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Amicaux d’avant-saison :le sens de la fête s’évapore

De plus en plus de grands clubs préfèrent organiser
leurs matchs de préparation à huis clos.
Et tant pis pour la proximité.

J

uin 2016 : à quatre jours d’in-
tervalle, les trois clubs les plus

titrés du pays disputent tous
un amical d’avant-saison sur
le terrain d’un “petit” club, parfois
voisin. Tilleur (D3 amateurs), pour le
Standard ; Audenarde (D1 amateurs)

pour Anderlecht et Torhout (D2 ama-
teurs) pour Bruges. Un stade complet

ou presque et de beaux souvenirs :
c’est la fête au village. Six ans plus
tard, la pratique s’estompe de plus en
plus. Si certains clubs, comme Genk
ou Gand, gardent la tradition intacte,

pour d’autres membres du G5, se dé-
placer dans les environs ou la région

n’est plus vu comme une nécessité.
Pire, pour leurs supporters les plus

fidèles : il y a de plus en plus de ren-
contres à huis clos. “Off the record”,

on reconnaît que le Covid a renforcé
la tendance. “Il n’était pas concevable

d’accueillir du public pendant la pandé-
mie… et, finalement, on se rend compte

que c’est plus simple à organiser comme

ça”, nous glisse-t-on.

Pourtant, à l’image du match Re-
becq – Union organisé il y a deux se-
maines sur la belle pelouse du pen-
sionnaire de D2 amateurs, tout le

monde peut y trouver son compte. Le

“grand” peut faire tourner son effec-
tif contre une opposition moins rele-
vée. Le “petit” fait recette. “C’était un

bonheur pour nous de pouvoir accueillir

une telle affiche”, explique Thierry De-
molie, le président du club braban-
çon. “Bien sûr, lorsqu’il s’agit d’une

équipe pro, il faut que la commune
donne son accord ; mobiliser policiers et

stewards ; avoir des zones pour les sup-
porters des deux équipes.”

Ce n’est pas toujours évident. On a
d’ailleurs failli fermer les guichets le
jour de la rencontre. “On ne voulait
pas se retrouver avec 1 500 supporters
présents sur place alors qu’on a 1 200
places, poursuit le président. Mais,
quand on a vu que le nombre de tickets
partis en prévente n’était pas trop

grand, la police a donné son accord
pour qu’on en vende le jour J.”
Au final, le stade était quasiment

comble et la rencontre a été une réus-
site (victoire 1-3 de l’Union).

C’est aussi une belle rentrée pour
les caisses du club amateur. “Notre
moyenne en saison est plutôt de 150
spectateurs et, ici, on était à 1 000, dont
800 entrées payantes. Oui, c’est aussi

une rentrée d’argent bienvenue. Ac-
cueillir une D1 était une première. Merci

à l’Union. Il se pourrait bien qu’on re-
mette le couvert l’année prochaine.”

. Risque de débordements

D’autres laissent tomber, notam-
ment à cause des risques liés à ces

matchs moins encadrés que ceux du
championnat. À Rebecq, une poignée
de supporters du RWDM venus sur
place ont failli en venir aux mains
avec des fans de l’Union, mais ils en
sont restés à des invectives à distance.
Du côté du Standard, on a disputé

un amical à Manage devant des tribu-
nes bien remplies, avant des matchs

contre Saint-Trond et le RWDM à gui-
chets fermés au centre d’entraîne-
ment, puis deux matchs en stage à

nouveau en petit comité.

Anderlecht, lui, ne disputera qu’un
seul match avec public de toute sa
préparation : celui contre Lyon, au

Lotto Park. “Organiser un amical nous-
mêmes avec public demande de prévoir

des stewards, de la billetterie, de la sécu-
rité, etc. C’est toute une préparation. Par

ailleurs, il y a deux semaines, un match
était prévu à Roda avec public mais a
été annulé deux jours avant sur décision
du bourgmestre néerlandais”, explique
Mathias Declercq, porte-parole du
Sporting.

Il faut dire qu’il y a pas mal de sup-
porters ‘anti’ aux Pays-Bas qui se dé-
placent juste pour affronter des sup-
porters de clubs de chez nous. Les

autorités néerlandaises demandent
d’ailleurs régulièrement aux clubs
belges en stage d’en dire le moins
possible et ceux-ci gardent parfois la

localisation exacte d’un amical se-
crète pour la presse jusqu’à deux heu-
res du coup d’envoi.

. Youtube, l’autre tendance
Tous ne fonctionnent pas de la
sorte. Charleroi a disputé tous ses
premiers matchs devant supporters,
même si celui face à Seraing s’est joué

à huis clos au centre national de Tu-
bize. À l’inverse, l’Antwerp n’a joué

aucun match de préparation avec pu-
blic cet été. Bruges, aussi, a organisé

tous ses amicaux à huis clos. Au Club,
on dit préférer jouer ces rencontres
au centre d’entraînement, où tout est

disponible sur place, mais où ac-
cueillir les supporters n’est pas possi-
ble. On rappelle qu’une journée pour

les fans sera organisée le 31 août et
que les amicaux sont retransmis sur
YouTube. Une réalité qui ne ravira pas
tous ceux qui aiment être présents en
bord de terrain, mais qui en satisfera
peut-être d’autres.
Le “livestream” prend d’ailleurs de
plus en plus de place chez les clubs
les plus populaires. C’est le cas au
Standard et à Anderlecht également.

“On a lancé il y a un mois notre plate-
forme télévisée, Mauve TV, où on peut

voir les amicaux en direct commentés
en deux langues et d’autres vidéos
comme des interviews, etc. Elle est

payante : 25 € par an, ce qui nous sem-
ble être un prix raisonnable”, explique

Mathias Declercq.
Une offre plus “2022”, mais moins
festive, probablement.

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