Loïc Lapoussin prend
une nouvelle envergure
à l’Union cette saison.
C
ela peut sembler paradoxal.
Loïc Lapoussin, ambianceur
numéro 1 du vestiaire unio-
niste, est quelqu’un d’assez discret
en dehors du football. Le joueur de
27 ans, vers qui les regards se tour-
nent sur un terrain vu son jeu
spectaculaire, ne recherche pas à
être mis en avant une fois les cram-
pons rangés dans l’armoire. “Con-
trairement à ce que les gens pensent,
je suis quelqu’un d’assez timide qui
n’aime pas être mis en lumière”, ex-
plique-t-il en s’asseyant dans le
lobby de l’hôtel cinq étoiles dans
lequel logent les joueurs de
l’Union cette semaine.
Pourtant, l’international malga-
che a beaucoup de choses intéres-
santes à dire. De son numéro 10 ré-
cupéré au départ de Teuma en pas-
sant par son style de jeu détonant
et les critiques subies à son encon-
tre, Lapoussin a pris le temps pour
sa première interview de la saison.
Avec une volonté de sa part d’ici à
la fin de saison : enfin ramener un
titre aux supporters de l’Union
Saint-Gilloise.
Loïc, qu’est-ce que ce numéro 10
représente pour vous ?
“C’est quelque chose d’important
pour moi. Dans un stade, les gens
ont souvent tendance à regarder le
numéro 10 en premier lieu. Quand
j’ai entendu que Teuma était en
instance de départ, j’ai directement
demandé de récupérer son numéro
car je me sentais capable de le
porter. Mais que ce soit avec le
numéro 10 ou avec le numéro 94, je
sais que je resterai un joueur impor-
tant à ma manière.”
Ressentez-vous plus de pression avec
ce numéro 10 dans le dos ?
“Je ne ressens jamais de pression.
Le football est un plaisir avant tout
donc c’est impossible pour moi de
subir la pression. Il y a peut-être plus
d’attentes à mon égard mais je
pense répondre présent même s’il y a
toujours une différence entre ce que
je montre sur le terrain et ce que les
gens attendent de moi.”
C’est-à-dire ?
“J’ai un style de jeu qui fait venir
les gens au stade. Sauf que je joue
actuellement à un poste de couloir
gauche ne me permettant pas de
faire vibrer les supporters comme je
le voudrais. Or, si je ne donne pas de
plaisir aux fans, ils diront que j’ai
fait un mauvais match alors que j’ai
juste un rôle différent. Parfois,
j’aimerais plus faire vibrer le stade
avec des actions offensives car c’est
ce que j’aime par-dessus tout. Mais
je fais ce que le coach me demande
de faire. Je relativise en me disant
que cela élargit ma palette de joueur
et que les victoires s’enchaînent donc
je ne peux pas tant me plaindre que
cela.”
Quelle note vous donneriez-vous sur
10 pour votre première partie de
saison ?
“Je me donnerais au moins 7 sur
10 tout en sachant que je peux
encore faire mieux au vu de mes
qualités. Nous sommes premiers au
classement, nous sommes encore
européens et j’ai joué énormément
de rencontres. Je pense être un cadre
à ma manière dans le sens où je
pense être tout aussi important que
des joueurs avec de plus grosses
statistiques comme Puertas ou
Amoura. Je suis peut-être moins mis
en lumière qu’eux, mais je sais ce
que j’apporte à l’équipe. Si je peux
faire une deuxième partie de saison
similaire voire meilleure, ce serait
parfait.”
Vous sentez-vous indiscutable dans
cette équipe ?
“Je ne pense pas qu’il y ait de
joueurs indiscutables à l’Union,
chacun peut être remplacé sans
problème. C’est le cas depuis plu-
sieurs saisons et cela crée une bonne
atmosphère dans le club. De la
direction aux joueurs en passant par
le staff : nous avons tous une grande
importance. Le club nous laisse
assez libre et c’est ce qui fait notre
force à l’Union. Il faut laisser une
certaine liberté aux joueurs, j’en ai
personnellement besoin car je
n’aime pas être enfermé. J’espère que
cette bonne atmosphère nous ramè-
nera un titre cette année.”
En un mot, comment qualifieriez-vous
votre style de jeu ?
“J’utiliserais le mot ‘insouciance’.
Je suis un joueur atypique dans le
sens où je vais réaliser des dribbles
ou des passes qui cassent une ligne
quand on ne s’y attend pas. Réussir
un magnifique dribble menant à un
but me donnera le même sentiment
que d’avoir marqué moi-même.
