Pour sa saison, Teuma se donnerait un 7/10, «parce que je n’aime pas trop me jeter des fleurs».
Capitaine de l’Union, Teddy Teuma revient sur cette saison exceptionnelle. Si la déception d’avoir loupé le titre est grande, c’est surtout la fierté d’avoir remis l’USG sur la carte du football belge qui prime. next
La deuxième place assurée suite à la victoire à Anderlecht le week-end dernier, l’Union s’apprête à aborder son dernier match de la saison face à l’Antwerp de manière totalement décontractée. Tellement que les Saint-Gillois ont bénéficié de quatre jours de congé et ne se sont retrouvés à l’entraînement que ce vendredi. Mais ils auront toutefois à cœur de terminer cette campagne en beauté. D’autant qu’il y a encore des prix individuels à aller chercher. Car Anthony Moris peut remporter le classement des gardiens ayant réalisé le plus de clean-sheets. Et Deniz Undav peut assurer sa première place au classement des buteurs.Cette dernière à domicile sera également l’occasion, pour les joueurs et le public, de faire la fête dans le stade après la rencontre. Des DJ’s étant notamment au programme. Et la fête se poursuivra le lendemain puisque, lundi prochain, une délégation de l’Union se rendra à la commune de Saint-Gilles pour y recevoir les honneurs.Pour lancer les festivités, nous avons donné la parole à Teddy Teuma, le capitaine saint-gillois.
Teddy Teuma, en un mot, comment décririez-vous la saison de l’Union ?
Fantastique ! Malgré qu’on n’ait pas réussi à prendre le titre dans la dernière ligne droite, il ne faut pas oublier d’où on vient. Cela reste une saison historique, avec beaucoup d’émotions.
Vous en aurez en tout cas surpris plus d’un cette année…
C’était un réel plaisir d’être en haut de l’affiche et d’entendre qu’on parlait de nous dans le monde entier. On a montré qu’en football, tout était possible. On a réussi à faire quelque chose de grand. Et ce, avec une majorité de joueurs qui étaient déjà présents en D1B l’année dernière.
À partir de quel moment de la saison le groupe s’est-il dit que le titre était possible ?
Pas spécialement tôt. Au fur et à mesure que le championnat avançait, on s’est dit qu’il y avait moyen d’accrocher les playoffs. Et puis les Champions Playoffs. Et puis même le titre. Car à partir du moment où on était qualifié pour le top 4, on voulait jouer le titre, pas juste faire bonne figure.
Avez-vous toutefois senti que l’Union n’était pas prise au sérieux en début de la saison ?
Oui. Mais c’est normal car on était promu et cela faisait très longtemps que l’Union n’avait plus joué en première division. Ce qui m’a le plus étonné par contre, c’est qu’à chaque faux pas, ou à chaque coup de mou, on se faisait vite taper dessus. Alors qu’au fond, on est resté assez régulier tout au long de la saison.
Peut-on dire, et c’est paradoxal car l’Union possède la meilleure attaque du championnat, que le manque d’efficacité vous aura coûté le titre ?
Je n’ai pas envie qu’on tape sur nos attaquants. Car si on en est arrivé là, c’est aussi en grande partie grâce à eux. Je dirais qu’on a fait face à une grande équipe de Bruges qui mérite amplement son titre. Parce qu’on n’a pas réussi à marquer ni à gagner lors des quatre matches contre eux.
Comment expliquez-vous que votre avance sur Bruges, qui était à un certain moment de douze points, ait à ce point fondu ?
Je pense que c’est surtout dû à un gros retour de Bruges, pas spécialement à des contreperformances de notre part. Car nous, je le répète, on est resté assez régulier.
Au final, quelle fut la différence entre vous et Bruges ?
L’expérience et la maturité. Ils savent gérer leurs temps faibles et marquer dans leurs temps forts. C’est peut-être le genre de matches qui va nous faire grandir par la suite.
Avec un peu de recul, vous dites-vous que vous êtes passés à côté de la montre en or ? Car une occasion pareille ne se représentera peut-être pas deux fois dans votre carrière…
Bien sûr. Et c’est pour cela qu’après la deuxième défaite en playoffs à Bruges, on était très déçu. On savait qu’on avait quelque chose au bout de la main et qu’on l’avait perdu en trois jours de temps. Je souhaite en tout cas à mes coéquipiers, et à moi-même, de pouvoir revivre des saisons comme celle-ci.
Vous repassez-vous encore dans votre tête ces deux matches contre Bruges ?
