Christian Burgess sent que son équipe
va progresser au fil de la saison et attend
la rencontre à Liverpool avec impatience.
C
hristian Burgess fê-
tera ses 32 ans le 7 oc-
tobre, au surlende-
main d’un retour en Angle-
terre par la grande porte
qui sera forcément particu-
lier pour ce défenseur bri-
tish. Discussion avec un an-
cien qui se plaît toujours
autant à l’Union et qui es-
père que la troisième sera
la bonne, pour décrocher
un trophée majeur.
Christian, on craignait beau-
coup pour l’Union vu tous les
changements cet été, mais
vous êtes quatrièmes avant
ce derby et à nouveau en
poules d’Europa League.
“Notre début de saison est
correct ; ni extraordinaire, ni
affreux. J’aurais préféré
qu’on batte Toulouse, mais
ne pas perdre est positif. En
championnat, on a fait un
bon début (NdlR : avec un
neuf sur neuf) et on a de
mieux en mieux joué au fil
des matchs, avec une très
bonne rencontre contre Genk
qu’on ne méritait pas de
perdre. Il faut laisser du
temps à une équipe où il y a
eu autant de changements.
Mais si vous comparez au
même moment la saison
passée, on ne doit pas être
loin (NdlR : le même nom-
bre après sept journées, en
fait : 13). Il y a un gros poten-
tiel dans l’équipe et de la
place pour progresser.”
Cela vous embête-t-il de ne
plus être à la tête de la
meilleure défense du cham-
pionnat, comme c’était le cas
sous Felice Mazzù ?
“Ce qu’on gagne d’un côté,
on le perd de l’autre. Avoir
une grosse défense empêche
peut-être de marquer plus.
Cela ne me tracasse pas
vraiment tant qu’on prend
les points, même si j’étais
très fier de notre clean sheet
contre le Cercle, dans un
match compliqué.”
Un match avec beaucoup de
longs ballons et de duels.
Vous aimez ce type de ren-
contres, non ?
“En fait, cela dépend de
mon humeur. Dimanche,
j’étais prêt à juste défendre,
prendre tout de la tête, me
battre. Je savais que la
menace viendrait via de
longs ballons et j’ai apprécié
cette bagarre. Mais parfois je
n’aime pas trop ce type de
rencontre et je préfère des
équipes qui tentent davan-
tage de jouer au foot.”
Le cliché du grand défenseur
anglais qui raffole du jeu
aérien ne s’applique pas
forcément à vous, donc ?
“Non, pas vraiment. J’aime
toujours le duel que je vais
devoir livrer avec l’attaquant
d’en face ; le fait de devoir
gérer les mouvements de
l’adversaire, d’être tactique-
ment malin. Mais pas forcé-
ment juste les longs ballons,
non.”
On vous a senti parfois fort
agacé ces dernières semai-
nes sur l’arbitre, peut-être
plus qu’avant.
“Mmmh, je ne sais pas. Je
me souviens d’avoir pris une
carte en D2 contre Westerlo
parce que j’avais parcouru
quasiment tout le terrain
pour me plaindre à l’arbitre.
J’ai toujours été passionné.
Cela me frustre quand je
sens qu’on siffle trop dans
un sens. Mais j’essaie de
parler aux arbitres avec
respect, même si les esprits
peuvent parfois s’échauffer.”
Avec les attaquants aussi, on
vous voit de plus en plus
parler, comme si vous cher-
chiez à gagner le combat
mental.
“J’aime aller dans cette
bataille et je vois cela
comme un vrai match entre
l’attaquant et moi. Mais ça
dépend aussi de l’attaquant ;
s’il aime être là-dedans ou
pas. Par exemple, je ne parle
pas à Janssen (NdlR : de
l’Antwerp), parce qu’il ne
répond pas. Il joue de ma-
nière assez fair-play et je
sens un respect mutuel. C’est
seulement si je vois quel-
qu’un qui fait quelque chose
de limite, comme un plon-
geon, un duel trop rugueux,
que je me dis : ‘OK, allons
dans cette bataille alors’.”
Vous le faites de plus en plus
avec l’âge ?
“Non, ça a toujours été
comme ça. Mais je ressens
que j’ai plus de responsabili-
tés qu’avant. Vu les joueurs
qu’on a perdus, l’équipe est
plus jeune. Je dois un peu
plus diriger les équipiers,
parler plus dans le ves-
tiaire, etc.”
Vous aurez 32 ans la semaine
prochaine. Adaptez-vous
votre préparation avec les
années qui passent ?
“Je me concentre davan-
tage sur la récupération. Je
fais des choses en plus de ce
qui est prévu au club. J’ai
décidé de me payer des
séances de cryothérapie
(NdlR : bains glacés) qui me
font du bien. Je fais des
exercices supplémentaires en
salle. Je me suis également
offert les services d’un entraî-
neur physique personnel,
pour m’aider dans certaines
séances ou m’amener de
nouvelles idées. J’essaie de
tout faire pour rester à un
bon niveau tout en vieillis-
sant.”
Certains essaient de perdre
du poids après 30 ans pour
garder leur vitesse. Et vous ?
“Non, c’est plutôt le con-
traire. J’essaie de gagner du
muscle, mais de la bonne
façon, en gardant ma masse
graisseuse basse. Si vous la
maintenez à un faible ni-
veau, le poids ne compte pas
vraiment. Et avec de bons
muscles, vous parviendrez à
bouger à la même vitesse,
voire plus vite.”
