La rivalité entre les supporters
du RWDM et de l’Union est devenue
la plus importante de la capitale.
E
lle est loin l’époque
bon enfant de Bosse-
mans et Coppenolle
qui a animé l’histoire du
Daring et de l’Union Saint-
Gilloise. Loin l’époque où
ce derby de la “zwanze”
(“blague” en bruxellois)
était avant tout une fête du
football bruxellois.
Aujourd’hui, le mépris,
voire la haine entre les sup-
porters des deux camps a
pris le dessus pour faire
naître une énorme rivalité.
Une rivalité née ces der-
nières années et qui trouve
son origine dans un duel
entre le RWDM et… le RFC
Liège, alors que les deux
clubs évoluaient au qua-
trième échelon de notre
football. “Lors d’un match à
domicile contre le RFC Liège,
des supporters de l’Union ont
pris place dans la tribune des
visiteurs et se sont joints aux
supporters liégeois pour nous
défier. Des Bruxellois qui s’as-
socient à des Liégeois pour af-
fronter une autre équipe de la
capitale, c’est très mal passé
dans les rangs des supporters
du RWDM. D’autant que ce
jour-là, ils ont brûlé des siè-
ges de notre stade. Cela a mis
la haine à beaucoup de nos
supporters et la rivalité a
commencé à se construire.
Depuis, le derby de la zwanze
n’existe plus vraiment à nos
yeux. C’est devenu très tendu
entre les supporters des deux
camps ces dernières années”,
nous raconte un supporter
molenbeekois.
Depuis, les provocations
se sont multipliées de part
et d’autre, les supporters
d’un camp répondant aux
actions de l’autre. Il y a
deux ans, alors que les ren-
contres se disputaient à
huis clos, c’est via les ré-
seaux sociaux que Molen-
beekois et Unionistes se
sont cherchés. Les suppor-
ters du RWDM ont posé de-
vant le stade de l’Union “Ici,
ici c’est Forest” et en dispo-
sant plusieurs banderoles
dans les rues de la capitale
et de Saint-Gilles. Ce à quoi
les Jaune et Bleu ont ré-
pondu en se rendant à Wet-
teren (le matricule racheté
par l’actuel RWDM à sa re-
naissance) pour y poser
avec une banderole “C’est
chez vous ici” ou ont encore
posé devant le musée des
égouts avec une banderole
“Ceci est votre temple”.
. Une rivalité plus
grande qu’avec
Anderlecht
La rivalité entre les deux
camps a pris de telles pro-
portions qu’elle est deve-
nue bien plus importante
que celle qui a longtemps
opposé le RWDM au voisin
mauve. “On n’a plus affronté
Anderlecht en D1 depuis bien
longtemps. Certains suppor-
ters des deux camps sont
même des amis aujourd’hui.
La rivalité est plus saine que
par le passé”, nous confie-
t-on au RWDM.
Comme on l’a vu la sai-
son dernière lorsque Mo-
lenbeekois et Anderlechtois
ont fait la fête ensemble
lors du titre du RWDM en
D1B.
Quand les frères
se chamaillent aussi
Les duels entre Crystal Palace, où John
Textor (RWDM) détient 40%, et Brighton,
où Tony Bloom (Union SG) est actionnaire
minoritaire, sont tout aussi intenses.
I
l suffit d’entrer dans un
bar de Croydon, quar-
tier londonien où est si-
tué le stade de Crystal Pa-
lace, pour s’en rendre
compte. Des pancartes “In-
terdit aux supporters de Bri-
ghton” peuvent être trou-
vées un peu partout. Les
pubs de Brighton, au bord
de la plage, affichent des
dires similaires, adressés
aux fans des Eagles. Com-
ment les deux clubs frères
de l’Union SG et du RWDM,
dont les stades sont sépa-
rés de 50 km, en sont-ils ar-
rivés là ?
Ce “derby de la A23 (la
route qui sépare Croydon
de Brighton)” est véritable-
ment né en 1974, soit
quand Palace a disputé son
premier match en D3 en 10
ans, à Brighton. Les deux
écuries étaient les plus sui-
vies de la division et une ri-
valité naturelle s’est
d’abord installée. Les arres-
tations, bagarres, etc.
étaient devenues monnaie
courante. Les justifications
de l’époque ? “L’alcool et le
soleil”, pouvait-on lire dans
la presse locale.
La haine s’est intensifiée
deux ans plus tard quand
Terry Venables a pris les rê-
nes des Eagles et qu’Alan
Mullery a pris les comman-
des Seagulls. Les deux hom-
mes étaient coéquipiers à
Tottenham. Venables y
était le lieutenant du capi-
taine Mullery. Le premier
s’estimait mal-aimé par
l’entraîneur à l’époque, Bill
Nicholson, et par le public,
contrairement au second.
Cette dynamique et lutte
de pouvoir entre les deux
coqs, qui ont tous les deux
mené leur équipe de la D3
à la D1 (avec des montées si-
multanées), ont indirecte-
ment nourri la rivalité en-
tre Brighton et Palace.
Le précédent club de
Leandro Trossard, initiale-
ment appelés les “Dol-
phins”, a d’ailleurs changé
son surnom, en 1976, rien
que pour ennuyer son en-
nemi. Quand Palace criait
“Eagles” (aigles), ceux de
Brighton répondaient iro-
niquement “Seagulls”
(mouettes).
Parmi les plus célèbres
épisodes, il y a celui où
Mullery a été escorté en de-
hors du terrain par la po-
lice, lançant des doigts
d’honneur à tout bout de
champ. Celui où un tacle
assassin a mis fin à la car-
rière de Gerry Ryan, chou-
chou de Brighton. Celui où
Palace a chipé le titre en D2
pour un petit point lors de
la dernière journée. Ou en-
core celui ou Mullery a été
nommé entraîneur de…
Palace.
Tant de raisons pour
faire de Brighton le pire en-
nemi de Palace (encore
plus que leurs voisins lon-
doniens). Et vice-versa.