Koki Machida, l’international japonais
de l’Union Saint-Gilloise, enchaîne
enfin les matchs… et les mots d’anglais.
J
e suis un peu nerveux
mais cela va aller” : le
sourire aux lèvres,
Koki Machida se lance pour
la première fois dans une
interview en anglais. Celui
qui ne parlait que quel-
ques mots de la langue de
Shakespeare à son arrivée à
l’Union en janvier 2022 a
fait des progrès impres-
sionnants en peu de temps.
“J’apprends l’anglais via l’ap-
plication ‘Duolingo’ que j’uti-
lise tous les jours, explique-
t-il depuis Lier où il habite
seul. C’est difficile pour les
joueurs japonais de parler
anglais mais nous devons
nous adapter. C’est impor-
tant de pouvoir communi-
quer avec mes coéquipiers et
le coach. J’apprends aussi le
français mais (il se met à
parler français)… Je ne
parle pas bien français (sou-
rire).”
Sur le terrain, Machida a
aussi passé un cap ces der-
niers mois. Remplaçant
sous Mazzù puis blessé du-
rant six mois avec Geraerts,
l’international japonais de
26 ans est enfin titulaire
sous les ordres de Blessin.
L’occasion de discuter pour
la première fois de ses étu-
des, de son adaptation dif-
ficile mais aussi de ses dé-
buts en équipe nationale et
de son rêve de titre avec
l’Union. “Et je ferai en sorte
de parler encore mieux an-
glais la prochaine fois !”
SA JEUNESSE
AU JAPON
Machida n’a joué que
pour deux clubs dans sa
carrière : l’Union et
Kashima Antlers. C’est dans
ce club de l’est du Japon, à
une centaine de kilomètres
de Tokyo, que le défenseur
a fait toutes ses classes
avant d’y jouer 116 matchs
avec l’équipe première.
“J’ai commencé le football
à l’âge de cinq ans. Mes pa-
rents travaillaient beaucoup
durant mon enfance ; donc, il
fallait me trouver une acti-
vité. J’ai très vite accroché à
ce sport et j’ai ensuite rejoint
l’Académie de Kashima Ant-
lers à partir des U12. Au Ja-
pon, les footballeurs profes-
sionnels font fréquemment
des études universitaires.
Personnellement, j’ai étudié
durant six ans les sciences
humaines via des cours en li-
gne. J’ai été diplômé la sai-
son dernière après avoir fait
ma thèse sur les ischios et en
faisant des tests sur mon pro-
pre corps. C’était important
d’avoir un diplôme universi-
taire car la carrière d’un foot-
. Titulaire à Anfield, Machida enchaîne les matchs à gauche de la défense centrale. © PHOTO NEWS
balleur est très courte. Je ne
sais pas si je travaillerai
dans ce secteur après ma car-
rière mais cela m’apprend
déjà beaucoup dans ma pro-
pre vie. Peut-être que j’aide-
rai les joueurs sur l’aspect
mental d’une carrière.”
SON ADAPTATION
DIFFICILE ET
SA BLESSURE
C’est en janvier 2022 que
Koki Machida signe à
l’Union sous la forme d’un
prêt d’un an et demi avec
une option d’achat insérée
dans le contrat. Une option
qui sera finalement levée
en mars dernier pour la
somme d’environ un mil-
lion d’euros. Mais, avant
cela, le Japonais n’a pas
connu que des moments
faciles à Bruxelles. Après
des problèmes pour obte-
nir son permis de travail, il
a dû faire face à la concur-
rence de Siebe Van der Hey-
den avant de se blesser gra-
vement lors du premier
match amical de la prépa-
ration de la saison 2022-
2023.
“Mon adaptation a été dif-
ficile car il y a une grande
différence de culture entre le
Japon et la Belgique. L’état
d’esprit est totalement diffé-
rent même si mon adapta-
tion a été facilitée par la
grande ouverture des Belges.
Il y avait aussi une grande
différence d’intensité durant
les entraînements par rap-
port à ce que je connaissais
au Japon. Après une demi-
saison (NdlR : huit titulari-
sations), je me suis blessé
aux ischios durant la prépa-
ration. Cela a été très difficile
à vivre d’être sur la touche
durant six mois. C’était
d’autant plus dur que ma fa-
mille et mes amis étaient au
Japon. J’étais souvent seul, je
m’entraînais individuelle-
ment au centre d’entraîne-
ment et je mettais toute mon
énergie dans ma revalida-
tion. Quand je suis revenu, le
coach avait une préférence
pour Siebe Van der Heyden
qui enchaînait les matchs.
J’ai rapidement mis mon fo-
cus sur le début de la nou-
velle saison. Mes coéquipiers
m’ont beaucoup aidé en me
disant que l’équipe avait be-
soin de moi. En dehors des
terrains, je suis très proche
de Dennis Eckert Ayensa qui
aime la culture japonaise.
Nous allons souvent manger
des sushis ensemble. Pour le
reste, ma famille et ma co-
pine viennent parfois en Bel-
gique et je passe aussi du
temps avec les nombreux
joueurs japonais du cham-
pionnat.”
