Jusqu’en juin dernier, le défenseur danois Jonas Bager
jouait sous les ordres de Felice Mazzù à l’Union SG.
Six mois plus tard, le destin les rassemble… à Charleroi.
I
l y a six mois, après la saison ex-
ceptionnelle de l’Union-Saint-
Gilloise ponctuée par une impro-
bable deuxième place derrière le
Club Bruges, les chemins de Felice
Mazzù et de Jonas Bager se sont sépa-
rés. Pour des raisons et des horizons
bien différents.
Désireux de tenter un nouveau défi,
l’entraîneur a positivement répondu
à l’appel d’Anderlecht, ce qui avait
alors provoqué un conflit entre les
deux clubs bruxellois à propos de l’in-
demnité à verser en compensation.
De son côté, le défenseur danois, en
fin de contrat après trois saisons au
parc Duden, n’a tout simplement pas
été prolongé. Deux raisons principa-
les auraient dicté le choix de la direc-
tion : son salaire important et le fait
qu’il ne soit pas belge, un critère im-
portant au moment de coucher les
noms sur la feuille de match.
Malgré l’intérêt de Seraing, le Da-
nois a opté cet été pour Charleroi, où
il a profité des blessures de Knezevic
et Van Cleemput pour déjà disputer
onze matchs de championnat (sur 17),
dont dix comme titulaire. Depuis une
semaine, les deux hommes partagent
à nouveau les mêmes couleurs. Celles
du Sporting.
Jonas, ce doit être particulier
de retrouver son ancien entraîneur
dans un autre club sept mois à peine
après l’avoir quitté…
“Oui, c’est un destin très spécial et
très inattendu, mais c’est plutôt sympa.
Je connais sa philosophie, ses idées, ses
valeurs, la manière dont il gère son
groupe… Il connaît du monde ici aussi,
donc cela va probablement l’aider, ainsi
que l’équipe, à répandre ses idées. Avec
Damien (Marcq) et Sandro (Salamone,
analyste vidéo), ça fait pas mal d’an-
ciens Unionistes, hein (sourire) !”
D’où l’importance d’essayer de garder
de bonnes relations quand on quitte
un club…
“Évidemment. Le football est un
milieu parfois très instable, incertain,
donc tu ne sais jamais qui tu pourrais
retrouver plus tard, ailleurs. Bien sûr, tu
ne sais pas être ami avec tout le monde,
mais, à partir du moment où tu es
honnête et respectueux avec tes équi-
piers et ton coach, que tu es droit dans
tes bottes, alors il ne peut pas y avoir de
gros problèmes. C’est l’exemple type
d’une situation qui peut se reproduire. Il
y a quelques mois, je ne pensais plus
jamais travailler avec Felice Mazzù. Et
tout d’un coup nos chemins se croisent
à nouveau… Mais pour moi, pour
Damien, comme pour le reste de
l’équipe, c’est un reset. On repart à zéro
et on doit tous prouver qu’on mérite de
jouer.”
Quelle relation entreteniez-vous avec
Mazzù à l’Union SG ?
“Très bonne. J’ai apprécié travailler
avec lui là-bas et ce sera encore le cas à
Charleroi. On a toujours été très hon-
nête l’un envers l’autre. Je pense qu’il
apprécie ma mentalité scandinave :
travailleur, ponctuel, bon camarade…
J’essaie d’apporter ce que je peux à
l’équipe et je crois qu’il le voit, qu’il le
sent.”
Estimez-vous qu’il a changé en cinq mois
à Anderlecht ?
“Non, je ne trouve pas. Il a gardé ses
principes. Mais j’imagine qu’il a beau-
coup appris de cette période qui, vue de
l’extérieur, n’était vraiment pas facile.”
Étiez-vous surpris qu’il signe là-bas
après une si belle aventure à l’Union ?
“Non, parce qu’on sait bien qu’Ander-
lecht est un très grand club en Belgique
et qu’une telle proposition ne se refuse
pas. J’aurais fait la même chose à sa
place.”
On a le sentiment de plus vous entendre,
de vous voir guider les autres sur le
terrain durant ce stage. Felice Mazzù
vous a-t-il demandé de prendre davan-
tage de responsabilités ?
“Non, il ne me l’a pas demandé. Je
suis à la moitié de ma 1re saison ici et,
parmi les paramètres que je peux amé-
liorer, celui-là en fait partie. Mais c’est
vrai que j’essaie d’être un exemple et un
leader à ma façon, en restant moi-
même. Ça passe par mon travail, mon
engagement. Aussi en étant positif et
souriant au quotidien. C’est ma nature.”
Il disait qu’avant de penser à prendre
des points l’équipe devait retrouver
une unité. D’accord avec lui ?
“Il a raison. C’est un problème qu’on
n’a pas connu la saison passée à l’Union
parce qu’on enchaînait les victoires.
Mais quand tu perds plusieurs matchs,
la cohésion est justement un facteur qui
est difficile à conserver. Créer un collec-
tif solide et soudé, c’est justement dans
la philosophie de Felice Mazzù, donc je
suis convaincu que, si on retrouve ça, si
on tire tous dans le même sens plutôt
que de pointer untel ou untel du doigt,
cela va se ressentir sur nos performan-
ces et donc sur nos résultats.”
Vous comptez 10 titularisations en
17 matchs de championnat mais, à
l’image de l’équipe, les critiques ont
parfois fusé sur votre niveau de jeu.
Avez-vous le sentiment de devoir en faire
plus, d’être plus facilement ciblé parce
que vous êtes un joueur sobre et discret ?
“Non, je ne crois pas. Pour être hon-
nête, je ne lis pas les critiques dans les
journaux. Mais la personne la plus
exigeante et la plus critique envers moi,
c’est sans doute moi-même. C’est aussi
compliqué d’être performant dans un
collectif qui ne tourne pas. Mon souhait,
et je pense que c’est essentiel pour tous
les autres joueurs, est de redevenir bon
en équipe. Tous ensemble. De retrouver
autour de nous des joueurs qui perfor-
ment et nous rendent meilleurs les uns
les autres.”