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n signant à l’Union
SG, Alexander Blessin
fait son grand retour
en Pro League. De
juillet 2020 à janvier 2022,
l’entraîneur allemand a
coaché 65 rencontres à la
tête d’Ostende avec au bout
du compte un bilan plus
que respectable (26 victoi-
res, 11 nuls et 28 défaites).
Pourtant, le coach de 50
ans est arrivé à la Côte sans
grande expérience au plus
haut niveau lui qui n’avait
alors entraîné que des équi-
pes de jeunes de Leipzig. “Il
a voulu directement mettre sa
touche à l’équipe quand il est
arrivé, se souvient l’ancien
Ostendais Kevin Vanden-
driessche. Il a amené une
grande rigueur au club mais
sans nous presser comme des
citrons : il donnait beaucoup
d’entraînements courts et in-
tenses tout en nous laissant
au repos quand il ressentait
une certaine fatigue. Il était
très intelligent dans sa ma-
nière de gérer le groupe.”
Après deux revers pour
débuter la saison 2020-
2021, la mayonnaise prend
rapidement avec une belle
série de sept matchs sans
défaite entre la fin août et
la fin octobre. Grâce à un
style de jeu basé sur le fa-
meux gegenpressing qui
consiste à réaliser un con-
tre-pressing intense pour
récupérer la balle le plus ra-
pidement possible après
l’avoir perdue. “Blessin avait
une philosophie de jeu bien
claire en tête, se rappelle
Maxime d’Arpino qui est
toujours sous contrat à Os-
tende. Il était persuadé qu’on
allait enchaîner les victoires
si on suivait son projet de jeu
à la perfection. Il voulait
qu’on presse directement
après la perte du ballon pour
pouvoir attaquer à nouveau
dans les cinq secondes qui
suivaient. Son style de jeu axé
sur ce full pressing et des
transitions rapides vers
l’avant nous convenait bien.”
À tel point qu’Ostende
termine la saison 2020-2021
à une belle cinquième
place, à seulement trois
points du top 4. Véritable
surprise de la saison,
Alexander Blessin est élu
meilleur entraîneur de la
saison devant Vincent Kom-
pany et Philippe Clement.
“Ce n’était pas étonnant qu’il
soit plébiscité en fin de sai-
son, avance Vandendriess-
che. D’ailleurs, je pensais
qu’il allait nous quitter pour
un autre club à ce moment-là.
Et quand il a signé à la Genoa
six mois plus tard, je pensais
qu’il allait partir pour une
meilleure équipe que cela.”
Pour arriver à ses fins à la
mer du Nord, Blessin a
donc mis en place une mé-
thode de travail stricte. Si
elle a amené des résultats
probants, elle peut aussi
être trop lourde pour cer-
tains tant l’investissement
demandé par l’entraîneur
allemand est important.
“C’est quelqu’un de très rigou-
reux dans le travail qui met le
doigt sur des petits détails,
commente le nouveau
joueur des Francs Borains.
Cela peut être pesant quand
les résultats ne suivent pas.
Par exemple, ses théories du-
raient énormément de temps.
Son côté têtu peut aussi par-
fois être compliqué à gérer
quand il a décidé quelque
chose, il ne change pas de di-
rection. On a beau lui dire
que ce n’est peut-être pas la
bonne solution, il va rester
sur ses positions. Par exem-
ple, il voulait qu’on s’entraîne
le jour des matchs. Les
joueurs n’étaient pas favora-
bles à cela. Mais finalement,
nous avons vu que cela nous
mettait en jambes pour le soir
et que c’était plus positif que
négatif.”
Pour convaincre ses
joueurs de le suivre, Alex
Blessin pouvait se montrer
assez ouvert en dehors des
terrains. À Ostende, il n’hé-
sitait d’ailleurs pas à parti-
ciper à d’autres activités
avec son groupe une fois la
journée de travail terminée.
“C’était comme un deuxième
papa pour les joueurs,
avance d’Arpino. S’il nous
rentrait dedans quand il le
fallait aux entraînements, il
était aussi très proche de
nous. C’est quelqu’un de franc
et d’honnête comme il y en a
très peu dans le monde du
football. Son défaut ? Il n’ac-
cepte pas de perdre que ce
soit en football mais aussi au
ping-pong, au tennis-bal-
lon…”
Reste à voir si cette ma-
nière de travailler matchera
avec les joueurs de l’Union
Saint-Gilloise. Avec Felice
Mazzù puis avec Karel Ge-
raerts, ils étaient habitués à
des coachs qui n’hésitaient
pas à ne donner qu’une
séance d’entraînement par
jour. Avec l’Allemand, le
groupe bruxellois risque de
passer plus de temps au
centre d’entraînement…
“Blessin va devoir à nouveau
prouver des choses, conclut
Vandendriessche. Le chal-
lenge me semble compliqué
car c’est difficile de reprendre
une équipe qui a terminé
deux fois dans le top 3 et qui a
atteint les quarts de finale de
l’Europa League. Mais les
joueurs de l’Union sont déjà
habitués à un style de jeu
avec un gros pressing et des
transitions vers l’avant. Ils se-
ront peut-être plutôt surpris
par le style des entraîne-
ments. À Ostende, on passait
beaucoup de temps au club
(sourire).”