vient
bouleverser les certitudes. Ce serait
beau. Cela nous renverrait vers la fa-
meuse incertitude du sport. Le truc
qui nous retient, c’est évidemment le
système de notre championnat.
Cette fameuse division des points. Di-
tes, pour une fois, on ne pourrait pas
la virer ? La jouer à l’ancienne ? Se ba-
ser sur la régularité ?
Je pense que
l’Union peut être
championne de Bel-
gique. Je comptais
attendre la fin du fa-
meux quadriptyque
Genk – Bruges – Anderlecht – Antwerp
aux allures de pré-playoffs pour me
prononcer. Les signes semblent être
là. Ce qui s’est passé dimanche. Ce
qui s’est passé contre le Cercle et ce
but gag de Daland. Les remontadas
aussi. L’esprit. Le jeu. La vibe.
Titre, mot tabou encore dans le ves-
tiaire des promus (ne l’oublions
pas !). Pacte, mot inventé pour créer
cet esprit leicesterien. Il n’en est rien
justement.
Il existe bel et bien, par contre,
cette envie commune d’écrire l’his-
toire. Même si l’un ou l’autre ont déjà
signé ailleurs. Ce qui est réel égale-
ment, c’est ce que l’on voit. Ces para-
mètres visibles. Le contenu proposé
depuis le début de la saison est so-
lide. Organisé, clair, réfléchi et ré-
pété. Avec brio. Mais aussi les para-
mètres scientifiques : les organismes
tiennent le coup. La prépa physique
et le suivi sont au point. Les blessures
plus ou moins graves inexistantes.
Les Unionistes échappent aussi –
pour le moment ? – à un cluster Co-
vid dans le vestiaire. Un vestiaire de
pères de famille. De joueurs sérieux.
Des mecs qui font attention à ne pas
faire n’importe quoi en dehors du
club. Cela compte en ces temps parti-
culiers.
Le matricule 10 champion de Belgi-
que ? Je me plante peut-être (ce ne se-
rait pas une première !). On en re-
parle d’office dans quelques semai-
nes.