D
e tous les transferts
estivaux de l’Union,
Mathias Rasmussen
est sans doute celui qui est
arrivé avec le plus de pres-
sion sur ses épaules. Acheté
plus d’un million d’euros à
Brann Bergen (D1 norvé-
gienne), le milieu de ter-
rain de 25 ans a signé à
Bruxelles avec l’étiquette
du remplaçant attitré de
Teddy Teuma.
Pas de quoi ressentir la
pression pour celui qui a
joué son premier match
professionnel à seulement
seize ans et cinq mois. Déjà
titulaire au sein du carré
magique de Blessin face à
Anderlecht, Mathias Ras-
mussen compte bien en-
chaîner dans les prochai-
nes semaines. Avec l’ambi-
tion avouée de remporter
un titre en fin de saison…
Comment jugez-vous votre
première avec l’Union, face à
Anderlecht ?
“Déjà, cela a été une petite
surprise d’être titulaire
d’entrée de jeu même si la
direction m’avait expliqué
qu’elle me voulait pour cela.
Je me suis très bien senti sur
le terrain. J’ai ressenti un
réel sentiment de sécurité
grâce à la bonne communi-
cation qu’il y avait avec mes
coéquipiers. Je pense que
j’aurais pu plus apporter à
l’équipe mais le plus impor-
tant était la victoire : nous
n’avons peut-être pas eu le
contrôle total du match mais
je n’ai pas non plus senti
qu’Anderlecht pouvait nous
malmener.”
Quelles sont les grandes
différences entre l’Union et
votre ancien club, Brann
Bergen ?
“Je sens que le club est
plus professionnel dans tous
les aspects. Que ce soit dans
la nourriture, le travail du
staff médical ou encore la
façon d’agir des joueurs.
Mon adaptation s’est passée
très facilement car j’ai été
accueilli par un groupe très
ouvert.”
Comment qualifieriez-vous
votre style de jeu ?
“Je suis un joueur qui veut
beaucoup toucher le ballon.
Mon pied gauche me permet
d’avoir une certaine qualité
dans le passing et d’être
décisif dans le rectangle
adverse. Je suis plutôt un
joueur qui va faire la der-
nière passe que celui qui va
marquer. Dans mon esprit, je
suis un pion offensif mais
j’ai toujours reçu des respon-
sabilités défensives dans mes
anciens clubs. À l’Union, je
ne dois pas défendre plus
mais surtout d’une manière
différente. L’entraîneur nous
demande de défendre de
manière beaucoup plus
intense.”
Que connaissez-vous de
Teddy Teuma ?
“Teddy Teuma ? Ah oui,
l’ancien capitaine de l’Union
que je dois remplacer (sou-
rire). Je sais qu’il a été un
joueur très spécial pour
l’équipe ces dernières sai-
sons. Je sais aussi qu’il est
gaucher comme moi et que
son pied gauche était parti-
culièrement efficace. Certai-
nes personnes m’ont déjà
demandé si j’allais pouvoir
apporter la même chose que
lui, je l’espère vraiment
(sourire).”
Est-ce difficile de vivre avec
l’étiquette du remplaçant de
l’une des icônes du club ?
“La situation est différente
car il était le grand leader de
l’équipe ; ce qui n’est pas
mon cas depuis mon arrivée.
J’essaie d’être moi-même et
de jouer mes matchs du
mieux que je peux sans
essayer de ressembler à
quelqu’un d’autre. C’est sur
le long terme qu’on pourra
me juger mais je ne ressens
en tout cas aucune pression.
J’ai confiance en mes quali-
tés et je sais que ce que je
peux apporter à l’équipe
sera assez si je réussis à
enchaîner les rencontres.”
Quels sont vos objectifs avec
l’Union cette saison ?
“Je suis arrivé à l’Union
avec l’espoir de pouvoir
enchaîner après la belle
saison que le club a connue
la saison dernière. Même si
j’ai vu quelques images du
dernier match… Je veux
vraiment gagner quelque
chose avec l’Union. Quand je
vois les qualités des joueurs
de l’effectif, je pense sincère-
ment qu’il est possible de
remporter le titre de cham-
pion de Belgique. Je ne dirais
pas que c’est un objectif clair
mais c’est en tout cas un
rêve que nous devons viser.”
L’équipe nationale norvé-
gienne est aussi un objectif
personnel ?
“Il y a de nombreux très
bons milieux de terrain en
Norvège, cela reste donc un
rêve pour le moment. Ce
serait incroyable d’y arriver
mais, pour cela, je dois
d’abord m’imposer sur la
durée à l’Union. Erling Haa-
land ? C’est le fer de lance de
la sélection et l’un des
meilleurs attaquants du
monde… mais pas le
meilleur joueur au monde à
mes yeux. Tant qu’il n’aura
pas mis fin à sa carrière,
Lionel Messi restera le nu-
méro 1. Il n’y a aucun doute
là-dessus (sourire).”
