VINCENT MILLER
Ancien international argentin, Carlos Mac Allister est aussi le père d’Alexis et Kevin,
qui vont s’affronter ce jeudi lors de Liverpool – Union. Il préface ce duel familial pour nous.
Liverpool – Union, ce jeudi, ce sera Mac Allister contre Mac Allister. Alexis contre Kevin. Le Red face au Jaune et Bleu. Un match spécial pour la famille argentine. Une famille de football, où le ballon rond est encore davantage qu’une passion. «
C’est la vie
», lance Carlos, le père, ancien joueur, équipier de Maradona, qui sera présent dans les tribunes d’Anfield pour assister au premier affrontement entre ses deux plus jeunes fils.
Carlos, deux de vos trois fils, Alexis et Kevin, vont s’affronter ce jeudi, sur la pelouse d’Anfield. Quel sentiment cela vous procure-t-il ?
C’est incroyable. Alexis a déjà joué contre Francis (NDLR
: le frère aîné de la fratrie) et Francis contre Kevin mais ce sera la première confrontation entre Alexis et Kevin. C’est magnifique pour la famille.
Vous serez sur place pour assister à ce premier duel entre eux ?
Oui, je serai à Liverpool ce jeudi soir après avoir assisté au match de Kevin ce dimanche (NDLR
: contre Charleroi). J’étais venu en Belgique lors de sa signature, cet été, mais je ne l’ai pas encore vu jouer. Et Francis sera en Belgique pour le match retour. Ce sera une grande émotion pour tout le monde.
Que pensez-vous des débuts de Kevin sous le maillot de l’Union ?
Il a bien débuté. Et je pense qu’il va devenir encore bien meilleur, il est en train de prendre confiance au fil des matches. Il n’a que vingt-cinq ans et peut bien s’améliorer. Pour moi, il peut jouer encore beaucoup mieux. Quand il aura pris la confiance, quand tout sera bien mis en place, il sera encore plus fort. Son prochain défi, ce sera d’apporter plus offensivement.
Que pensez-vous du choix de Kevin de rejoindre l’Union Saint-Gilloise ?
C’est un bon choix car le style de jeu de l’Union lui convient. C’est un club organisé, qui grandit avec le temps. Et qui joue le même style de jeu que son club précédent d’Argentinos Juniors, avec le même schéma tactique, avec trois défenseurs.
Vous êtes déjà allé voir Alexis à Liverpool ?
Je suis seulement allé à la signature du contrat, comme pour Kevin. Mais je n’ai jamais vu de match sur place. Celui de jeudi sera le premier.
Vous irez avec d’autres personnes ?
Je serai à Liverpool avec mon épouse actuelle. Et puis Francis viendra en Belgique avec sa maman, pour le match retour, au mois de décembre. Il y aura aussi le beau-père de Kevin. Il est l’entraîneur de la sélection du Vénézuela. Personnellement, je ne serai probablement là qu’au match aller car j’ai passé un an à beaucoup voyager. Au-delà de suivre mes trois fils, j’ai un autre travail avec la sélection du Vénézuela. Je les suis lors des éliminatoires, donc je suis très occupé.
Vous avez aussi une académie ?
Oui, nous l’avons créée il y a vingt-cinq ans et elle a grandi petit à petit. Notre objectif est de pouvoir un jour jouer en première division.
Lors de Liverpool-Union, ce jeudi, quelle équipe soutiendrez-vous ?
Non, la première chose que veut un papa, c’est que cela se passe bien pour ses deux fils. Et quand il le faut, voler au secours de celui qui ne va pas bien.
Quelle est la relation entre Kevin et Alexis ? Ils n’ont qu’un an de différence.
En fait, les trois (NDLR
: avec Francis donc) ont grandi ensemble. Imaginez-vous que, entre leurs huit ans et leurs vingt ans, ils se sont entraînés tous les jours ensemble. Tous les jours, ils parlaient de football, des joueurs, des équipes, des entraîneurs. Pour nous, le foot n’est pas seulement notre passion, c’est aussi notre vie.
Maintenant que tous les trois sont loin l’un de l’autre, ont-ils toujours autant de contacts ?
Oui, nous sommes en contact tous les jours. Tous les jours, nous nous écrivons. Tous les jours, nous demandons comment cela se passe avec les coéquipiers, comment se sont passés les entraînements. Par exemple, récemment, Francis a demandé à Kevin comment étaient les terrains en Belgique.
Alexis est-il déjà allé à Bruxelles et Kevin en Angleterre ?
