Cameron Puertas est l’homme en forme des
Bruxellois qui se déplacent à Anfield Road
ce jeudi soir. Le Suisse raconte une ascension
qui était loin d’être écrite.
L
a scène se produit ré-
gulièrement quand
Cameron Puertas est
filmé par l’équipe commu-
nication de l’Union après
les victoires du club bruxel-
lois. Le milieu de terrain de
25 ans, le doigt sur la tempe
et sourire aux lèvres, s’ap-
proche de la caméra et ré-
pète en boucle une phrase,
devenu sa marque de fabri-
que : “Ils croyaient que, ils
croyaient que !”
Trois mots qui montrent
le chemin parcouru par ce-
lui passé en peu de temps
du statut de remplaçant
sous Geraerts à celui de lea-
der de l’équipe de Blessin.
“Cette phrase colle bien à ma
situation actuelle, résume
celui qui a un pied dans 41 %
des buts de l’Union. Beau-
coup de gens ne croyaient pas
en moi quand j’étais enfant.
Mais si tu crois en toi-même,
cela finit toujours par fonc-
tionner.”
Ce jeudi soir, en montant
sur le terrain d’Anfield, le
joueur originaire de Lau-
sanne pensera certaine-
ment à cette phrase et à
tous les sacrifices réalisés
pour toucher à son rêve. En-
tretien avec celui qui a les
qualités pour faire oublier
Teddy Teuma.
À quoi avez-vous pensé quand
vous avez su que l’Union
allait affronter Liverpool ?
“J’ai été directement rempli
d’émotions. Quand tu es
enfant, tu rêves d’affronter ce
genre d’équipes dans des
stades mythiques comme
Anfield. Liverpool est un des
plus grands noms de l’his-
toire du football et pouvoir
affronter cette équipe avec
un club comme l’Union, c’est
quelque chose d’énorme.
Pour les joueurs mais aussi
pour les membres du staff, ce
sera le plus beau moment de
notre carrière.”
Étiez-vous un fan du football
anglais dans votre jeunesse ?
“J’ai toujours regardé la
Premier League et je la
regarde encore maintenant.
Tous les joueurs de football
devraient s’inspirer de ce qui
se fait dans le championnat
anglais. En tant que footbal-
leur, le rêve ultime est de
jouer là-bas. Personnelle-
ment, j’ai toujours été fan du
Real Madrid mais j’ai beau-
coup suivi Liverpool car
Fernando Torres y a joué
(NdlR : Puertas est d’origine
espagnole). Mais je n’ai
jamais eu de maillot de lui
dans ma jeunesse.”
Quel est le joueur actuel des
Reds qui vous fait le plus
rêver ?
“Thiago Alcantara, sans
aucune discussion. C’est un
joueur qui m’a beaucoup
inspiré depuis toujours.
J’adore son aisance techni-
que, ses prises de balles
orientées, sa vista ou encore
son passing. Malheureuse-
ment, il est blessé donc je ne
pourrai pas jouer contre lui.
J’avais déjà demandé à Kevin
Mac Allister qu’il contacte
son frère (NdlR : Alexis,
joueur de Liverpool) pour
qu’il demande à Alcantara de
me donner son maillot. Mais
vu qu’il ne jouera pas, ce sera
compliqué. Pour le moment,
je n’ai échangé mon maillot
qu’avec des joueurs que je
connaissais mais je le ferai
jeudi. Je verrai après la
rencontre avec qui j’échange-
rai le mien.”
Avez-vous eu beaucoup de
demandes d’amis pour assis-
ter au match ?
“Énormément (sourire).
Via le club, j’ai réussi à avoir
une vingtaine de tickets pour
ma famille et mes amis. J’ai
aussi d’autres proches qui
ont acheté leurs tickets de
leur côté. C’est une fierté
pour eux de savoir que je
vais jouer contre des joueurs
qu’on regarde tous les week-
ends à la télévision. Il n’y a
que des grands noms de
joueurs qu’on admire…”
Jouer en Premier League est
un rêve ?
“En tant que footballeur
professionnel, il faut toujours
se fixer des objectifs élevés.
L’Angleterre est le rêve de
tout footballeur qui a de
grandes ambitions. Jouer en
Premier League est dans un
coin de ma tête mais je n’en
fais pas une obsession.
J’essaye d’abord de me focali-
ser sur mes performances.”
Quel regard portez-vous sur
votre parcours, du statut de
remplaçant à l’Union la
saison dernière à celui de
titulaire à Anfield ?
“C’est la preuve que le
travail finit toujours par
payer. Si vous saviez tous les
sacrifices que j’ai réalisés
pour y arriver… C’est magni-
fique de se dire qu’après cinq
ans de football professionnel,
je peux jouer un match
d’Europa League à Anfield. Il
n’y a pas de secrets : quand
on travaille avec sérieux, on
finit toujours par atteindre
ses objectifs.”
