JULIEN DENOËL
Au fil des ans, Ganaye et Blessin sont devenus amis.BelgaImage
Aujourd’hui coach à l’Union, Alexander Blessin a débarqué en Belgique en 2020 du côté d’Ostende. Celui qui l’a découvert et l’a fait venir en Pro League, c’est Gauthier Ganaye, l’actuel CEO du RWDM. prevnext
Ce jeudi, la rencontre entre le RWDM et l’Union sera une histoire de retrouvailles. Celles de deux clubs rivaux unis dans le derby de la Zwanze et qui n’ont plus connu pareille joute au plus haut niveau depuis plus de 50 ans mais également celles entre deux hommes devenus amis au fil des années : Gauthier Ganaye, le CEO du RWDM, et Alexander Blessin, le coach des Saint-Gillois.
Les deux se sont connus à une centaine de kilomètres plus à l’ouest, en bord de mer. Alors que Gauthier Ganaye venait d’être nommé à la tête du KV Ostende, le club se cherchait un entraîneur. Le Français a alors sorti de son chapeau le nom d’un Allemand de 47 ans totalement inconnu qui n’avait encore jamais coaché une équipe première et encore moins au plus haut niveau : Blessin. En quelques semaines, le nouvel entraîneur des Côtiers séduit tout le monde ; Ganaye a réussi son pari.
Sous les radars
Loin du classique jeu des agents ou des engagements sur base de la réputation, Gauthier Ganaye travaille d’une manière plus intelligente, logique même a-t-on envie de dire, pour débusquer son nouveau coach. « C’est le style de jeu qui m’intéressait », débute-t-il. « C’est toujours ça qui m’a intéressé. Il y avait un style qu’on voulait mettre en place, comme on l’avait fait à Barnsley. »
Pour ce faire, Ganaye regarde donc du côté des clubs qui développent déjà ce style de jeu recherché et qui l’appliquent de l’équipe première aux équipes de jeunes, à l’image du club allemand détenu par Red Bull. Ne pouvant pas s’offrir un coach à la tête d’une équipe première, il regarde donc en dessous, chez les jeunes. Nous sommes alors en plein Covid et le football est à l’arrêt, ce qui laisse à Ganaye pas mal de temps pour étudier de nombreux profils de coaches qui bossent alors sous les radars. Alexander Blessin est de ceux-là. Son style de jeu, sa manière de coacher, sa personnalité et même sa vie sont passés à la loupe pour mieux cerner l’homme et l’entraîneur.
Une fois le premier screening effectué, le contact avec l’Allemand est établi et deux interviews sont réalisées en visio-conférence. Ganaye et Blessin parlent de tactique, de philosophie de jeu, de ce qui peut être mis en place à Ostende : c’est le coup de foudre. « On s’est parlé deux fois 1h30. Après ça, j’ai dit à ma femme que j’avais l’impression de le connaître depuis dix ans », rigole le dirigeant.
Il aurait pu
venir au RWDM
Le courant passe directement, le feeling est bon ; les deux sentent qu’ils sont faits pour s’entendre sur le plan humain mais aussi dans la relation de travail. « Tout s’est bien mis », se souvient le Français. « C’était le bon moment pour nous d’avoir un tel coach et pour lui de venir. Il était mûr. Cela faisait huit ans qu’il était à Leipzig chez les jeunes, il faisait un peu partie des meubles et quand c’est comme ça, les perspectives d’évolution se réduisent. »
Si les chemins professionnels des deux hommes se sont depuis séparés, la relation amicale qui les unit n’a, elle, pas faibli. « On s’appelle souvent. On se connaît vraiment bien », dévoile Ganaye. S’ils seront opposés ce jeudi, l’histoire aurait pu être bien différente il y a encore quelques mois.
Démis de ses fonctions en décembre au Genoa, Alexander Blessin reste six mois sans club. Au moment où Ganaye débarque à Molenbeek, la rumeur court qu’il désire emmener dans ses bagages le technicien allemand. Le CEO du RWDM l’avoue, il aurait pu faire de Blessin le coach du Daring dès le mois de juin. Mais désireux de d’abord apprendre à connaître Vincent Euvrard, il tombe sous le charme du Belge qu’il estime être du même calibre que son ancien coach à Ostende. Pas question pour le dirigeant molenbeekois de changer pour le plaisir de changer, Euvrard conserve toute sa confiance et Blessin reste donc à quai. « Il m’a un peu fait la gueule », rigole Ganaye. « Mais heureusement, il a vite retrouvé un poste à l’Union. »
Trois mois plus tard, c’est donc le moment de se retrouver, face à face.