Mazzù n’est pas résigné malgré la défaite.
Déçu mais fier et… revanchard : c’est ainsi qu’est apparu Felice Mazzù après le match au sommet de cette troisième journée de Champion’s Playoffs, parfaitement conscient que ses joueurs avaient tout tenté pour se payer le scalp d’un Club de Bruges finalement plus réaliste, plus tueur. Et à nouveau leader pour un demi-point.
Felice Mazzù, quelle est votre analyse de cette rencontre riche en émotions ?
Qu’elle s’est jouée sur des détails, je trouve. Au final, le résultat ne représente pas ce que mes joueurs ont montré dans le contenu. On s’est créé assez d’occasions pour faire la différence mais on a manqué d’efficacité, au contraire de Bruges.
Y a-t-il eu un tournant au cours de ce match, et si oui, lequel ?
Je n’ai pas envie de parler d’un seul tournant, parce qu’il y en a eu plusieurs. Vous savez, c’est la troisième fois que l’on joue contre Bruges cette saison et les trois fois, on s’est créé beaucoup d’occasions sans parvenir à les concrétiser. Ici, on s’est fait punir sur une phase de transition qu’on a mal gérée après avoir perdu beaucoup d’énergie suite à notre penalty manqué. On est évidemment tous déçus parce qu’on méritait mieux mais qu’on ne me parle pas de manque d’expérience par rapport aux Brugeois. Le problème, ce dimanche, était plutôt lié à ce manque d’efficacité.
Peut-on également parler d’un surplus d’émotions, notamment sur cette phase du penalty qui aurait pu vous offrir virtuellement six points d’avance sur le Club ?
Peut-être qu’on les a mal gérées, ces émotions, c’est possible. Maintenant, même en ayant manqué ce penalty, on aurait encore pu s’imposer par la suite, d’autant qu’on ne leur a pas laissé de grosses opportunités jusqu’à leurs deux buts. Cela fait partie du foot et il faut pouvoir l’accepter même si cela fait mal, bien sûr. Je ne vais pas émettre de critiques par rapport à qui que ce soit. Mon groupe est suffisamment solidaire et ambitieux pour rapidement relever la tête et préparer au mieux ce match de mercredi.
Dante Vanzeir était-il le premier tireur sur votre liste ?
Oui. Je sais qu’ils ont discuté avec Teuma pour voir qui allait tirer. Ils ont une telle connexion qu’ils en ont discuté entre adultes. On en reparlera entre nous cette semaine aussi mais si Dante a pris ses responsabilités, c’est qu’il le sentait bien.
Rassurez-nous : vous n’êtes pas résignés, au moins ?
Au contraire ! Ce groupe a réussi de belles choses cette saison et était en tête depuis octobre. Il n’entend pas s’arrêter en chemin, sur cette défaite, surtout qu’il a souvent démontré de belles facultés à rebondir. Être devancé pour un demi-point ne signifie pas la fin de nos ambitions. Personnellement, je suis animé d’une grosse volonté de faire passer le message que rien n’est fini, qu’on doit se rendre à Bruges mercredi avec beaucoup de confiance et d’ambitions.
Concrètement, que pouvez-vous faire d’ici mercredi pour inverser la tendance ?