Même si je ne dis pas cela pour l’incriminer (NDLR : Dante Vanzeir), cette histoire de penalty manqué m’a hanté un petit moment. Cela aurait été le déclic des playoffs. Si on l’avait mis, je pense vraiment qu’on aurait été champion. Cela aurait eu l’effet inverse de ce qu’il s’est passé. Car au final, cela a agi tel un coup de boost pour Bruges et un coup de mou pour nous.
Vous avez tout de même réussi à redresser directement la tête face à Anderlecht le week-end dernier.
On a une grande force mentale. Et je suis content de l’avoir prouvé encore une fois. Car c’est bien beau de dire dans le monde entier qu’on a un groupe solidaire, mais encore faut-il le prouver. On avait également lu dans la presse que pas mal de joueurs d’Anderlecht pensaient qu’on était mort et qu’il fallait nous terminer. Mais nous, on tenait à notre deuxième place. Il ne fallait pas tout jeter à la poubelle. Pour le club et les supporters, on n’avait pas le droit de se rater.
Cette deuxième place signifie aussi que vous jouerez les tours préliminaires de la Ligue des champions.
Et c’est une grande fierté ! Je passe d’un petit employé d’une boucherie à l’Europe (NDLR : il travaillait à 20 ans comme chauffeur-livreur dans la boucherie familiale). D’autres dans le groupe passent du chômage à l’Europe. C’est extraordinaire, magique.
C’est donc à l’âge de 28 ans que vous découvrirez l’Europe. Y croyiez-vous encore vraiment ?
Quand j’ai signé en Belgique, c’était mon objectif. Je savais que j’avais plus de chances d’atteindre l’Europe en Belgique qu’en France. Car là-bas, il y a cinq grosses équipes qui sortent vraiment du lot. C’était mon but, mais je n’aurais tout de même pas pensé que j’allais me battre au final… pour le titre.
Parmi les adversaires potentiels que vous pourriez affronter au troisième tour préliminaire, il y a Marseille. Ce serait un beau clin d’œil pour vous qui êtes originaire du sud de la France (Toulon).
C’est l’adversaire que j’ai coché directement. Ce serait un grand rêve pour ma famille et mes amis (sourire).
Revenons-en à votre saison personnelle. Quel bilan en tirez-vous ?
C’est la meilleure de ma carrière. Que ce soit en termes de haut niveau ou de statistiques (NDLR : il a inscrit 6 buts et délivré 9 assists), je suis satisfait de moi. Mais je pense que je peux encore faire mieux et progresser.
Vous n’avez par contre pas marqué ni donné de passe décisive durant les playoffs.
Il y a un peu de déception par rapport à cela. Mais ce sont des matches de très haut niveau, avec beaucoup d’intensité et d’abattage au milieu de terrain. Je pouvais moins me projeter vers l’avant car il y avait un peu plus de fatigue. Et il fallait bien rester au milieu pour éviter de concéder des buts. Mais je ne me focalise pas trop sur les statistiques. Ce qui m’importe, c’est d’être influent dans le jeu. Et je l’ai été.
Quelle note sur 10 donneriez-vous à votre saison ?
Je me mettrais un 7.
Ce qui n’est pas énorme pour, d’après vos dires, la meilleure saison de votre carrière…C’est parce que je n’aime pas trop me jeter des fleurs (sourire). Je sais que ma saison a été bonne mais que je peux encore mieux faire.
Y a-t-il une certaine frustration de se dire que la meilleure saison de votre carrière n’arrive qu’à 28 ans ?
Effectivement. J’ai découvert le haut niveau un peu trop tard. Mais d’un autre côté, cela reste ma force. Car je pense que je peux encore progresser et grandir. Et que j’ai encore deux ou trois belles années de football dans ma carrière.
Et justement, de quoi votre futur sera-t-il fait ? Le match de ce dimanche pourrait-il être votre dernier avec l’Union ?
Rien n’est fait. Mais on sait que dans le foot, cela peut aller très vite. Surtout après une saison comme ça. On sait qu’il y a pas mal d’intérêt. Mais ce genre de travail, c’est surtout mon agent qui s’en occupe. Après, les discussions sont ouvertes avec l’Union, comme avec d’autres clubs. Si l’Union continue de grandir et de m’apporter l’évolution dont j’ai besoin, ce sera avec elle. Si je dois continuer à grandir avec d’autres clubs, j’espère que cela se passera alors en bons termes et qu’on trouvera un accord.
Que faudrait-il pour que vous puissiez « continuer à grandir » avec l’Union ?
Avoir une bonne garantie de jouer le top 4 chaque année. J’ai goûté à cela, je n’ai pas envie de m’arrêter. Je ne vais peut-être pas dire que j’ai envie de jouer le titre chaque année, mais presque (sourire).
En janvier, un deal avait été passé entre la direction et les joueurs. Pouvez-vous nous en rappeler la teneur ?
