D’autres Petits Poucets ont créé la surprise en Belgique
ces 30 dernières années.
Quand les contes de fées devien-
nent réalité !” Ce lundi, la Fifa
est allée de ses félicitations
pour l’Union Saint-Gilloise,
après son titre de champion
d’automne décroché sur le terrain
d’Ostende.
Avant les Bruxellois, d’autres équi-
pes avaient fait sensation en créant la
surprise au sommet du championnat
de Belgique. Retour sur ces success sto-
ries de Petits Poucets, entre Seraing,
Mouscron ou Zulte Waregem, qui font
inévitablement penser au parcours
unioniste…
Seraing (1993-1994)
“La folie de nos trois Brésiliens”
Olivier Doll était de l’épopée séré-
sienne d’il y a 28 ans. Le jeune défen-
seur liégeois, alors 20 ans, champion
avec les Métallos en D3 en 1991 puis en
D2 en 1993, découvrait avec son équipe
la D1 cette année-là.
Pour une belle troi-
sième place finale.
“Pourtant, on avait com-
mencé la saison en per-
dant un gros derby au
Standard”, rembobine-
t-il. “On sortait déjà
d’une toute grosse sai-
son en D2, avec aucune
défaite. On avait une équipe bien en
place, qui n’avait encaissé que 15 buts
l’année d’avant. Surtout, il n’y avait pas
eu beaucoup de changements dans l’ef-
fectif. Parmi les rares arrivées, il y avait
eu celle de Roger Lukaku (NdlR : auteur
de 12 buts). Pour le reste, on pouvait se
reposer sur trois Brésiliens de talent
(NdlR : Wamberto, Edmilson et Isaias),
qui amenaient leur folie. Je me souviens
d’un récital d’Edmilson (NdlR : le père de
l’ex-Rouche Junior), à Anderlecht et
d’autres joueurs, disons, plus beso-
gneux… dont moi ! Le président Blaton
avait attiré Lars Olsen, champion d’Eu-
rope avec le Danemark en 1992. Sur le
banc, Georges Heylens parvenait à tirer
le maximum de cette équipe.”
Contrairement à l’Union, Seraing
n’a jamais occupé la première place,
lui. “Non, et on ne parlait certainement
pas de titre. On n’avait pas réellement les
armes pour terminer devant Anderlecht
(NdlR : champion) et Bruges. J’ai le sou-
venir d’une équipe qui évoluait en toute
décontraction. C’est un peu cliché, mais
moi, en tout cas, je prenais vraiment les
matchs les un après les autres, et je pre-
nais du plaisir, c’est tout. Je ne suis même
pas sûr qu’on parlait d’Europe.”
Olivier Doll ne cache pas son admi-
ration pour les résultats de l’Union.
“On sent que cette équipe a gardé le
même entraîneur et travaille dans la con-
tinuité. Mazzù tire le meilleur de ce style
d’équipe. Le jeu de l’Union a l’air simple,
mais en fait, il y a beaucoup de choses
bien réalisées, de courses bien effectuées.
Et ça, c’est parce que cette équipe se con-
naît.”
Reste que l’Union championne, l’ex-
Mauve y croit peu. “Je comprendrais
qu’ils disent de prendre match par
match, mais ils doivent être ambitieux.
Leur objectif, ça doit être le top 4. Ne pas
les atteindre serait une déception. Après,
pour le titre… On verra le mercato, déjà,
ou s’il n’y a pas de joueur important
blessé. Mais avec ce système de playoffs,
cela me semble compliqué d’aller au
bout.”
Mouscron (1996-1997)
“Dans la dynamique de la D2”
La saison 1996-1997 restera à coup
sûr gravée dans l’esprit des supporters
mouscronnois. “On peut dire que c’est
la saison la plus marquante de l’histoire
du club”, lance d’emblée Steve Dugar-
dein, défenseur des Hurlus à l’époque.
Promue en D1, la bande à Georges
Leekens réussit un début de saison de
tonnerre avec sept matchs sans dé-
faite. “Nous n’avions eu que deux semai-
nes de repos entre la fin du tour final de
D2 et le début de la préparation ce qui
nous a permis de rester dans une dyna-
mique positive”, se souvient Dugardein.