Kevin est déjà allé voir un match à Londres mais Alexis n’est jamais venu en Belgique. Mais ce sera sûrement le cas en fin d’année pour le match retour.
Quelle a été leur réaction lors du tirage au sort, quand ils ont appris qu’ils allaient s’affronter pour la première fois ?
Ils sont continuellement en train de se défier pour savoir qui va gagner. Ils sont compétitifs. Ils se lancent
: «
Prépare-toi, quand tu vas venir ici, ce sera difficile pour toi de gagner. Tu ne vas pas gagner.
» Ils se défient et se lancent des paris.
Cela paraît difficile tout de même de se dire que Kevin pourrait gagner contre Alexis…
On verra, en football tout est possible. À partir du moment où le ballon commence à rouler, tout le monde est au même niveau…
Kevin a vingt-cinq ans. Vous pensez qu’il peut aller encore plus haut que l’Union dans sa carrière ?
Oui, je pense que l’Union peut lui donner la possibilité d’atteindre son niveau maximal et puis de faire un pas en Europe. Mais pour nous, le plus important à l’heure actuelle, c’est l’Union. Car nous voulons aider ce club à se développer. C’est un club qui commence à avoir une petite expérience de la D1 belge et de l’Europe.
La même question pour Alexis. C’est difficile toutefois d’aller plus haut que Liverpool…
Oui mais chaque match qu’il joue va le rendre un peu meilleur encore.
Francis n’est-il pas un peu jaloux de ne pas évoluer en Europe comme ses deux frères mais d’être resté en Argentine ?
Non, au contraire, Francis est très fier que ses deux frères jouent en Europe, qu’ils réussissent et se développent ensemble. C’est le frère aîné, il a toujours eu plus de responsabilités et a toujours dû prendre plus soin d’eux.
Il y a quelques mois, vous êtes allé voir la finale de la Coupe du monde au Qatar. Cela devait être un moment magique pour votre famille non ?
Oui, ce fut un moment incroyable, inoubliable. Tout ce qui s’est passé durant cette Coupe du monde, ce fut vraiment impressionnant. Si quelqu’un rêve de gagner un Mondial, on ne peut pas rêver mieux que cette façon-là de l’emporter. On a donc vraiment savouré ce sacre.
Maintenant, Alexis est considéré comme une légende en Argentine ?
Tous ceux qui ont joué pour la sélection sont des légendes en Argentine. Mais il n’a que vingt-quatre ans et encore beaucoup d’années devant lui. Il ne doit pas se dire qu’il a déjà atteint le plus grand objectif de sa carrière. Il doit maintenant travailler encore pour décrocher d’autres titres.
Pensez-vous que Kevin pourrait un jour être appelé en sélection ou la marche est trop haute pour lui ?
Kevin a déjà été appelé en sélection des moins de 20 ans et des moins de 23 ans. Il a toujours été bon et à la hauteur des événements. Je pense que s’il fait de bonnes saisons avec l’Union, il peut rêver grand.
Ce serait incroyable pour vous d’avoir vos deux fils en sélection…
Ce serait leur mérite, pour avoir rêvé, pour s’être entraîné, pour s’être préparé, pour avoir bien mangé, pour avoir bien dormi, pour avoir été fanatiques de foot, pour avoir regardé tant de rencontres, pour avoir compris tout le processus. Ils méritent leur réussite. Ce n’est pas le fruit du hasard. C’est le résultat de leur travail.
Quel sera le match le plus spécial pour vous : la finale du Mondial ou bien cette rencontre entre vos deux fils ?
La finale, car c’est quelque chose de difficile à répéter. Et qu’on pouvait être derrière une seule équipe et un seul joueur. Ici, ce sera difficile (sourire). On sera tiraillé entre nos deux fils.
Pourquoi votre famille est-elle à ce point impliquée dans le football ?
Notre famille est un cas spécial. Mon frère a notamment joué au Japon. Moi j’ai joué à Boca, au Racing et en sélection (NDLR
: avec Diego Maradona en 1993). Mon neveu Luciano Guaycochea a joué en Malaisie. Mon autre neveu est le chef du scouting du Deportivo Maldonado en Uruguay. Nous avons la passion, ce qui nous permet de tisser des relations un peu partout dans le monde. Notre famille est également liée à la famille Batista, qui a également un champion du monde en son sein
: Sergio Batista, qui est actuellement l’entraîneur de la sélection du Venezuela. Ce sont beaucoup de choses très fortes. Nous sommes une famille du football.
Vous êtes une famille célèbre en Argentine ?
Je dirais plutôt que nous sommes connus. Car le terme «
célèbre
» va plutôt à l’encontre de nos valeurs.