Comme la saison passée, l’Union Saint-
Gilloise passe à côté du titre pour un rien.
Pourtant, elle a fait la course en tête durant
une bonne partie de la soirée.
L e scénario pouvait-il
être plus cruel ? Pro-
bablement pas.
L’Union avait tout en mains
pour aller chercher son
douzième titre de cham-
pionne de Belgique. Mais
elle a échoué. Comme la
saison passée. Non, pire
que la saison passée. Car,
cette fois, elle le tenait, ce
titre. Elle qui n’avait jamais
été en tête de toute la sai-
son, avait fait ce qu’il fallait
pour prendre les comman-
des et profiter du beau
match de Genk.
On jouait la 46e
minute et
Adingra transformait enfin
une occasion en un but,
après trois loupés unionis-
tes. Les opportunités man-
quées ne seraient pas re-
grettées, se disait-on alors,
mais l’équipe de Karel Ge-
raerts oubliait de “tuer” le
match.
Lapoussin n’est pas le
seul à avoir manqué de pré-
cision en zone de finition,
ce dimanche, mais son ac-
tion en or de la 81e
minute
restera comme décisive, car
il s’agissait de la dernière
belle opportunité de 2-0
avant un revirement com-
plet qui semblait pourtant
impensable. Le jeune
Homma égalisait sur un
ballon aérien (89e
)… avant
. La déception immense des Unionistes, qui avaient pourtant tout en mains pour être sacrés
champions ce dimanche. © BELGA
que Noa Lang, conspué par
le public une bonne partie
du match, n’offre la victoire
au Club (90e
+3) puis que le
gamin Cisse Sandra ne
fasse 1-3 au bout des arrêts
de jeu, pour faire boire le
calice jusqu’à la lie aux
Bruxellois (100e
).
. Exceptionnelle
saison malgré tout
Les choses auraient pu
être différentes si ceux-ci
avaient été plus justes of-
fensivement, on l’a com-
pris. Peut-être l’auraient-el-
les été également si Teddy
Teuma avait pu rester sur la
pelouse. Le capitaine, qui
avait manqué aux siens lors
des deux matchs précé-
dents, était là, mais devait à
nouveau quitter le jeu,
blessé. Et quand il est sorti,
tout a basculé.
Sous les yeux de Tony
Bloom, l’Union est passée
en dix minutes de la pre-
mière à la troisième place.
Immense déception. Il n’y
aura même pas de prélimi-
naires de Ligue des cham-
pions, cet été, donc, mais
“seulement” une Ligue
Europa à aller chercher via
les barrages.
“C’est évidemment très
triste de perdre un titre de la
sorte, analyse un Geraerts
très touché. On peut se re-
procher une chose à nous-
même: ne pas avoir marqué
ce deuxième but, alors que
Bruges n’y était pas. Mais je
suis fier de mon équipe.”
Fier, car cette saison
2022-23 est exceptionnelle.
Un quart de finale euro-
péen, une demi-finale de
Coupe et une troisième
place en championnat… à
un point du champion,
après 57 rencontres, plus
que n’importe quel autre
club de Pro League. Les lar-
mes sont à nouveau dans le
camp saint-gillois. Comme
un an plus tôt. Comme si
cette Union était maudite.
Elle devra s’en remettre
et tenter d’aller chercher
un trophée la saison pro-
chaine. Sera-ce avec Karel
Geraerts ? “Je ne réponds pas
encore à cette question. J’ai
repoussé tout cela ces der-
niers temps. Je vais réfléchir
dans les jours qui viennent et
je tirerai mes conclusions.”
Ce doit être la priorité de
sa direction : convaincre le
jeune T1, auteur d’une pre-
mière saison exception-
nelle, de rester. Et obtenir
ce après quoi cette équipe
court depuis deux ans,
maintenant.
“Avoir le plus petit effectif a eu un impact”
L es caméras l’ont sur-
pris la tête dans les
mains. Dégoûté. Phi-
lippe Bormans a su ne pas
verser dans l’émotion de-
vant les médias et le pu-
blic mais la déception du
CEO de l’Union était
énorme. “Nous étions à
moins de dix minutes du ti-
tre”, a-t-il répété plusieurs
fois. Comme s’il tentait
encore de se convaincre
que ce qui s’est passé ce
dimanche soir est bien
réel.
Et pour ajouter une cou-
che à des regrets qui pour-
raient être éternels,
l’Union avait son sort en
main. “Le résultat de l’autre
match était en notre faveur
pour une fois, souffle-t-il.
Mais il fallait finir le travail.
Nous savions que le Club
pouvait encore sortir de sa
boîte. Quand ils ont fait le
break, tous nos espoirs
s’étaient envolés.”
L’Union a fini la saison
sur une jambe. Boniface,
Teuma ou encore Van der
Heyden ont souffert de
blessures dans le money-
time. “Ne nous cherchons
pas d’excuses même si tout
le monde sait que la saison
a été extrêmement longue.
Nous avons joué 57 matchs
avec le plus petit des
noyaux. Même si les rempla-
çants ont fait leur job, nous
savions que cela aurait tôt
ou tard un impact.”
Passer tout près du titre
pour la deuxième fois en
autant d’années lui laisse
également un goût amer
en bouche. “Nous étions
plus proches du titre cette
année que la précédente. Le
football est très dur quand
tu es si proche du but. Les
scénaristes de la Pro League
et d’Eleven seront par contre
contents d’un tel dénoue-
ment.”