SON STATUT
DE TITULAIRE
Depuis la prise de fonc-
tions d’Alexander Blessin,
Koki Machida a enfin le sta-
tut de titulaire indiscuta-
ble à gauche de la défense
centrale unioniste. Le
joueur de 26 ans n’a raté
que quatre rencontres
dont trois à cause d’une
blessure et une autre
quand l’entraîneur a dé-
cidé de faire tourner son
onze de base. Actuelle-
ment, Machida a plusieurs
longueurs d’avance sur son
concurrent Fedde Leysen
qui doit souvent prendre
place en tribune pendant
les matchs.
“Je suis content de pouvoir
enchaîner les rencontres
d’autant que nous sommes
dans une spirale positive. Je
suis content de mes perfor-
mances et je pense avoir évo-
lué depuis mon arrivée, sur-
tout en termes d’intensité et
dans les duels défensifs.
J’aime beaucoup la philoso-
phie du coach qui veut qu’on
presse très haut sur le terrain
avec un style de jeu agressif.
Beaucoup de joueurs ont
quitté le club cet été mais la
tactique claire de l’entraî-
neur a permis de repartir sur
de bonnes bases. Personnel-
lement, j’ai pu signer un nou-
veau contrat (NdlR : jus-
qu’en juin 2026). Ce n’était
pas une décision très difficile
à prendre. De l’intérêt cet
été ? J’ai vu passer quelques
noms de clubs dans les jour-
naux mais je ne sais pas si
c’était vrai (sourire). Je vou-
lais de toute façon me con-
centrer sur l’Union avec qui
je peux jouer l’Europa Lea-
gue et le haut du tableau en
Belgique. Mon objectif per-
sonnel est clair cette saison,
c’est d’être champion. J’étais
tellement triste après le
match face à Bruges en fin de
saison dernière ; nous vou-
lons désormais réussir à faire
mieux.”
L’EUROPA LEAGUE
Machida garde un souve-
nir mitigé du parcours
européen de l’Union la sai-
son dernière. Si le club réa-
lisait des merveilles, en
réussissant à se qualifier
jusqu’en quarts de finale
de l’Europa League, le dé-
fenseur central n’aura joué
qu’un seul match, face au
Bayer Leverkusen. Cette sai-
son, il se rattrape puisqu’il
a été titulaire à deux repri-
ses face à Lugano et contre
Liverpool ne ratant que la
réception de Toulouse à
cause d’une blessure.
“C’était difficile à vivre le
fait de devoir rester en tribu-
nes durant le beau parcours
européen de l’Union la sai-
son dernière. Je faisais de
mon mieux pour supporter
l’équipe vu que je ne pouvais
pas l’aider sur le terrain. Je
suis donc content de pouvoir
enfin jouer un rôle important
en Europe cette saison. Le
match à Anfield était magi-
que, l’ambiance était in-
croyable face à un des plus
grands clubs du monde. Cela
m’a aussi fait plaisir de jouer
contre Wataru Endo (NdlR :
Japonais passé par Saint-
Trond) avec qui j’ai échangé
mon maillot à la fin de la
rencontre. Le match de ce
jeudi face à Linz sera très im-
portant pour notre futur
européen, il faudra être bien
préparés.”
L’ÉQUIPE
NATIONALE
JAPONAISE
Durant l’été 2021, Ma-
chida a pu réaliser l’un de
ses rêves en portant le
maillot japonais lors des JO
de Tokyo. Mais l’Unioniste
n’avait encore jamais joué
pour l’équipe première.
C’est désormais chose faite
depuis septembre dernier
avec une première titulari-
sation face à la Turquie
avant deux nouvelles appa-
ritions, face au Canada et à
la Tunisie, lors de la der-
nière trêve internationale.
“J’étais tellement content
de pouvoir porter le maillot
de l’équipe nationale
d’autant que mon premier
match s’est joué à Genk. J’ai
pu jouer aux côtés de Tomi-
yasu, joueur d’Arsenal,
auprès duquel j’ai beaucoup
à apprendre. J’ai aussi évolué
avec Kaoru Mitoma avec qui
je suis parfois en contact.
Nous parlons de Brighton et
de l’Union. Il a été très surpris
des performances de l’Union
la saison dernière, surtout en
Europa League. Lors du der-
nier rassemblement, il m’a
parlé de sa situation et m’a
expliqué être très content à
Brighton. Je ne sais donc pas
s’il voulait être transféré à
Manchester City ou dans un
autre grand club (sourire).
C’est un exemple pour moi et
j’espère pouvoir un jour évo-
luer dans un des cinq grands
championnats. J’aime sur-
tout la Premier League et la
Bundesliga car de nombreux
Japonais évoluent là-bas
mais je n’ai pas une équipe
de prédilection en particulier.
Je regarde surtout les matchs
de Brighton pour voir Mi-
toma et Adingra. Mon objec-
tif est de pouvoir jouer la pro-
chaine Coupe du monde en
2026 avec le Japon.”
