Réputé plus froid que Mazzù,
l’entraîneur de l’Union Saint-Gilloise démontre
qu’il sait comment s’adresser à son groupe.
À sa manière, mais avec justesse.
J’ ai été très ouvert au
niveau de ma commu-
nication avec les
joueurs et le message a très
bien été reçu.” Karel Geraerts
a visé juste, en fin de se-
maine passée, pour relan-
cer son équipe qui venait de
perdre à domicile contre
l’Antwerp au terme d’un
match très décevant. Le
mentor de l’Union SG révèle
de nombreuses qualités en
cette première année d’en-
traîneur principal, et l’art
de trouver les mots adé-
quats n’est pas la dernière.
Son caractère, très différent
de celui de Felice Mazzù, a
parfois donné l’impression
qu’il était moins fin psycho-
logue que le Carolo, chez
qui le sens du relationnel
est toujours cité comme
principale qualité, lors-
qu’on interroge ses joueurs.
Mais Geraerts a démontré
en dix mois que, même s’il a
son propre style, il sait éga-
lement comment parler à
son groupe et le gérer.
Mazzù était capable de
pousser une gueulante lors-
qu’il le fallait et d’enlacer
un joueur lorsqu’il en sen-
tait le besoin. Geraerts, lui,
est moins démonstratif et
paternaliste dans son ap-
proche, mais cela ne l’empê-
che pas de pouvoir s’entre-
tenir avec un joueur entre
quatre yeux lorsqu’il le faut.
“J’ai parlé avec Boniface, a-t-il
expliqué samedi, en faisant
référence à la sortie agacée
de l’attaquant nigérian, qui
avait filé directement au
vestiaire trois jours avant
lorsqu’il avait été remplacé.
Il était déçu de son match con-
tre l’Antwerp, mais je préfère
qu’il rentre se calmer cinq mi-
nutes au vestiaire. J’ai discuté
avec lui à l’entraînement :
c’est un gars qui a beaucoup
d’ambition et je n’ai pas de
problème avec ça.”
Le Nigérian lui a bien
rendu en marquant un but
décisif à Bruges.
Le coup de maître de Ge-
raerts aura été d’annoncer
tôt à son groupe que les mê-
mes titulaires seraient re-
conduits pour aller à Bru-
ges. D’habitude dévoilé lors
de la théorie d’avant-match,
le onze était connu bien
avant samedi par tous et
c’était, pour le T1, une façon
de marquer sa confiance à
ceux qui lui ont si souvent
donné satisfaction depuis le
début de la saison. “J’atten-
dais une réaction de mes
joueurs. Et on a su trouver les
bons mots, expliquait-il sa-
medi. C’est vrai, on n’avait
pas joué notre meilleur match
contre l’Antwerp, mais je ne
suis pas quelqu’un qui pani-
que vite, et on sait que les titu-
laires ont beaucoup de quali-
tés, même si d’autres pous-
sent derrière pour recevoir du
temps de jeu. Tous les joueurs
ont compris pourquoi j’ai réa-
ligné le même onze.”
Et, surtout, celui-ci a mon-
tré un autre visage pour en-
fin vaincre la bête noire
brugeoise.
. Secousses
à la mi-temps à Courtrai
Pas mal d’entraîneurs
auraient changé deux à
trois pions après le match
loupé contre l’Antwerp,
d’autant qu’il faisait suite à
quelques rencontres de
phase classique où les Unio-
nistes avaient démarré la
partie par le mauvais bout.
Mais Geraerts a fait un
choix moins évident. Qui
aurait pu lui coûter cher,
car certains remplaçants
comme Puertas, El Azzouzi,
Nilsson voire Terho
. Geraerts a su trouver la bonne approche et les mots justes pour relancer son équipe le week-end passé. © PHOTO NEWS
n’auraient pas volé une
place dans le onze vu leurs
belles montées au jeu. Mais
le choix du T1 a été gagnant.
La plus grande qualité de
Geraerts est de “toujours res-
ter très calme et bien évaluer
une situation même dans un
moment chaud. Il ne va pas
prendre des décisions en
mode panique. Il ne se fâche
jamais à cause du stress, il
reste très cool”, soulignait
Philippe Bormans peu
avant la 50e
de son entraî-
neur sur le banc de l’Union.
Une caractéristique utile
tant dans la gestion tacti-
que d’un match que dans
l’approche psychologique
de son groupe. Mais il ne
faudrait pas croire que Ge-
raerts ne lâche jamais un
mot plus haut que l’autre et
n’est pas capable de s’em-
porter. Les murs du ves-
tiaire visiteur de Courtrai
s’en souviennent encore,
eux qui ont tremblé lorsque
le T1 a dû réveiller son
équipe, à la mi-temps d’un
match où elle était absente,
en toute fin de phase classi-
que. Geraerts s’est emporté
– “J’aurais pu changer les onze
joueurs”, a-t-il même dit
après coup – a effectué qua-
tre changements simulta-
nés à l’heure de jeu et a vu
son équipe, menée 2-1, s’im-
poser 2-4.
Dix jours plus tard, à
même la pelouse quelques
instants après la défaite su-
bie face à l’Antwerp, l’en-
traîneur a mis son équipe
devant ses responsabilités.
L’heure n’était plus au haus-
sement de ton, ce qui aurait
pu semer le doute, mais à la
remobilisation via des mots
choisis et forts. Autre con-
texte, autre style. Mais
même résultat.