Au fil de la saison, Christian Burgess est devenu
l’un des défenseurs les plus solides en Belgique.
Quand il apparaît avec un
grand sourire sur l’écran en
visioconférence depuis la ta-
ble de massage du centre
d’entraînement de l’Union à Lier,
Christian Burgess semble très serein
malgré la grosse échéance qui arrive :
un double affrontement avec le Club
Bruges qui pourrait déjà, en cas de six
sur six, offrir le titre de champion de
Belgique aux hommes de Mazzù. “Il y
a du respect envers Bruges mais aucune
peur”, lance le patron de la défense
unioniste. “Il ne faut pas oublier que
nous avons terminé la phase classique
avec cinq points d’avance sur eux.”
Une avance qui a entre autres été
possible grâce à une solidité défensive
illustrée par les 27 petits buts encais-
sés en 34 rencontres. Avant de se lan-
cer dans un combat face aux Brugeois
qui s’annonce âpre, Burgess a pris le
temps de se poser pour parler de cet
art de la défense qu’il maîtrise si bien.
Christian, comment décririez-vous votre
style de jeu ?
“Je dirais que je suis un défenseur
intelligent qui aime réfléchir sur un
terrain. Je suis assez agressif au duel et
je pense avoir certaines qualités balle
au pied même si ce n’est pas à moi de
juger cela (sourire). Je ne vois pas trop
quel joueur a le même style de jeu que
moi mais j’aime voir jouer certains
footballeurs comme Virgil Van Dijk ou
Aymeric Laporte. J’aime aussi les quali-
tés de John Stones, qui est fort balle au
pied et a une façon intelligente de
défendre.”
Avez-vous joué défenseur depuis tou-
jours ?
“Entre 12 et 17 ans, j’évoluais comme
milieu de terrain. Puis, je suis retourné
en défense centrale car je sentais que
c’était à cette position que j’avais le plus
de chances de faire une carrière profes-
sionnelle. J’ai toujours eu le sentiment
d’être à ma place en défense sans néces-
sairement avoir le désir de vouloir
marquer ou donner des assists comme
certains. Je laisse cela à ceux qui ont des
qualités différentes des miennes. Même
si c’est toujours sympa de marquer en
tant que défenseur. J’en ai inscrit quatre
en championnat cette saison. C’est pas
mal mais j’aimerais réussir à en inscrire
au moins un en plus d’ici la fin de la
saison. Pourquoi pas dimanche contre
Bruges…”
Quel geste vous procure le plus de plaisir
sur un terrain ?
“Faire un beau tacle alors que l’atta-
quant est sur le point de marquer donne
une grande émotion. Tout comme récu-
pérer le ballon dans une situation de un
contre un. Parfois, je célèbre ce genre
d’actions car cela me donne une émo-
tion particulière. Faire une clean sheet
ne donne pas la même sensation car
c’est une réussite collective sur l’ensem-
ble d’une rencontre.”
Durant quelle rencontre avez-vous pris le
plus de plaisir cette saison ?
“J’ai beaucoup aimé la victoire à
domicile face à Anderlecht en janvier
dernier (1-0) ou celle à l’Antwerp (0-2). Il
y a aussi eu le match à Genk (1-1) en
début de saison où nous concédons un
penalty mais où nous avons très bien
défendu tout en jouant un très bon
football.”
Vous venez d’enchaîner quatorze titulari-
sations de suite dans la meilleure dé-
fense du pays : vous sentez-vous actuel-
lement comme l’un des meilleurs défen-
seurs de Belgique ?
“L’une des grandes forces de l’Union,
c’est le collectif. Nous travaillons tous
pour l’équipe et chaque joueur permet
aux autres de se bonifier sur le terrain.
Si nous avons une bonne défense, c’est
grâce aux défenseurs mais aussi à des
gars comme Moris, Nielsen ou Undav et
Vanzeir qui font un très gros travail
défensif. Personnellement, je suis dans
une bonne période mais je ne dirais pas
que je fais partie des meilleurs ou que je
suis insortable de l’équipe. Nous avons
de bons défenseurs sur le banc et il y a
une grande unité entre les cinq défen-
seurs centraux de l’équipe. Je prends du
plaisir et j’essaye d’apporter mon expé-
rience à l’équipe et aux plus jeunes du
groupe.”
Vous êtes deuxième au classement des
joueurs de Pro League ayant remporté le
plus de duels aériens dans sa surface de
réparation, derrière Radovanovic (Cour-
trai). Quel est votre secret dans les airs ?
“La taille joue évidemment un grand
rôle (NdlR : il mesure 1 m 96) mais il y
a aussi le positionnement qui est une
clé dans ces actions. Ce bon positionne-
ment vient avec l’expérience : quand un
défenseur est plus âgé, il reconnaît
mieux les zones du terrain à protéger
alors qu’un jeune joueur a parfois trop
tendance à toujours suivre le ballon.”
Il n’y a pas une frustration d’être moins
mis en avant par les gens et dans les
médias que les attaquants ?
“Cela fait partie du football. Person-
nellement, je prends beaucoup de plai-
sir dans l’art de défendre. Je n’ai pas de
problèmes à ce qu’on ne parle pas des
performances des défenseurs. Je préfère
même qu’on n’en parle pas car cela
voudrait dire qu’on a fait une grosse
erreur (sourire). On sait tous que si un
défenseur ou un gardien fait une grosse
erreur, il ne pourra se cacher nulle part.
