Les principes du jeu prôné
par l’Allemand devraient
bousculer les habitudes.
L’
arrivée d’un nouvel entraî-
neur amène toujours son lot
de changements. Profonds
ou plus légers, mais rarement su-
perficiels. Alexander Blessin n’est
pas Karel Geraerts et sa façon de
travailler n’est pas la même que
celle de son prédécesseur. Logique.
Reste à voir comment le groupe
unioniste s’adaptera à un change-
ment qui pourrait être plus impor-
tant qu’il n’y paraît, même si le T1
allemand a dit lors de son introni-
sation, mercredi, qu’il s’agira juste
“de quelques détails”.
. Une autre façon de
s’entraîner : plus de séances
Avant le fond, la forme : comme il
l’avait fait à Ostende, Alexander
Blessin va en demander plus à l’en-
traînement à ses joueurs, puisque
c’est un adepte des doubles séan-
ces quotidiennes. Là où Felice
Mazzù et Geraerts pratiquaient ex-
clusivement la séance unique de
parfois plus de 2 heures, l’Alle-
mand préfère dispenser une ses-
sion plus courte le matin et une
autre l’après-midi, mais très exi-
geantes physiquement.
Une façon de faire qui n’est pas
rare, mais que l’Union n’avait plus
connue depuis longtemps et qui
bousculera les habitudes d’un
groupe qui avait coutume d’être li-
bre après le repas de midi pris en
commun au centre d’entraîne-
ment lierrois.
La fameuse ritournelle des jours
de congé qui suivaient les victoires,
mise en place par Mazzù – jusqu’à
trois jours consécutifs parfois –, et
poursuivie dans une certaine me-
sure par Geraerts, pouvait surpren-
dre… mais était claire pour tout le
monde : contre des plages de repos
élargies, il faut donner sans rete-
nue lors des séances d’entraîne-
ments qui doivent être de qualité.
Et cela fonctionnait très bien. Il fau-
dra voir comment le groupe
s’adaptera à l’approche de l’Alle-
mand, qui avait aussi l’habitude de
donner une petite séance d’entraî-
nement les matins de match, ce
qui devrait toujours être le cas.
. Une autre façon de jouer :
plus d’intensité
Debout, les bras croisés, sous son
coupe-vent floqué du sigle de
l’Union, Blessin donnait déjà de la
voix, mercredi matin, pour sa toute
première séance. Après un très
court discours d’introduction, ses
joueurs ont rapidement été mis au
parfum de ce qui les attend. Le fil
rouge des directives criées face aux
bourrasques par l’Allemand de 50
ans était clair : presser de façon in-
tensive et collective et récupérer le
ballon rapidement pour se proje-
ter vers le but adverse.
“On en apprend tous les jours, mais
les fondements de ce que je souhaite
n’ont pas changé”, expliquait-il mer-
credi en référence à son passage
par la Genoa, après ses premiers
pas dans le monde professionnel à
Ostende.
“Gegenpressing”. Le mot a déjà
été lâché par Blessin lui-même. Le
contre-pressing, concept central de
“l’école Red Bull” des entraîneurs
où il a été formé, à Leipzig, est la clé
de voûte du jeu qu’il souhaite voir
développer par son équipe. Ce
grand adepte des datas – ce qui
n’est pas pour déplaire au prési-
dent Alex Muzio, expert dans le do-
maine – veut que ses joueurs “con-
tre-pressent”, donc. C’est-à-dire ?
Une fois le ballon perdu, il faut le
chasser dans les pieds adverses
pour le récupérer dans les quel-
ques secondes qui suivent. Installe-
ra-t-il un chrono qui décompte les
secondes au bord du terrain d’en-
traînement, comme Ralf Rangnick
l’avait fait à Leipzig ?
. Contre-pressing et projection
vers l’avant
Les statistiques donnent une
idée de ce vers quoi doit tendre le
jeu de l’Union version Blessin. Son
Ostende (saison 2020-21) était tout
simplement l’équipe la plus effi-
cace de Belgique à ce petit jeu du
pressing (mesuré par l’indice de
PPDA par l’institut de statistiques
Wyscout). La saison passée, l’Union
de Geraerts n’était “que” quator-
zième de D1 à ce niveau. Blessin va
devoir inculquer ce nouvel état
d’esprit : presser plus et mieux, en-
core. Une façon de voir le jeu assez
énergivore pour une équipe qui
disputera aussi la Coupe d’Europe,
un facteur nouveau pour Blessin
en tant que coach.
Autre critère déterminant de
cette approche du jeu : l’intensité
des duels, mesurée par le nombre
d’actions (duels défensifs, intercep-
tions, tacles) réalisées par une
équipe lors de la possession de
balle adverse. Selon Wyscout tou-
jours, Ostende était le n°1 en
2020-21 et l’Union, ici aussi, quator-
zième la saison passée.
Deux exemples des “détails” aux-
quels les Jaune et Bleu vont devoir
s’habituer pour répondre à ce que
vise leur nouveau T1. Avec, comme
finalité, une projection rapide vers
le but adverse. Geraerts avait
amené davantage de construction
depuis l’arrière à l’équipe de
Mazzù. On devrait revenir à un jeu
plus direct vers l’avant sous Bles-
sin.