VINCENT JOSÉPHY
Puertas a remis l’Union dans le match.Belga
Comme elle l’a encore démontré dimanche à l’Antwerp, où tout semblait pourtant se liguer contre elle, la formation bruxelloise a su trouver des ressources insoupçonnées pour inverser la tendance et conserver ses chances de titre. next
Il paraît que c’est souvent quand elles sont au pied du mur que l’on voit réellement la force des grandes équipes. Si l’on se base sur son match au sommet de dimanche à l’Antwerp (1-1) et, en élargissant un peu le spectre, sur son parcours récent tant sur la scène nationale qu’en Europe, l’Union saint-gilloise en est assurément (re)devenue une depuis quelque temps. Bien sûr, on ne va pas dresser ici la liste exhaustive des matches gagnés ou accrochés dans des conditions délicates mais on peut néanmoins en citer quelques-uns parmi les plus marquants de cette saison hors-norme. En Coupe d’Europe, tout d’abord, tout le monde se souvient de ces scénarios de fou et/ou de ces renversements de situation tardifs face à Malmö, à Braga, à l’Union Berlin (au moins à deux reprises), à et face à Braga, ou à Leverkusen. En Coupe de Belgique, l’Union s’en était sortie miraculeusement contre Ostende et avait balayé une formation gantoise en pleine bourre ou titillé l’Antwerp alors qu’en championnat, on peut notamment citer des matches de phase classique à Anderlecht, à Genk, face à Bruges ou à Courtrai et, en Playoffs, ceux disputés à Genk et, désormais, celui à l’Antwerp, le plus criant de tous.
Blessés
Menée, bousculée, décimée, limite amputée par les absences conjuguées de Teuma (adducteurs, genou), Boniface (qui a tout de même disputé un quart d’heure sur une jambe), Van der Heyden (touché à l’épaule, les ligaments pourraient être déchirés), Lynen (exclu) ainsi que Vertessen qui s’est fait mal tout seul en frappant au but 28 minutes après sa montée au jeu, l’équipe de Karel Geraerts a réussi à arracher en fin de match et sur sa seule réelle (demi-) occasion du match, un partage miraculeux auquel plus personne ne croyait. Parce qu’elle a toujours cru en elle, parce qu’elle a su faire le gros dos au plus fort de la domination anversoise puis encore davantage une fois après avoir égalisé, on peut affirmer que ce point du partage est avant tout le point de courage. Celui d’une résilience digne de plus grands. Des champions, en quelque sorte. « On n’a clairement pas disputé notre meilleur match », concédait après coup un Geraerts soulagé mais lucide. « Bien sûr, on a dû subir pas mal de contretemps mais on n’a surtout jamais su trouver le bon rythme, se projeter vers l’avant et se créer des occasions. Probablement à cause du stress. Malgré cela, cette équipe a montré beaucoup de confiance, de patience, de volonté contre une formation anversoise qui s’est sans doute contentée de gérer un peu trop son avantage. Mes joueurs, eux, n’ont rien lâché. Vu les circonstances de ce match au sommet, on ne va pas cracher sur ce point qui nous laisse vivants. Je sais que beaucoup de gens ne croyaient plus en nous à un moment donné, ce qui est parfaitement logique, mais moi bien. S’il y a bien une personne qui doit croire en son équipe, c’est l’entraîneur, non ? »
Puertas : « On a appris à se battre l’un pour l’autre »
À force, on n’est même pratiquement plus étonnés de voir cette équipe s’extirper de situations particulièrement délicates que l’on croit parfois, à tort, perdues d’avance. Tel un phénix, l’équipe bruxelloise encaisse les uppercuts, et parvient – pratiquement… – toujours à renaître de ses cendres. « C’est le mérite de tout le groupe, souligne Cameron Puertas, l’un de ces joueurs de l’ombre qui peuvent souvent se montrer précieux tant par leur apport sur le terrain que par leur bon comportement aux entraînements. Marquer ce but telle ment important à l’Antwerp, c’est clairement le plus beau moment de ma carrière. Parce qu’il nous a permis de priver les Anversois de fêter le titre sous nos yeux tout en nous laissant une petite chance de le remporter la semaine prochaine. Vous savez cette équipe travaille ensemble depuis deux, parfois trois ans. On a construit beaucoup de choses, on a appris à se connaître, à se battre l’un pour l’autre pour arriver à nos fins. Ici, on a eu pas mal d’absences et de coups durs mais que ce soient les joueurs qui ont remplacé les titulaires au coup d’envoi ou les autres qui, comme moi, sont montés en cours de jeu, on a tous fait notre job. Maintenant, même si on n’a plus notre sort entre les mains, on a une dernière mission collective à accomplir et espérer que le sort nous soit favorable dans l’autre rencontre. »
Les réservistes
répondent présents
Bien sûr, à l’approche du « money time », l’Union n’est toujours pas favorite pour remporter dimanche le 12 e titre de champion de Belgique de son histoire, 88 ans après le dernier en date.
