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« On ne connaissait même pas les noms de nos adversaires »  
« On ne connaissait même pas les noms de nos adversaires »  

VINCENT MILLER

Il a disputé douze matches européens.Sylvain Crasset

Paul van den Berg (86 ans), légende vivante de l’Union, a réalisé cinq déplacements européens avec le matricule 10. Ses souvenirs d’une époque totalement révolue sont encore vivaces… prevnext

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Ce mercredi, l’Union Saint-Gilloise s’envole pour Berlin où elle y disputera un match historique face à l’Union locale. Une rencontre qui rappellera des souvenirs à Paul van den Berg, un des plus grands joueurs de l’histoire du matricule 10 qui disputa douze matches européens avec l’Union entre 1958 et 1964. À une époque où les Jaune et Bleu se produisaient régulièrement en Coupe des Villes de Foires (seule compétition européenne à laquelle l’USG avait pris part avant de disputer l’Europa League cette saison). Parmi ces douze rencontres, le Saint-Gillois de naissance, aujourd’hui âgé de 86 ans, en disputa cinq à l’extérieur. « C’était le tout début des Coupes d’Europe », se rappelle-t-il. « On se déplaçait avec le coach, un préparateur physique et le porteur de bagages qui s’occupait des équipements. C’était tout. On n’était pas professionnel. Ce qui signifie qu’on devait demander congé à notre patron vu que les matches se jouaient en semaine. Personnellement, en 1958, j’étais étudiant à l’ECAM, une haute école d’ingénierie électronique dans le bas de Saint-Gilles. Je devais donc demander l’autorisation à mes professeurs. »

À l’époque, les clubs partaient à l’aventure lors de leurs déplacements européens. « Je me rappelle qu’il n’y avait pas de préparation spécifique pour ces rencontres. On ne connaissait absolument rien de nos adversaires. On ne connaissait même pas leurs noms ! Quand on jouait contre la Roma par exemple, on se disait juste que cela devait être un bon club italien. Et nous, on jouait notre jeu, c’est tout. Aujourd’hui, ce serait impensable, avec tous ces gens dans les staffs munis de tablettes et possédant des données sur tous les clubs et les joueurs… »

« Un résultat connu le lendemain, par la presse »

Parmi tous ses déplacements effectués, un en particulier est resté gravé dans sa mémoire : celui au « stadio Olimpico » de l’AS Rome, le 13 mai 1958 (il avait marqué le but du 1-1, score final). « Je me rappelle d’un affrontement très serré, très fermé, face à des Romains qui jouaient le « Catenaccio ». Ils évoluaient avec un libero et cinq défenseurs. On se retrouvait donc face à six ou sept défenseurs. Ce n’était pas très gai à jouer… Mais c’est un adversaire qui m’aura particulièrement marqué. »

Paul van den Berg n’aura par contre pas disputé le dernier match européen de l’Union de l’époque dans le « stadio communale Vittorio Pozzo » de la Juventus, le 7 octobre 1964. « J’étais malade et n’avais donc pas fait le déplacement. Comme il n’y avait pas de GSM à l’époque, je n’avais connu le résultat que… le lendemain, par la presse. » Un revers 1-0 qui allait sceller le sort des Saint-Gillois, déjà défaits 0-1 au match aller au stade Marien. Un stade plus que centenaire qui a donc vu défiler d’illustres équipes européennes. « Et pourtant, à l’époque, ce genre de matches n’attirait pas spécialement plus de monde que les rencontres de championnat. Ce qui attirait les foules, c’était surtout les matches face au Standard, Anderlecht, etc. À ces occasions, l’enceinte était tellement remplie que des gens mettaient des chaises sur le bord du terrain ou montaient dans les arbres du parc Duden. Les dirigeants étaient tous là, assis en tribune le plus souvent avec leur gros cigare en bouche. Et ils restaient très distants. »

Des dirigeants dont le pouvoir sur les joueurs était grand. « À l’époque, on appartenait au club et c’est lui qui décidait pour vous. Le plus bel exemple ? Après ma carrière, j’ai appris que des formations étrangères avaient été intéressées par mes services, comme Modène en Italie, mais la direction ne m’a pas tenu au courant. Pourtant, cela m’aurait éventuellement intéressé d’aller jouer là-bas. Mais je n’avais rien à dire. Tu signais ton affiliation au club à 12 ans et tu restais là, point à la ligne. »

L’USG n’ayant jamais gagné hors de ses bases en Coupe des Villes de Foires, Paul van den Berg aura dû attendre près de… six décennies pour enfin voir « son » Union glaner une victoire européenne en déplacement ! C’était le 8 septembre 2022 à… Berlin. « Ce que l’Union réalise cette saison en Europe, après cette si longue traversée du désert, c’est assez exceptionnel. J’avais des craintes qu’elle subisse un contrecoup après son incroyable saison 2021-2022. D’autant qu’il y a eu des départs de taille. Finalement, il n’en est rien et elle s’en sort admirablement. »

Des compliments d’une légende du club qui feront assurément plaisir à Karel Geraerts et ses troupes au moment d’embarquer vers l’Allemagne, terre d’un exploit retentissant il y a six mois.

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