Quel genre de personne
êtes-vous en dehors des
terrains de football ?
“Je suis quelqu’un d’assez
sociable qui aime rigoler
avec mes coéquipiers. Mais
je suis surtout quelqu’un
d’honnête qui dit ce qu’il
pense. Depuis mon transfert
à l’Union, je suis assez pro-
che de cinq ou six joueurs
mais surtout d’Henok Teklab
qui est resté dans le même
hôtel que moi à son arrivée.
Nous nous sommes forte-
ment rapprochés et faisons
souvent des activités après
les entraînements.”
Quelles sont vos grandes
passions ?
“Quand je suis en Norvège,
l’activité principale est la
pêche. J’adore prendre le
grand air, être face à la mer
et sentir ce sentiment de
liberté. Mais j’aime aussi le
mouvement de la ville. Je
vais habiter à Anvers avec
ma petite amie et notre fils
de cinq mois qui remplit
bien mes journées (sou-
rire).”
Êtes-vous souvent en contact
avec Julian Reyerson, votre
cousin qui évolue au Borussia
Dortmund ?
“Nous nous parlons par-
fois mais nous ne nous
appelons pas chaque jour
sur Facetime. Un footballeur
aime rester dans sa bulle.
Nous ne parlons pas trop de
nos carrières respectives car
nous n’avons pas pris le
même chemin. On ne peut
pas vraiment comparer nos
situations mais je suis très
fier du footballeur qu’il est
devenu.”
“Haaland adorerait
Rasmussen dans son dos
en équipe nationale”
V
ous êtes tombé sur la
bonne personne, je
suis un grand fan de
Mathias !” Sivert Heltne
Nilsen, l’ancien capitaine
de Rasmussen à Brann
Bergen, a le sourire quand
il décroche son téléphone
depuis la Norvège. L’an-
cien milieu de terrain de
Beveren (30 ans), qui a
joué deux saisons avec
Rasmussen jusqu’à cet
été, ne tarit pas d’éloges
sur son ex-coéquipier de
six ans son cadet. “C’était
le cerveau de notre équipe,
commence-t-il. En tant que
milieu défensif, mon objec-
tif était de réussir à lui don-
ner le ballon car je savais
qu’il allait faire le travail
dans la foulée. Je n’ai ja-
mais vu un joueur avec une
aussi grande qualité de
scanning : même dans des
situations compliquées, il
sait créer le danger en
voyant le mouvement de
coéquipiers que d’autres
n’auraient pas vu. Il réflé-
chit tout simplement plus
vite que les autres.”
Arrivé en octobre 2020
à Brann Bergen en prove-
nance de Norsjaelland, où
il a côtoyé l’ex-Unioniste
Simon Adingra, Mathias
Rasmussen s’impose très
rapidement dans le onze
de base. Il est alors posi-
tionné en tant qu’ailier
dans un 4-3-3 assez offen-
sif. “Il avait quand même
des difficultés de rester
dans son match durant 90
minutes à son arrivée, se
souvient son ancien capi-
taine qui a évolué à Waas-
land-Beveren de janvier à
août 2021. Il avait de très
bonnes périodes puis pou-
vait être moins visible du-
rant certains moments.
C’est quelqu’un qui doit re-
cevoir des responsabilités et
par qui le jeu doit passer. Il
rend alors l’équipe
meilleure tout en sachant
faire la différence tout seul.
Un leader ? Ce n’est pas lui
qui va crier dans le vestiaire
mais c’est lui qui nous di-
sait comment faire quand il
fallait changer l’un ou
l’autre élément tactique du-
rant une rencontre.”
Au bout de l’année 2021,
. Sivert Heltne Nilsen enlace Mathias Rasmussen:
il a adoré jouer avec lui à Brann Bergen. © DR
Brann Bergen est finale-
ment relégué en D2 nor-
végienne. Dans l’anti-
chambre, Rasmussen va
jouer dans un fauteuil
avec 15 buts et 8 assists en
28 rencontres, décrochant
le titre et le retour en Eli-
teserien. À tel point qu’il
attire le regard de
l’équipe nationale mais
sans jamais être sélec-
tionné avec les A. “Il aurait
dû être appelé depuis long-
temps, avance Sivert Hel-
tne Nilsen. Le fait de pas-
ser toute l’année 2022 en D2
ne nous a pas permis d’être
vraiment mis en avant.
Mais ce n’est qu’une ques-
tion de temps pour Ma-
thias : je suis certain
qu’Haaland adorerait
l’avoir derrière lui en
équipe nationale (sou-
rire).”
