L
e milieu de terrain a
été le secteur de jeu le
plus touché par les
départs à l’Union. En plus
du capitaine Teddy Teuma
(Reims), Oussama El
Azzouzi (Bologne) et plus
récemment Senne Lynen
(Werder Brême) ont quitté
le navire jaune et bleu.
Dans une zone à totalement
reconstruire, la direction a
rapidement fait venir Ma-
thias Rasmussen, en prove-
nance de Norvège, et Char-
les Vanhoutte du Cercle
Bruges. L’un et l’autre se
sont rapidement installés
dans l’équipe d’Alexander
Blessin et ont enchaîné
deux titularisations en
montrant des choses en-
courageantes.
“D’un côté, les départs font
de la place aux nouveaux
joueurs, analyse Vanhoutte.
Mais d’un autre côté, il faut
trouver rapidement des auto-
matismes avec de nombreu-
ses personnes.”
À 24 ans, celui qui a fait
toutes ses classes au Cercle
est entré dans une nouvelle
dimension en quittant Bru-
ges pour Bruxelles. Rapide-
ment jeté dans le grand
bain, ce fan de Gennaro Gat-
tuso a reçu de grosses res-
ponsabilités dès le début
du championnat. Des res-
ponsabilités qui sont appe-
lées à être encore plus gran-
des avec le récent départ de
Lynen vers la Bundesliga…
Charles, quand avez-vous
entendu pour la première fois
l’intérêt de l’Union ?
“En février dernier, mon
agent m’a expliqué qu’il avait
discuté une première fois
avec l’Union. Un mois plus
tard, j’ai rencontré la direc-
tion qui connaissait tout de
moi, aussi bien sportivement
qu’humainement. C’était
important pour moi qu’un
club ne s’intéresse pas seule-
ment à mes qualités footbal-
listiques mais qu’il prenne
aussi en compte l’aspect
humain. La direction m’a fait
comprendre qu’il n’y avait
peut-être pas que des anges
dans le vestiaire de l’Union,
mais qu’il n’y avait que des
gens bien. Aussi ont-ils fait
un effort pour m’avoir, ce qui
m’a tout de suite donné de la
confiance. Il y avait d’autres
clubs intéressés, mais le fait
que l’Union s’intéresse très
tôt à moi m’a charmé.”
Comment avez-vous vécu le
départ de Karel Geraerts qui
est intervenu dans la même
période que votre transfert ?
“Le jour où j’ai signé, Karel
était encore le coach de
l’Union. Le soir même, j’ai vu
sur les réseaux sociaux qu’il
n’avait pas trouvé d’accord
avec la direction. Il m’a tout
de même appelé dans la
foulée pour m’expliquer la
situation tout en me disant
que l’Union était un bon club
avec un style de jeu qui allait
matcher avec mon profil.
C’est dommage qu’il soit
parti car, en tant qu’ancien
milieu défensif, il aurait pu
me donner de nombreux
conseils précieux.”
Sentiez-vous qu’il était temps
de tourner la page du Cercle
Bruges ?
“Je ne suis jamais parti du
principe qu’il s’agissait de ma
dernière saison avec le Cercle
l’année passée. Rester à
Bruges n’aurait pas été un
problème, mais j’ai vu un
départ vers l’Union comme
un beau challenge. C’est une
nouvelle ère qui commence
dans ma carrière.”
Avez-vous été surpris d’être
titulaire d’entrée de jeu, face
à Anderlecht puis contre le
Standard ?
“Après une bonne prépara-
tion d’avant-saison, je sentais
la confiance du staff. À mon
arrivée, vu le niveau affiché
par l’Union la saison der-
nière, je me voyais dans un
premier temps comme un
remplaçant pouvant appor-
ter quelque chose à l’équipe.
Mais vu tous les départs, je
n’étais plus totalement sur-
pris d’être titulaire dès le
début du championnat. Face
à Anderlecht, je me suis
blessé et je ne me suis en-
traîné qu’une seule fois avant
le déplacement au Standard.
Le coach voulait tout de
même m’aligner comme
titulaire. Je me suis bien senti
même s’il y a des détails,
comme des passes pas assez
bien ajustées, que je dois
régler. Avec cette équipe, je
sais que nous allons au
minimum inscrire un but. Si
nous faisons bien notre
travail défensivement, la
chance est grande de gagner
le match.”
Quelles sont les grandes
différences que vous avez
remarquées entre le Cercle et
l’Union ?
“Au Cercle, tout était très
carré d’un point de vue
tactique : chacun avait un
rôle précis et nous n’avions
que peu de libertés. À l’Union,
je sens que nous avons plus
souvent l’occasion de faire ce
qu’on veut en possession du
ballon. La créativité est au
centre du projet. Et si un
joueur prend une initiative et
commet une erreur, il ne doit
pas avoir peur de retenter
quelque chose dans la foulée.
Cet état d’esprit est l’une des
grandes forces de l’équipe.”
Quel regard portez-vous sur
les nombreux départs de
cadres ?
