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“Je me réveille parfois la nuit en pensant au but de Homa”

L’ex-entraîneur de l’Union revient sur son départ de la
capitale l’été passé et son nouveau défi en D2 allemande,
où il est face à un gros défi.

U
n peu plus de quatre mois
après son départ surprise de
l’Union Saint-Gilloise, Karel
Geraerts nous a reçus dans son
nouveau club de Schalke 04. Le
géant allemand est en perdition

depuis quelques saisons et l’an-
cien Diable rouge en a repris les rê-
nes, début octobre, alors qu’il oc-
cupait une triste seizième place en

D2 allemande. Après un premier
revers, le nouveau T1 a enchaîné
deux succès en championnat pour
sortir de la zone de relégation. Une
première victoire, déjà. Entretien
avec un coach heureux.

Karel, comment se passent
vos débuts chez ce géant
allemand en difficulté ?
“Très bien. J’ai été très
bien accueilli et on sent
que ce club est énorme,

dans tous les domai-
nes. C’est magnifique

de pouvoir travailler
dans un autre pays,
une autre culture et
voir un autre
football.”

Même en position
de relégable, en D2,
le stade est plein,
cela en dit long…
“Le football
signifie tout
dans la vie des
gens de Schalke.
Le club n’est pas
dans une bonne
position, mais il
y a quand
même 60 000
spectateurs. Et il
y en avait 50 000

à Nurem-
berg. C’est une autre dimension,

même en D2 allemande. J’ai le senti-
ment d’être dans une top ligue, avec

de bons joueurs, de bons coachs, des
stades énormes… et la pression qui
va avec. La passion des fans
est énorme et encore
plus ceux de Schalke.
Quand on part à
l’hôtel la veille
d’un match en
mise au vert, il y
a plein de
supporters
présents.”

En ville, avez-
vous déjà

croisé des
supporters ?

“Je n’ai pas encore souvent été en
rue car je travaille jusque très tard.
Mais quand je me suis installé dans

mon appartement (NdlR : à Gelsen-
kirchen), au deuxième étage d’un

building sans ascenseur, cinq per-
sonnes m’ont aidé pour monter mes

affaires (sourire). Les gens sont très
chaleureux.”

Le fait de ne pas parler allemand a été
évoqué par la presse à votre arrivée,
ici : est-ce un problème ?
“Ce n’était pas un problème pour le
club. Je suis en train de suivre des
cours car j’ai envie de parler cette
langue aussi bien pour le football
que pour moi-même. Je comprends
80 ou 90 % de ce qu’on me dit et je
parlerai cette langue quand je la
gérerai. Mais il faut un peu de
temps.”
Le défi d’arriver dans un
club en difficulté ne vous a
pas fait peur ?
“Pas du tout. Quand

j’ai parlé avec le direc-
teur technique et le

directeur sportif du club, ils m’ont
parlé foot et foot. Je sentais qu’il y
avait un projet comme il y avait un
projet à l’Union il y a cinq ans. C’est
un défi et j’aime les défis.”

Quel est l’objectif qu’on vous a de-
mandé d’atteindre ?

“De stabiliser le club. On n’a pas
parlé de classement. On veut arriver
à une stabilité avec ce club mais je
suis quelqu’un de très ambitieux
donc je vais tout faire pour faire le
maximum. Je ne veux pas parler de
maintien. Il faut enchaîner les
matchs avant de se fixer un grand
objectif.”
Aviez-vous mesuré la part de risque ?
“J’ai beaucoup de confiance en ce
club et en mes qualités. Je vais mettre
en place ma philosophie qui a des
similitudes avec celle du club. Je
donne mon maximum et je verrai où
cela nous mène. Je suis en tout cas
très positif.”

Comment avez-vous vécu la longue
période sans banc ?
“Cela a parfois été dur à vivre,
mais j’en ai profité pour rester avec
ma famille. Quand le championnat a
recommencé un peu partout au mois
d’août, j’ai regardé beaucoup de
football. On sait qu’il y a des départs

de coachs pendant les breaks interna-
tionaux. Il y avait de l’intérêt d’autres

clubs mais Schalke était ma priorité.”
Après votre belle saison à l’Union, on
a été surpris de ne pas vous voir
trouver de club plus vite…
“Les circonstances expliquent cela.
Quand on s’est séparé, 95 % des clubs
avaient déjà un entraîneur. Il fallait
donc attendre le bon moment et le
bon club. J’aurais pu sauter sur une

occasion dès juillet mais sur des
clubs avec lesquels cela ne matchait
pas. Quand Schalke est arrivé, je n’ai
pas hésité. J’ai pris le temps de dire
non à d’autres pour attendre le bon
projet. Je ne voulais pas précipiter les

choses. Il y a eu beaucoup de ru-
meurs qui n’étaient pas toujours

vraies…”
Mais il y a eu des contacts avec
Bruges et le Standard. Pourquoi ça ne
s’est pas fait ?
“Les deux clubs me voulaient.
Chacun a fait des choix différents ou
nous n’avons pas trouvé un accord.

