Supporter des Jaune et Bleu,
il a réussi à sauver le club
de la disparition.
À l’heure où supporter l’Union Saint-
Gilloise est devenu une hype abso-
lue, Charles Picqué n’est pas un ré-
sistant de la dernière heure. Il a
souffert pendant des années dans une tri-
bune d’honneur désertée à suivre, parfois à
subir, des matchs improbables contre Lede
ou Torhout.
Aujourd’hui, il profite d’une Union Saint-
Gilloise européenne 58 ans plus tard (il a
d’ailleurs assisté à Union-Rangers à… Lou-
vain) et qui fait souffler un vent de fraî-
cheur sur le foot belge. Même si elle navi-
gue sous pavillon britannique. Un moindre
mal voir une nécessité après avoir frôlé à
plusieurs reprises la disparition pure et
simple.
“Je me souviens de mon premier match
comme spectateur. C’était un Union-Tilleur en
D1. Je me suis davantage impliqué dans le club
au début des années 1990 par… nécessité. Le
président de l’époque Jean Godefroid m’a invité
à la Villa Lorraine pour m’annoncer qu’il arrê-
tait les frais. Notamment à cause d’un docu-
ment ‘oublié’ auprès de l’ONSS qui réclamait
500 000 euros. J’ai réussi à rattraper le coup.”
Le bourgmestre s’installe dans le costume
de président et fait connaissance avec le mi-
lieu du foot.
“Avec des joies comme les montées et des dé-
boires quand on recule d’un cran. Nous avons
toujours dû chercher de l’argent où nous le
pouvions. Jamais un grand mécène mais plutôt
l’addition de petites ou moyennes sommes.
L’Union pouvait vivoter en D1 ou D2 nationale
amateurs.”
L’Union 100 % noir-jaune-rouge, c’est ter-
miné depuis belle lurette. Après un épisode
tragi-comique avec le groupe italien 009
(“c’était à la fois drôle et dangereux. Leur seul
objectif était d’utiliser le club comme une gare
de transit pour les joueurs”), l’arrivée de Jür-
gen Baatsch a marqué un tournant.
“Même si c’était un excentrique, il possédait
un carnet d’adresse international. C’est lui qui
a amené Brighton pour qui l’Union possédait
un petit plus. Ils auraient pu acheter Zulte-Wa-
regem, Ostende ou Beveren avec un vrai stade
et débarquer directement en D1. Ressusciter un
club historique, c’est plus porteur en matière
de marketing.”
Pendant ces années où le club vivotait, un
Belge (richissime) avait lui aussi de grandes
ambitions pour l’Union : Roland Duchâtelet.
“Je me souviens d’un déjeûner à Lessines à
distance égale de Saint-Trond et Bruxelles.
L’homme d’affaires m’expose son plan ambi-
tieux : creuser des parkings, descendre le ter-
rain de quelques mètres, construire des com-
merces et un hôtel. Avant que je lui avoue que
la Donation royale, propriétaire du stade, inter-
dit les moindres travaux. Tout est classé. Le
dossier Duchatelet aussi…”
Nous en revenons au dossier du stade qui
est également l’obsession des propriétaires
anglais actuels. Ils sont prêts à construire
une enceinte à leurs frais mais…
“Ils ne connaissaient pas bien les spécificités
bruxelloises. Il manque le côté business au
stade Marien. Or, c’est une obligation pour
maintenir le niveau du club. Ils ont des plans et
un calendrier très optimiste en tête. Il ne faut
pas traîner pour leur donner une réponse en
toute transparence sinon je crains qu’un jour
ils ne plient bagages.”