GRÉGORY BAYET ETJULIEN RASPILLER
La tension est à son comble avant la dernière journée décisive. Comment les trois candidats au titre peuvent-ils gérer
cela
? On fait le point avec Johan Walem, triple champion avec Anderlecht, et Jef Brouwers, psychologue du Sport. next
À 90 minutes du terme de la saison, il reste encore trois candidats à la couronne nationale. L’Antwerp a pris un coup sur la tête face à l’Union alors que le titre lui tendait les bras, les Saint-Gillois ont reçu un coup de boost grâce à ce même résultat tandis que Genk a profité d’un coup de pouce avec le partage des deux premiers. Bref, ils sont tous dans le coup.
Mais psychologiquement, comment gérer cette dernière ligne droite ô combien décisive. «
Selon moi, les trois équipes doivent aborder cette ultime journée de la même manière
: il faut mettre de côté les éléments extérieurs, se concentrer sur ses points forts et avoir un bon plan de match. Cela semble évident et simple mais ça ne l’est pas
», explique Jef Brouwers, psychologue du Sport, qui collabore notamment avec les Diables rouges.
C’est d’autant plus délicat que le stress peut venir s’en mêler. On a récemment vu des équipes s’effondrer
: Gand a été battu par Ostende lors de la dernière journée de phase classique et a laissé filer les Playoffs 1 ou, pire, Dortmund a été contraint au partage par Mayence (2-2) alors qu’une victoire lui aurait offert le titre, finalement abandonné au Bayern. «
Cette situation, je l’ai vécue plusieurs fois en étant champion avec Anderlecht. On ne doutait de rien. On était obligé d’être champion et on avait cela en nous. On y allait et on assumait vraiment nos responsabilités. Ici, on a des clubs qui ne sont pas habitués à gagner des titres et le stress joue beaucoup plus. Tu apprends à gérer cela avec les années et les exigences du club au quotidien
», insiste Johan Walem, champion avec Anderlecht de 1993 à 1995, justement la dernière saison où trois équipes pouvaient être sacrées lors de l’ultime journée. Jef Brouwers clarifie toutefois une notion
: «
Attention à bien différencier le stress de la tension. Le stress est forcément quelque chose de négatif, il accompagne les joueurs sur le terrain et peut les empêcher de réaliser leur plein potentiel. La tension, elle, s’en va au moment de monter sur la pelouse.
»
Les footballeurs en lice ce dimanche seront-ils pénalisés par le stress ou n’auront-ils qu’une tension bien légitime avant le coup d’envoi
? Il n’y a pas de remède miracle mais quels éléments peuvent aider
? «
Le plus grand psychologue dans le vestiaire, c’est le coach
», tranche Johan Walem. «
Il faut effectivement un entraîneur calme au bord du terrain et un capitaine serein sur la pelouse, capable de garder son sang-froid et mettre ses équipiers sur la même longueur d’onde
», poursuit Jef Brouwers.
Ce dernier met en garde les Unionistes contre «
toute forme d’euphorie
», tout comme il incite les Anversois à «
accepter le coup du sort de ce but venu de nulle part face à l’Union
» et à «
préparer ce match à Genk comme les autres
». Pour l’ancien Diable rouge (36 caps, 2 buts), ce coup du sort, ils auraient dû plutôt le surmonter durant le match. «
À mon époque avec Anderlecht, tu passais au-dessus de cela et le 2-1, on le marquait. C’est psychologique.
»
Si Jef Brouwers ne se penche pas sur les qualités morales des candidats au titre, Johan Walem y va de sa conclusion. «
Des trois équipes, la plus forte sur le plan psychologique, c’est l’Union. Ce qu’elle a fait, à dix, dimanche à l’Antwerp avec un but de raccroc, cela galvanise un groupe. Quoi qu’on en dise, l’Antwerp a pris un sérieux coup sur la tête. Les Unionistes ont raté le coche l’an passé et ont aujourd’hui une deuxième balle de match… mais en sachant que si l’Antwerp gagne, c’est lui qui est champion. Donc, psychologiquement, l’Union n’a strictement rien à perdre.