C’est après onze rencon-
tres, toutes vécues dans la
peau d’un titulaire, que
Rasmussen a quitté en dé-
but de mercato estival la
Norvège pour rejoindre
l’Union. Le joueur de 25
ans a fortement été séduit
par la manière avec la-
quelle le directeur sportif
Chris O’Loughlin le con-
naissait. “Son départ n’a
pas du tout été une surprise
à Bergen où il était le
joueur le plus important de
l’équipe. J’ai même du mal
à comprendre comment il
est resté aussi longtemps
chez nous… D’ailleurs, je
vois d’autant plus son im-
portance dans notre jeu de-
puis qu’il est parti. Les
joueurs offensifs de l’Union
sont chanceux de l’avoir à
leurs côtés : s’ils font les
bons appels, ils recevront
des bons ballons.”
“Tout le monde
veut battre l’Union”
L’ Union veut conti-
nuer sur sa lancée.
Après la belle vic-
toire face à Anderlecht, les
hommes d’Alexander Bles-
sin ont un autre gros défi
qui les attend avec ce dé-
placement au Standard.
Un match pour lequel le T1
unioniste ne veut pas voir
d’abus de confiance dans
son groupe. “J’ai entendu
que beaucoup voyaient
l’Union favorite et spéciale-
ment le coach du Standard
qui a voulu enlever la pres-
sion, sourit le coach
bruxellois. Mais nous ne
sommes pas favoris, le Stan-
dard reste un grand nom et
un grand club. Ils ont connu
une mauvaise entrée en ma-
tière face à Saint-Trond et
voudront réellement lancer
leur saison contre nous. Je
veux voir la même mentalité
que lors de la première mi-
temps face à Anderlecht. Si
c’est le cas durant 90 minu-
tes et pas seulement 55, nous
aurons les armes pour rem-
porter le duel.”
La victoire lors du derby
aura parfaitement lancé la
saison de l’Union ainsi que
les débuts officiels de Bles-
sin à la tête du club bruxel-
lois. L’entraîneur alle-
mand savait son équipe
prête… mais pas à ce
point-là. “Je dois avouer que
l’équipe m’a surpris. J’avais
le sentiment que nous étions
sur le bon chemin mais je ne
m’attendais pas à une pre-
mière période d’un aussi
bon niveau. Après l’analyse
vidéo, nous avons vu qu’il y
avait quand même plusieurs
éléments à améliorer. Mon
travail est de pousser à pas-
ser à l’étape suivante sans se
reposer sur nos lauriers.
Nous ne recevrons jamais de
cadeaux de l’adversaire : il y
a deux ans, l’Union n’était
pas attendue mais désor-
mais tout le monde veut bat-
tre l’Union. Les équipes sont
plus motivées que jamais à
nous faire tomber, spéciale-
ment à Liège où il faudra
faire face à une grosse am-
biance.”
. Avec Lazare ?
Pour ce déplacement à
Sclessin, les Bruxellois de-
vraient pouvoir compter
sur Charles Vanhoutte ré-
tabli de sa blessure au ge-
nou subie face à Ander-
lecht. Mais le staff pourrait
quand même le remplacer
dans le onze de base par
Lazare, remplaçant contre
les Mauves. “Charles a fait
l’entraînement complet avec
le groupe ce jeudi et je suis
confiant pour sa disponibi-
lité. Cela a été difficile pour
Lazare d’apprendre qu’il
n’allait pas jouer contre An-
derlecht mais je ne m’atten-
dais de toute façon pas à ce
qu’il saute au plafond… Il a
raté une semaine durant la
préparation à cause d’une
blessure et le match arrivait
trop vite pour lui. Peut-être
qu’il pourrait jouer contre le
Standard, je ne sais pas…
Enfin si je sais car ma déci-
sion est déjà prise (sou-
rire).”
Ce vendredi, Alexander
Blessin se déplace dans un
club qu’il aurait pu rejoin-
dre à deux reprises. Proche
du petit banc liégeois
quelques semaines avant
de partir vers la Genoa,
l’Allemand de 50 ans avait
discuté avec la direction
du Standard en mai der-
nier pour remplacer
Ronny Deila. “On m’a en-
voyé dans de nombreux
clubs belges comme le Stan-
dard ou le Club Bruges, sou-
rit l’intéressé. Je ne sais rien
autour de ces rumeurs… Je
veux me concentrer sur ceci
(NdlR : il montre l’em-
blème de l’Union) et sur
rien d’autre. Je ne connais
pas les objectifs du Standard
pour la saison à venir. Le nô-
tre est assez simple : gagner
chaque match avant de faire
les comptes à la fin. Nous
avons un plan pour contrer
le Standard et nous sommes
préparés à ce match. Le nou-
vel attaquant ? Cela prend
parfois plus de temps que
prévu mais je suis convaincu
que nous allons le trouver le
plus rapidement possible.”
STANDARD
Canak incertain
Réserves :