La saison de Jupiler Pro League n’est pas encore terminée que le futur promu fait déjà parler de lui et pas spécialement de manière positive. John Textor et le Conseil d’administration du RWDM ont décidé de se séparer de Thierry Dailly, le président du Daring depuis la relance du club en 2015.
C’est un véritable choc qui secoue le stade Machtens. On savait que les relations entre les deux hommes avaient parfois été très tendues en cours de saison, Thierry Dailly menaçant déjà au cœur de l’hiver de quitter le club. Mais les choses semblaient s’être calmées et au soir du titre, à même la pelouse, John Textor avait confirmé que Thierry Dailly resterait bien au club.
« Thierry Dailly sera encore là. Il est propriétaire. Il est président du comité de direction, je suis président du club. Il vit ici et moi en Floride. Il ne va nulle part. Nous sommes partenaires à 80 % – 20 %, comme depuis le début », assurait l’Américain entre deux parades aux côtés de Dailly, ajoutant encore que « tout le monde veut savoir qui est le vrai président. Mais nous sommes tous les deux présidents. Nous sommes tous les deux propriétaires. Nous sommes partenaires et nous avons travaillé pour offrir ce titre à cette communauté. Thierry sera là l’an prochain. Je n’ai aucun plan pour lui racheter ses parts ». Visiblement, Textor a décidé de revenir sur ses paroles.
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L’échec sportif détaillé
en trois points
C’est via un très, très long communiqué publié sur le site internet du club mercredi que John Textor a expliqué les raisons qui l’avaient poussé à évincer l’historique président du club molenbeekois.
Dans sa longue tirade, l’Américain avance ainsi qu’au moment où il a repris le club, il a laissé la gestion sportive aux mains de Thierry Dailly et Julien Gorius. Une gestion qui n’a pas convaincu, le mot est faible, le nouveau propriétaire du club.
« Sous le leadership direct de M. Dailly, notre département sportif a échoué sur trois points essentiels », explique Textor au cœur du fameux communiqué. Il détaille : « 1. L’incapacité à fournir au RWDM un effectif compétitif ; 2. L’incapacité à fournir des joueurs qualifiés belges qui répondraient à nos exigences pour les jours de match ; 3. Réticence à s’engager dans les tâches de scouting qui sont exigées d’un directeur sportif et un département sportif. »
Dans son exposé, Textor détaille la méthode à mettre en place pour recruter au mieux un joueur, méthode qu’il estime n’avoir pas été suivie par Dailly et Gorius.
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Pourquoi Textor
a repris la main
Face à ce qu’il considère comme un échec, donc, John Textor a repris la gestion sportive en main dès le mois de juillet 2022. Pour Thierry Dailly, c’était une première mise à l’écart.
« Avec un effectif incomplet et la nécessité d’agir très rapidement, M. Dailly a été écarté des décisions footballistiques à ce moment-là, et nous avons entrepris une progression majeure des initiatives de recrutement de joueurs afin d’être prêts pour la saison qui approchait à grands pas », explique-t-il avant de poursuivre : « Notre équipe de présaison et notre équipe d’ouverture étaient à mon avis des « équipes de relégation », car notre noyau était incomplet. »
Textor rappelle également qu’au moment du rachat, il avait été spécifié que « les décisions finales sur les questions footballistiques importantes me reviendraient ».
L’éviction totale de Thierry Dailly n’est, finalement, qu’une suite logique arrivant après de multiples décisions que l’Américain détaille en long et en large dans son interminable communiqué. Fin 2022 et avec une finalisation en février 2023, le Conseil d’administration l’avait démis de ses fonctions de directeur général,
« M. Dailly ne conservait plus que le titre négocié de président du Conseil d’administration ».
Mardi soir, au terme d’une réunion du CA, Thierry Dailly a donc vu toutes ses autres fonctions au club lui être retirées. « Tout en reconnaissant les contributions antérieures de M. Dailly, il a été collectivement convenu qu’il ne siégerait plus à titre de président du Conseil d’administration. Son contrat de consultant est également résilié. Ces décisions officialisent le changement de pouvoir décisionnel en cours depuis le début de l’année 2022, avec pour objectif principal de restaurer l’intégrité et de garantir que le club fonctionne conformément aux normes les plus élevées en matière d’éthique et de gouvernance d’entreprise », argumente John Textor qui occupera désormais le poste de président.
À noter que, pour le moment, Thierry Dailly reste tout de même actionnaire du club à hauteur de 20 %. Mais sans plus aucun pouvoir décisionnel propre.
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Accusations graves
à l’encontre de Dailly
Mais le Yankee va plus loin, accusant le Bruxellois de quatre faits graves : détournement des fonds du club ; abus de pouvoir d’entreprise, perturbation de la gouvernance d’entreprise ; comportement violent et intimidant de M. Dailly, entraînant un environnement de travail toxique ; des actions et des déclarations incompatibles avec les valeurs qui nous sont chères en tant que club de football moderne ancré à Bruxelles.
Pour le moment, difficile d’en savoir plus. Nous avons tenté de contacter John Textor pour avoir plus de précisions mais sans succès. Il y a fort à parier que ces accusations n’en resteront pas là, tant de la part du club (action en justice ?) que de la part de Thierry Dailly. Là encore, nous avons essayé d’avoir une réponse de sa part sur ce sujet, mais il n’a pas répondu à nos appels.
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Calmer des supporters très remontés
Dans la journée de ce mercredi, l’annonce du licenciement de Thierry Dailly a provoqué l’ire des supporters. Il faut dire que le Bruxellois dispose d’une grande aura auprès des fans molenbeekois, lui qui a relancé le mythique club aux quatre lettres en 2015.
Le noyau dur, le MCF, a confié vouloir mener des actions fortes en représailles la saison prochaine comme provoquer l’arrêt des matches après 15 minutes tant que Thierry Dailly ne sera pas rétabli dans ses fonctions de président du club.
John Textor a tenu à les rassurer, assurant que « votre identité est intacte et je suis très attaché au RWDM en tant que club bruxellois avec un noyau belge fort, sur et en dehors du terrain ». L’Américain avait d’ailleurs fustigé le manque de joueurs belges dans le recrutement mené par Gorius et Dailly. « Il faut l’affirmer, nous sommes un club bruxellois et nous devons nous efforcer de nous battre pour l’excellence afin de devenir l’un des meilleurs centres de recrutement en Belgique. »
Il continue : « Nous sommes convaincus que ce changement de leadership favorisera un environnement conforme à nos valeurs communes. En établissant une gouvernance solide et fondée sur des principes, nous visons à rétablir la confiance et à forger une nouvelle ère de succès sur et en dehors du terrain. »
Dailly dehors et Textor n’ayant pas vocation à être présent tous les jours au club, qui va diriger le club au quotidien? Le nom de Gauthier Ganaye (Ostende) est cité avec insistance pour prendre le rôle de CEO. Reste à voir si cette proposition pourrait évoluer vers un poste de président…