Plus de regrets, cette fois
Après deux rencontres européennes
entamées par le mauvais bout, l’Union doit
livrer un match plein pour signer un 1er succès.
V
oici venu le moment
de l’année où le ther-
momètre chute peu à
peu et la pluie s’invite dans
le quotidien. Les chaleurs
estivales sont définitive-
ment derrière nous et les
matchs européens de mi-
lieu de semaine goûtent de
plus en plus l’hiver. Mais si
l’Union Saint-Gilloise veut
revivre sa formidable épo-
pée continentale de la sai-
son passée et retrouver les
joies de l’Europa League au
printemps, c’est mainte-
nant que ça se joue. Les
deux confrontations qui
l’attendent face à LASK, ce
jeudi soir et dans quinze
jours en Autriche, sont des
tournants à cet égard. En
gérant bien leur affaire, les
Bruxellois devraient virer à
la deuxième place avant de
se rendre au TFC idéale-
ment en position de force,
lors de la cinquième jour-
née, puis de recevoir les
Reds pour conclure.
. Un LASK
en progression
Mais attention, le club de
Linz a beau être perçu
comme le petit morceau
du groupe E, il ne faudrait
pas oublier qu’il était versé
dans le deuxième chapeau
au moment du tirage et
que cette équipe dégage
une impression de montée
en puissance, après avoir
perdu de façon imméritée
à Toulouse (1-0) et avoir do-
miné le géant local du Red
Bull Salzbourg (0-1), le
week-end passé. “C’est clair,
appuie Alexander Blessin.
LASK voulait franchir un pa-
lier après une belle saison
2022-23 pour chasser dans la
cour de Salzbourg et Sturm
Graz, ce qui est le cas. Cette
équipe a peut-être eu des pro-
blèmes d’adaptation en dé-
but de saison, en cherchant
son système de jeu, mais elle
joue de mieux en mieux, bien
même, surtout ces dernières
semaines. Elle arrive en
ayant fait le plein de con-
fiance, mais on le sait, et ce
sera un gros combat.”
Un combat qu’il faudra
attaquer par le bon bout,
cette fois. Car si Anthony
Moris et les siens n’ont plus
été menés au score en
championnat depuis un
long moment, enchaînant
cinq succès consécutifs,
c’est une autre histoire, les
jeudis soir. Suite à une pre-
mière mi-temps “de merde”
contre Toulouse, dixit Bles-
sin, les Jaune et Bleu
avaient dû courir après le
score, signant un nul frus-
trant pour cette première à
domicile (1-1). “En repensant
à ce match, on était nerveux,
analyse avec le recul le T1 al-
lemand. La pelouse n’était
pas terrible non plus, ce qui
compliquait la circulation de
balle ; elle me semble être
meilleure d’ailleurs.” Ce qui
fera plaisir au Sporting
d’Anderlecht, dont le stade
“domicile” de l’Union en
Coupe d’Europe, devrait ac-
cueillir 14 000 spectateurs,
ce soir, 2 000 de plus que
face aux Français.
Le match à Liverpool
n’avait pas été le meilleur
de l’Union, lui non plus.
“C’était un peu pareil contre
Liverpool, même si vous sa-
vez que vous n’allez pas avoir
la possession à Anfield. Mais
cela avait été meilleur en se-
conde période et on aurait
peut-être pu prendre un
point”, rembobine le T1. Sor-
tir du troisième rendez-
vous européen de ce
jeudi 26 avec de nouveaux
regrets serait malvenu et
compliquerait nettement
la tâche des Unionistes en
vue du top 2 d’un groupe
dont la première place
semble promise à Liver-
pool.
“Cette fois, à la maison, on
veut montrer toutes nos qua-
lités, poursuit l’Allemand.
On devra s’appuyer sur la
confiance emmagasinée en
championnat.”
“On était positionnés un
peu trop bas contre Liver-
pool, il faudra montrer du
courage et tenir davantage le
ballon pour essayer de créer
plus d’occasions qu’à An-
field”, estime le médian
norvégien, Mathias Ras-
mussen.
. Le même sérieux
qu’en championnat
face aux “petits”
Cela devra se faire sans
Gustaf Nilsson, puisque
l’attaquant suédois, tra-
vailleur et efficace, est sur
la touche pour quelques se-
maines. Mais l’Union a de
la ressource avec d’autres
buteurs. Blessin tempère,
toutefois, sur l’approche à
avoir de la rencontre : “Il ne
s’agira pas d’aller chercher la
victoire sur les dix premières
minutes, mais de gagner sur
90.” Reste à bien commen-
cer, tout de même, cette
fois.
Et ne pas tomber dans un
travers que l’Union a tou-
jours évité jusqu’ici, en
championnat : afficher de
la suffisance à l’égard du
supposé “petit”. “Pour moi,
peu importe que ce soit Tou-
louse, Liverpool ou LASK en
face : un match européen,
c’est toujours une affiche”,
conclut Blessin. Pour en
disputer d’autres en février
et en mars, gagner celle-ci
serait une bonne idée.