Vous êtes déjà à 9 actions
décisives en 12 matchs cette
saison. Vous n’étiez qu’à 6
actions décisives en 56 ren-
contres avec l’Union avant le
début de la saison…
“Je n’ai pas souvent reçu la
chance de montrer toutes
mes qualités, surtout offensi-
ves, la saison dernière. Deux
buts et sept assists, c’est bien
mais ce n’est que le début. Je
ne me fixe pas d’objectifs
chiffrés, je préfère être perfor-
mant sur le terrain match
après match plutôt que
penser aux chiffres. Même s’il
faut garder les pieds sur
terre, je pense qu’on peut
toujours faire plus. Semaine
après semaine, je veux mon-
trer une autre face de moi. Je
travaille vraiment dur aux
entraînements pour être
performant le week-end.”
Étiez-vous frustré de votre
temps de jeu en fin de saison
dernière ?
“Oui, clairement. Je n’étais
pas satisfait de ma situation
personnelle mais nous avi-
ons une équipe qui gagnait
avec des bons joueurs à ma
position. Je ne pouvais que
prendre mon mal en pa-
tience. Plutôt que de tout
lâcher, j’ai continué à tra-
vailler et cette situation
négative m’a finalement
aidé. J’ai transformé toute la
frustration que j’avais en moi
en réelle force. Je ne me suis
pas laissé abattre et cela se
voit actuellement avec mes
performances sur le terrain.”
Avez-vous envisagé un départ
cet été ?
“J’ai eu une discussion
avec le directeur sportif, Chris
O’Loughlin, qui était cons-
cient de ma situation. Il m’a
dit de voir comment cela
allait se passer avec le nou-
veau coach. Et si cela ne se
passait pas bien, on allait
faire en sorte de trouver une
solution pour toutes les
parties. Au bout d’une se-
maine, j’ai directement senti
que le contact passait super
bien avec le nouveau coach
donc je ne me suis pas pris la
tête avec un départ. Cela va
tout seul quand tu sais que le
coach compte sur toi et c’est
ce qu’il m’a manqué dans le
passé.”
Peut-on dire que vous êtes en
train de devenir le successeur
de Teddy Teuma ?
“C’est difficile de succéder
à Teddy quand on voit tout ce
qu’il a apporté à l’Union. Je
signe directement pour faire
aussi bien que lui. Dès mon
premier jour à l’Union,
Teuma a joué ce rôle de
grand frère avec moi. Nous
étions souvent ensemble,
dans les vestiaires et même
en dehors du football. Il m’a
toujours dit de prendre sur
moi, que mon tour allait
venir et que ce n’était qu’une
question de temps. J’ai su
rester à l’écoute et cela a fini
par payer. On ne rencontre
pas tous les jours des amis
comme lui dans le milieu du
football.”
Êtes-vous toujours en contact
avec lui ?
“On se parle tous les jours.
Il est content de mes perfor-
mances et me dit que mon
tout bon début de saison ne
l’étonne pas du tout. Liver-
pool ? Il n’est pas dégoûté de
rater le déplacement, il est
surtout content pour nous. Il
peut aussi être fier car c’est
en partie grâce à l’équipe de
la saison dernière que nous
allons à Anfield. Des joueurs
comme Teuma ou Kandouss
ont une part de responsabili-
tés là-dedans.”
Quels doivent être les objec-
tifs de l’Union cette saison ?
“Comme chaque saison,
nous voulons aller le plus
loin possible en championnat
sans se prendre la tête. Le
premier objectif sera de se
qualifier pour les Champions
Playoffs et nous verrons
ensuite ce qu’il est possible
d’aller chercher. En Europa
League, nous pouvons es-
sayer de faire un parcours
aussi incroyable que la
saison dernière. Ce n’est
peut-être que le début de la
saison mais nous sommes
sur la bonne voie.”
L’équipe actuelle est-elle
nécessairement moins forte
qu’il y a un an ?
“L’année passée, les gens
disaient que l’équipe était
moins forte qu’il y a deux
ans. Aujourd’hui, ils tiennent
le même discours. Personnel-
lement, je ne dirais pas qu’il
y a un groupe meilleur ou
moins fort que l’autre. La
différence actuelle est que
tout le monde est concerné, il
n’y a pas un joueur qui est
mis de côté. C’est notre
grande force et ce sera utile
vu l’enchaînement des
matchs.”
Vous attendiez-vous à des
débuts aussi étincelants de la
part d’Amoura que vous avez
pris sous votre aile depuis
son arrivée ?
“Je le connaissais un peu
car j’avais déjà joué contre
lui en Suisse. C’est une bonne
personne avec qui je me suis
directement bien entendu.
J’ai essayé de le mettre à
l’aise le plus rapidement
possible mais les bons
joueurs n’ont de toute façon
pas besoin de 15 000 matchs
d’adaptation. On voit qu’il
sait se créer des occasions
tout seul grâce à sa vitesse,
sa percussion et sa fougue. Je
pense qu’il va mettre de
nombreux buts cette sai-
son…”
Vu votre bon début de saison,
pensez-vous à l’équipe natio-
nale suisse ?
“J’ai toujours un problème
qui m’empêche d’avoir mon
passeport suisse donc je ne
suis pas sélectionnable.