Dans les jours à venir,
Bormans devra se pencher
sur l’avenir. Trop tôt, mais
il n’a pas le choix. “Il fau-
dra une pause de quelques
jours pour que cela passe.
Ensuite, on reprend à bloc.
Le fait d’avoir une période
de congé pour le groupe
fera du bien à tout le
monde. Nous sommes déjà
certains d’un ticket euro-
péen.”
Il a été interrogé sur
l’avenir de Teuma, de Bo-
niface et de Geraerts. Il a
préféré botter en touche.
“Je suis brisé”
A u coup de sifflet final,
la majorité des
joueurs de l’Union
ont eu le même réflexe : ils
sont tombés par terre et se
sont tenus la tête. Comme
s’ils ne croyaient pas à ce
qui venait de se passer.
Champions virtuels jus-
qu’à la 88 minute de jeu, les
Unionistes ont ensuite tout
perdu en une seule action.
“Je ne sais pas quoi vous dire,
lance Lazare après avoir
pris un moment seul sur la
barrière avant de répondre
aux questions des journalis-
tes. Je suis brisé et déçu par ce
qu’il vient de se passer. Nous
avons eu les occasions pour
tuer le match mais nous
n’avons pas réussi à les con-
crétiser. Vers la fin du match,
on sentait qu’il y avait plus de
tension, de stress et de fati-
gue. Et puis il y a ce but qui
tombe au pire moment…”
Arrivé face à la presse
quelques minutes après
son coéquipier, Senne Ly-
nen avait les yeux rougis
par les pleurs. Le joueur de
24 ans a d’autant plus mal
vécu la rencontre qu’il était
en tribunes lui qui était sus-
pendu après sa carte rouge
reçue dimanche dernier à
l’Antwerp. “Je n’aime pas re-
garder un match depuis les
tribunes car je n’ai aucun con-
trôle sur la rencontre, expli-
que Lynen. Quand j’ai vu que
Genk avait ouvert la marque,
je me suis dit que cela allait le
faire. Et puis on encaisse ce
but à deux minutes de la fin
du match. Vous ne pouvez pas
imaginer à quel point j’ai mal
au cœur. J’espère vraiment ne
plus jamais revivre ce genre
de moments, c’est horrible.”
. La sortie de Teuma
Plusieurs moments-clés
se sont déroulés durant le
match. Il y a eu la sortie sur
blessure du capitaine Teddy
Teuma à l’heure de jeu puis
la montée de Shion Homma
à la 88e
minute lui qui
n’avait jusque là joué
qu’une seule minute avec le
Club Bruges… En l’espace
de quelques secondes, il a
planté un but et un assist.
“La sortie de Teuma a joué
un rôle car il s’agit du capi-
taine qui a une grande impor-
tance dans notre
équipe, commente
Lazare. Dans ce
genre de situation, il
sait garder le ballon
quand il le faut et
calmer le jeu. Sa
sortie nous a im-
pactés mais cela ne
peut pas être une
excuse. Quant à
Bruges, on sait que cela reste
une bonne équipe capable de
marquer à tout moment…”
Vu le match nul entre
l’Antwerp et Genk, l’Union
dégringole même à la troi-
sième place du classement.
“Même si cela peut avoir
une importance lors des bar-
rages européens, peu importe
de finir
deuxième ou troisième car
c’est la première place qu’on
voulait, avance Lynen. Il va
falloir beaucoup de temps
avant de s’en remettre. Les
trois semaines de vacances ne
seront pas de trop pour y arri-
ver.”
Après ce scénario drama-
tique, nul doute que cer-
tains Unionistes ont vécu
leur dernière rencontre
avec le maillot jaune et bleu
ce dimanche soir. Des
joueurs comme Teuma ou
encore Van der Heyden et
Lazare pourraient
aller voir ailleurs après ces
deux saisons passées au
sommet de la D1A. “Je suis
heureux à l’Union mais on ne
sait jamais, conclut Lazare.
Cela reste du football et donc
du business. Je suppose que je
recevrai des offres, nous ver-
rons avec la direction ce qui
arrange tout le monde.”
Même si dimanche soir,
ces discussions autour des
transferts étaient encore
bien loin.
L’AVIS DE L’EXPERT
Les adieux loupés de Teuma
La soirée ne pouvait pas davantage tourner au cau-
chemar pour l’Union. Le symbole de cette descente
aux enfers se nomme Teddy Teuma. Le capitaine
courage de l’Union a forcé sur ses adducteurs meur-
tris pour être là au coup d’envoi. Un dernier sacri-
fice pour faire ses adieux en beauté et offrir le titre à
son club. Il a cru jusqu’à la dernière minute que son
effort n’était pas vain. La deuxième partie de soirée a
tourné à la catastrophe. Il y a d’abord eu cette inter-
view au micro d’Eleven à la mi-temps lors de la-
quelle il a taclé l’arbitrage qu’il “donnait trop de fau-
tes à Bruges.” Des propos inhabituels qui trahis-
saient son énervement malgré une première mi-
temps de patron. Un présentement, peut-être. Il
n’avait certainement pas vu venir sa fin de match.
Écourtée par un tacle aussi rude qu’autorisé de Hen-
dry. Terminer sur une blessure et une telle désillu-
sion, c’est dur. Teuma méritait bien mieux pour ce
qui était plus que probablement sa dernière appari-
tion en jaune et bleu.