Prendre un 6-0 contre le champion de
Tchéquie à deux semaines de la reprise peut
faire naître le doute à Anderlecht. À raison
dans certains domaines, à tort dans d’autres.
D
epuis vendredi début
de soirée, l’enthou-
siasme naturel d’une
nouvelle saison a déjà
quitté une partie des sup-
porters anderlechtois. La
défaite 6-0 contre le Sparta
Prague en Autriche peut
donner l’impression que le
Sporting est reparti sur les
mêmes bases que l’an der-
nier et sa onzième place fi-
nale. Mais ce résultat ne
doit pas tout remettre en
question.
. Pourquoi il ne faut pas
s’inquiéter
Le score est déjà à relativi-
ser. Les trois derniers buts
ont été encaissés par les ga-
mins des Futures en 45 mi-
nutes. On ne doit réelle-
ment prendre en compte
que les 90 premières.
Il y a aussi trois buts
dans les filets mauves
mais sur trois erreurs in-
dividuelles : Sardella, Coose-
mans et Patris. Des bêtises
simultanées qui n’arrive-
ront pas à chaque fois. On
ne peut pas parler de faillite
collective.
Riemer n’oubliera pas la
première période où Ander-
lecht a dominé le Sparta,
dans la continuité des trois
premiers succès en prépa-
ration Face à un système
identique et un pressing
semblable (avec un entraî-
neur danois aussi en face,
l’ancien Anversois Priske),
c’est le RSCA qui s’en sortait
le mieux. Il manquait juste
le geste dans les 30 derniers
mètres pour concrétiser
cette supériorité.
Daniel Zitka, l’ex-Mauve
qui entraîne les gardiens de
Prague, nous le confiait
après le match : “On voit que
le Sporting a quelques indivi-
dualités plus fortes que
nous.”
Mais les Tchèques ne sor-
taient pas d’un stage éner-
givore et reprennent déjà la
compétition le week-end
prochain.
Au rayon des satisfac-
tions, on pointera aussi la
défense centrale. Malgré
l’ampleur du score, Verton-
ghen et Debast restent une
assurance pour Anderlecht.
On peut aussi citer Amuzu,
même s’il a reçu un traite-
ment de faveur vendredi. Il
est bien en jambes depuis
la reprise des entraîne-
ments.
. Pourquoi
il faut s’inquiéter
Deux choses ont sauté
aux yeux vendredi sur ce
terrain posé dans les mon-
tagnes autrichiennes : An-
derlecht a besoin d’un gar-
dien et Anderlecht a du mal
à créer du danger.
Fautif sur le deuxième
but tchèque, Coosemans
avait déjà fait une bêtise la
semaine d’avant sur l’uni-
que but de Zagreb à Neer-
pede. Il faut aussi dire
qu’on s’était habitué à Ver-
bruggen et qu’il est difficile
de tenir la comparaison,
d’autant plus quand on
passe du statut de nu-
méro 3 à celui de titulaire
provisoire.
Coosemans n’est pas un
mauvais gardien mais il ne
pourra jamais revendiquer
plus qu’un rôle de doublure
au Sporting. L’arrivée pro-
bable du Français Dupé
(lire par ailleurs) doit résou-
dre ce problème. En appor-
tant de l’expérience d’un ni-
veau plus élevé (plus de 80
matchs en Ligue 1).
Si le souci entre les per-
ches est sur le point d’être
résolu, le manque de créati-
vité offensive reste un fa-
meux chantier. Assis à côté
du président Vandenhaute
pendant la rencontre, Vers-
chaeren a dû tirer le même
constat. Les deux seules
vraies occasions face au
Sparta sont venues des
pieds de Debast (face au
gardien, Dreyer n’a pas ca-
dré) et de Leoni (Raman a
tiré sur le gardien). Soit,
d’un défenseur central et
d’un remplaçant qui ne
semble pas grimper dans la
hiérarchie malgré une
bonne préparation.
