PROPOS RECUEILLIS
PAR VINCENT MILLER
De la fierté.Belga
Ce week-end face à Charleroi, Anthony Moris a atteint la barre des cent matches avec l’Union. L’occasion de revenir sur deux ans et demi passés à la Butte, mais également sur les sujets chauds du moment, alors qu’il s’apprête à disputer la demi-finale aller de la Coupe. prevnext
Le portier luxembourgeois de 32 ans a encore du mal à réaliser. Après des années de galère marquées par les blessures, les déceptions et même un passage en Nationale 1 avec Virton, le voilà tout frais centenaire avec l’Union, un club dont il marque l’histoire depuis son arrivée durant l’été 2020 en remplacement d’Anthony Sadin.
Anthony Moris, lorsque vous aviez signé à l’Union, vous seriez-vous imaginé un jour atteindre la barre des cent matches ?
Peut-être, mais pas avec tout ce qu’il s’est passé depuis deux ans et demi. Ma femme m’a d’ailleurs dit : « Repense à tout ce que tu as vécu, tout ce que tu as traversé ». Pour moi, c’est une grande fierté. C’est exceptionnel. Et je suis d’autant plus content d’avoir pu vivre ce moment avec Siebe Van der Heyden (NDLR : également devenu centenaire contre Charleroi). Car nous avons beaucoup d’affinités.
Quel regard portez-vous sur votre passage à l’Union ?
Je n’ai pas encore fait l’analyse. Je la ferai le jour où je partirai, c’est le mieux à faire. Car pour le moment, on ne se rend pas compte de ce qu’on est en train de réaliser. C’est le jour où on raccrochera qu’on se dira vraiment qu’on a marqué l’histoire du club. En tout cas, je prends du plaisir au quotidien à jouer pour ces couleurs. Et je suis sûr que je vais encore beaucoup en prendre.
D’autant que vous venez de loin…
Quand je regarde mon parcours dans son entièreté, me dire que j’ai joué cent matches pour l’Union, c’est juste exceptionnel. Mais je ne m’arrête pas là. Il y a encore plus à aller chercher.
Comme la Coupe de Belgique ? Vous recevez l’Antwerp ce mercredi mais on n’a pas spécialement eu l’impression que vous ayez levé le pied contre Charleroi…
Si on pense au match d’après, on risque de louper celui présent, et de le regretter en fin de saison. C’est grâce à cette mentalité qu’on parvient à faire cette série jusqu’à présent (NDLR : l’Union est invaincue face à un adversaire belge depuis le 11 septembre 2022).
La suite de la saison se déroulera par contre sans Dante Vanzeir, en partance pour New York. Vous a-t-il dit au revoir ?
Je pense qu’il viendra dans la semaine. Il a en tout cas intérêt à venir nous payer une bonne bouteille de champagne à chacun (sourire). Car si quelqu’un a son transfert, c’est grâce au groupe. Tout seul, il n’aurait pas réussi à l’avoir. On est tous fier d’avoir pu amener Dante à ce niveau-là, comme on l’avait fait avec Casper Nielsen et Deniz Undav. J’espère que les prochains qui suivront auront, eux aussi, des transferts de cette qualité.
La succession de Vanzeir semble en tout cas déjà assurée avec l’arrivée en prêt de Yorbe Vertessen…
On a hâte de le voir à l’entraînement (NDLR : ce lundi). Et ce afin qu’on puisse l’aider à s’intégrer dans le collectif au mieux. Et qu’à l’inverse, il puisse nous le rendre sur le terrain.
Pour conclure, revenons à la cérémonie du Soulier d’Or de mercredi dernier où l’Union n’a pris que des places d’honneur. Cela vous avait déçu…
Effectivement. On n’a pas eu de joueur récompensé alors qu’on est l’équipe qui a le plus marqué en 2022 après Bruges, et qui a fait douter le champion en titre en montant de D1B. C’est bizarre de ne pas voir Teddy Teuma plus haut dans le classement (NDLR : il a terminé à la 4 e place). Mais c’est comme ça, ce sont les gens qui votent. Il faut faire avec. On s’est dit qu’on préférait les titres collectifs aux individuels…
LE REGARD D’EMILIANO
« La quête d’Anthony Moris »
Chroniqueur
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En championnat, les semaines se suivent et se ressemblent pour l’Union Saint-Gilloise. Chaque journée amène son lot de satisfactions. Ce week-end, les Bruxellois viennent d’aligner une quinzième rencontre de rang sans défaite en Pro League. Très fort… Toujours engagée sur trois fronts, l’Union n’est plus une surprise mais une belle confirmation. L’une des recettes de ce succès un peu inattendu, c’est, notamment, d’avoir misé sur des joueurs qui ont toujours faim ou qui n’éprouvent aucune lassitude, à l’image, par exemple d’un compétiteur comme Teddy Teuma.
Il y a quelques semaines, je parlais justement de cet esprit de vainqueur avec le gardien unioniste Anthony Moris, à l’occasion d’une interview pour RTL Sport. À 32 ans, le Luxembourgeois savoure le moment présent comme jamais. Deuxième au classement des gardiens de l’année, lors de la soirée du Soulier d’Or, Anthony Moris sait mieux que quiconque qu’une carrière de sportif de haut niveau tient parfois à très peu de choses.
Partir où personne ne part
Par deux fois, le natif d’Arlon a en effet connu une rupture des ligaments croisés, suivie de longs mois de rééducation, entre doute et fatalisme. Il a aussi expérimenté la vie sans club, faite d’entrainements en solitaire, dans le froid piquant de l’hiver, dans l’espoir d’un coup de fil salvateur. Finalement, Malines avait sauté sur l’occasion d’engager un gardien jeune et pas cher. Le contrat signé était, c’est vrai, indécent pour un joueur de l’élite belge… 1000 euros brut par mois. « Le plus petit salaire de la D1 à l’époque », m’a dit Anthony Moris, qui perdait donc de l’argent au début de chaque mois dès lors qu’il payait son loyer. Qu’importe, il voulait jouer, quoi qu’il en coûte, pour rêver un impossible rêve, comme chantait Jacque Brel dans sa chanson « La Quête ». Il y a quelques années, il est même redescendu en amateur, à Virton.
Il y reprend goût au foot : champion en D1 amateur, il est élu meilleur gardien de D2 l’année suivante. Puis il y a eu le Covid… Le chômage temporaire à 1.200 euros bruts… Contrat cassé. Des moments de doute… Et finalement l’Union arrive en juillet 2020. La suite de l’histoire, vous la connaissez désormais. Cette semaine, l’Union dispute une demi-finale de Coupe de Belgique. Pour atteindre, comme chantait encore une fois le grand Jacques, l’inaccessible étoile…