S
ourires, blagues et
décontraction :
Alexander Blessin
était en mode séduction
pour sa toute première
prise de parole en tant que
nouvel entraîneur de
l’Union Saint-Gilloise.
L’homme de 50 ans, qui a
signé un contrat de deux
ans, est apparu totalement
détendu malgré la lourde
mission qui l’attend. “Je n’ai
aucun problème avec la pres-
sion”, lance d’emblée le T1
unioniste entouré du Prési-
dent Alex Muzio et du di-
recteur sportif Chris O’Lou-
ghlin.
L’Allemand venait alors
de donner sa toute pre-
mière séance d’entraîne-
ment. Sur le terrain, il a en-
chaîné les “press, press” et
autres “to the ball” donnant
une certaine idée de l’inten-
sité qu’il compte mettre
dans le jeu de son équipe.
Le tout en n’hésitant pas à
donner des consignes indi-
viduelles à certains joueurs.
“Je n’ai pas dormi de la nuit à
cause du vent donc j’ai eu le
temps de mémoriser le pré-
nom de chacun”, sourit Bles-
sin.
À trois semaines de la re-
prise face à Anderlecht, le
travail a officiellement dé-
marré à l’Union. Avec un
nouvel entraîneur prêt à
surfer sur la belle vague de
ces dernières saisons.
Alexander, le terrain vous
avait-il manqué ?
“Je ne suis plus habitué à
crier lors des entraînements,
. Blessin a donné son
premier entraînement.
© BELGA
vous pouvez l’entendre à ma
voix qui est un peu cassée.
(sourire) J’ai pris beaucoup
de plaisir à retourner sur la
pelouse, cela m’avait claire-
ment manqué. Après avoir
travaillé douze ans sans
s’arrêter, c’est toujours bien
de prendre un peu de recul
pour faire le point (NdlR : il
était sans club depuis
décembre 2022). Mais ma
femme et mes enfants ont
fini par me dire qu’il était
temps d’y retourner (souri-
res).”
En quoi êtes-vous différent
du coach qui a entraîné
Ostende entre juillet 2020
et janvier 2022 ?
“Un entraîneur est tou-
jours dans un processus. Je
me suis développé, j’ai fait
des erreurs et j’ai appris de
ces erreurs. J’essaye d’ap-
prendre chaque jour sans
perdre de vue la façon avec
laquelle je veux que mon
équipe joue au football. En
discutant avec la direction, je
me suis rendu compte que
ma façon de voir le jeu était
similaire à celle de l’Union.
En voyant à plusieurs repri-
ses l’équipe jouer, j’ai sou-
vent pensé qu’il s’agissait du
style de jeu que je voulais
mettre en place. J’ai rapide-
ment été convaincu que
signer dans ce club était le
bon choix à faire. C’était le
scénario parfait pour moi.”
Est-ce plus difficile de
reprendre une équipe quand
celle-ci vient de sortir de
deux magnifiques saisons ?
”Je n’ai jamais demandé à
ce que ce soit facile (sou-
rire). Je ne dirai pas que
nous voulons atteindre telle
ou telle position au classe-
ment mais, en tant que
coach, je veux gagner tous
les matchs. La mission est
toujours d’atteindre le top. À
nous de tout faire pour être
meilleurs que la saison
dernière.”
Sentez-vous que vous devrez
personnellement prouver à
nouveau des choses dans le
championnat de Belgique ?
“C’est difficile de comparer
ma situation actuelle avec
ma période ostendaise.
Quand je suis arrivé à Os-
tende, je vivais ma première
expérience en tant qu’entraî-
neur principal d’une équipe
adulte. C’était totalement
nouveau pour moi. Et sans
manquer de respect aux
joueurs de cette époque, la
qualité est bien plus élevée
actuellement. Le développe-
ment du club a été impres-
sionnant ces trois dernières
années. Mon travail sera
d’être aussi performant en y
allant étape par étape.”
Après Ostende, vous avez
signé à la Genoa.
Qu’avez-vous appris
de votre passage en Italie ?
“(En italien) Je parle
désormais un peu l’italien
(sourire). Cela a été une
fameuse expérience de
pouvoir entraîner un club
historique comme la Genoa
et de travailler dans un
championnat aussi réputé
que la Serie A. Vu le retard
sur nos concurrents à mon
arrivée, l’objectif du maintien
était difficile, mais il n’y
avait rien à perdre (NdlR :
la Genoa n’a finalement
pas réussi à se maintenir).
Cela m’a permis de travailler
avec un type de joueurs
différents et d’ouvrir mon
esprit.”
Dans un passé proche, vous
avez été cité dans certains
clubs belges : était-ce un réel
objectif de revenir en Pro
League ?
“J’ai dû d’ailleurs démentir
plusieurs fois ces informa-
tions (sourire). J’ai beau-
coup apprécié entraîner et
vivre en Belgique lors de ma
période ostendaise. La Pro
League est un championnat
avec de grandes équipes et
beaucoup de jeunes grands
talents. Je m’installerai en
Belgique avec ma femme qui
me soutient énormément.
J’emmènerai aussi mes
chiens mais pas mon hams-
ter car il est décédé (sou-
rire).”
Avez-vous regardé le dernier
match de l’Union face
à Bruges qui a conduit
à la perte du titre ?
”J’ai gardé la chaîne de
télévision retransmettant le
championnat de Belgique
donc j’ai pu regarder de
nombreux matchs. Je pense
d’ailleurs avoir visionné plus
de rencontres de Pro League
que du Bundesliga. La fin de
saison a été incroyable avec
un suspense haletant jus-
qu’au bout du dernier match.