J’avais eu un retrait de per-
mis en Suisse puis j’ai eu une
autre infraction routière qui
a fait sauter mon sursis. Cela
a ouvert mon casier judi-
ciaire et je n’ai donc pas
droit à mon passeport suisse.
Je dois encore attendre fin
2026 pour que le problème
soit réglé. C’est une frustra-
tion mais cela fait partie de
mon histoire. À moi de rester
performant le plus long-
temps possible pour peut-
être porter un jour le maillot
de la sélection.”
“Montrons nos qualités,
nous n’avons rien à perdre”
Les Bruxellois se sont entraînés
mercredi soir à Anfield.
L
es sourires étaient
sur tous les visages
des joueurs de
l’Union, ce mercredi soir,
quand ils sont montés
pour la première fois sur la
pelouse d’Anfield. À
24 heures d’un moment
historique pour le club, les
hommes d’Alexander Bles-
sin se sont entraînés sous
les applaudissements de la
délégation bruxelloise et
sous le regard de la direc-
tion au grand complet
(Muzio, Bormans et O’Lou-
ghlin).
Cela ne sera évidemment
rien comparé à ce qui les
attend ce jeudi soir lors-
qu’ils feront face à l’ogre
anglais qui n’a connu
qu’une seule fois la défaite
cette saison, samedi der-
nier face à Tottenham (2-1).
“Vous voyez avec le sourire
sur mon visage qu’on est
tous heureux d’être là, expli-
quait Alexander Blessin
quelques minutes avant
l’entraînement. C’est un
gros événement lors duquel il
faudra un jour vraiment par-
fait de notre côté et un jour
vraiment mauvais du leur
pour espérer un résultat. Si
les deux vont ensemble, nous
aurons peut-être une chance.
Nous sommes en confiance
grâce à nos résultats en
championnat mais cela ne
suffira pas face à Liverpool.
Ce match sort de notre tra-
vail quotidien. Il s’agit d’un
momentum un peu hors du
temps que les garçons méri-
tent de jouer. Je suis con-
vaincu qu’on montrera un
beau visage.”
Reste à voir comment
tenter de faire mal à cette
équipe qui, malgré la non-
titularisation de plusieurs
cadres, restera d’un niveau
totalement incroyable.
L’Union tentera de conti-
nuer sur sa lancée du week-
end dernier où elle a réussi
à faire mal à trois reprises
sur une phase arrêtée. C’est
d’ailleurs sur corner que Li-
verpool a encaissé son seul
but face à LASK Linz. “C’est
sur ce genre de situations
qu’on devra créer des oppor-
tunités de but, continuait
Blessin. Cela peut être une
arme mais, dans un match
aussi intense, tout dépendra
surtout de la structure de no-
tre bloc. La façon avec la-
quelle nous agirons à la récu-
pération du ballon sera aussi
importante. À nous d’utiliser
nos forces pour essayer de
faire mal en jouant rapide-
ment une fois le cuir récu-
péré. Nous n’avons rien à
perdre et j’espère qu’on mon-
trera toutes nos qualités.”
Quelques heures avant
son coach, c’est Philippe
Bormans qui a donné son
avis sur ce match tant at-
tendu par tout un club.
“Nous savons que le combat
n’est pas égal, explique le
CEO du club. S’ils veulent, ils
peuvent aligner l’une des
équipes les plus fortes du
monde ! Tout est possible en
football… mais il faut être
réaliste. On sait que ce sera
très, très, très difficile. Mais
on ne va pas commencer la
rencontre en se disant qu’on
va perdre 5-0 : l’Union n’a pas
l’habitude de jouer un match
en touriste. Il y a trois ans,
personne n’aurait cru faire ce
déplacement et cela devient
désormais réalité. Tous les
membres de l’Union devront
profiter de ce moment même
s’il n’y aura que trois points à
gagner (sourire).”
Klopp : “Très spécial ce que l’Union
fait malgré plusieurs départs”
Liverpool doit se rattraper ce jeudi après sa première défaite
de la saison subie samedi face à Tottenham (2-1). Son entraî-
neur, Jürgen Klopp, veut faire attention à cette équipe de
l’Union qu’il a pu analyser à plusieurs reprises. “Nous de-
vrons jouer à notre niveau contre cette équipe qui est en tête
de son championnat, expliquait le coach allemand. C’est très
spécial ce qu’ils font malgré plusieurs départs de joueurs
clés cet été et sont invaincus en Europe depuis un certain
temps. À nous de bien nous servir de la défaite face aux
Spurs.” Le duel entre Liverpool et l’Union sera aussi la ren-
contre entre Alexis Mac Allister d’un côté et son frère Kevin de
l’autre. “Ce sera un grand moment pour les deux, avançait
Klopp qui pourrait toutefois laisser Alexis sur le banc au coup
d’envoi. Ils vont pouvoir s’affronter devant toute leur famille,
ce qui est toujours très spécial. Comme tous les frères, ils
s’aiment et ont dû se battre dans leur enfance. Je n’ai jamais
eu de frère mais deux sœurs et c’était bien assez (sourire).”