Le deal, c’était qu’aucun joueur ne parte en janvier et qu’on poserait un peu moins de souci à la fin de saison.
Votre nom a été cité dans les grands clubs belges ainsi qu’à l’Olympiakos. Qu’est-ce que cela vous fait ?
C’est une grande fierté. Cela fait plaisir de voir que le travail que j’ai réalisé cette année, et depuis trois ans à l’Union, est reconnu. Mais rien n’est encore fait.
Disputer l’Europe la saison prochaine pourrait-il influer sur votre décision ?
Bien sûr, cela joue énormément. C’est pour cela que je ne veux pas faire n’importe quoi. Et que j’aurais du mal à quitter l’Union pour un club qui ne serait pas européen.
Ce dimanche, l’Union disputera son dernier match de la saison. Une rencontre qui ne revêtira aucun enjeu. À quoi doit-on s’attendre ?
Il y aura une petite rotation d’effectif pour donner du temps de jeu à certains qui avaient moins joué durant ces playoffs. Mais on veut gagner ce match car on est des compétiteurs. D’autant plus qu’on sera à domicile, devant nos supporters. Et que le stade sera plein. On veut finir en beauté. Surtout qu’il y aura une petite fête organisée après le match avec les supporters. Ce serait dommage de le perdre. Cela gâcherait un peu la fête.
Pour vous, la saison ne sera toutefois pas terminée puisque vous disputerez des matches de Nations League avec Malte au mois de juin.
Je pars à Malte du 27 mai au 13 juin. On aura quatre matches. Le groupe à l’Union reprendra les entraînements aux alentours du 20 juin. Toutefois, nous, les internationaux, serons autorisés à revenir le 28 ou le 29. J’aurai dès lors deux semaines pour bien me reposer (sourire).
FUTUR INCERTAIN
Felice Mazzù sera-t-il toujours sur le petit banc de l’Union la saison prochaine ? La réponse ne devrait pas tarder à tomber. C’est en tout cas le souhait du coach saint-gillois, lié à l’USG par un contrat à durée indéterminée. « J’aimerais que tout soit réglé le plus vite possible avec le club pour ensuite partir en vacances car j’en ai besoin », a-t-il expliqué ce vendredi. « Je veux pouvoir profiter et ne plus penser au foot. Je n’ai pas envie, mais alors vraiment pas, que les discussions durent jusqu’à la reprise des entraînements (NDLR : prévue le 20 juin). J’ai besoin de me libérer l’esprit et mon staff aussi. On a besoin de fraîcheur mentale pour commencer un nouveau projet, une nouvelle saison. »Les discussions devraient donc démarrer très prochainement. Et devraient notamment tourner autour du noyau. « Il y aura plusieurs éléments qui entreront en compte mais le plus important pour moi, ce sera le groupe. Il faudra voir comment il sera construit. Je suis tombé amoureux de ce groupe-là, footballistiquement et mentalement. Ce sera peut-être, ou pas, la fin de quelque chose avec celui-ci. Il faudra que je prenne le temps de bien analyser la situation. »Felice Mazzù en profite au passage pour revenir sur cette saison en tous points exceptionnelle. « C’est la plus belle de ma carrière ! En tout cas au haut niveau car j’en avais déjà eu des belles au White Star et à Braine-l’Alleud. Et c’est également la première où, avec mon staff, on réussit à qualifier une équipe pour les phases de poules d’une Coupe d’Europe. »Et s’il reste, le coach carolo croisera la route d’un adversaire de renom. « Benfica, les Glasgow Rangers, peut-être Marseille, ce ne sont que des grosses équipes. Mais rien n’est impossible dans la vie si on construit les choses avec cohérence, équilibre et intelligence. »
BelgiqueL’USG en force aux Pro League AwardsL’Union Saint-Gilloise va-t-elle faire une razzia lors de la remise des Pro League Awards qui se tiendra ce lundi 23 mai à Schaerbeek ? Quatre de ses joueurs font en tout cas partie des dix nommés pour le Joueur de l’année. À savoir le capitaine Teddy Teuma, son compère du milieu de terrain Casper Nielsen et les attaquants Dante Vanzeir et Deniz Undav. Lors de cette soirée de gala, Felice Mazzù, le coach des Saint-Gillois, a toutes les chances de se voir attribuer le titre d’entraîneur de l’année, quelques mois après avoir raflé celui décerné lors de la cérémonie du Soulier d’Or en janvier. Enfin, la bataille fera rage entre Anthony Moris et Simon Mignolet pour le titre de Gardien de l’année. Rappelons que ce sont les joueurs, les entraîneurs et les dirigeants de chaque club qui pouvaient voter pour les différents prix.