Le coach de 41 ans est totalement à part dans le monde
du football professionnel.
L
a scène se déroule en salle de
presse du Lotto Park, après la
victoire de l’Union face à Lu-
gano lors du match aller. Mattia
Croci-Torti, l’entraîneur de l’équipe
suisse arrivé avant Alexander Bles-
sin, s’est tranquillement assis à
côté des journalistes de son pays.
Pour refaire le match avec eux, sa
casquette sur sa tête. “C’est un en-
traîneur assez spécial qui a un rap-
port ‘horizontal’ avec nous, explique
Massimo Solari, suiveur du FC Lu-
gano pour Corriere Del Ticino. C’est
un privilège de travailler avec ce
genre d’entraîneur car on peut tou-
jours bavarder et même rire avec lui
sans qu’il se sente au-dessus de la mê-
lée.” Portrait d’un coach qui est to-
talement à part dans le monde du
football professionnel suisse.
. Footballeur, facteur et
vendeur de parquet
Mattia Croci-Torti n’a pas fait une
grande carrière de joueur. Cet an-
cien défenseur latéral n’a jamais
participé à une rencontre de Super
League, le plus haut niveau suisse.
C’est au FC Lugano qu’il a le plus
évolué avec presque une centaine
de matchs. “Il était fâché sur son der-
nier entraîneur qui ne lui a pas per-
mis d’atteindre la barre des 100
matchs, rigole Massimo Solari. Il a
fait une carrière assez discrète en con-
naissant ses limites techniques. C’est
le genre de joueur qui ne s’arrêtait ja-
mais de courir et qui enchaînait les al-
lers-retours dans son couloir. Il don-
nait tout sur le terrain… comme
maintenant sur le banc.”
Conscient qu’il n’allait pas faire
une grande carrière au plus haut
niveau, Croci-Torti décide de tra-
vailler à côté du football. Il s’est re-
trouvé à se réveiller à l’aube dans la
peau d’un facteur avant de devenir
vendeur de parquet, lui qui a tou-
jours rêvé d’être professeur d’édu-
cation physique. “Il a toujours voulu
avoir un plan B car il savait qu’il
n’était pas le meilleur joueur, conti-
nue Solari. Cela montre la façon avec
laquelle il perçoit la vie.”
. Un coach passionné…
parfois trop
Les spectateurs présents au Lotto
Park jeudi dernier ont pu s’en ren-
dre compte : Mattia Croci-Torti vit
ses matchs intensément. Souvent
en train de réprimander l’arbitre, il
s’est aussi fâché à plusieurs repri-
ses avec Alexander Blessin. Avant de
courir sur le terrain sur le but de
son équipe… finalement annulé
par le VAR. “Il s’est pourtant calmé
depuis deux saisons, avance notre
interlocuteur. Il représentait l’agita-
tion en personne avant d’arriver à Lu-
gano mais il a compris que cela lui
faisait perdre de la lucidité et de
l’énergie durant un match. Mais il
continue à coacher comme s’il était
sur le terrain en train de jouer, il aime
montrer sa passion et son euphorie.”
Il lui arrive aussi d’être très émo-
tif comme lorsqu’il s’est mis à pleu-
rer après le huitième de finale de
Coupe de Suisse remporté face aux
Young Boys de Berne.
. Jamais sans
sa casquette
Si vous croisez Mattia Croci-Torti
aux abords d’un terrain, la probabi-
lité de le voir avec une casquette est
très élevée. Le T1 de Lugano a expli-
qué qu’il se sentait “simplement plus
beau” avec une casquette. “Il donne
sa casquette à un enfant ou à un sup-
porter présent dans le public quand il
perd, raconte Massimo Solari. Et il
en prend une nouvelle pour le match
suivant. Ce jeudi, il n’aura donc pas la
même casquette que jeudi dernier vu
la défaite contre l’Union.”
Voilà un élément parmi d’autres
qui montrent le côté superstitieux
de Croci-Torti. “Il a certains compor-
tements qu’il répète pour se sentir
tranquille. Chaque soir, il va marcher
tout seul durant une demi-heure en
laissant son téléphone à la maison.
Récemment, un journaliste n’était pas
présent à une conférence de presse
avant une victoire. À la conférence de
presse suivante, il lui a dit en rigolant
qu’il préférait son collègue.”
. Un coach fêtard
Le sommet de la carrière d’entraî-
neur de Croci-Torti a été atteint en
mai 2022 quand son équipe a rem-
porté la finale de la Coupe de
Suisse. Dans la foulée, une grande
fête a eu lieu pour le plus grand
plaisir du coach toujours prêt à
faire la fête. “Il m’avait dit avant la fi-
nale qu’il m’offrait une bière en cas de
victoire. Lors de la fête en ville, il m’a
retrouvé et m’en a apporté une (sou-
rire). Il va souvent boire un verre avec
les fans, surtout après les défaites.
Quand il était plus jeune, c’était un Ul-
tra qui lançait les chants lors des
matchs de l’équipe de basket de sa
ville. Il a la fête dans son ADN.”
En dehors du football, Croci-Torti
est depuis une quinzaine d’années
avec Susana Valciangiacomo, la fille
du richissime propriétaire de
Chicco d’Oro, une marque de café.
“On sait qu’il est en couple avec une
femme très riche mais on n’en parle
pas, conclut Massimo Solari. Il n’es-
saye pas de mettre ce sujet en avant.
On la voit parfois au stade mais
moins que les parents et la sœur de
Croci-Torti qui sont présents à chaque
match de Lugano. Son rituel est
d’ailleurs de les saluer avant chaque
rencontre.”