J’aime bien faire plaisir au stade et
sentir que le public est derrière moi.
Quand il est contre moi, c’est aussi
une source de motivation (sourire).
J’ai mon propre style de jeu et je le
garderai toujours.”
Le mot ‘nonchalant’ semble aussi
vous suivre partout…
“Beaucoup de gens disent cela
mais je cours beaucoup pour
l’équipe. Quand on voit le tacle que
je réussis en toute fin de match
contre Liverpool, je n’appelle pas
cela de la nonchalance. De toute
façon, je laisse parler les gens et je
leur réponds sur le terrain. Plus
globalement, ce que certaines per-
sonnes ont pu dire à mon propos
m’a joué des mauvais tours mais il
faut savoir prendre sur soi-même et
corriger les éléments négatifs pour
qu’il n’y ait plus de propos négatifs.
Malgré tout ce qu’on peut dire,
Lapoussin est toujours là (sourire).”
Et que répondez-vous à ceux qui
disent que vous n’avez pas une bonne
hygiène de vie ?
“Je leur dirais de regarder le nom-
bre de matchs que j’ai joués sans
subir la moindre blessure. Cela me
fait plutôt rire quand les gens par-
lent sans vraiment savoir les choses
mais cela m’importe peu car cela ne
va pas avoir d’influence sur ma
façon de jouer. S’il fallait répondre à
tous ceux qui tiennent des discours
négatifs, on n’aurait pas assez de
temps. Je préfère répondre sur le
terrain, c’est le plus important.”
S’il y a des critiques, vous restez tout
de même l’un des joueurs les plus
appréciés à l’Union.
“On me dit souvent que je suis l’un
des joueurs préférés des fans, et cela
me fait plaisir. Je pense être apprécié
grâce à ma personnalité : je suis
beaucoup à l’écoute de tout le
monde et je prends toujours du
temps pour les fans car j’ai aussi été
supporter dans mon enfance avant
eux. Cela ne nous coûte rien de
prendre quelques photos et de discu-
ter avec les supporters après les
matchs.”
Comment avez-vous vécu la fin de
saison dernière avec le titre loupé de
peu ?
“Ce n’était pas facile à vivre mais
je suis quelqu’un qui arrive à vite
passer à autre chose. Je ne pouvais
de toute façon rien changer à la
situation donc j’ai préféré partir en
vacances sans parler de football
durant la trêve en faisant rapide-
ment le switch. Dans le vestiaire,
nous reparlons parfois de ce match
en rigolant mais j’essaye de ne plus
trop y repenser. Pour ceux qui l’ont
vécu, il restera toujours un goût
amer : on peut rejouer le match 100
fois, on ne doit jamais le perdre.
Cela a été une erreur professionnelle
de notre part et la seule façon
d’oublier cela est de se battre à
nouveau en espérant gagner le titre
cette saison.”
Pensez-vous parfois à un départ de
l’Union ?
“Cela fait trois ans et demi que je
suis au club. L’été dernier, c’était
peut-être le moment de tenter une
nouvelle aventure autre part mais
cela ne s’est pas passé comme je
l’aurais souhaité. Je me sens très
bien à l’Union, un club qui m’a tout
donné, mais tout compétiteur aspire
à jouer au plus haut niveau possi-
ble.”
Le Werder Brême était intéressé par
votre profil cet été. Quel genre de
projets vous intéresserait
aujourd’hui ?
“J’ai entendu parler de l’intérêt de
Brême et j’aurais pu être intéressé
car la Bundesliga est un grand
championnat. Cela ne s’est pas fait
et j’aurais peut-être mieux comme
projet dans le futur. L’objectif sera de
jouer dans un championnat supé-
rieur en regardant l’aspect sportif
mais sans négliger l’aspect financier.
Je ne ferme aucune porte mais j’ai de
toute façon d’abord fait une pro-
messe aux supporters : avant de
quitter l’Union, je veux ramener un
titre au Parc Duden.”
L’Union affronte en match ami-
cal l’équipe suisse de Saint-
Gall ce vendredi à 12h, à la Pi-
natar Arena. Les Bruxellois, qui
ont eu deux sessions d’entraî-
nement sous le soleil ce jeudi,
termineront leur stage par une
opposition à onze contre onze
entre eux samedi matin. Ils dé-
colleront ensuite vers la Belgi-
que samedi après-midi.
F. G.