“Pourtant, je me rappelle encore qu’à la
sortie du calendrier, nous nous deman-
dions face à quelle équipe nous allions
pouvoir prendre des points…”
La première partie
de saison de Mous-
cron est telle que
l’équipe se retrouve
même en tête lors de
la trêve hivernale.
“Comme l’Union,
l’équipe était compo-
sée majoritairement
de joueurs ayant évo-
lué en D2 la saison
d’avant, hormis l’arri-
vée des frères
Mpenza. Il y avait une ambiance de fou
dans le vestiaire et énormément de ta-
lent. Notre coach, Georges Leekens, sa-
vait nous piquer quand il le fallait tout
en nous récompensant quand tout allait
bien, en remplaçant parfois un entraîne-
ment par un bowling ou un après-midi
de congé. Il avait l’art de gérer son
groupe. Je ne connais pas personnelle-
ment Mazzù mais beaucoup me disent
qu’il est très proche de son groupe,
comme l’était Leekens avec nous.”
Les Bruxellois peuvent-ils aller plus
loin que les Hurlus qui avaient ter-
miné cette saison 1996-97 à la troi-
sième place du classement ? “Sans la
perte de Leekens en équipe nationale et
le transfert de Lemoine à l’Espanyol Bar-
celone, on aurait eu de grandes chances
d’être champions”, lance Steve Dugar-
dein. “À l’Union, tous les ingrédients sont
là avec une équipe joueuse tactiquement
bien en place, un coach qui tient l’équipe
et des supporters de folie. Vu le niveau
qu’ils affichent, c’est peut-être leur année.
J’aimerais bien qu’ils soient champions
mais j’ai peur que leur dynamique s’ar-
rête avec les points divisés par deux en
playoffs.”
Zulte Waregem (2012-2013)
“Un but encaissé en trop”
La dernière grosse surprise en date
est signée Zulte Waregem. Il y a huit
ans, l’équipe de Francky Dury déjouait
tous les pronostics grâce à un collectif
bien équilibré. “Nous avions réussi à
garder tous nos meilleurs joueurs comme
Malanda, Hazard, Berrier ou Leye”, se
souvient Steve Colpaert, titulaire au
sein de la défense centrale de Zulte
cette saison-là. “Il y avait un bon mix
avec des jeunes qui ont profité de cette
saison pour se montrer et des joueurs ex-
périmentés. La qualité individuelle était
présente dans le secteur offensif et la sta-
bilité était notre arme dans le secteur dé-
fensif.”
Deuxièmes à l’issue de la phase clas-
sique, les Waregemois terminent vice-
champions de Belgique à l’issue d’un
match nul (1-1) lors de la dernière jour-
née de championnat, sur le terrain
d’Anderlecht. “Nous sommes passés
tout près et nous aurions mérité d’être
champions”, explique Colpaert. “La con-
fiance s’était installée au fil des matchs,
avec cette belle série de 17 matchs sans
défaite durant la phase classique. Mais
cela s’est joué sur un but encaissé de
trop… Je me rappelle qu’on encaisse par
malchance, via un ballon dévié dans le
mur (NdlR : un coup-franc de Lucas Bi-
glia). Nous avions dominé les Anderlech-
tois et nous aurions dû remporter la par-
tie sur l’ensemble du match. La déception
était énorme au coup de sifflet final car
nous savions que nous étions passés très
proche de quelque chose d’extraordi-
naire.”
Huit ans plus tard, l’Union réalise
un meilleur premier tour que Zulte en
comptant 34 points sur 45 (contre 29
sur 45). Pour Steve Colpaert, les perfor-
mances des Bruxellois sont loin d’être
une surprise. “Ils ont construit quelque
chose de solide la sai-
son dernière et ont
réussi à garder une
certaine stabilité de-
puis la Division 1B”,
explique celui qui
est l’entraîneur ad-
joint du Club NXT.
“La qualité des
joueurs permet à
l’équipe de faire la
différence à chaque match. Pour moi,
l’Union peut finir tout en haut du classe-
ment même si j’espère que le Club Bruges
sera champion (sourire). Il faudra voir
comment ils arrivent à gérer leurs mo-
ments creux qui arriveront certainement
d’ici la fin de la saison. S’ils le font bien,
le titre est possible.”