Exactement la même chose que les Brugeois, j’imagine. Se reposer, prendre des bains glacés et travailler encore et toujours. Notamment notre efficacité. Peut-être que je vais mettre trois buts côte à côte, tiens…
RÉACTION
Forcément, comme ses coéquipiers, Loïc Lapoussin avait la tête des mauvais jours à l’issue de la rencontre. « Il y a de la frustration car on sait que c’était un match capital pour le titre. On a pu voir qu’on a eu pas mal de situations proches du but. Mais à partir du moment où on n’arrive pas à concrétiser nos occasions, on peut se faire punir contre ce genre d’équipes. Et on en a eu la preuve aujourd’hui. »À nouveau, l’Union n’a donc pas réussi à faire trembler les filets face aux Blauw en Zwart. « Les trois matches contre Bruges ont eu la même physionomie. C’est-à-dire qu’on a eu pas mal d’occasions franches mais qu’on n’a pas réussi à les mettre au fond… »Toutefois, l’international malgache le sait : tout reste possible. « Il n’y a pas de calcul à faire. On joue le match retour ce mercredi. Si on le gagne, on repasse devant eux. Il faut simplement gagner si on veut remporter le titre. On va aller le faire à Bruges ! »Un match retour lors duquel Loïc Lapoussin espère bien à nouveau être titulaire, lui qui était aligné dès le coup d’envoi pour la première fois dans ces Champions Playoffs. « Personnellement, j’ai fait un bon match. Je pense avoir apporté mes qualités. Mais c’est le plan collectif qui compte le plus et on n’a malheureusement pas su gagner. »
ALFRED SCHREUDER
PROPOS RECUEILLIS PAR VINCENT JOSÉPHY
La joie de Buchanan et Schreuder après la rencontre.
Après avoir tenté (et raté) un coup de poker tactique en se privant d’Andreas Skov Olsen et en plaçant Charles De Ketelaere sur le flanc gauche, Alfred Schreuder est revenu à des fondamentaux qui se sont avérés payants en fin de match. En conférence de presse, l’entraîneur néerlandais du Club était sur la défensive malgré une évidente satisfaction.
Monsieur Schreuder, vous avez pris la tête du championnat au terme d’un match qui aurait pu basculer dans l’autre sens si Dante Vanzeir n’avait pas manqué son penalty…
En effet, ou si les Unionistes avaient marqué en première période. Le résultat d’un match se joue souvent sur des détails, le verdict d’un championnat également. On savait avant de venir ici que l’Union est une équipe costaude, bien organisée. Elle l’a encore prouvé cet après-midi mais c’est le Club qui s’est imposé au final, parce qu’on a su prendre le dessus en fin de match, grâce à nos qualités physiques et nos excellents remplaçants. On va reprendre le bus et rentrer à Bruges avec le sentiment du devoir bien accompli. Sans toutefois penser que le championnat est terminé, bien sûr.
Avez-vous revu la phase du penalty provoqué par Brandon Mechele ?
Oui, et toute personne qui a un jour joué au foot peut se rendre compte que le joueur bruxellois (NDLR : Lazare) laisse traîner la jambe pour aller le chercher. Cela fait partie du jeu, bien sûr, mais l’arbitre aurait aussi bien pu ne pas le siffler.
Pour vous aussi, qui avez remporté plusieurs titres en tant qu’assistant, devenir champion de Belgique représenterait quelque chose de grand ?
Bien sûr, mais ce n’est pas le plus important et encore loin d’être acquis, surtout. Ce qui compte, c’est le Club. Tout ce que je fais, c’est en fonction de son intérêt, qui est supérieur au mien, qui est supérieur à celui de chaque joueur individuellement.
En parlant d’individualité, on a été surpris de vous voir placer De Ketelaere sur le flanc gauche. Vous pouvez expliquer ?
Pourtant, Charles a parfaitement effectué ses tâches notamment défensives, non ? Il a ensuite été plus performant quand je l’ai replacé dans l’axe en fin de match mais avec son positionnement, on savait qu’on pouvait perturber les ailes de nos hôtes tout en offrant beaucoup de liberté à Odoi dans l’axe.
Pourquoi vous êtes-vous privé de Skov Olsen au coup d’envoi ?
Je le répète, je ne fais pas mes choix contre un joueur mais pour l’équipe. Le raisonnement est le même en ce qui concerne mon choix de préférer Balanta à Vormer, par exemple. Le Colombien possède un profil différent de celui le Néerlandais et il restait sur quelques montées au jeu convaincantes. J’étais persuadé qu’il pouvait contribuer à nous apporter un meilleur équilibre défensif.
Le fait d’être passé du statut de chasseur à celui de chassé va changer quelque chose dans votre approche des trois derniers matches ?