Pendant combien de minutes
avez-vous été champions ? (il
se tourne vers Muzio qui
fait la moue). Bon, nous ne
parlerons pas de ce sujet
(rires). Je ne pense pas que
la perte du titre aura un
impact négatif chez les
joueurs en vue de la saison à
venir. De ce que j’ai déjà pu
voir, j’ai été impressionné par
l’envie de gagner du groupe.”
Certains joueurs comme
Teuma, Boniface ou Van der
Heyden pourraient quitter
l’Union : allez-vous tenter
de les convaincre de rester ?
“Convaincre n’est pas le
bon mot. Un projet est mis en
place et tout le monde doit
être prêt à se mettre à fond
dedans. Ce sera certainement
bien que tout le monde reste
mais nous verrons ce qu’il se
passera d’ici à la fin du
mercato. Je sais que certains
joueurs attirent le regard
d’autres clubs. Mais je laisse
la direction s’occuper de ces
dossiers.”
Après avoir présenté
Alex Blessin comme
entraîneur principal,
l’Union a officialisé l’ar-
rivée de Sven Van Der
Jeugt comme nouvel
entraîneur des gar-
diens. L’homme de 42
ans était le coach des
gardiens de Beveren la
saison dernière. Le
Belge a joué à Ander-
lecht, Lokeren ou en-
core Gand. Jos Beckx,
qui avait remplacé Lo-
gan Bailly durant la
deuxième partie de la
saison dernière, reste
au club où il suivra le
développement des
gardiens de l’Union.
“Toutes les équipes
ont des cycles”
L’Union s’attend à certains départs
et à de nouvelles arrivées.
C
es dernières an-
nées, l’Union s’est
très rarement lou-
pée dans son recrute-
ment. Que ce soit en ter-
mes de joueurs ou de
coachs, la direction a sou-
vent eu le nez fin. Pré-
sents aux côtés de leur
nouveau coach, le prési-
dent Alex Muzio et le di-
recteur sportif Chris
O’Loughlin était une nou-
velle fois certain d’avoir
trouvé la perle rare. “Nous
avons toujours eu une
image très claire des per-
sonnes avec qui nous vou-
lons travailler, explique
O’Loughlin. Pour créer un
environnement de succès, il
faut prendre en compte
l’aspect sportif mais aussi
humain. Nous voulons res-
ter une équipe excitante
que les gens veulent voir
jouer et ce sera le cas avec
le style d’Alex. Et puis cela a
rapidement matché sur le
côté humain.”
D’un regard extérieur,
certains pourraient pour-
tant avoir des doutes vu
l’échec d’Alexander Bles-
sin à la Genoa. Après
avoir raté l’opération
maintien en Serie A, l’Al-
lemand a été viré quel-
ques mois plus tard suite
à une série de résultats
négatifs en Serie B. “J’ai
analysé tous ses matchs,
lance Muzio. Quelqu’un
qui ne connaît pas le cham-
pionnat italien vous dira
qu’il a raté là-bas. Mais en
analysant de plus près, on
se rend compte qu’il a été
incroyablement malchan-
ceux lors de certains
matchs dont lors qui lui ont
coûté son poste. Avec le re-
cul, nous avons estimé qu’il
avait fait du bon travail à
la Genoa.”
. Des arrivées à venir
Reste à voir avec quelle
équipe Blessin attaquera
la nouvelle saison. Actuel-
lement, six nouveaux
joueurs sont déjà arrivés
et d’autres devraient sui-
vre d’ici la fin du mer-
cato. “Toutes les équipes
ont des cycles et il est
temps de rafraîchir, avance
O’Loughlin. Nous sommes
actuellement occupés avec
certains dossiers. Nous n’al-
lons pas dire : ‘Voici le nom-
bre final de nouveaux
transferts que nous vou-
lons’. Mais nous avons une
idée de ce que nous avons
besoin.”
L’un des paramètres à
prendre en compte sera
le nombre de départs.
Tout porte à croire que
des joueurs comme
Teuma, Boniface et même
Van der Heyden mettront
fin à leur aventure à
l’Union cet été. “Il y aura
des départs mais c’est im-
possible de dire combien,
conclut O’Loughlin.
Teuma ? C’est un incroyable
joueur pour qui il y a logi-
quement de l’intérêt. Nous
verrons ce qu’il se passera
prochainement pour lui.
Boniface ? Il y a aussi de
l’intérêt mais nous sommes
encore tôt dans ce mercato.
C’est dur de prédire au dé-
but du mois de juillet ce
qu’il va se passer. À nous de
nous préparer pour toutes
les situations.”
Nouveau stade : bientôt la deadline
La limite du 21 juillet a été fixée par la direction de
l’Union Saint-Gilloise pour obtenir une réponse con-
crète de la part de la commune de Forest à la possibi-
lité d’acheter le terrain du Bempt pour son nouveau
stade : “La deadline est toujours là, explique Philippe
Bormans, le CEO. Le mandat de la Région bruxelloise
a été transmis par Pascal Smet à Ans Persoons.
Nous avons eu une réunion positive la semaine
passée. Mais il reste deux semaines et c’est
important que cela avance avant les vacan-
ces. On sent des ‘vibes’ positives de la part
du gouvernement… mais j’espère que, au
niveau local, les politiques prendront leurs
responsabilités, qu’ils seront ouverts à
trouver des solutions. Jusqu’ici,
c’est quelque chose qu’on n’a
jamais senti. C’est frustrant pour
les propriétaires du club, alors
qu’ils ont de l’argent propre pour
investir, qu’on veut construire le
stade le plus écologique d’Europe
et qu’il y a un beau plan de mo-
bilité. Mais c’est souvent
plus facile de ne pas
prendre ses responsa-
bilités et ne pas don-
ner de réponse.”