Au paradis des footballeurs, le vestiaire des Mauves se révélera bien vite trop exigu pour rassembler tous les pionniers qui, dans les années soixante, ont tissé la trame de la première ère glorieuse du Sporting d’Anderlecht.
Jean Trappeniers y a rejoint Martin Lippens, qui venait de s’installer au côté de Jean Cornelis, parti en mars…
Comme l’a twitté Philippe Van de Walle c’est un “grand Monsieur de la famille des gardiens” qui s’est éteint dans la soirée de mercredi. Quelques temps auparavant, il était revenu
de l’hôpital où il avait été plongé en soins intensifs. Le 13 janvier, le Trapn’aurait fêté que son 75e anniversaire.
S’insérant dans la lignée des Henri Meert et Félix Week, Jean Trappeniers fut de toutes les conquêtes initiales du Sporting bruxellois.
Anderlecht l’avait happé au FC Vilvorde, le club de son village natal, à l’âge de treize ans. Jean en avait 17, en 1959, quand il disputa son p remier match en équipe fanion .
“Mercredi soir, nous nous sommes encore parlé au téléphone, révèle Georges Heylens, bouleversé par la mort de celui qu’il considérait comme un frère. “Jean m’avait demandé, de sa voix devenue très grave, s’il pouvait m’accompagner aux funérailles de Martin. Une heure après, j’apprenais son décès.”
Jean Trappeniers a toujours fait… s’esclaffer ses équipiers anderlechtois : “Il fut, longtemps, le boute-en-train de l’équipe. Il était toujours de bonne humeur. Quand
il arrivait au vestiaire, lui le pur Flamand, il nous faisait rire aux larmes en s’efforçant de s’exprimer en français.”
Le Trap était aussi un fameux bosseur : “Il tenait à tout prix à démontrer qu’il était le meilleur. J’en ai passé, des demi-heures avec lui, après l’entraînement, à centrer et à tirer pour l’exercer !”
Jean Trappeniers se distinguait par ses réflexes : “Il vivait intensément sa carrière. On l’entendait gueuler dans notre dos, nous les défenseurs. Il nous poussait vers l’avant par la parole. Quand l’un de nous commettait une bourde, il courait dix mètres pour nous réconforter d’une tape sur l’épaule.”
Jean Trappeniers a aidé Anderlecht à remporter six titres. Il fut aussi onze fois international, en dépit d’une fâcherie de cinq ans avec Constant Vanden Stock, alors sélectionneur. “En 1964, face aux Pays-Bas, il remplaça au repos le Liégeois Guy Delhasse. L’équipe nationale était alors composée de onze Anderlechtois.”
Jean Trappeniers quitta ensuite Anderlecht pour poursuivre sa carrière à l’Union puis à l’Antwerp : “Le Sporting avait attiré Jan Ruiter. Jean n’a pas admis longtemps que ce dernier lui ait contesté son statut de numéro un.”
Son fils, Hugues, est responsable du matériel chez les Diables.
Michel Dubois
6 fois champion avec Anderlecht, Trappeniers porta 11 fois le maillot des Diables
Jef Jurion ex-coéquipier
“Sur sa ligne, formidable”
“Je n’en reviens pas qu’Anderlecht ait perdu deux grands messeurs en deux jours. J’ai presque 80 ans, moi aussi. Ces décès me font dire que nous – les anciens – nous rapprochons tous de la fin… Jean était un formidable gardien sur sa ligne. Il avait un peu des soucis sur les hauts ballons. Il était un camarade, un chouette gars mais également un type spécial. Il osait dire ce qu’il pensait. Il n’était pourtant pas la vedette ou le patron du vestiaire mais il s’en fichait…”
Y. T.
Gille Van Binst ex-coéquipier
“Dangereux quand il se taisait”
“Il venait de Vilvorde, comme moi et j’étais dans la même école que lui. Je le vois encore arriver dans sa Volvo blanche. Vu que j’étais de sa région, il me défendait dans le vestiaire. Les autres, par contre, il les charriait tant qu’il pouvait. Il formait une drôle de clique avec Kialunda, Plaskie et Puis. Quand on ne les entendait pas en mise au vert , cela signifiait qu’ils préparaient quelque chose et que les autres étaient en danger. Il me disait toujours que son problème, c’est qu’il ne recevait que deux ou trois ballons chauds par match. Une floche suffisait pour le descendre. À l’Union et à l’Antwerp, il était dans un stand de tir et là, il était au top.”