Pas du tout. J’ai toujours dit qu’on devait regarder dans notre assiette. On ne va pas changer d’approche maintenant parce qu’on est repassés devant.
SIMON MIGNOLET
V.M.
Simon Mignolet était forcément un gardien heureux ce dimanche après-midi. Un portier qui, pour la troisième fois d’affilée dans ces Champions Playoffs, a conservé ses filets inviolés. Mais qui gardait toutefois une analyse lucide sur le déroulement des événements. « Si le score est logique ? En tout cas, le résultat est positif pour nous. Nous sommes très contents. En première période, l’Union était meilleure. Elle a eu des occasions, contrairement à nous. Le penalty fut ensuite le tournant du match. Car par après, on leur a fait mal en contre et on a pris les trois points. Ce match était un peu similaire à ceux du championnat. Et c’est clair que gagner ici n’est pas facile. »Le gardien brugeois en profitait également pour revenir plus précisément sur ce fameux penalty loupé Vanzeir. « On fait toujours une analyse des tireurs mais il avait aussi déjà marqué dans l’autre coin. Il fallait dès lors choisir un côté et j’y suis allé à fond dans mon coin droit. Heureusement, il ne l’a pas cadré. Mais si c’était le cas, j’étais là. »Simon Mignolet appréciait également la vision tactique de son entraîneur. « De Ketelaere, tactiquement, a eu une autre manière de jouer. Et puis, Skov Olsen est monté à vingt minutes de la fin du match et a fait la différence. C’était, jusque-là, très important de garder le zéro et puis de le faire monter au jeu. On savait en tout cas, de par l’expérience des matches joués en championnat, que ce serait très intense de venir jouer ici, surtout lors des vingt premières minutes. L’Union voulait marquer tôt dans la rencontre et a de grosses qualités en contre. C’était dès lors important de ne pas perdre le ballon et de ne pas donner cette possibilité-là à notre adversaire. Notre première période fut difficile. Mais on a dans l’ensemble bien géré le match. »« Rien entre les mains… »Les Brugeois aborderont dès lors la rencontre retour face aux Saint-Gillois ce mercredi avec le plein de confiance. Mais tout en restant méfiants. « Ce ne sera pas trop différent de ce dimanche, je pense », déclarait encore Mignolet. « On a certes un demi-point d’avance à l’heure actuelle. Mais il reste encore trois rencontres. Et pour le moment, on n’a rien entre les mains. »
J.-F.P.
D.R.prev
Stéphane Breda, notre consultant arbitrage, est revenu sur le choc opposant l’Union au Club de Bruges. « La gestion de la rencontre de Lawrence Visser a été très bonne. Il s’est adapté au rythme du match et a durci le ton lors des moments où ce fut nécessaire. Une très bonne prestation de sa part, d’autant qu’il n’a pas toujours été irréprochable cette saison. »Sur le penalty octroyé à l’Union: « C’est une action compliquée à juger, mais l’arbitre a bien fait de siffler penalty. Car je ne suis pas certain que le VAR serait intervenu étant donné que la décision dépendait de l’appréciation de l’arbitre. Mais, pour moi, il y a effectivement bel et bien un contact de Mechele sur la jambe de Lazare. »Sur le deuxième but: « L’arbitre a eu raison d’attendre que le VAR confirme qu’il n’y avait pas hors-jeu sur la phase finale. Sinon, il aurait certainement donné un carton rouge, et un penalty. Bon, après, la seule chose sur laquelle on peut discuter, c’est qu’il aurait tout de même pu donner un bristol jaune au joueur de l’Union pour sa faute qui est un véritable acte d’antijeu. »
LE DÉBRIEF DE PHILIPPE ALBERT
PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE GERDAY
1Sur la base du fond de jeu et des occasions : l’Union aurait dû gagner