“Cela ne m’inquiète pas
trop dans la mesure où je
sais que la direction va
rapidement trouver de nou-
veaux bons joueurs. L’Union
n’a pas un budget comme le
Club Bruges et c’est donc
normal que plusieurs bons
éléments quittent le club
après une belle saison. À
nous de faire en sorte que
l’équipe soit aussi compéti-
tive que la saison dernière.
Après deux rencontres, nous
avons montré que l’Union
était prête même si nous
aurions pu améliorer certai-
nes choses.”
Pensez-vous avoir les épaules
pour remplacer Senne Lynen,
parti au Werder Brême ?
“Je ne vais pas dire que je
suis le nouveau Lynen tout
comme certains nouveaux ne
sont pas les nouveaux Boni-
face ou Teuma. Chaque
joueur a son style de jeu,
avec ses qualités et ses dé-
fauts. Je reste un nouveau,
donc je ne me vois pas
comme quelqu’un qui doit
porter l’équipe. Je ne vais pas
changer mon attitude main-
tenant que beaucoup de
joueurs ont quitté le club. Au
contraire du Cercle où
l’équipe était assez jeune, il y
a plusieurs joueurs expéri-
mentés comme Moris ou
Burgess qui seront de
grands leaders. Personnel-
lement, je parle quand il
faut le faire et je me tais
quand il le faut.”
Quelle est votre relation
avec le coach Alexander
Blessin ?
“L’équipe a rapidement
assimilé sa méthode de
travail et comprend com-
ment il veut jouer. C’est un
entraîneur qui donne
beaucoup de confiance à
ses joueurs et qui a un côté
humain très attachant.
Nous étions d’ailleurs tous
choqués quand nous avons
appris qu’il traversait un
drame familial (NdlR : la
femme de Blessin con-
naît depuis peu un grave
problème de santé).
Quelques jours après la
victoire face à Anderlecht,
le directeur sportif Chris
O’Loughlin a expliqué au
groupe qu’il s’était passé
quelque chose de grave
dans sa famille sans entrer
dans les détails. En mon-
tant sur le terrain au
Standard, nous avons
voulu lui montrer notre
soutien et gagner ce match
pour lui et sa famille.”
Plusieurs joueurs de
l’Union affirment que le
titre de champion est
l’objectif de la saison : c’est
aussi votre ambition ?
“Je suis quelqu’un d’am-
bitieux, mais je fais tou-
jours attention à ce que je
dis. Dans le football, tout
peut changer si rapide-
ment… Vu les nombreux
départs, nous avons une
nouvelle équipe qui rentre
dans un nouveau cycle. Il
faut donc laisser le temps
au groupe de se dévelop-
per. En tant que footbal-
leur, je veux gagner des
prix et je veux jouer pour le
titre, mais nous verrons
comment la saison évolue.
Personnellement, je veux
réussir à devenir un joueur
clé à l’Union. Je mets toute
ma concentration sur la
saison à venir avant de
penser à des objectifs à
plus long terme.”
“Je suis relax, ce
mercato était prévu”
L
e six sur six initial a
rassuré les suppor-
ters de l’Union : mal-
gré les départs, l’équipe
tourne toujours rond. Mais
deux transferts sortants de
joueurs clés sont venus
s’ajouter à la liste, cette se-
maine : Senne Lynen (Wer-
der Brême) et Bart
Nieuwkoop (Feyenoord).
Alexander Blessin a vu six
titulaires de la saison pas-
sée s’envoler en quelques
semaines de mercato.
Mais l’entraîneur alle-
mand ne panique pas et
répond avec le sourire : “La
période du mercato n’est pas
terminée et d’autres joueurs
vont encore arriver et ils
vont renforcer l’équipe. Le
transfert de Senne était at-
tendu. Rits ? C’est un joueur
que j’apprécie, mais je ne
souhaite pas en dire plus à
propos de quelqu’un qui est
sous contrat ailleurs. Pour
Nieuwkoop, c’était un peu
plus une surprise, mais il
était à un an de la fin de son
contrat et son club forma-
teur, qui va disputer la Ligue
des champions, le voulait.
Que dire, alors ? On souhaite
une personne en plus à ce
poste et le club travaille à
son remplaçant (NdlR :
Maxime Busi est ciblé).
Idem pour un six pour rem-
placer Lynen. Par ailleurs, je
sais que l’arrivée du nouvel
attaquant (NdlR : qui rem-
placera Boniface) est toute
proche. Mais je reste très re-
lax, de nombreux départs
étaient prévus et je sais que
la direction travaille bien.”
L’ambition reste la
même, assure l’entraî-
neur… sans parler de
Champions playoffs : “Mes
attentes n’ont pas changé :
j’ai toujours dit que je ne
parlerais pas en termes de
playoffs ou de titre. Je veux
voir mes joueurs évoluer
d’une certaine façon avec et
sans le ballon, c’est ça mon
objectif. Et on a encore beau-
coup de choses à améliorer.
Pour le reste, le but, c’est de
gagner le prochain match.”
L’ex-T1 d’Ostende ne s’at-
tend en tout cas plus à per-
dre de joueur important :
“Je sais qu’on ne peut jamais
dire jamais, mais non, un
autre départ n’est pas
prévu.” Fin du suspense le
6 septembre.