Jusqu’à quel âge vous voyez-
vous jouer ?
“Je n’ai pas d’idée précise.
Aussi longtemps que je peux,
en espérant que mon corps
ne me lâche pas dans les
prochaines années. La saison
passée et cette saison, je suis
concentré sur le fait de ne
pas me blesser et bien récu-
pérer, surtout avec les
matchs européens. Je veux
rester au top niveau le plus
longtemps possible. Je suis
quelqu’un d’assez compétitif,
donc c’est un challenge pour
moi aussi de voir combien de
temps je pourrai faire ça.
J’aimerais jouer jusqu’à 35-36
ans puis voir comment mon
corps tient le coup.”
Trois ans après votre arrivée,
vous sentez-vous toujours
aussi bien chez nous ?
“Oui, je m’amuse toujours
beaucoup ici. Il y a un projet
qui me plaît. L’idée était
d’atteindre le sommet du
championnat, maintenant le
défi est d’y rester. Je vois mon
rôle comme celui qui aide à
maintenir les standards
élevés sur la pelouse. J’ai un
contrat jusqu’en juin 2025 et
tant qu’on garde ce niveau, il
n’y a pas de raison de ne pas
rester. Avec Anthony (Moris)
et Guillaume (François), je
suis un des derniers joueurs
défensifs déjà présents lors
du titre en D2. Je fais un peu
partie des meubles, ici.”
Un cadre de l’équipe nous
racontait récemment que la
direction l’avait prévenu du
mercato animé qui arrivait.
Était-ce le cas pour vous
aussi ?
“Quand on discutait de la
prolongation de contrat en
début d’année, je voulais
être sûr qu’on reste aussi fort
qu’avant. J’ai posé des ques-
tions à ce sujet et ils m’ont
donné des réponses rassu-
rantes. Je ne voulais pas
prolonger et me retrouver
dans une équipe sans ambi-
tion. Après, il faut faire
confiance à ceux qui déci-
dent, mais ils recrutent bien.
Il n’y avait pas de raison que
ce ne soit pas à nouveau le
cas. On voit qu’ils ont signé
de nouveaux talents exci-
tants qui peuvent marcher
dans les pas des Boniface ou
Mitoma. Amoura m’a rap-
pelé un peu Kaoru (Mitoma)
sur cette phase à Toulouse
où il a pris le ballon, a par-
couru tout le côté gauche et
est rentré dans le rectangle.
Je suis sûr que l’équipe de
recrutement est déjà en train
de chercher pour janvier et
la saison prochaine. Je sais
que beaucoup de gens se
sont posé des questions à
cause des départs, mais
j’avais confiance.”
Au point de vous fixer quelle
ambition ?
“Je veux qu’on se batte
pour le titre. Les Champions
playoffs sont un minimum.
Une fois qu’on y est, on verra
dans les derniers matchs si
on a notre chance. Ce sera
compliqué vu le nombre de
bonnes équipes, c’est un
championnat relevé, mais
c’est mon unique but. Au
niveau européen, il s’agit de
passer le premier tour… puis
aller le plus loin.”
Il ne manque qu’un trophée
majeur à cette équipe, non ?
“C’était très dur de perdre
le titre de cette façon la
saison passée : on est passé
si près, plus encore qu’en
nos moyens de faire encore
mieux cette saison. Il y a un
an, on avait perdu Deniz
(Undav), Kaoru (Mitoma),
Casper (Nielsen) puis Dante
(Vanzeir)… Si vous m’aviez
demandé si on allait avoir
une meilleure saison,
j’aurais répondu ‘non’. Et
pourtant, on a été plus
proches. Maintenant, nous
sommes quatrièmes avec un
potentiel qui est là. Oui, c’est
certainement une possibilité.
Et puis il y a la Coupe aussi.
Remporter un trophée serait
la cerise sur le gâteau.”
On peut supposer qu’affronter
un club anglais sur la scène
européenne sera un moment
particulier pour vous.
“Clairement. Beaucoup de
proches viendront à Anfield.
J’ai reçu de nombreux messa-
ges de gens qui espéraient
que l’on tire Liverpool. Ce
sera un beau match dans un
des meilleurs stades d’Angle-
terre. Je sais que des suppor-
ters de mon ancien club,
Porstmouth (NdlR : où
Burgess reste très appré-
cié) cherchent à venir. Tout le
monde se réjouit de ce
match, moi le premier. Parve-
nir à prendre un point là-
bas, ce serait pas mal. Non,
plus que ça, ce serait in-
croyable. Rien n’est jamais
impossible, donc… Évidem-
ment je me suis déjà ima-
giné en train de marquer le
but de la victoire sur un
coup de coin ou quelque
chose du style (il rigole).”
Liverpool est-il un club que
vous avez supporté, plus
jeune ?
“Non, on est des fans de
West Ham dans la famille…
(NdlR : également en
Europa League), mais
espérons que ce sera pour
plus tard dans cette compéti-
tion. Mais je me réjouis de
découvrir l’atmosphère
d’Anfield. J’espère qu’il y
aura du monde même si ce
n’est pas la Ligue des cham-
pions. Virgil van Dijk est un
défenseur que j’ai toujours
beaucoup admiré ; je ne sais
pas s’il jouera, mais ce serait
sympa de le tenir sur corner.
On aura du travail, ce ne
sera pas facile, mais ce sera
un beau challenge pour nous
tester au plus haut niveau
européen.”
R. UNION ST.-G.
Amoura au repos
Réserves :