D.P. (AVEC HLN)
Il se sent bien à Majorque.D.R.
Deux mois après avoir quitté l’Union Saint-Gilloise pour Majorque, Siebe Van der Heyden s’apprête à disputer son premier choc, ce soir face au géant catalan. à 25 ans, il savoure sa première grande aventure loin de la Belgique. next
Ce que vous voyez, c’est ce que vous avez ». Siebe Van der Heyden parle toujours sans filtre. Sans contrainte, avec franchise et souvent avec le sourire. Il en va de même à Majorque, où il a atterri cet été en provenance de l’Union Saint-Gilloise. Le soleil y est indissociable de la plage. « En été, nous devions nous entraîner une heure plus tôt à cause de la chaleur. Et encore, il faisait très chaud. Aujourd’hui, c’est un peu plus supportable. »
Après une période d’adaptation, Van der Heyden a été titularisé lors des deux derniers matches. Ce n’est pas une coïncidence si Majorque a réalisé deux clean-sheets. « L’entraîneur (NDLR : Javier Aguirre) m’a tout de suite dit : « Siebe, je vais te donner le temps qu’il faut ». Il ne m’a jamais mis la pression. Au contraire. Il voulait que j’apprenne la langue, que je me lie avec tout le monde. Sans stress. J’ai utilisé ce temps pour chercher et trouver ma place. Je peux faire l’essentiel en espagnol, les mots dont j’ai besoin sur le terrain. « Gauche, droite, derrière… » Entre-temps, j’ai aussi trouvé un appartement où je vis avec Merel (NDLR : sa petite amie). Il y a de la stabilité. Je me sens détendu, à l’aise ici. Pas trop détendu non plus. Je ne suis pas en vacances ici, hein ! »
Van der Heyden est arrivé dans une équipe solide. Avec des joueurs qui se donnent à fond dans les duels et qui ne lâchent rien pendant nonante minutes. « Je constate une différence de niveau par rapport à ce que j’ai connu », s’amuse le défenseur. « Tout va beaucoup plus vite, y compris avec le ballon. Et ici, il faut vraiment être fort balle au pied. Je ne m’attendais pas vraiment à ça, j’avoue. Les joueurs de Liga sont très forts sur le plan footballistique. »
En dehors du terrain, il n’a rien à redire… « Tout est parfait ici : les installations, le cadre, le temps, le stade, l’atmosphère… En tant que joueur, vous avez tout ce dont vous avez besoin. (Rires) Oui, je viens de l’Union. Là-bas, tout est un peu plus petit, bien sûr. Mais cela a aussi son charme, vous savez. »
À vingt-cinq ans, Siebe Van der Heyden vit sa toute première grande aventure à l’étranger. Lorsqu’il jouait à Eindhoven, la distance qui le séparait de son domicile était négligeable. « La Belgique me manque parfois », admet-il. Et d’ajouter avec un grand sourire. « Les frites avec un hamburger bicky – sans cornichons. Ma mère, ma famille et mes amis me manquent. Et mon petit chien Obi. Il vit maintenant avec ma mère et s’amuse beaucoup chez elle. Cette perte fait partie de la vie d’un footballeur professionnel. Il faut apprendre à se détacher de certaines choses. J’en ai parlé à tout le monde à l’avance. J’en ai aussi parlé à ma mère. Elle m’a énormément soutenu. Mais je remarque maintenant que je lui manque beaucoup. C’est normal, elle me manque aussi. Votre mère reste votre mère, elle est irremplaçable. (Rires) Elle essaie de m’appeler tous les jours. Parfois pour de toutes petites choses. Je me dis alors : « Tu es obligée de m’appeler pour ça ? » Mais c’est comme ça que je sais qu’elle pense à moi et que je lui manque. Le fait que Merel soit venue avec moi à Majorque m’a aidé. Elle m’apporte un équilibre et prend bien soin de moi. Merel est très importante, notre lien de confiance est grand. »
S’il a quitté la Belgique pour l’Espagne, Van der Heyden n’oublie pas l’Union, où il a évolué pendant quatre saisons. Le club où il a fait sa percée définitive. Avec lequel il a vécu des moments fantastiques. La promotion en D1A, le football européen. Il y est même devenu un Diable rouge. « Il ne manque plus que la cerise sur le gâteau », soupire-t-il. « J’éprouve encore un sentiment étrange lorsque je parle de ce match pour le titre contre le Club de Bruges à la fin de la saison dernière. Je n’ai pas joué moi-même et j’étais assis dans les tribunes. Quand le Club a marqué, c’est comme si tout mon monde s’était effondré. Cinq minutes, c’est tout ce que nous avions à tenir. J’ai encore du mal avec ça. Mais cela n’efface pas tous les beaux souvenirs. C’est bien ce qu’ils font après le départ de tous ces joueurs vedettes. Teuma, Boniface, Lynen : on ne les remplace pas comme ça. Et pourtant, ils continuent à bien se débrouiller. Je suis toujours l’Union de près, je regarde chaque match quand c’est possible. »
Et notamment en Coupe d’Europe, lui qui a grandement contribué à qualifier l’Union pour l’Europa League. « Quand j’ai vu le tirage au sort, j’étais encore un peu jaloux. Ils vont bientôt jouer contre Liverpool ! Ce doit être génial de jouer à Anfield. J’espère que tout le monde en profitera. »
Van der Heyden va, lui aussi, croiser la route de grands clubs. Ce mardi soir, il défiera le FC Barcelone. Suivront ensuite des matches contre le Real Madrid, l’Atlético Madrid ou le FC Séville. « Si vous m’aviez dit cela il y a quelques années, je n’y aurais pas cru ! Même si j’ai toujours cru en moi. Mais jouer au football contre des joueurs de haut niveau dans l’un des meilleurs championnats du monde… C’est incroyable ! Cela prouve que tout est possible dans la vie si vous continuez à y croire. Quand je dis à mes frères que je vais affronter Robert Lewandowski, ils me disent : « C’est fou ! ». Pour ma part, je n’y pense pas trop. Une fois que vous êtes sur le terrain, la première chose que vous voulez faire, c’est gagner. »
C’est en partie grâce à cette mentalité de gagnant qu’il a été recruté par Majorque. Et pour cette raison, entre autres, qu’il était si populaire à l’Union…