Parce qu’elle n’a plus son sort entre les mains, tout d’abord. Si l’Antwerp s’impose à Genk, ce sera bel et bien terminé.
Ensuite, il ne faut pas oublier que cette équipe, à bout de souffle, sera probablement amputée de quelques-uns de ses cadres. D’ores et déjà assurée de devoir évoluer sans Lynen, son contrôleur de l’entrejeu, suspendu, l’Union devra aussi suivre avec attention l’évolution des blessures des éléments-clés cités plus haut.
Et faire avec, comme on dit dans la capitale. « On fera le point jour après jour », constate, impuissant, Karel Geraerts. « Rarement, on a été confrontés à autant de contretemps cette saison et il faut que cela arrive maintenant. Cela étant, l’équipe a démontré qu’elle avait du répondant, qu’elle ne lâchait jamais rien. On me demande souvent pourquoi c’est le cas. Ce que je peux dire, c’est que même dans les petits matchs aux entraînements, mes joueurs veulent toujours gagner, tout le temps, parfois en allant à la limite. On ne peut évidemment pas reproduire les situations de match en semaine mais c’est un état d’esprit que nous cultivons. Ces joueurs ont appris à se connaître, à s’apprécier, que ce soit sur ou en dehors des terrains. Et ils sont donc prêts à aller au charbon l’un pour l’autre. Que ce soient ceux qui sont habituellement titulaires ou les autres. Regardez Sykes, qui n’avait plus joué depuis des mois, Puertas, qui monte souvent très bien au jeu, Nilsson, qui s’est battu 90 minutes durant dans un contexte compliqué, ou El Azzouzi, qui a une nouvelle fois démontré qu’il était prêt à être titulaire, et pas seulement pour la saison prochaine. Il est arrivé comme un gamin et c’est devenu un adulte. Parce qu’il a énormément bossé. Parce qu’il a énormément progressé, aussi. La force de l’Union, ce n’est pas de compter sur quelques titulaires mais sur un groupe élargi avec des joueurs moins « visibles », qui répond présents quand je fais appel à eux. »
BENJAMIN HELSON
En l’absence de Teuma, c’est Moris qui portait le brassard de capitaine, dimanche.Belga
Le capitaine unioniste a sauvé les siens à l’ultime minute du match et peut continuer à rêver de soulever le trophée de la Jupiler Pro League, dimanche prochain contre le FC Bruges next
Après être passé tout proche de la catastrophe en fin de première période sur une relance interceptée par Arbnor Muja, Anthony Moris a maintenu le suspense dans la course au titre en sortant un arrêt sensationnel devant Gaston Avila au-delà des six minutes de temps additionnel du choc entre l’Antwerp et l’Union ce dimanche. Le capitaine luxembourgeois des Unionistes est revenu sur la grosse prestation collective de ses partenaires, qui ont encore une fois fait la différence avec leur force mentale.