Cela pousse à être concentré pendant
90 minutes. C’est peut-être la plus
grande difficulté de devoir rester focus
et d’éviter la moindre petite erreur qui
pourrait se payer cash.”
Face à quel attaquant est-il le plus facile
et le plus compliqué de défendre en
Belgique ?
“Le plus facile est de défendre face à
un attaquant qui n’est pas rapide, pas
très grand et pas très habile balle au
pied. Il y en a un ou deux en Belgique
mais je ne donnerai pas de noms (sou-
rire). Le plus difficile à suivre est Paul
Onuachu car il est très grand et fort
physiquement. En un contre un, c’est le
joueur le plus fort du plat pays. C’est
très compliqué de bien défendre contre
lui une fois qu’il s’est mis entre la balle
et le défenseur.”
À l’entraînement, il est plus facile de
défendre contre Undav ou Vanzeir ?
“Le problème est qu’ils sont souvent
dans la même équipe. Donc, quand je
joue contre l’un, je joue aussi contre
l’autre… Ils ont des qualités différentes
et c’est très désagréable de jouer contre
eux. C’est souvent une belle bataille à
l’entraînement. Vanzeir est très rapide et
Undav a d’énormes qualités qu’il utilise
au mieux. Il a été le meilleur attaquant
du championnat cette saison et il a
montré pourquoi Brighton est venu le
chercher. Pour moi, il a les qualités pour
réussir en Premier League. S’il est bien
servi et qu’il arrive à bien s’intégrer au
système de jeu de Brighton, il marquera
facilement.”
Dimanche, Bruges jouera sans doute
sans véritable attaquant…
“Ce sera un challenge différent pour
les défenseurs car on sait que ce ne sera
pas juste une bataille avec un attaquant
présent toujours dans la même zone du
terrain. Il faudra bien analyser cela
tactiquement et utiliser sa tête sur le
terrain. Bruges pourrait aussi commen-
cer avec leur nouveau numéro 9 qui a
plus un profil d’attaquant (NdlR : Sargis
Adamyan). Ils ont de toute façon beau-
coup d’armes offensives.”
“Couper mes cheveux
en cas de titre ? Jamais !”
Christian Burgess prend des cours de français
chaque semaine et compte vivre à Bruxelles.
C hristian Burgess s’est livré
sur différentes thématiques,
entre le championnat de son pays,
le rêve de jouer la Ligue des cham-
pions et son amour pour la Belgi-
que.
LA PREMIER LEAGUE “Ma chance est
passée pour ce championnat. Je ne
m’attends pas à ce qu’un club de Pre-
mier League vienne me chercher,
même s’il ne faut jamais dire jamais.
Cela reste évidemment un rêve mais
les clubs sont plutôt attirés par des
jeunes joueurs.”
SON CLUB DE RÊVE “J’ai grandi en re-
gardant jouer le FC Barcelone. La
plus belle époque est celle avec Gé-
rard Piqué derrière et le trio Iniesta-
Xavi-Busquets dans le milieu. Ils pra-
tiquaient une sorte de football utopi-
que et idéal. C’est la philosophie de
jeu que j’adore. Un autre club pour le-
quel je rêverais de jouer est West
Ham. C’est l’équipe de la banlieue de
Londres où vit ma famille et que je
supporte depuis toujours. Ce serait
très spécial de porter ce maillot mais
je ne me fais pas trop d’illusions
(sourire).”
SA PROMESSE EN CAS DE TITRE “Je
n’en ai pas fait avec mes amis car
c’était quelque chose de tellement ini-
maginable il y a peu. Alex Millan m’a
dit l’autre jour qu’il couperait mes
cheveux si nous étions champions.
Mais il n’en est pas question, je ne fe-
rai jamais ça (rires). Mes cheveux
sont devenus une part de ma person-
nalité. Cela définit qui je suis. Je ne
pourrais pas m’imaginer sans mes
cheveux longs. Peut-être un jour mais
dans un futur très lointain… En cas
de titre, je ne ferai donc rien d’extra-
ordinaire, juste célébrer le moment
avec des amis, de la famille et quel-
ques bonnes bières. Actuellement
j’aime beaucoup la Vedett IPA et les
bières de Brussels Beer Project.”
LA SAISON PROCHAINE “J’ai encore
un an de contrat plus une année en
option. Je suis donc quasiment cer-
tain d’être à l’Union la saison pro-
chaine, d’autant plus si nous jouons
la Ligue des champions, qui est un
vrai rêve de gosse. Les adversaires
que je voudrais rencontrer ? Barce-
lone, le Real Madrid, la Juventus et le
Bayern Munich, surtout si Lewan-
dowski est toujours là-bas.”
LA BELGIQUE “Je vis actuellement à
Anvers mais je veux expérimenter
une autre ville et bouger vers Bruxel-
les où vit actuellement ma petite
amie francophone. J’aime aussi beau-
coup les Ardennes où je me rends
quand j’ai quelques jours de libre
pour me balader dans la nature. J’ai
des cours de français chaque se-
maine à l’Université d’Anvers. Les
autres étudiants savent maintenant
qui je suis et me posent souvent des
questions sur le match du week-end
comme récemment après notre
match nul à l’Antwerp. Mon français
s’améliore mais il y a encore du che-
min à parcourir. J’essaye de le prati-
quer le plus possible en dehors des
terrains avec des amis qui parlent
français. Ce n’est pas facile d’autant
que je ne parlais pas un seul mot en
arrivant à l’Union.”