Les 3,5 millions proposés pour le rachat
du site du Bempt “ne peuvent être acceptés”
selon le collège. La Région intervient.
L’ ordre du jour du
conseil communal
de Forest vient de
tomber. On y trouve
la délibération du collège
communal concernant l’offre
de l’Union Saint-Gilloise. Le
club, à la recherche d’un en-
droit plus vaste que le stade
Joseph Marien, ambitionne
de racheter à la commune 3,5
hectares de terrain situés pro-
che du centre sportif du
Bempt pour y implanter un
nouveau stade de 15 000 à
16 000 places pour un budget
de 80 à 100 millions d’euros.
Pour le rachat du site, l’USG
propose 3,5 millions à la com-
mune.
. Manque de garanties
pour l’accès au Ring
La délibération annonce
que l’offre du club “ne peut
être acceptée”. Le collège éche-
vinal Ecolo-PS pointe plu-
sieurs manquements dans le
projet des unionistes. Déjà,
l’offre ne compenserait pas la
perte et le déplacement des
infrastructures du centre
sportif et des services techni-
ques : “Si la commune devait el-
le-même financer le déménage-
ment de l’ensemble de ses acti-
vités (technique et sportive) pré-
sentes sur ce site, le coût (hors
achat d’éventuels autres ter-
rains) dépasserait largement
l’offre faite pour le site par la
Royale Union Saint-Gilloise.”
L’étude menée par perspec-
tive.brussels en 2021 sur les si-
tes potentiels pour le stade et
sur laquelle s’appuie en par-
tie le club se voit aussi recon-
textualisée par la commune.
L’analyse portait sur trois si-
tes (Bempt, le Marien et le
Bertelson) qui avaient été pré-
sélectionnés par le club.
Même si les travaux de pers-
pective.brussels présentaient
le site du Bempt comme le
plus adéquat pour un stade
de cette ampleur, ils préci-
saient également qu’une
étude d’impact plus appro-
fondie serait nécessaire, ce
que le club n’a pas proposé.
Dans les plans présentés à
la commune, l’USG voulait gé-
rer l’arrivée et le stationne-
ment des supporters visiteurs
via le site de Bruxelles Pro-
preté en bordure du Ring de
Bruxelles. Mais la commune
explique n’avoir reçu aucun
préaccord conclu entre
l’agence Bruxelles Propreté et
le club pour un tel aménage-
ment. Et donc aucune garan-
tie de la faisabilité de ce
point.
Toujours concernant la mo-
bilité, l’attente des supporters
avant l’ouverture des grilles
et les nuisances que cela
pourrait occasionner sont
aussi mentionnées comme
une source d’inquiétudes du
collège.
. “Un bon gestionnaire
ne peut accepter l’offre”
Enfin, la commune s’in-
quiète de la légalité même de
l’implantation du stade sur
un tel site. En effet, le carac-
tère 100 % privé du projet fait
craindre un blocage en ter-
mes d’affectation du sol. L’as-
pect “équipement d’intérêt col-
lectif” pourrait être mis en
question au profit d’une in-
terprétation commerciale du
projet, ce qui bloquerait le
projet. La commune de-
mande aussi des précisions
quant à la mutualisation du
site, préconisée par l’enquête
de Perspective.
En l’état, l’offre est donc re-
fusée. Le vote officiel doit
avoir lieu en conseil commu-
nal ce 14 février, mais même
l’opposition risque de voter
en faveur du rejet. Marc
Loewenstein nous explique
qu’il s’agit d’un choix du
cœur ou d’un choix de la rai-
son. “Mon cœur veut évidem-
ment que l’Union s’installe ici.
Mais en l’état, un bon gestion-
naire ne peut accepter l’offre du
club.” L’élu Défi se questionne
tout de même sur la raison
pour laquelle le point a été
inscrit au conseil communal.
“Une simple décision du collège
aurait suffi. Ça ressemble un
peu à une volonté de la majo-
rité de mouiller tout le monde.”
La majorité explique avoir
voulu permettre un vrai dé-
bat démocratique et transpa-
rent même si elle reconnaît
qu’une décision du collège
aurait suffi. L’analyse de Défi
est partagée par le libéral Cé-
dric Pierre de Permentier
(MR), qui explique que “l’offre
formulée par l’Union est actuel-
lement trop faible et ne tient
pas suffisamment compte de
l’impact de ce projet pour la
commune de Forest.”
La rédaction a informé le
club de la décision du collège.
Le CEO Philippe Bormans se
demande juste si la com-
mune à l’intention ou non de
vendre le terrain. “Il faut que
l’on sache, après on peut discu-
ter.” Plus largement, le MR
s’inquiète de “l’attitude du col-
lège depuis 2018, qui laisse
pourrir ce dossier et refuse
d’adopter une approche cons-
tructive. Par exemple, le collège
a confirmé lors de la commis-
sion du 31 janvier qu’elle n’a pas
d’estimation de la valeur du ter-
rain ou de l’impact du projet.
Après plusieurs années de dis-
cussions, c’est assez halluci-
nant.”
“La présence d’une infrastruc-
ture dédiée au stockage du ser-
vice des travaux sur le site n’est
pas un obstacle majeur, pour
autant qu’un site similaire
puisse être trouvé à Forest ou
dans une commune voisine. Là
encore, aucune proactivité du
collège. Selon moi, soit ils sont
dépassés par l’enjeu, soit ils ont
peur de se positionner claire-
ment sur le dossier pour ne pas
froisser tant un potentiel électo-
rat pro ou anti-stade. Ce n’est
pas très responsable. Personnel-
lement, je suis inquiet quant à
la possibilité que l’Union quitte
notre commune.”
Au cabinet de la bourgmes-
tre Mariam El Hamidine
(Ecolo), on nous confirme
qu’aucune estimation du ter-
rain n’a été réalisée ou n’est
prévue par la commune “puis-
que l’on n’est pas demandeur de
vendre.”
. La Région
à la rescousse
Dans un tweet, le ministre
en charge de l’Urbanisme Pas-
cal Smet (Vooruit) annonce
“reprendre la main” sur le dos-
sier avec Rudi Vervoort (PS)
ministre-président égale-
ment en charge de l’Aména-
gement du territoire.
Les deux ministres “organi-
seront les discussions entre le
club et la commune.” Le cabi-
net de Pascal Smet nous pré-
cise que les ministres “se po-
sent comme médiateurs afin de
faire émerger une solution pour
que le projet de stade puisse
aboutir.”