Le trio titulaire Diawara-
Ashimeru-Stroeykens a bien
mis la pression pendant la
première demi-heure domi-
née par le RSCA mais ça se
compliquait dès qu’il fallait
tenter de trouver le pauvre
Dolberg, aussi seul dans les
montagnes autrichiennes
que Jean-Claude Dusse sur
son télésiège. Ashimeru a
réussi à faire quelques diffé-
rences mais sans y ajouter
le dernier geste. Stroeykens
reste une énigme, pas vrai-
ment un attaquant, pas
vraiment un ailier, pas vrai-
ment un numéro 10.
Diawara amène de la puis-
sance mais il n’a pas une vi-
sion du jeu qui sort du lot.
Avec la blessure de Vers-
chaeren et le départ de Lior
Refaelov, Anderlecht a vite
besoin d’une injection de
créativité. Un joueur à la
fois percutant et capable
d’alimenter l’avant-centre.
Sans ce joueur capable d’ap-
porter du liant, Dolberg ne
servira pas à grand-chose.
La piste menant à Zalazar
s’est définitivement éteinte
après sa signature à Braga
ce week-end. Il y a encore
l’espoir avec Canos mais
Fredberg est aussi sur
d’autres dossiers.
Comme il nous l’expli-
quait en fin de semaine pas-
sée, il préfère patienter plu-
tôt que de se jeter sur le pre-
mier venu. Le Sporting de la
fin juillet à l’Union ne sera
pas le Sporting de la fin
août.
Dupé pour
son métier et
son jeu au pied
Le gardien français de 30 ans passera
ses tests médicaux ce lundi. Il débarque
avec profil différent de Bart Verbruggen
mais que la direction espère
complémentaire avec le style de jeu.
D
imanche, son agent Fabrice Picot n’a pas
souhaité faire de commentaire, ajoutant
qu’il avait “beaucoup de travail”, mais l’arri-
vée de Maxime Dupé à Anderlecht est bouclée. Il
passera ses tests médicaux ce lundi en Belgique. Le
gardien français a été séduit par le projet du Spor-
ting mais aussi par la perspective d’être clairement
le numéro un. Plus tôt cet été, il avait refusé une
approche du Club Bruges qui cherchait une dou-
blure à Simon Mignolet.
Dupé arrive libre de Toulouse. À 30 ans, il avait
envie d’un nouveau challenge après avoir passé
toute sa carrière en France (Nantes, Clermont puis
Toulouse). Il a reçu une offre pour prolonger chez
les Violets toulousains mais il a préféré le défi des
Mauves anderlechtois.
. Un champion du monde
Alors que le transfert d’Hendrik Van Crom-
brugge à Genk sera officialisé en début de se-
maine, Anderlecht cherchait depuis plusieurs se-
maines un successeur à Bart Verbruggen. En sa-
chant qu’il serait impossible de trouver un gardien
aussi fort avec un budget limité. Jesper Fredberg a
donc tenté d’apporter une qualité que Verbruggen
n’a pas encore : l’expérience. Dupé a plus joué en
Ligue 2 qu’en Ligue 1 mais il compte quand même
83 matchs dans l’élite française. Il a aussi été cham-
pion du monde U20 en 2013 (génération Pogba, Di-
gne, Thauvin).
En plus de qualités humaines vantées par plu-
sieurs interlocuteurs (il s’est même occupé du syn-
dicat des joueurs français), Dupé a aussi un bon
jeu au pied, ce qui est essentiel dans la philosophie
que le coach Brian Riemer exige. Avec son mètre
86, le Breton en imposera moins que Ver-
bruggen mais il a une belle ex-
plosivité.
Anderlecht voulait bou-
cler le dossier avant le début
de la compétition, le 28
juillet sur la pelouse
de l’Union. Dupé
pourrait jouer le
match de gala
contre l’Ajax sa-
medi prochain.