ETIENNE PAIROUX
Des Rouches en verve à l’Union: personne n’attendait cela après la triste défaite contre Courtrai.Photo News
Cette saison, le Standard a déjà battu trois équipes du top 4. Mais c’est la première fois qu’il s’impose face à un tel adversaire, invaincu depuis 17 matches, à l’extérieur. next
Arrêtons définitivement de juger le Standard au terme d’une seule rencontre. Soulignons simplement qu’il lui en reste huit avant de clôturer la phase classique et il sera alors temps d’analyser le bilan de cette équipe dont l’irrégularité agace les supporters tout autant qu’elle égaye parfois leurs soirées. Il faut remonter à la première époque de Michel Preud’homme (le Standard est champion avant de connaître sa première défaite en 2007-2008), voire l’année suivante avec Laszlo Bölöni, puis sous Guy Luzon (2013-2014) ou encore lors des Playoffs de Dominique D’Onofrio (2011) ou Ricardo Sa Pinto (2018) pour trouver trace d’un Standard nettement moins capricieux. Ronny Deila, lui, n’a pas encore trouvé la formule magique pour amener de la constance dans les résultats liégeois. Mais force est de reconnaître que ce qu’il réalise cette saison est particulièrement inattendu avec des joueurs transfigurés à l’image d’Aron Dönnum voué aux gémonies il y a quelques mois à peine. Et auteur du quatrième but de la rencontre pour clôturer une prestation personnelle particulièrement aboutie qui efface sa passe loupée à la base de la première égalisation de l’Union.
L’Union invaincue depuis le 11 septembre 2022
Après avoir été en dessous de tout une semaine plus tôt face à Courtrai, les hommes de Ronny Deila ont, samedi soir, stoppé net la série de 17 matches sans revers de l’Union invaincue en championnat depuis le 11 septembre 2022 (1-2 face à Genk). Un succès qui confirme, une fois de plus, que le Standard est plus à l’aise quand il ne doit pas avoir la possession. « C’est vrai que nous devons être encore plus dangereux contre des plus petites équipes » concédait à nouveau Ronny Deila. « Nous devons faire sauter leur bloc alors que face à des formations qui attaquent, nous pouvons évoluer en contres. Nous devons travailler à cet aspect de notre jeu. »
Un pour tous,
tous pour un
Il n’empêche que, samedi soir, devant 6957 spectateurs dont 996 sympathisants rouches, les Liégeois ont donné une belle leçon d’efficacité aux joueurs de Karel Geraerts avec quatre buts pour six occasions franches. Mais leur succès ne se résume pas seulement à l’efficacité. Malgré une composition de départ sans attaquant avec un Melegoni à la place d’Ohio, ils ont démontré que lorsqu’ils étaient solidaires, ils étaient capables du meilleur. Comme si en une semaine Ronny Deila leur avait inculqué les vertus de la devise « un pour tous, tous pour un » lui qui, une semaine plus tôt, avait justement mis l’accent sur cet aspect du jeu qui avait manqué face à Courtrai, conscient d’avoir déjà abandonné 5 points à Seraing, 3 à Eupen et autant à Courtrai.