« En trois rencontres face à l’Union Saint-Gilloise, les Blauw en Zwart n’ont pas encaissé un seul but et ont pris 7 points sur 9. Pourtant, quand on se remémore chaque match, pour le même prix, l’Union gagnait les trois. Les fans de Bruges peuvent s’estimer heureux de voir leur équipe s’imposer 0-2 après avoir autant souffert au parc Duden, notamment grâce aux arrêts de Mignolet. Surtout dans un match où Schreuder n’a pas utilisé au maximum les forces de son noyau. J’avoue que je n’ai pas compris la décision de placer De Ketelaere en position de… latéral gauche. On n’a rien à lui reprocher parce qu’il a fait ce qu’il a pu à ce poste mais son apport offensif a été… nul. Une fois replacé plus haut, on a vu directement que les automatismes étaient là avec Vanaken et Lang. L’Union a tout simplement joué avec son bonheur. Sur la base du fond de jeu et des occasions, elle devait s’imposer. Mais quand tu te permets de rater un penalty dans un moment important alors que tu sais que Bruges ne peut pas jouer aussi mal qu’en première mi-temps… Après un écart de 12 points durant la phase classique, l’Union s’est montrée moins efficace ces derniers temps, reste sur un 1 sur 6 sans marquer. Bruges a son sort entre les mains… et l’Union aussi malgré la défaite. Si elle passe le cap de Bruges – mais le Club aura un autre visage et il y aura son public derrière –, tout reste possible. Anderlecht et l’Antwerp peuvent encore ennuyer les Brugeois. Je reste impressionné par ce public saint-gillois qui a acclamé ses joueurs malgré le résultat. Le champion en titre a été bousculé, la pièce est tombée du mauvais côté. »
2Anderlecht a réaliséune prestation dansla foulée du Topper«
Certes, Anderlecht a été bien aidé par cette erreur défensive anversoise sur le premier but mais le Sporting a évolué en démonstration par la suite, Amuzu en profitant pour réussir le premier triplé de sa jeune carrière professionnelle et apporter une réponse à son manque d’efficacité. Avec cette victoire, les Mauves prennent une option sur la 3 e place, réalisant une prestation dans la foulée du Topper de dimanche passé. L’Antwerp n’a pas montré grand-chose et c’est incroyable de voir le duo Haroun-Nainggolan être dans l’incapacité de prendre le dessus face à la jeunesse de Cullen et Arnstad. Pour l’entraîneur Priske, on peut peut-être craindre qu’il ne s’agisse d’un de ses derniers matches à la tête de l’Antwerp, voire même le dernier quand on voit cette image de président Gheysens en fin de rencontre. Malgré les investissements, cette équipe n’a pas d’âme. Comme La Gantoise va sans doute gagner les Europe playoffs, il n’y a pas grand-chose à craindre. Anderlecht va enchaîner deux matches à domicile : nul doute que Kompany visera le 6 sur 6. »
3Les Zèbres ontpourtant menéles deux fois à domicile…
« Je ne suis pas surpris de voir La Gantoise jouer le coup à fond dans ces Europe playoffs. Avec un trophée et une qualification européenne déjà en poche, elle peut jouer de manière libérée et les joueurs ont envie de se montrer. Les Buffalos ont aussi une réputation à défendre et ce n’est pas le genre de Vanhaezebrouck de laisser filer une compétition. Comme ce vendredi contre Genk, les Zèbres avaient aussi pris les commandes du match dans leur stade face aux Buffalos. Au lieu du 6 sur 6 que j’avais annoncé comme nécessaire, c’est donc 1 sur 6. Mais le public ne s’est pas trompé vendredi en ne reprochant rien à l’issue des nonante minutes face aux Limbourgeois. Là aussi, je n’ai pas compris le choix de Storck de commencer sans son buteur Paul Onuachu, sauf s’il n’était pas à 100 %. Avec lui sur le terrain, on a vu une autre équipe de Genk. Il n’empêche que le Sporting de Charleroi aurait dû être sur le velours, 2 ou 3-0. Et même menés 1-2, les Zèbres auraient quand même pu l’emporter tant le Racing n’a plus rien à voir sur le plan défensif avec l’équipe championne de 2019… »