Bruxelles.fiscalité a estimé le terrain
du potentiel futur stade de l’USG. C’est moins
que l’offre du club, refusée par la commune.
L e moins que l’on
puisse écrire est que
l’estimation n’était
pas bonne. Mardi, en con-
seil communal, l’échevin
forestois Ahmed Ouartassi
(PS) s’est risqué à une esti-
mation “personnelle” du
prix terrain sur lequel
l’Union Saint-gilloise pro-
jette son nouveau stade. In-
terrogé par le conseiller
communal MR Cédric
Pierre de Permentier, il a es-
timé le prix du terrain dit
du Bempt à “entre 13 et
15 millions d’euros.”
L’échevin socialiste a pré-
cisé que cette estimation
n’engageait que lui et qu’il
s’était simplement basé sur
le prix au mètre carré de
terrains environnants. “Il ne
s’agit en rien d’une décision
du collège, il n’y a d’ailleurs
pas eu de discussion sur le
prix au collège ou même avec
le club. On attend qu’il ré-
ponde à nos inquiétudes en
termes d’environnement, de
sécurité et de mobilité”. Pour
rappel, le club prévoit d’in-
vestir entre 70 et 85 mil-
lions d’euros pour un stade
conforme aux normes de
l’UEFA de 15 050 places assi-
ses.
. Le collège forestois
pas au courant
La Dernière Heure s’est
procuré un rapport réalisé
par bruxelles.fiscalité en
décembre 2022 et com-
mandé par le cabinet du
ministre des finances Sven
Gatz. “Comme la commune a
obligé le club à faire une offre
pour un terrain communal
pour lequel elle n’a pas fait sa
propre évaluation, une ana-
lyse objective est justifiée
comme base de départ,” dé-
veloppe la porte-parole du
ministre.
Sur base du prix de vente
d’autres terrains pour des
infrastructures sportives
dans la région bruxelloise,
le rapport conclut que les
36 000 m2 du Bempt envi-
sagés par l’USG vaudraient
90 euros/m2 soit
3 240 000 euros. Ce rapport
a été transmis au club qui,
quelques jours après, a pro-
posé 3,5 millions pour ra-
cheter le terrain. Offre, rap-
pelons-le, refusée par la
commune.
D’où vient, alors,
l’énorme erreur d’estima-
tion de l’échevin ? Ahmed
Ouartassi explique “avoir eu
vent, à l’oral, par un membre
du collège” du montant
avancé par bruxelles.fisca-
lité mais n’avoir “jamais eu
en main le rapport”. “Je
trouve cela particulier qu’un
organisme non communal es-
time le prix d’un terrain com-
munal. De plus, trouvez-moi
un terrain vendu à moins de
100 euros du mètre carré
dans la capitale euro-
péenne ?” Notons que l’ana-
lyse de brussels.fiscalité en
cite quatre à moins de
100 euros du m2
sur les huit
étudiés. Pourtant, plusieurs
sources régionales nous le
confirment : “l’estimation a
bien été transmise à la com-
mune.” Au collège forestois,
l’information n’était visi-
blement pas passée partout
puisque du côté Ecolo, on
n’assure n’avoir reçu
aucune estimation de la
part de qui que ce soit…
Le rapport nuance toute-
fois le résultat de son ana-
lyse. Il se base sur le schéma
d’implantation transmis
par le club qui ne précise
pas exactement la surface
envisagée par l’Union. Les
36 000 mètres carrés de ré-
férence sont donc une sim-
ple estimation. De plus, le
prix de vente d’un terrain
se calcule en fonction de
l’affectation que l’on veut
lui donner. Or, ce point
reste litigieux dans le dos-
sier puisque certains esti-
ment que l’affectation
“sport ou loisir en plein air”
prévu pour cette zone dans
le Plan régional d’affecta-
tion du sol (Pras) ne colle-
rait pas avec l’installation
d’un stade. Le rapport se
base sur l’hypothèse que le
stade serait compatible
avec le Pras, ce dont le con-
seiller communal Cédric
Pierre de Permentier est
convaincu. Pour avancer
cela, il se base sur les pres-
criptions du plan régional :
les zones “sport ou loisir en
plein air” ne peuvent pas
être construites sur plus de
20 % de leur surface, mais
les tribunes ouvertes ne
sont pas comptées. Cela
semble donc compatible
avec un stade, estime le li-
béral.
Ces zones peuvent aussi
accueillir des commerces
de taille réduite qui consti-
tuent le complément usuel
et l’accessoire de celles-ci.”
On peut ici penser à de
l’Horeca. A priori donc, rien
d’incompatible avec un
stade. Rappelons que
l’Union a retiré son projet
d’hôtel sur le site qui lui,
posait clairement pro-
blème.
. Le prix
n’est pas la question
“Dans ce dossier, la majo-
rité forestoise démontre toute
son incompétence, s’agace
Cédric Pierre De Permen-
tier. En décembre, la Région
réalise une estimation à hau-
teur de 3,2 millions pour la
valeur du terrain. En avril, un
échevin annonce une valeur
comprise entre 13 et 15 mil-
lions sans pouvoir justifier ce
montant. Je partage la peine
du gouvernement bruxellois
et du club de devoir mener
des discussions avec un inter-
locuteur si peu sérieux. Il
note finalement un point
positif. Désormais la valeur
du terrain est connue, c’est un
pas dans la bonne direction.
Il faut avancer sur les com-
pensations que le club doit of-
frir à la commune.”
Là-dessus, tout le monde
s’accorde, que ce soit le
conseiller d’opposition,
l’échevin socialiste et
même le cabinet du minis-
tre-président Rudi Ver-
voort. L’évaluation permet
simplement de donner la
valeur vénale du terrain. Le
prix ne prend pas en
compte les compensations
que le club devrait verser,
liées à ce qui devrait être
déplacé du terrain. En effet
pour que le stade s’im-
plante ici, il faudrait reloca-
liser des services techni-
ques de la commune, faire
disparaître un terrain de
foot puis relocaliser un ter-
rain de rugby et un espace
Streetworkout récemment
aménagé.
Selon un proche des so-
cialistes au gouvernement,
“les points négatifs n’ont rien
d’insurmontables.” L’exécu-
tif bruxellois veut aboutir à
une solution pour le club
avant l’été, “au moins sur le
principe.”