La crise actuelle force
les clubs à réajuster leurs
budgets en permanence.
La crise sanitaire que nous
traversons a des conséquences importantes sur la santé
financière des clubs de football. Les huis clos vécus en début de
saison et qui font leur retour ne
vont pas arranger les choses, privant
les clubs de recettes non négligeables. C’est notamment le cas en D1B,
encore plus pour un club comme le
RWDM, qui vit sans le soutien de riches investisseurs étrangers.
Thierry Dailly, comment un club
comme le RWDM, sans apport de
capitaux étrangers, traverse-t-il la
crise actuelle ?
“Un club de football, c’est une
entreprise, avec des recettes et des
dépenses. Que l’on puisse compter sur le soutien d’un milliardaire ne changera rien au fait
qu’une perte reste une perte et
que, pour l’éponger, il faut réinvestir de l’argent. Et, que l’on soit
Tony Bloom, Marc Coucke ou
Thierry Dailly, cela restera une
perte. Tous les clubs sont confrontés à cette réalité mais le petit
avantage que nous avons au RWDM,
c’est que nous avons bouclé la saison
avec un bilan positif pour la cinquième fois de suite. Je suis très à
cheval sur la gestion financière et,
aujourd’hui, le RWDM est un club
sain.”
Mais depuis cet été les recettes sont
pratiquement réduites à néant. Peut-on
déjà chiffrer le montant de la perte ?
“Depuis juillet, nous avons des pertes
d’exploitation,
soit le manque à gagner. Les huis clos,
par exemple, sont synonymes d’aucune
rentrée sur le ticketing, les boissons et
les réceptions. Si on retire les abonnements, c’est zéro euro de recettes. Pour
donner une idée de prix, un match
comme celui face à l’Union, disputé
devant une assistance réduite, c’est un
manque à gagner de 100 000 €. Et ça,
c’est de l’argent que nous ne récupérerons plus.”
Quelles sont les solutions possibles
pour combler ce manque à gagner ?
“Nous devrons trouver des solutions
extraordinaires, comme l’arrivée de
nouveaux sponsors. Mais,
comme tous
les secteurs
sont touchés,
nous savons que ce sera une mission
compliquée. Du coup, nous devrons
peut-être vendre l’un ou l’autre joueur
en janvier ou en juin pour combler la
perte. Et, d’après mes prévisions, cette
perte devrait se chiffrer à 300 000 €
d’ici quelques mois.”
Vous nous aviez parlé de plan A et de
plan B concernant votre budget au temps
du Covid-19. C’est toujours le cas ?
“Aujourd’hui, je suis au plan D. Nous
avions établi un budget en janvier,
avant le corona. Et puis nous l’avons
ajusté en juin à la sortie du confinement et encore une fois en août avec les
huis clos. Aujourd’hui, il faut de nouveau le réajuster avec le retour des huis
clos. Sans oublier que nous avons perdu
six-sept sponsors en cours de route.”
Vous craignez l’avenir ?
“Si nous n’étions pas un club sain,
oui, j’aurais des craintes. Mais craindre
l’avenir, c’est une grande chose. Disons
que je suis inquiet. Mais il faut l’être.
C’est ce qui vous pousse à réagir, à vous
remettre en question. J’ai traversé
plusieurs crises avec mes sociétés par le
passé ; je suis parvenu à les traverser
en jouant la carte de la prudence et je
reproduis ce schéma avec le RWDM.”
De riches investisseurs
pour traverser
la tempête.
En D1B, tous les clubs ne semblent pas égaux
face à la crise. Certes, tous enregistreront des pertes suite à l’absence de public dans les stades et au
manque à gagner qui en découle, mais certains clubs
peuvent compter sur le soutien financier de grosses fortunes pour traverser l’orage.
Westerlo est aux mains d’un riche propriétaire turc, Lommel a rejoint l’empire du City Football Group, le propriétaire de Manchester City, alors que l’Union saint-gilloise
peut compter sur la puissance financière de Tony Bloom.
Seraing, actuel leader de la D1B, devenu club satellite du
FC Metz, peut compter sur le soutien du club français, et ce
à tous les niveaux. Deinze fait quant à lui figure d’exception
mais peut compter sur la richesse de son président pour traverser la tempête, ce qui n’est pas le cas d’un club comme le
Lierse, en pleine renaissance.