Ils étaient intéressés et je les ai écou-
tés.”

Cela a été une surprise pour le monde

extérieur de voir le meilleur entraî-
neur de l’année, sous contrat, quitter

le club…
“Cela a été un choc pour tout le
monde, pour moi et pour le club
aussi. Je ne l’avais honnêtement pas
vu venir. Nous n’étions pas loin d’un
accord mais nous avions chacun nos
idées et nous sommes arrivés au
point qu’il fallait que cela se termine.
Il y a eu de l’énervement sur le coup,
mais la vie continue. À la fin, c’était

tendu. Mais les discussions ont tou-
jours été menées avec beaucoup de

respect. Après la première semaine,
tu es bien sûr un peu fâché et eux
aussi, certainement. Mais j’ai encore

beaucoup de contacts avec les mem-
bres de la direction.”

Mais s’il n’y avait pas d’accord pour
un nouveau contrat, pourquoi n’ont-ils
pas voulu continuer sur base de
l’ancien CDI ? Ont-ils craint que vous
ne partiez au milieu de la saison ?
“C’était une question de principe,
pour eux. J’acceptais de travailler sur
les bases du contrat que j’avais
avant, avec la même motivation.
Mais ils avaient leurs idées. Si j’avais
voulu partir, je serais déjà parti plus
tôt ; j’avais des options avant, mais je

suis resté très fidèle. J’ai dit à tout le
monde au début des Champions
Playoffs que je ne voulais plus parler
avec personne parce que je voulais
jouer le titre. J’ai peut-être raté des
opportunités à cause de cela, mais je
m’en fous car j’avais le feeling qu’il y
avait quelque chose de magnifique à
faire. C’était dommage de ne pas

trouver d’accord mais la vie conti-
nue : l’Union a fait un très bon choix

avec Blessin et je suis venu à Schalke
où je suis content.”
Vous pourriez donc retrouver le banc
de l’Union dans votre carrière ?
“C’est possible, bien sûr. Je n’ai
aucun problème ni rancœur vis-à-vis
de l’Union. Je suis encore en contact

avec les dirigeants, avec des mem-
bres du staff et avec certains joueurs.

Je suis super content pour eux, je
regarde les matchs à la télévision. Je
suis resté fâché une semaine et puis
j’ai continué mon chemin.”

Avez-vous profité de l’été pour repen-
ser à votre première saison de T1 ?

“Cet été, j’ai analysé ce qui avait
été bien fait ou pas bien fait. J’ai
aussi regardé beaucoup de matchs à
l’étranger. Et j’ai aussi beaucoup
profité de ma famille que j’ai peu vue
ces quatre dernières années. Elle est

restée en Belgique, c’est un change-
ment pour moi. Ils me manquent, je

ne vais pas dire le contraire. Mais
quand ils viennent ici à un match, je
vois qu’ils sont fiers.”
Combien de temps vous a-t-il fallu
pour digérer la perte du titre lors du
dernier match face à Bruges avec
l’Union ?
“Quelques semaines, non pas pour
oublier, car je ne vais jamais oublier,

mais pour mettre tout ça de côté.

Cela m’arrivait de me réveiller pen-
dant la nuit et de voir le but de

Bruges. Je le vois d’ailleurs encore et
cela va encore arriver… C’est comme
cela, il n’y a qu’un gagnant dans le
foot. Nous pouvons tous être très fiers
malgré la frustration.”
Avez-vous réfléchi à ce que vous
auriez peut-être pu faire autrement ?
“J’ai bien sûr analysé le match…
mais après deux semaines. Si on joue
ce match 100 fois, on le gagne 97 ou
98 fois. Il nous a juste manqué le

deuxième but. Faire monter un défen-
seur en plus dans les dernières minu-
tes n’est pas ma philosophie : si vous

retirez un attaquant, il est plus facile
pour l’adversaire de balancer des
ballons devant. Je n’ai pas de regrets
avec mes choix.”
Regardez-vous encore le football
belge et l’Union ?
“Bien sûr, ça me rend heureux que
l’Union continue à bien fonctionner.
Je dis depuis des années qu’il ne faut
pas sous-estimer le travail de Chris
O’Loughlin (NdlR : le directeur
sportif), ainsi que celui d’Alex
Muzio (NdlR : le président) et
Philippe Bormans (NdlR : le CEO).
L’Union est de nouveau là malgré les
nombreux départs. Il y a une vraie
stabilité et c’est grâce à eux.”
Peu d’entraîneurs belges s’exportent
dans les clubs européens.

“Je suis très fier d’être en Allema-
gne en tant que Belge. Ce n’était pas

une évidence car les clubs ici restent
souvent dans un cercle allemand.

Mais Schalke a osé prendre un entraî-
neur belge. Je suis convaincu que je

peux faire quelque chose de bien. Il y
a de bons coachs, ici. Tactiquement,
c’est différent de la Belgique, mais il

ne faut pas sous-estimer le cham-
pionnat belge : les coachs y tra-
vaillent très bien.”

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