Toutefois, d’un autre côté, ses ouailles avaient déjà battu Bruges (3-0) et l’Antwerp (3-0) à domicile mais n’avaient pas encore vaincu un ténor chez lui. C’est chose faite, à l’Union qui plus est. Un succès que personne n’aurait imaginé réalisable il y a une semaine à peine. Personne sauf sans doute Ronny Deila qui, cette fois, a décidé de ne pas s’enflammer. Conscient sans doute d’avoir été un peu vite en évoquant le top 4 avant la visite de Courtrai, le coach norvégien ne veut plus se laisser griser par les résultats alors que, pourtant, il s’est rapproché à deux points de Bruges. « Je serai très satisfait si on pouvait rejoindre les Playoffs pour le titre mais ils seront composés de quatre très bonnes équipes et je pense que ce sera très difficile d’y participer. Nous devons plutôt nous concentrer sur le top 8. »
Pour l’Union, en revanche, ce revers survenu en l’absence de Lazare (suspendu) ne remet pas en cause sa présence dans le top 4, ni son espoir de lutter pour le titre. Mais là où elle aurait pu réaliser une bonne affaire, elle perd un point sur Genk alors que l’Antwerp se rapproche à trois unités. Bon perdant, Karel Geraerts félicitait son adversaire. « Nous avons joué contre une bonne équipe et la différence s’est jouée sur les erreurs individuelles. Le Standard a bien profité de nos fautes. Et nous avons eu suffisamment d’occasions pour marquer plus de deux buts. C’est vrai que c’est notre première défaite depuis septembre mais je suis fier de mes joueurs qui se sont battus jusqu’à la dernière minute. » En se disant peut-être qu’une claque de temps en temps permet parfois de remettre les esprits en place.
VINCENT MILLER
Anthony Moris et l’Union s’arrêtent à 17 matches sans défaite.Belga
Très exactement 160 jours, soit plus de 5 mois : c’est le laps de temps depuis lequel l’Union n’avait plus mordu la poussière en championnat. Une défaite qui ne souffre aucune contestation, ce que confirme Anthony Moris. prevnext
Anthony Moris, l’Union n’y était pas. Ou en tout cas, nettement moins que les semaines précédentes…
Mais il faut dire aussi que c’était le match parfait pour le Standard. Je connais la maison pour avoir joué là-bas. Ils sortaient d’une mauvaise série tandis que nous, de notre côté, on n’était peut-être pas prêt, pas préparé à ce que notre adversaire joue comme cela. Et il faut reconnaître son mérite.
Comment expliquez-vous les manquements affichés par votre équipe ?
On a concédé beaucoup trop d’occasions. On a fait beaucoup trop d’erreurs individuelles et collectives pour gagner ce genre de match. Mais cela fait partie du foot.
On savait qu’on ne gagnerait pas toutes les rencontres jusqu’à la fin de la saison. Et je pense qu’une petite claque comme celle-ci ne peut pas faire de tort pour la suite.
Karel Geraerts a pourtant tenté un coup tactique à la pause, faisant monter Adingra pour Kandouss.
Effectivement, il y a un changement de dispositif. Un schéma dans lequel on n’a pas l’habitude d’évoluer. Mais je trouve pourtant qu’en seconde période, on était quand même beaucoup mieux que le Standard. J’estime que c’est surtout la première mi-temps qui nous a fait défaut.
Un premier acte lors duquel les Liégeois vous ont proposé un très rude combat dans le milieu du jeu.
Dès les premières minutes, on a senti que le Standard nous a un peu mangés à ce niveau-là, était supérieur dans ce secteur. C’était intelligent de sa part. Et les courses dans notre défense ont fait mal. Mais il faut aussi dire que ce sont de très bons joueurs en face. Il n’y a qu’à voir la saison qu’ils font… Ils ont joué le match parfait. Tandis que nous, on a fait trop d’erreurs individuelles et collectives.
Vous ne vous attendiez donc pas à être autant bousculés ?
Je le répète, on est l’adversaire parfait pour ce genre d’équipe. Je sais qu’il y avait le feu toute la semaine chez eux. Car ils avaient un tas de raisons de venir s’imposer ici. Maintenant, je ne prends pas non plus cela comme une excuse. Car d’autres équipes ont aussi essayé de nous bousculer cette saison.
Il s’agira désormais de rapidement redresser la barre.
Mais il n’y a pas non plus le feu à la baraque. Il faut rester calme et bien analyser cette rencontre. Il faut détecter quels ont été les échecs en vue des prochaines grosses échéances qui arrivent. On est d’ailleurs content qu’il y ait déjà un match le week-end prochain à Westerlo pour montrer que ce genre de défaites peut arriver. Mais surtout, qu’on est une grande équipe et qu’on va réagir.