Quels sont les ingrédients qui vont ont permis d’aller chercher un partage qui compte quasiment comme un succès ?
L’abnégation, l’esprit d’équipe et le caractère. Tout ce qui nous caractérise depuis deux ans et c’est quelque chose qu’on ne fait pas sur une deuxième mi-temps comme ça si on ne l’entretient pas tous les jours. C’est ce qu’on fait chaque jour à l’entraînement dès qu’il y a des petits matches. On a cette envie de ne pas perdre, de tout donner jusqu’au bout et ça nous a souri.
Entre les blessures, l’exclusion de Lynen, le fait d’être mené au score, tout était pourtant contre vous ce dimanche…
C’est sûr que le onze de départ a dû surprendre un peu. Ensuite, on fait un changement tactique à la mi-temps en sortant un défenseur central et un autre se blesse juste après. Il y a la rouge de Lynen aussi. Puis il se passe toujours des choses spéciales ici à l’Antwerp. Le ramasseur de balle oublie de donner le ballon, ça chauffe un peu sur le côté et directement, il y a trois ou quatre stewards qui n’ont rien à faire là qui montent sur le terrain. On voit des gens avec des oreillettes à un moment donc des policiers en civil. Ce sont des choses qu’on ne voit qu’ici et on le tolère quelque part donc c’est sûr que de parvenir à revenir au score dans un tel contexte, c’est le meilleur « team-building » possible.
De votre côté, vous avez un arrêt déterminant à la fin de match. Est-ce l’arrêt de la saison ?
On le dira la semaine prochaine, mais en tout cas c’est celui qui permet de toujours y croire même si on n’a pas notre sort entre les mains puisque si l’Antwerp gagne la semaine prochaine, il est champion, c’est sûr. J’avais dit que ça se jouerait jusqu’au dernier match et on y est, maintenant. Je devais à l’équipe de faire cet arrêt. Je suis fier de la façon dont tout le monde s’est battu l’un pour l’autre pendant 96 ou 97 minutes.
Même si l’Antwerp garde son sort entre les mains, sur le plan psychologique, ça vient peut-être de basculer de votre côté…
Cela fait une semaine qu’on lisait un peu partout que les Anversois se demandaient comment ils allaient fêter ça. La Grand-Place était prête, le champagne doit être quelque part ici (au Bosuil) aussi. On n’avait pas envie de voir ça parce qu’on l’avait déjà vécu la saison passée même si Bruges n’avait pas fêté devant nous. Et puis, il y avait aussi ce match de Coupe de Belgique ici qui nous a laissé un petit sentiment amer pour la suite de la saison. On ne voulait pas voir ces scènes de liesse ce dimanche et j’espère maintenant que Genk va battre Bruges (NDLR : ce qui a été le cas dans la soirée de dimanche) pour avoir une finale de feu à trois équipes la semaine prochaine.
À l’image d’El Azzouzi, l’Union a pu compter sur son banc aussi…
Des joueurs comme lui ou Puertas ont parfois dû s’entraîner seuls parce que vu l’enchaînement des matches, on était plus dans la récupération pour certains (titulaires). C’est la preuve que le travail de tout le staff est bien fait. La force de cette équipe est que dès qu’on a un coup dur, on s’en sert pour aller de l’avant.
Comment aviez-vous vécu l’égalisation de Puertas ?
Il faut demander aux supporters de l’Union (NDLR : situés juste derrière le portier bruxellois en deuxième période) comment je l’ai vécue parce qu’ils l’ont vu. C’était comme un soulagement, mais ça a duré dix secondes parce qu’à ce moment le match n’est pas fini. Ce but est venu de très loin et c’était forcément un gros boost. Après, on savait que ça risquait de chauffer pendant dix, quinze minutes même si au final, je pense qu’on n’a pas été vraiment mis en difficultés et qu’on a bien géré le fait d’être à dix.