»
Pour leurs partisans comme pour leurs détracteurs, les playoffs ont pour caractéristique principale de remettre du suspense là où il n’y en avait pas ou plus. Depuis son introduction lors de la saison 2009-2010, l’enfant chéri du président gantois Ivan De Witte (qui avait porté le projet quand il était à la tête de la Pro League) n’a pas bouleversé à chaque fois la hiérarchie établie en phase classique mais il a beaucoup joué sur les nerfs des acteurs avec la division des points, que ce soit dans une configuration à 6 équipes (jusqu’en 2019, puisqu’ils ont été annulés en 2020 à cause du Covid, et à nouveau dès la saison prochaine) ou à quatre équipes (les trois dernières saisons).
Une première depuis 9 ans
À quatre reprises, les playoffs ont débouché sur un champion autre que le vainqueur de la phase classique. En 2011, Anderlecht avait sous-estimé l’impact de la vente de Mbark Boussoufa avant les Playoffs 1 avant d’être dépassé par Genk et le Standard (qui avait commencé à la 6
e
place
!). En 2014, le Standard (qui avait 8 points d’avance après la 1
re
journée suite à sa victoire en Clasico) avait été «
grillé
» par son rival bruxellois. Un an plus tard, La Gantoise écrivait l’histoire avec le premier titre de son histoire au nez et à la barbe de Bruges. La saison passée, le scénario favorable aux Brugeois reste toujours sur l’estomac des Unionistes.
En matière de suspense conservé jusqu’à la dernière seconde comme cela sera le cas ce week-end, les playoffs nous ont offert trois précédents. En 2011, en plus du triste accident de Carcela, le Standard a cru être champion sur le terrain de Genk jusqu’à un quart d’heure de la fin quand Kennedy est parvenu à tromper Bolat alors que Mangala avait mis le Standard aux commandes juste avant le repos. En fin de match, Courtois a fait le reste notamment dans ses face-à-face avec Nong. En 2013, Anderlecht et Zulte Waregem se disputent le trophée au stade Constant Vanden Stock. Les Flandriens doivent gagner, les Mauves peuvent se contenter du point. Pendant 143 secondes, Naessens place l’Essevee sur un nuage mais l’euphorie retombe avec l’égalisation de Biglia.
En 2014, le titre se jouait dans deux matches différents
: le Standard devait battre Genk à Sclessin tandis qu’Anderlecht n’avait besoin que d’un point à domicile contre un Lokeren démobilisé (et déjà européen via la Coupe). Vite mis aux commandes par Carcela, le Standard a cru brièvement à un revirement possible quand le Lokerenois Harbaoui a égalisé. Mais l’espoir a été de courte durée. Neuf ans plus tard, les smartphones vont à nouveau chauffer entre deux stades…
Teddy Teuma et Victor Boniface (Union) et Mike Trésor (Genk) sont les trois nommés pour le titre de Joueur de l’année en Jupiler Pro League. Le lauréat sera connu à l’occasion des Pro League Awards qui auront lieu à Bruxelles le lundi 5 juin prochain. L’ancien joueur de l’Union Saint-Gilloise Deniz Undav avait été récompensé en 2022.
Teuma, 29 ans, a joué 35 rencontres en championnat cette saison, compilant 10 buts et 12 assists.
Arrivé l’été dernier pour remplacer Deniz Undav, Victor Boniface, 22 ans, a inscrit 9 buts et distribué 8 assists cette saison en 36 matches de championnat. Il a également inscrit 11 buts sur la scène européenne (6 avec l’Union et 5 avec Bodo/Glimt).
Lauréat du Soulier d’Ebène le 22 mai dernier, le Genkois Mike Trésor est le troisième nommé. Le joueur de 24 ans a été un des artisans de la réussite du Racing cette saison avec ses 8 buts mais surtout 23 assists, un nouveau record en Jupiler Pro League.
Aucun joueur de l’Antwerp, pourtant leader avant la dernière journée, ne figure donc parmi les nommés…